lundi 30 novembre 2020

Le devoir de résister...


Vers la mi-novembre, le chroniqueur Patrick Duquette, du quotidien Le Droit, présentait un Ottavien de 84 ans, Jean-Marie Leduc, qui mène un vaillant combat contre la bureaucratie et les nouvelles technologies. Le problème? Les gouvernements tiennent de plus en plus à communiquer avec lui par courriel mais M. Leduc n'a pas d'ordinateur et n'en veut pas. Il tient à recevoir ses documents en papier, par la poste, et son journal imprimé.

Le chroniqueur lui offre dans ce texte un appui sympathique, mais ce soutien bien intentionné s'est logé comme une arête dans ma gorge. Parce qu'il est vieux, M. Leduc a le droit d'«assumer sans complexe son obsolescence technologique», écrit-il. Puis, enfonçant de nouveau le clou, il ajoute: «À partir d'un certain âge, on a le droit de résister»... J'ai toujours cru qu'on avait le droit de résister à tout âge, mais enfin...

Revenons au mot «obsolescence», qu'on associe à désuet, vieux, démodé, dépassé, périmé. Le fait de monter aux barricades contre l'envahissement des écrans constitue-t-il un geste qui nous relègue au rang des obsolètes? Je ne crois pas. L'obsolescence technologique, c'est peut-être d'essayer de naviguer sur Internet avec un Commodore 64 ou un Vic 20 (oui je suis vieux...), mais pas de résister à l'utilisation imposée de connaissances et d'équipements technologiques qu'on n'a jamais acquis. 

Cela suggère-t-il donc, plutôt, une incapacité d'apprendre à maîtriser l'Internet et dérivés à un certain âge? Ça, ce serait certainement sombrer dans l'âgisme, et le chroniqueur n'a clairement pas cette intention. Mais le message ne trompe pas. Bien des vieux sont périmés, ils tiennent toujours aux méthodes qu'ils ont apprises à une autre époque, n'apprécient guère les bienfaits des nouvelles technologies. Graduellement, ils mourront et les générations suivantes pourront se «technologiser» à souhait sans traîner de boulet.  En attendant, on gardera une réserve de papier et de timbres pour les accommoder...

J'ai 74 ans. Seulement dix années me séparent de M. Leduc et je partage son combat. Pas parce que je n'ai jamais été initié aux outils informatiques. Au contraire, je travaille avec des ordis depuis près de 40 ans. Je ne pourrais me passer des sites Web, du courriel, de Facebook, de Twitter et bien plus. Loin de moi de renier l'ère électronique-numérique et les bienfaits de l'Internet et de ses dérivés: j'en raffole. Mais (il y a toujours un mais...) comme j'écrivais en 2014, «j'en raffole pour ce qu'ils ajoutent à la connaissance et à la communication, et non pour ce qu'ils ont ou auront la prétention de remplacer».

Tout en embrassant les nouvelles technologies, on peut défendre la nécessité de ne pas tourner le dos aux centaines d'années de civilisation de l'imprimé qui nous ont menées jusque là. On peut plaider la supériorité sensorielle des journaux, magazines et livres papier. L'éminente fragilité d'un univers numérique sur lequel on n'exerce qu'un faible contrôle. L'importance de l'activité économique liée au papier. Enfin, peu importe, il y a là matière à débat de société qui dépasse largement la nostalgie des vieux pour un temps de plus en plus perdu.

Ma mère a 96 ans. Elle tient à son journal imprimé, tout comme son Prions en église à gros caractères, lit des tas de livres (papier bien sûr) et écrit toujours avec cette belle calligraphe qu'on enseignait autrefois. Par contre, elle préfère ses casse-tête à l'ordi, surfe l'Internet depuis 1997, lit ses courriels, entretient sa page Facebook et communique par FaceTime avec son iPad...

La morale de cette histoire? Pas sûr... Peut-être Patrick Duquette a-t-il raison. Mais j'espère, pour l'avenir et la liberté de l'humanité, que le numérique finisse par coexister avec le passé, au lieu d'essayer de le supprimer. Je regarde mes belles bibliothèques remplies de livres et je les imagine un jour vides, avec un petit lecteur numérique sur chaque tablette... C'est ça, le progrès?


samedi 28 novembre 2020

La non-couverture du procès de la Loi 21... Où étaient les quotidiens québécois?


Le procès contre la Loi 21 sur la laïcité de l'État, qui achève ces jours-ci en Cour supérieure, aura eu comme principal effet de démontrer l'état lamentable de la presse quotidienne de langue française au Québec. On sait à quelle point cette contestation judiciaire est cruciale. Les journaux ont souligné le début du procès. Ils accorderont leurs gros titres à la décision du juge Blanchard, quelle qu'elle soit. Alors pourquoi n'ont-ils pas suivi assidument les audiences?

