mercredi 31 janvier 2018
Québec à l'Outaouais: des cours de médecine en anglais... ou rien!
Depuis un certain temps, notre ministre des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-Marc Fournier, aime bien se pavaner hors-Québec pour tisser des liens et offrir des appuis aux causes des collectivités canadiennes-françaises et acadiennes, y compris aux efforts en faveur de la création d'une véritable université de langue française en Ontario, sous gouvernance franco-ontarienne.
Je vous offre à preuve cette noble citation, rédigée de la main de M. Fournier et publiée dans Le Devoir du 15 avril 2017: « Comme Québécois, nous insisterons toujours pour que soit assurée la promotion de la langue française au Québec, au Canada et dans le monde. Nous invitons le plus grand nombre de nos concitoyens du Québec et du Canada à s’unir aux 2,6 millions de francophones et de francophiles de tout le pays et à choisir d’être "ensemble pour le français" ».
J'ai bien lu n'est-ce pas? Il a bel et bien écrit «promotion de la langue française au Québec»??? Oui, c'est bien ça... Alors comment fait-il pour endosser le projet, annoncé en grande pompe par le premier ministre Couillard en septembre 2016, de créer pour les francophones de l'Outaouais une faculté de médecine où tous les cours magistraux se donneront en anglais et où les étudiants et étudiantes devront frayer pendant des années dans les méandres d'une administration anglaise?
Le premier ministre a bien essayé de jouer avec des chiffres trompeurs pour convaincre les médias (et il a presque réussi...) que seulement 8% des cours seraient dispensés en anglais, mais il suffit d'un examen superficiel pour constater la fausseté de l'affirmation. Ce qui se fera en français, ce seront des travaux, des stages en Outaouais et la période de résidence en hôpital... Il peut bien imaginer que ce sont des cours, mais tout le monde comprend qu'un cours se donne habituellement dans une salle de classe où un ou une prof enseigne aux étudiants et étudiantes.
Tous ces cours - il y en a pour 18 mois - sont donnés en anglais seulement. Apparemment McGill s'est engagée à les franciser «éventuellement», mais cela pourrait prendre jusqu'à une dizaine d'années... Et même si McGill réussissait à livrer la marchandise en français, nos étudiants et étudiantes seraient sous la coupe d'une université anglaise, conçue pour et gouvernée par la minorité anglo-québécoise.
Confier une collectivité étudiante francophone aux bons soins d'une élite jadis rhodésienne qui tente de nous assimiler depuis 250 ans, c'est promouvoir la langue française au Québec? Comment le ministre Fournier peut-il prononcer ses beaux discours à travers le pays quand son propre gouvernement se prépare à angliciser des étudiants et étudiantes francophones en médecine?
Le premier ministre n'y voit aucun problème... Utilisant une rhétorique à laquelle les libéraux nous ont habitués ici, aux confins du Québec, à l'ombre du Parlement canadien, la députée de Hull Maryse Gaudreault, nous a rappelé en mai dernier que la langue des cours est d'intérêt second. «Ce qui est important, dit-elle, c'est qu'il y ait une faculté de médecine en Outaouais»... Ça ou rien! On nous traite comme une bande de caves...
Et au cas où il nous resterait quelque motif de croire que ces cours pourraient être offerts sous l'égide de l'Université du Québec en Outaouais, en collaboration avec une des universités de langue française du Québec, ou même de Moncton ou d'Ottawa, qui ont des facultés de médecine de langue française, le premier ministre nous a rappelé, en bon colonisé, qu'on devrait se compter chanceux... Nous ne serons pas régis par une institution de second ordre (francophone?), c'est McGill... Wow!
Je ne suis guère surpris que Lise Bissonnette ait démissionné de son poste de présidente de l'UQAM. Ce gouvernement, affirme-t-elle, voit clairement le réseau de de l'Université du Québec comme des institutions universitaires «de seconde zone». Elle aurait pu ajouter que pour le docteur Couillard, les universités à charte de langue française ne semblent pas, elles non plus, occuper la plus haute marche du podium universitaire... Peuple, tous à genoux devant la compétence et le prestige de McGill...
Le pire dans cette affaire, c'est le silence qui entoure l'évolution du projet... Le gouvernement Couillard entreprend cette année le processus qui mènera à la construction physique de la faculté satellite de médecine, à même la structure actuelle de l'hôpital de Gatineau. Et on vise toujours d'accueillir une première cohorte en 2020. Il ne reste plus grand temps pour éviter cet affront flagrant à l'Outaouais et à l'ensemble de la nation québécoise. J'ajouterais qu'il s'agit même d'un affront à l'ensemble des francophones hors-Québec, qui luttent quotidiennement contre ce que s'apprête à faire le gouvernement libéral du Québec...
Au cours de la dernière année, les médias ont été à peu près absents du dossier. Personne ne semble avoir demandé aux faculté de médecine de langue française si elles seraient en mesure d'offrir à distance les cours théoriques des premiers 18 mois de la formation... peut-être en collaboration avec l'UQO, qui dispense déjà un programme complet en sciences infirmières... Après tout, les profs de McGill ne seront pas en classe à Gatineau. Ils enseigneront à Montréal devant une caméra... et, n'oubliez pas, en anglais...
Ce que j'ai compris dans tout ça, c'est que nous, la majorité francophone en Outaouais, sommes laissés cette fois à la merci de la minorité anglo-québécoise... Le monde à l'envers... Une situation que ne toléreraient plus les Franco-Ontariens et les Acadiens mais qui semble tout à fait acceptable dans ce beau pays français du Québec...