En effet, à l'exception du Journal de Montréal, aucune direction de l'information n'a jugé ce procès suffisamment important pour affecter un journaliste aux trois semaines d'audiences. Ni Le Devoir ni La Presse n'ont couvert l'ensemble des témoignages et, pour le faible nombre de textes publiés, ont accordé plus d'espace aux adversaires de la Loi 21 qu'à ses défenseurs. Quant aux autres quotidiens régionaux, ils avaient accès (comme La Presse et Le Devoiraux articles de Stéphanie Marin, que la Presse canadienne avait déléguée au procès, mais ont le plus souvent laissé cette ressource sur le carreau.

J'ai toujours cru qu'un des grands mérites d'un bon journaliste - et à plus fort titre d'un bon chef des nouvelles - était de savoir juger l'importance d'une information. Doit-on l'inscrire au cahier d'affectation? Lui accorde-t-on un peu, ou beaucoup d'espace? Fera-t-elle la une ou une colonne en page 37? Ce n'est pas une technique qu'on acquiert avec l'expérience. C'est l'instinct, le pif. J'ai peine à croire que les salles des nouvelles, même amaigries, n'ont pas ce talent en abondance.

Or, ce procès est bien plus qu'une simple contestation constitutionnelle d'une loi du Québec... C'est une attaque contre le principe même de la laïcité de l'État, et par extension, contre le Québec tout entier. Nos quotidiens doivent en être conscients... Les adversaires de la Loi 21 en Cour supérieure sont largement anglophones (p. ex. la Commission scolaire English Montréal) ou hors-Québec (Conseil national des musulmans canadiens, Association canadienne des libertés civiles). Des spécialistes du Québec bashing ne comprenant rien à la laïcité qu'ils associent trop souvent, et faussement, au racisme ou à l'intolérance.

Derrière ces puissantes organisations, auxquelles s'était jointe inexplicablement la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), on sentait à plein nez les multiples manoeuvres d'Ottawa, tant gouvernementales que de l'Opposition (sauf le Bloc québécois bien sûr). Cette fois, cependant, le gouvernement du Québec avait décidé de se défendre, appuyé par des individus et des groupes désireux de soutenir la légalité et la légitimité de la Loi 21. Pour un journal quotidien québécois, il y avait là tous les éléments d'une bonne manchette quotidienne et de nombreux textes de substance.

À l'époque où j'étais chef des nouvelles au quotidien Le Droit, principalement dans les années 1970 et 1980, ce genre de procès aurait été suivi à la loupe. C'est le genre d'affectation où l'on autorise du temps supplémentaire, où chaque texte est décortiqué avec minutie, où les éditions des autres journaux sont épluchées tous les matins pour comparer la couverture et s'assurer que le reporter affecté n'a rien manqué.  Cela témoigne non seulement d'un souci de concurrence mais aussi du désir de fournir au lectorat une information complète, à partir de laquelle celui-ci peut juger les faits et former une opinion. Le bon journalisme est ainsi fait.

Évidemment, en 2020, il ne reste plus beaucoup de vrais journaux quotidiens (imprimés, j'entends) au Québec. Le Devoir, le Journal de Montréal, et... et... Les autres ont pris ou prennent le virage numérique. On trouve, ou pas, les nouvelles en ligne, sur un écran. Dans les éditions électroniques, sur les sites Web. Pas moyen de prendre La Presse, le Journal de Montréal, Le Soleil, Le Droit, les étaler devant soi sur une table et feuilleter les pages, découper les articles, souligner les passages. Il faut d'abord les repérer, ce qu'on ne réussit pas toujours, puis les imprimer soi-même pour en faire une comparaison utile.

La culture du numérique semble avoir jeté à la «corbeille» de l'histoire non seulement la civilisation de l'imprimé, mais aussi les réflexes journalistiques que celle-ci avait engendrées. Lire une nouvelle à la fois sur un écran prive le lecteur du regard d'ensemble sur le journal et dissimule les priorités de l'information que propose l'échafaudage d'une page ou d'un cahier imprimé. Un cadre d'information n'a plus à se préoccuper des comparaisons avec ses concurrents. À peu près personne, au sein du public, n'est désormais en mesure de le faire. Quant au souci d'offrir une information complète qui permettra aux lecteurs actuels et à ceux de l'avenir de reconstruire un événement majeur s'étant déroulé sur des semaines, oubliez ça!

Les journaux, comme témoins quotidiens fidèles de l'actualité, c'est chose du passé. J'ai tenté, tant bien que mal, de suivre le procès contre la Loi 21 et après la bordée de textes du début mettant surtout en scène les anti-laïcité et les anti-Québec, c'est devenu chaotique. Heureusement le Journal de Montréal a publié une dizaine de textes, principalement sous la plume du reporter Antoine Lacroix. Je n'ai lu que trois textes  (un seul cependant en imprimé) dans Le Devoir,  notre quotidien national, cinq dans La Presse (dont trois textes maison) et un seul dans mon quotidien d'Ottawa-Gatineau, Le Droit.  J'ai pourtant cherché... Peut-être aurais-je dû chercher davantage?

Quelques sites Web, dont ceux des Libres penseurs athées et du Rassemblement pour la laïcité, permettent à l'internaute de lire un résumé de tous les témoignages entendus pendant trois semaines au procès de la Loi 21... Cela fait une lecture passionnante. Être éditeur d'un des quotidiens fautifs, j'aurais honte...

Un jour, dans un siècle ou deux, quelque chercheur reviendra sur nos époques pour se pencher sur la couverture journalistique des procès judiciaires, et il se demandera pourquoi il parvient à reconstituer le fil des événements dans les années 1960, 1970, 1980 mais se bute à des parcelles déconnectées et, à la fin, incohérentes à partir du 21e siècle...

Il n'est pas trop tard pour revenir à la presse imprimée, et à la culture dont elle avait héritée depuis des siècles. Celle-ci, semble-t-il, n'a pas été pleinement transmise aux générations qui ne jurent que par la tablette et le téléphone «intelligent»...



mercredi 25 novembre 2020

Les «enseignants de la diversité»...

En écoutant les nouvelles régionales de Radio-Canada à 18 heures, récemment, j'ai entendu le reporter annoncer que l'Association des enseignants franco-ontariens (AEFO), une organisation syndicale, était contestée par «les enseignants de la diversité», qui avaient fondé leur propre association... Spontanément je me suis demandé: ça veut dire quoi, «enseignants de la diversité»? Le journaliste ne l'a pas expliqué, comme si cela était évident pour tout le monde...

Comme le président et porte-parole des «enseignants de la diversité» était de race noire, et selon toute vraisemblance, originaire d'Afrique, j'ai cru qu'il s'agissait d'un regroupement de Noirs originaires de pays étrangers. Mais non, il appert que cette nouvelle association vise à représenter tous les éducateurs noirs ou issus de l'immigration. Donc, si je comprends bien, tous les enseignants qui ne sont pas de souche ou de culture canadiennes-françaises... C'est une accusation à peine voilée de racisme contre la collectivité franco-ontarienne blanche d'origine française...

Qu'il existe ou non des courants ou des manifestations de racisme au sein de l'AEFO constitue un sujet préoccupant qui mérite qu'on s'en occupe immédiatement, mais ce qui me chicote le plus, c'est l'appellation «enseignants de la diversité» et le message qu'elle véhicule. Il est clair - on est habitué à ça au Québec - qu'on accuse ainsi les Canadiens français de souche d'être des adversaires de la «diversité», du moins de celle incarnée par les nouveaux arrivants, peu importe la race.

On gifle ainsi quelque 12 000 enseignants franco-ontariens d'ici, apparemment peu réceptifs à leurs collègues venus d'ailleurs. Sans doute y a-t-il des pommes pourries dans le lot, mais c'est l'ensemble de la collectivité qu'on fustige en créant cette association dissidente. C'est un refus très net d'intégration à la culture traditionnelle canadienne-française, une affirmation du droit de conserver et d'imposer d'autres cultures et identités au sein des organisations qui les accueillent.

Comment interpréter autrement le fait que ces enseignants «noirs et immigrants» choisissent de se regrouper en fonction de leurs origines raciales, ethniques et culturelles, plutôt que de persister à s'intégrer à la collectivité en place et graduellement la métisser? Les membres issus de la majorité «caucasienne», Franco-Ontariens de souche, luttent depuis plus de 150 ans pour conserver leur identité nationale et culturelle contre une majorité anglo-saxonne souvent raciste et intolérante, et aujourd'hui, on les met au banc des accusés comme adversaires d'une soi-disant «diversité»?

Les francophones de l'Ontario, en défendant leur héritage français, ont été et demeurent les plus authentiques défenseurs de la diversité culturelle dans leur province. Avec leurs cousins québécois, acadiens et canadiens-français, ils ont protégé les droits minoritaires depuis quelques siècles contre le rouleau compresseur anglo-américain, véritable oppresseur de la diversité. Qu'on se dresse contre eux au nom d'une «diversité» qui ne l'est pas vraiment ressemble à une trahison de la véritable diversité.

Les Franco-Ontariens, confrontés à une assimilation galopante, ont certes besoin de renforts d'immigrants francophones. Et ils ont le devoir de leur faire bon accueil, dans le respect de leurs compétences et de leurs traditions culturelles. Mais ils n'ont pas à trahir leurs propre culture, ou à sacrifier leur identité, pour que les nouveaux arrivants se sentent davantage à l'aise. Ce sont eux qui viennent chez nous. Ils sont les bienvenus, mais il sont chez nous. C'est à eux de s'intégrer, pas à nous de s'adapter à leurs us et coutumes. Au fil des générations, le métissage fera son oeuvre et la culture canadienne-française sera de nouveau enrichie d'apports venus de l'extérieur.