J'avais toujours cru qu'il appartenait à la majorité de décider, dans le respect des droits des minorités bien sûr. J'ai appris ça à la dure quand j'ai grandi en Ontario, où l'on ne respectait pas la minorité de langue française... Alors pourquoi, chez nous, au Québec, ne prenons-nous pas les décisions qui s'imposent, au lieu de laisser un pan de notre éducation médicale entre les mains de ceux qui se sont historiquement moqués de notre langue et de notre culture?
Nous avons les compétences. Nous avons le droit de décider. Et nous sommes (pour le moment) la majorité. Combien de temps resterons-nous à plat ventre?
La situation en 2020? «Hi-Bunjer... Please, students here in Montreal, let me introduce on screen our new class from Gatineau... They're Francophone, so they will have to learn the English terminology. This may slow us down a bit... but let's give them a big hand of applause anyway...»
Bien sûr je caricature mais qu'en pensez-vous, Monsieur Fournier? Monsieur Lisée? Monsieur Nadeau-Dubois? Monsieur Legault?
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Voir aussi mon texte «McGill à Gatineau... Le boutte du boutte...» au lien suivant:
http://lettresdufront1.blogspot.ca/2017/05/mcgill-gatineau-le-boutte-du-boutte.html
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vendredi 19 janvier 2018
Au Mexique c'est «Hola», pas «Hola-Hi» ou «Hi-Hola»...
panneau d'arrêt à Puerto Vallarta, Mexique
Arrêt ce lundi 8 janvier 2018 au Tim Hortons de la montée Lavigne, sur l’autoroute 40 (près de Rigaud)... La radio diffuse une station anglaise et le personnel ne me salue pas avec un beau «Bonjour». Je n’ai même pas droit à l’horrible «Bonjour-Hi». Cette fois, c’est pire... un «Hi-Bonjour» !!!
J’indique au préposé que cela est inacceptable au Québec... Le Québec est bilingue, me répond-il... Le Québec est français, lui dis-je... Silence... Je reçois mon café et en quittant j’entends «Hi-Bonjour» derrière moi... Misère!
Avant mon départ pour Puerto Vallarta, j’ai déjeuné le lendemain matin à l’aéroport de Montréal où la serveuse m’a accueilli avec un «Hello-Bonjour»... Deux fois d’affilée, au Québec, une salutation en milieu de restauration donnait la priorité à l’anglais...
Pendant mon séjour d'une semaine et demie au Mexique (à un endroit où les touristes anglophones sont nettement majoritaires), on m’a toujours adressé des «Hola» bien souriants... pas «Hola-Hi» ou «Hi-Hola»... ce qu’à peu près tous les étrangers, y compris les Américains, semblent apprécier, voire apprivoiser...
Les Mexicains se font même un plaisir de nous enseigner, sur demande, des expressions en espagnol. Et les «muy bien» pleuvent quand on réussit à rendre à la fois les mots et l’accent... Un exemple à suivre chez nous...
Je me souviens du débat sur les panneaux routiers «Arrêt - Stop» au siècle dernier... Nos colonisés craignaient qu’on fasse rire de nous, et pointaient du doigt la France déjà vendue au «Stop»... Au Québec, nous avons, finalement et heureusement, imposé le seul mot «Arrêt»...
Eh bien, au Mexique, on a inscrit le mot «Alto» aux arrêts et personne ne se moque d’eux... Et croyez-le ou non, même les Canadiens anglais et les Américains comprennent qu’ils doivent s’arrêter...
Cela n’empêche pas bien sûr, particulièrement dans les secteurs touristiques, d’offrir un service en anglais, et même occasionnellement en français, mais l’accueil se fait en espagnol. De toute façon, les touristes viennent ici pour ça. Ils veulent être dépaysés, savourer la différence mexicaine.
Ils ne veulent pas d’un second New York, Los Angeles ou Toronto... On espère le Mexique avec tous ses attributs... Ils étaient fiers, ces Mexicains, de nous présenter en plein restaurant un spectacle de Mariachis (une tradition de l’État de Jalisco où nous étions) sur fond de drapeau du Mexique... Et ils ont chanté en espagnol, pas en anglais comme trop de nos jeunes Québécois à La Voix...
Les serveuses mexicaines portaient des robes traditionnelles multicolores de l’époque d’Emiliano Zapata... Les Mariachis avaient leur sombrero typique...
Qui songerait à présenter le groupe Vent du Nord portant ceintures fléchées dans un grand resto touristique rempli d’Américains et d’Anglo-Canadiens? Pourtant, j’ai la certitude qu’on apprécierait...
Les touristes viennent au Mexique à la découverte de l’Amérique hispanophone, et la trouvent dans toute sa splendeur. Offrons leur la chance de découvrir au Québec ce qui reste de l’Amérique française, au lieu de leur proposer l'amalgame anglo-bilingue du colonisé...
Les Mexicains que j’ai rencontrés à Puerto Vallarta sont des gens fiers, souriants, respectueux de leur langue et de leurs traditions. Les jeunes comme les vieux. On n’impose pas l’anglais intensif ici...
Quand je vois comment on y fait les choses, et que je reviens à notre peuple trop souvent à genoux, j’ai un peu honte... Le français mérite un respect que nous lui accordons trop peu ces jours-ci... Avec un peu plus de respect, peut-être la fierté reviendrait-elle aussi...
Alors avis aux Tim Hortons et autres restos du Québec qui font comme si nous vivions dans un territoire anglais ou bilingue. Servez-les en anglais, vos clients anglophones, mais accueillez-les avec un «Bonjour» bien français, en souriant... Ils en seront charmés.
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Post-scriptum... En revenant hier à l'aéroport de Montréal, ce 18 janvier, le douanier fédéral nous a accueillis en anglais d'abord... Vraiment !
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Post-scriptum... En revenant hier à l'aéroport de Montréal, ce 18 janvier, le douanier fédéral nous a accueillis en anglais d'abord... Vraiment !
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