Plus vite les «enseignants de la diversité» comprendront notre situation, plus vite ils seront des nôtres. Plus vite ils feront partie de notre «diversité» sans égard à la race, à l'origine ethnique ou au pays d'origine.

Je ne suis plus Franco-Ontarien depuis 45 ans, mais je sais que l'ayant été, on le demeure (plus qu'un peu...) dans les tripes. Dans cette histoire, je me sens agressé. Si certains de nos concitoyens de souche française ont des comportements racistes, qu'on les dénonce et qu'on règle leur compte. Je n'aurai aucune pitié. Mais quand des personnes dites «de la diversité», pour quelque motif que ce soit, rejettent la diversité franco-ontarienne en plein combat, ne fut-ce qu'au sein d'un seul syndicat, et optent pour une forme d'apartheid, c'est l'ensemble de la Franco-Ontarie qu'ils agressent... et qu'ils affaiblissent.

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Un mot sur les journalistes et les médias, de plus en plus frileux en matière de langage... Après le «mot en n» dont on ne sait jamais avec certitude à quels mots (français ou anglais) il fait référence, voici maintenant les enseignants «de la diversité» dont le flou laisse place aux interprétations... Si l'on parle d'enseignants «noirs et immigrants», pourquoi ne pas tout simplement l'écrire?

mardi 24 novembre 2020

Le dernier esclandre du recteur...

Le recteur de l'Université d'Ottawa, Jacques Frémont, vient de prouver une fois de plus qu'il ne mérite pas de diriger une grande institution universitaire. Sa déclaration du 23 novembre annonçant la création d'un «Comité d'action antiracisme et inclusion» en témoigne. Les motifs invoqués pour la création d'un tel comité, ainsi que ses analyses et conclusions, en témoignent. 

Les événements ayant mené à cette plus récente intervention du recteur découlent clairement de l'emploi en classe, à des fins pédagogiques, de l'injure raciale «nigger» (oui, c'était le mot anglais, et non le mot «nègre» comme persistent à le croire nombre de journalistes de langue française). Le recteur Frémont y voit là l'«incident» déclencheur du brouhaha des semaines suivantes.

Voilà sa première fausseté! Elle est énorme puis qu'elle ébranle les fondements mêmes de son argumentaire. La professeure Lieutenant-Duval n'avait fait que son boulot. Les hostilités ont été déclenchées par le ou les étudiants qui se sont dits agressés par l'emploi du «n-word» (ce qu'on dit en anglais américain). L'incident premier, il est là, pas dans l'enseignement de la professeure.

Le second volet de l'«incident», c'est la suspension sans procès de la professeure. Un geste sauvage accréditant les «sensibilités» étudiantes et condamnant du même coup la liberté d'expression si essentielle à toute université. Cette décision a servi de tremplin aux actions intempestives et irréfléchies des étudiants, déchaînés dans les médias sociaux où une pétition réclamant des sanctions robustes contre Mme Lieutenant-Duval a vite rallié plus de 10 000 signatures.

Le conflit, pour les tenants des nouvelles rectitudes politiques, largement anglophones, portait sur le racisme (alors qu'il n'y avait eu aucun incident raciste!). Les intervenants francophones, dont un groupe de professeurs et un contingent d'intellectuels et personnalités médiatiques, mettaient l'accent - avec raison - sur le caractère fondamental de la liberté d'expression universitaire.

Pendant ce temps le recteur, non content semble-t-il d'avoir donné son aval à la suspension de Mme Lieutenant-Duval et, par le fait même, son approbation aux grenouillages étudiants, a jeté de l'huile sur le feu en réduisant au silence toute personne de race blanche qui aurait voulu mettre son grain de sel (ou de poivre) dans le débat... Seules les personnes noires ou «racisées», lança-t-il, avaient «la légitimité pour décider ce qui constitue une micro-agression»...

Et nous voilà aujourd'hui rendus à la création d'un «Comité d'action antiracisme et inclusion». Personne ne peut s'objecter à cela. Toute personne sensible combattra le racisme et l'exclusion. Le problème, c'est la raison pour laquelle le recteur en arrive à la nécessité de mettre sur pied ce comité aux airs de Robespierre.  La décision est fondée sur «l'incident» Lieutenant-Duval et ses séquelles. Mais c'est affreux!

En agissant ainsi, le recteur vient de condamner la professeure à la guillotine d'une coterie triée sur le volet pour arriver aux mêmes conclusions que les accusateurs de Mme Lieutenant-Duval.

S'il avait eu un seul gramme de bon sens, il aurait reconnu que l'enseignante avait tout simplement enseigné, que la critique fait partie des études supérieures, et que les débats doivent être vus comme étant dans la normalité des choses à l'université. Un recteur avec une colonne vertébrale aurait expliqué cela aux étudiants crinqués et dressé les barricades pour protéger l'enseignement des excès de la rectitude politique.

Mais non. M. Frémont accrédite la thèse voulant que l'emploi d'une vieille injure raciale à des fins purement pédagogiques constitue un «incident» (???) et justifie la création d'un comité «d'action» sur le racisme et l'inclusion à l'Université d'Ottawa. Existe-t-il du racisme à mon ancienne alma mater? Sans doute. A-t-on besoin d'un tel comité? Peut-être bien. Mais fonder sa création sur un «incident» qui n'a rien, mais absolument rien de raciste dépasse l'entendement.

À cette aberration s'ajoutent des erreurs et des dissimulations dans la déclaration du 23 novembre du recteur Frémont. Il évoque l'emploi du «mot en n» dans le texte français, alors que la prof enseignait en anglais. Elle n'a pas dit «nègre»... Il attaque «des membres de notre communauté (ayant) tiré des conclusions basées sur des informations (sic) incomplètes», mais ne les nomme pas. Fait-il allusion aux 34 profs qui se sont portés à la défense de Mme Lieutenant-Duval?

Il dit avoir demandé à certaines personnes et certains petits groupes de «tenter de restaurer le civisme dans leurs interactions avec autrui». Encore une fois, qui vise-t-il? Les défenseurs de la professeure et de la liberté d'expression ont fait preuve de bien plus de civisme que les intégristes de la rectitude politique, mais les canons du recteur semblent résolument tournés vers les véritables victimes dans cette affaire - la professeure Lieutenant-Duval et ses défenseurs...

Si j'étais l'un de ces derniers, je m'inquiéterais. Le nouveau comité a pour mandat d'«éliminer les obstacles aux efforts de l'Université à l'égard de la diversité et de l'inclusion». Mme Lieutenant-Duval, les 34 profs qui l'appuient et toute personne dans le camp de la liberté d'expression font peut-être partie des «obstacles» à «éliminer»...

Préparez-vous. La guillotine va sortir sur la place publique.

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voir texte intégral du communiqué du recteur dans la section médias du site Web de l'Université d'Ottawa

mercredi 18 novembre 2020

Le déclin des quartiers urbains franco-ontariens...

La une d'une édition de La Rotonde (U. d'Ottawa), fin années 1960

Dans un texte récent d'Étienne Fortin-Gauthier, publié par ONFR+ au début de novembre, on apprenait que près de la moitié des finissants dans les écoles secondaires franco-ontariennes poursuivront leurs études au collège ou à l'université en anglais. Pourquoi? Certains pointent du doigt la faiblesse de l'offre en français, d'autres le sous-financement chronique des institutions offrant des programmes en français, et d'autres, comme le chercheur Frédéric Lacroix, identifient comme facteur la faible maîtrise du français d'un trop grand nombre de Franco-Ontariens...

Puis-je suggérer que pour vraiment comprendre ce qui se passe, il faut avoir vécu en Ontario français à l'époque où les Canadiens français de l'Ontario avaient des quartiers bien à eux dans les régions urbaines, comme la Basse-Ville et le secteur St-François d'Assise d'Ottawa, l'ancienne ville de Vanier, l'est de Cornwall, le Moulin-à-fleur de Sudbury, le French Town de Welland... De petits et moins petits territoires urbains où la langue de la rue était le français...

J'ai grandi sur la rue Hinchey à Ottawa, dans un coin de la paroisse St-François d'Assise qu'on avait surnommé Mechanicsville, entre la voie ferrée du Canadien Pacifique et la rivière des Outaouais. Nous étions quatre familles - les Allard, Longpré, Pouliotte, Desrochers - dans l'ancienne maison de mes grands-parents paternels. Nos voisins s'appelaient Carrière, Lapointe, Bastien, Lalonde, Papineau, Lafleur, Chartier, Bourguignon, Jubinville, Meunier...

Deux familles exogames, les Corcoran et les Connolly, vivaient sur notre rue, mais les enfants parlaient français et fréquentaient l'école française. Le dépanneur du coin appartenait à M. Bissonnette et l'épicerie (un des premiers IGA) était la propriété de la famille Fournier. Quand j'avais 8 ans, on a construit l'église Notre-Dame-des-Anges sur notre rue et l'année suivante, une nouvelle école primaire franco-ontarienne, du même nom, nous accueillait à quelques centaines de mètres de la maison...

Pourquoi je raconte ça? Parce que les assises urbaines d'une minorité comme les Franco-Ontariens étaient essentielles à sa survie, à sa pérennité. C'est la concentration urbaine des Anglo-Québécois qui fait leur force. À l'époque où j'étais enfant, on pouvait vivre en français dans deux ou trois grands quartiers de la capitale fédérale. Nos voisins, nos amis parlaient français. La vie associative et culturelle y était intense. Ce n'est pas hasard que l'Université d'Ottawa s'était enracinée près de la Basse-Ville francophone.

Bien sûr, la qualité de notre français laissait à désirer. On s'appelait «moé», «toé», la voie ferrée c'était la «track», on disait «sour» (une déformation de l'anglais «sewer») plutôt qu'égout, les camions de pompiers étaient devenus des «riles» (de l'anglais «reel», mais tout était prononcé avec un accent français. Dans la Basse-Ville, les Canadiens français très majoritaires parlaient de la rue «Cate-carte» et non «Cathcart» avec sa prononciation anglaise... de la rue «Botelier», alors que le panneau anglais lisait Boteler...

Les traditions canadiennes-françaises avaient été transmises par les générations précédentes. Mes grands-parents, et bien d'autres, avaient participé à la lutte contre le Règlement 17. L'Ordre de Jacques-Cartier (l'ancienne Patente) avait été fondé à Eastview, près du centre-ville d'Ottawa. Dans notre coin de la ville, on fêtait la St-Jean-Baptiste, pas le 1er juillet. En marchant sur le trottoir, en revenant de l'église, dans les années 1950, on entendait les conversations sur les perrons, en français. J'imagine que pour les Franco-Ontariens de même époque ayant grandi dans des milieux urbains similaires, les souvenirs se ressemblent.

Si j'en parle ici, c'est qu'aucun Franco-Ontarien vivant aujourd'hui dans les villes mentionnées ci-haut n'aura cette chance. Des milliers d'entre eux continueront de résister à l'assimilation - certains s'en tireront même très bien - mais à chaque fois qu'ils sortiront de la maison ou de l'école, ils devront affronter un milieu anglo-dominant. L'anglais sera de plus en plus nécessaire... avec les voisins, les amis, les passants, les commerçants... Le réflexe sera alors de s'adresser en anglais, qui devient la langue première de la rue... L'accent français se transforme peu à peu en accent anglais. Le vocabulaire s'appauvrit, la langue anglaise structure le parler français et même l'écriture. 

Pourquoi accorder tant d'importance aux villes, direz-vous? Dans de nombreuses agglomérations plus petites, de Hawkesbury à Hearst, les collectivités franco-ontariennes ne sont-elles pas presque intactes? Mais voilà, le rayonnement culturel émane généralement des villes ou de leurs périphéries. Elles abritent les grandes institutions postsecondaires à forte présence francophone (Université d'Ottawa, Université Laurentienne, collèges La Cité, Boréal) et les sièges sociaux des grandes associations franco-ontariennes. De plus, à Ottawa, personne n'oublie la présence de 250 000 Québécois de langue française à jet de pierre, sur l'autre rive de la rivière des Outaouais.

Le problème en Ontario, c'est que les plus importantes universités «bilingues» proposent maintenant des campus et des choix de cours à majorité anglais, et ces campus anglo-dominants sont désormais entourés d'un milieu urbain tout aussi anglicisant. À moins d'aller étudier au Québec ou en France (et encore...), les élèves sortant du secondaire ou du collégial franco-ontariens n'ont devant eux aucune option vraiment francophone (sauf peut-être le petit campus de langue française à Hearst, dans le Nord ontarien, qui baigne dans une collectivité à forte majorité canadienne-française).

Alors voici le portrait. Les jeunes Canadiens français des villes ontariennes s'assimilent de plus en plus vite depuis la dislocation des quartiers francophones d'Ottawa, de Sudbury, de Cornwall, de Welland, etc.  Plus ils sont anglicisés, plus grandes sont les chances qu'ils étudieront en anglais à l'université. Quant aux Franco-Ontariens des petites villes ou des régions rurales, choisir de s'inscrire à l'Université d'Ottawa ou à l'Université Laurentienne les fera aboutir dans un milieu fortement anglicisant où, à l'usure, la culture française qu'ils ont acquise à l'enfance aura tendance à s'effriter...

La disparition, parfois graduelle, parfois foudroyante, des quartiers urbains de langue française a propulsé à la hausse l'anglicisation des Franco-Ontariens des villes. Depuis le recensement de 1971, le premier où l'on a mesuré la langue d'usage (la langue la plus souvent parlée à la maison), les taux d'assimilation - déjà en hausse dans les années 1950 et 1960 - sont passés de 15% à 32,5% en 2016 à Ottawa, de 17,2% à 49,4% à Sudbury, de 18,2% à 56% à Cornwall, et de 22,2% à 66,4% à Welland! Dans la capitale fédérale, la population a plus que doublé depuis 1971 mais le nombre d'individus parlant le plus souvent français à la maison stagne - de 82 115 à 85 910...

L'ancien patriarche ottavien Séraphin Marion écrivait en 1950 dans la revue Vie française qu'à Ottawa, «une armée» de francophones «préparaient pour leurs descendants un somptueux jardin (culturel) qui rappellera, à certains égards, ceux de la France elle-même». » L'Ottawa français de 1950, poursuivait-il, est au diapason du Canada français de 1950 et du Canada français d'autrefois.» Les Canadiens français représentaient à cette époque près du tiers de la population de la capitale (moins de 10% aujourd'hui) et avaient leurs quartiers bien à eux. Aujourd'hui, la Basse-Ville d'Ottawa, jadis massivement francophone, est à près de 80% anglaise... 

On peut bien se plaindre du sous-financement chronique (et c'est vrai), de la faiblesse de l'offre de programmes universitaires en langue française et même d'une faible maîtrise du français (qui se propage vite au Québec par ailleurs)... Mais on n'a qu'à marcher dans les quartiers urbains jadis francophones d'Ottawa, de Sudbury, de Cornwall et tendre l'oreille... Après quelques heures, on ne se demandera plus pourquoi la moitié des étudiants franco-ontariens poursuivront leurs études post secondaires en anglais... 

On s'étonnera qu'il en reste toujours la moitié qui persistent, contre vents et marées, à poursuivre jusqu'au bout leurs études dans la langue de Molière... Cette moitié mérite une université bien à elle, située dans ses capitales historiques, Ottawa et Sudbury, prise à même l'Université d'Ottawa et l'Université Laurentienne, et non un minuscule campus pompeusement appelé «Université de l'Ontario français» à Toronto...

Quant à nous, au Québec, surveillons bien ce qui arrive aux Franco-Ontariens... Notre situation risque de ressembler de plus en plus à la leur à mesure que Montréal, Laval et Gatineau s'anglicisent à vitesse grand V...


vendredi 13 novembre 2020

Gardez-la, votre pétition!

Amnistie internationale - Directeur / Directrice de la mobilisation et  impact - Association québécoise des organismes de coopération internationale  (AQOCI)


J'ai reçu un courriel d'Amnistie internationale (Canada francophone) m'invitant à signer une pétition pour protester contre la position du gouvernement québécois en matière de «racisme systémique» et pour favoriser une mobilisation en faveur d'un «Québec inclusif en antiraciste». On connaît la chanson... Voici ce que je leur ai répondu...


«À qui de droit,


Je lutte pour les droits de la personne et contre le racisme sous toutes ses formes depuis plus de 50 ans et ce que vous écrivez sur le Québec est de la bouillie pour les chats. Le Québec francophone, ainsi que les francophones ailleurs au Canada, sont victimes de racisme culturel depuis près de 200 ans. Quand on nous ordonnait de parler anglais, on nous disait «Speak white»! Clairement une insulte raciale. Comme collectivité, nous avons été traités en inférieurs assez longtemps pour ne pas réserver ce sort aux autres. Dès que nous levons la tête pour défendre notre langue et notre culture menacées par le rouleau compresseur nord-américain, on nous traite de racistes et xénophobes. Si vous preniez le temps d’étudier l’histoire et la situation actuelle des Franco-Québécois et Franco-Canadiens (de toutes races), vous verriez peut-être ce que vous appelez le «racisme systémique» ailleurs que chez nous. Les jugements comme ceux que vous portez sur le Québec dans le texte ci-dessous sont honteux, et indignes d’un organisme comme Amnistie internationale. Gardez-la, votre pétition!

 

Pierre Allard»

 

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J'inclus pour votre bénéfice le contenu du courriel qu'Amnistie internationale (un organisme que j'appuie dans ses autres causes) fait circuler au Québec ces jours-ci...

«Refusant de reconnaître l'existence du racisme systémique, le Québec s’est retiré de la rencontre des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsable des droits humains, des 9 et 10 novembre.

Québec - La participation du Québec à cette rencontre est importante puisque le Canada fait présentement face à des défis importants en matière de droits humains. Les préoccupations abordées sont liées à la pandémie de COVID-19, au racisme systémique, à l’urgence climatique et à la réconciliation avec les peuples autochtones.

Cette rencontre représentait une occasion de collaborer et d'échanger sur les meilleures pratiques en matière de droits humains. À l’issue de la rencontre, un communiqué conjoint de tous les ministres participants reconnaissant l’urgence d’agir envers le racisme systémique a été émis. Contrairement aux autres provinces canadiennes, le Québec a refusé d'envoyer un ministre et s'est retiré de la rencontre, précisément parce qu'il refuse de reonnaitre l'existence du racisme systémique . 

 

« Amnistie internationale déplore qu’à cause de son déni du racisme systémique, le gouvernement du Québec se retire complètement de cette rencontre qui représente une occasion unique pour l’ensemble des ministres responsables des droits humains au Canada de se concerter et d’agir, comme si aucun des enjeux n’avait de réelle importance pour le Québec. » 

 

- France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone.

 

L’existence du racisme systémique au Québec (comme dans la majeure partie des sociétés) a été démontrée, avec chiffres et données à l’appui, dans de nombreux rapports officiels tant sur le plan national qu’international. Nous ne pouvons pas permettre que le gouvernement du Québec continue de nier l'existence du racisme systémique, encore moins quand ce déni interfère sur la prise de mesures sur des enjeux de droits humains au pays.

 

Vous pouvez agir.

 

Envoyez un courriel au Premier ministre Legault et aux sept député.e.s qui forment le Groupe d’action contre le racisme pour demander la reconnaissance du racisme systémique, ainsi que l’élaboration d’une politique et la mise en œuvre d’un plan d’action contre le racisme systémique.

 

Mobilisons-nous pour un Québec inclusif et antiraciste, avec des leaders qui n’ont pas peur de nommer nos défis et d’agir pour bâtir une société meilleure.»

mercredi 11 novembre 2020

Élections américaines... Un abus de pouvoir des médias?


La une du New York Times du samedi 7 novembre 2020...

Je visionnais en début de semaine le quotidien parisien Libération et tout à coup ça m'a frappé en lisant la manchette, portant évidemment sur l'élection américains. On pouvait y lire: «Joe Biden a été élu samedi président des États-Unis.» En quoi cette affirmation, qui ressemble sans doute à celle de milliers de quotidiens autour du monde, doit-elle surprendre? C'est qu'elle est fausse.

Rassurez-vous, je ne regrette pas le congédiement de Donald Trump, qui mérite de passer le reste de ses jours derrière les barreaux. Non, mais pensez-y. Revenons au scrutin. D'abord, Joe Biden n'a pas été élu le samedi 7 novembre, mais bien le mardi 3 novembre 2020 par les électeurs américains. Un scrutin fort contesté, qui a donné des sueurs froides à tout humain avec une conscience et dont les résultats n'ont pas été entièrement compilés une semaine plus tard.

Alors d'où vient au juste ce verdict capital, annoncé en fin d'avant-midi, samedi, celui qui a déclenché des annonces médiatiques partout sur la planète, valu à M. Biden des messages de félicitations de chefs d'État sur tous les continents et suscité un branle-bas de combat au sein des Services secrets, qui accordent désormais à Joe Biden la protection conforme à son statut de «président élu»?

Cette décision électorale ne vient pas d'une quelconque agence fédérale des élections présidentielles. Ça n'existe pas aux États-Unis où les scrutins fédéraux sont organisés par les États, ces derniers étant aussi responsables de la compilation des votes. Or le décompte était loin d'être terminé, samedi, et même si l'on sait fort bien que Donald Trump sera évincé de la Maison Blanche, les écarts restent minces dans certains États. Les annonces officielles des commissions électorales étatiques restent à venir.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont les grands réseaux de télévision, CNN en tête, et les agences de presse qui ont rendu officielle la victoire du candidat démocrate, après avoir calculé que l'avance de M. Biden dans la Pennsylvanie (20 grands électeurs) était devenue insurmontable et qu'avec cet État en poche, l'ancien vice-président de Barack Obama avait dépassé le cap magique des 270 grands électeurs. 

Comment expliquer que l'annonce de la défaite de M. Trump puisse être faite par des experts groupés dans les entrailles de CNN, CBS, MSNBC ou Associated Press, et non par les autorités publiques responsables du vote? Les médias n'ont aucun statut juridique qui leur permette d'intervenir avec tant d'autorité dans le processus décisionnel et pourtant, l'annonce de la victoire de Jos Biden sur les grands réseaux a été acceptée comme parole d'Évangile...

Je veux bien que le New York Times, le Washington Post et les bonzes des réseaux de télé aient parfaitement le droit de faire des projections, mais ce ne sont que des projections. Sauf aux États-Unis, semble-t-il. Il a suffi hier que CNN et autres réseaux écrivent «Biden Wins» pour déclencher les célébrations officielles, mobiliser les corps diplomatiques, autoriser les changements d'appellation à «président élu», et précipiter les premiers breffages de transition ainsi que l'arrivée en force des Services secrets...

Dans un de ses très rares gazouillis un peu sensés, Donald Trump s'est demandé, le 8 novembre, depuis quand les grands médias avaient le droit de déterminer les gagnants d'une élection... Le président sortant a mis le doigt sur un bobo réel. Les résultats «officiels» dans chaque État peuvent être annoncés aussi tardivement que le 11 décembre et pourtant, on s'attend que le processus de transition commence le plus rapidement possible, dans les jours suivant le scrutin. Alors les médias se chargent de colmater la brèche...

Entre le 3 novembre et décembre, sur quelle autorité Joe Biden peut-il s'appuyer pour réclamer la mise en oeuvre légale de la procédure de transition? Bonjour M. Trump, je suis le président élu parce que CNN l'a décrété? Le désaxé de la Maison Blanche lui claquera la porte au nez, sachant que le verdict des grands réseaux de télévision et des agences de presse n'a aucune valeur juridique. Après le 11 décembre, il devra se plier aux résultats, devenus officiels.

Je sais que changer les lois aux États-Unis ressemble souvent à une mission impossible, mais ne serait-il pas temps que l'administration fédérale organise elle-même les scrutins fédéraux, qu'on abolisse le vétuste collège électoral et que la présidence de la république soit accordée à celui ou celle des candidats qui obtient le plus de votes à la grandeur du pays? Avec un tel système, Donald Trump aurait déjà fait ses valises.