lundi 17 juillet 2023

Misère...

La langue française reçoit déjà assez de vraies taloches dans notre réduit nord-américain. On n'a pas besoin d'en inventer.

La semaine dernière, j'ai lu dans deux chroniques du Journal de Montréal que Statistique Canada avait rendu public un tableau historique sur l'évolution des langues qui pouvait faire «croire que la situation du français s'est améliorée au Québec plutôt que d'être sur le déclin». On qualifie même ces tableaux d'«idylliques»...

Le titre d'une des chroniques ne porte guère à confusion. On peut lire, en gros caractères: «Un éclairage historique de Statistique Canada pour voiler le déclin du français au Québec!»

J'ai eu beau chercher, je n'ai rien trouvé dans le document de Statistique Canada qui corresponde à ces affirmations. Rien! Ni dans les tableaux, ni dans les médias.

Le déclin du français, au Québec et ailleurs au Canada, est bien réel. Je le crie sur tous les toits depuis les années 1960. Le problème ici, c'est que les chiffres publiés par Statistique Canada il y a quelques jours sont ceux-là mêmes que j'utilise depuis toujours pour étayer la thèse du déclin du français.

Même le communiqué officiel de Statistique Canada annonçant la mise en ligne de ces tableaux linguistiques ne qualifie d'aucune façon l'évolution de la langue française. Voyez vous-mêmes. Je le reproduis ci-dessous:

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Si vous voyez là-dedans quelque chose qui tente de «voiler le déclin du français au Québec», vous avez de meilleurs yeux que moi. Quant aux tableaux, tirés des données des recensements fédéraux de 1951 à 2021, donnez-vous la peine de les lire. Ils brossent avec une précision chirurgicale un portrait de l'assimilation chez les minorités francophones, ainsi que de la progression de l'anglais et du recul du français au Québec.

Je n'ai pas trouvé «l'exposé» de Statistique Canada qu'un des chroniqueurs du Journal de Montréal invoque pour attribuer de sombres motifs à l'organisme. Quant à l'affirmation suivante dans son texte, j'en suis resté bouche bée: «Je ne veux pas sombrer dans le complot, écrit-il, on peut toutefois s'interroger sur les intentions qui animaient l'organisme fédéral pour nous présenter ce tableau idyllique sur l'évolution de la langue française au Canada.»

Je ne donnerais pas l'absolution sans confession à Statistique Canada, qui a, à l'occasion, modifié ses questions de recensement pour des motifs peut-être inavoués. Ces changements, vus parfois comme politiques, ont été commentés sur la place publique. Mais les dizaines de tableaux présentés la semaine dernière sont les mêmes qu'on analyse depuis des décennies. Ni plus ni moins. La situation du français n'y est pas «idyllique», elle est plutôt catastrophique... La possibilité d'examiner une dizaine de recensements d'un seul coup d'oeil constitue la nouveauté.

Je n'ai trouvé qu'un texte médiatique québécois sur l'annonce comme telle des compilations de Statistique Canada. Il s'agit d'un article du Devoir intitulé Le déclin du français, ou quatre faits linguistiques méconnus sur le Québec. La journaliste a jugé bon de ne pas expliquer elle-même le contenu des tableaux linguistiques, ce qui aurait été souhaitable, et choisi d'en tenir aux propos d'un «expert».

Elle présente ainsi son expert: le «sociologue Jean-Pierre Corbeil, qui étudie les données linguistiques depuis plus de 25 ans et qui est professeur associé à l'Université Laval». Que M. Corbeil soit un expert ne fait pas de doute pour ceux et celles qui suivent l'évolution de la situation linguistique au Canada et au Québec. Elle a cependant négligé de mentionner ses liens avec Statistique Canada. Si son expertise ne peut être mise en cause, il en va autrement de sa neutralité (comme d'ailleurs celle de tous les experts en cette matière).

M. Corbeil a oeuvré à Statistique Canada, comme chercheur ou directeur, pendant près de 25 ans. Il y a signé des publications de 1994 à 2017. Voyez cette note biographique présentée par les Presses de l'Université d'Ottawa: «Jean-Pierre Corbeil a dirigé le programme de la statistique linguistique de Statistique Canada pendant une quinzaine d'années, a été responsable du contenu linguistique du recensement canadien et a été directeur adjoint à la Division de la diversité et de la statistique socioculturelle de l'agence.»

Son opposition à certains partisans de la thèse du déclin du français est connue, et les nuances qu'il cherche à introduire dans le débat ont été présentées en public, notamment devant le Comité des Communes sur les langues officielles durant le débat sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Je ne partage pas son point de vue, mais il n'est pas question de mettre en doute sa compétence ou son intégrité. Une chose est sûre cependant: même s'il ne parle pas au nom de Statistique Canada, il a sûrement Statistique Canada tatoué sur le coeur...

Il me semble qu'on a déjà suffisamment de difficulté à convaincre le public et le gouvernement québécois de l'urgence d'agir sur tous les fronts pour protéger et promouvoir la langue française sans avoir à réparer les dégâts provenant de «tirs amis» dans nos journaux...

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NB - Si quelqu'un trouve, quelque part, un texte ou de l'information qui vienne contredire mes propos, n'hésitez pas à le communiquer. Je ne serais que trop heureux de retirer cette chronique.

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Liens utiles :

Le déclin du français, ou quatre faits linguistiques méconnus au Québec, dans Le Devoir, 13 juillet 2023 - https://www.ledevoir.com/societe/794471/recensement-declin-du-francais-quatre-faits-linguistiques-meconnus-du-quebec

Un éclairage historique de Statistique Canada pour voiler le déclin du français au Québec!, dans le Journal de Montréal, 14 juillet 2023 - https://www.journaldemontreal.com/2023/07/15/un-eclairage-historique-de-statistique-canada-pour-voiler-le-declin-du-francais-au-quebec

Non, le français ne va pas très bien du tout, dans le Journal de Montréal, 15 juillet 2023 - https://www.journaldemontreal.com/2023/07/15/non-le-francais-ne-va-pas-tres-bien-du-tout

mercredi 12 juillet 2023

Ce que nous avons perdu...


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La disparition récente de mon quotidien, Le Droit, en avril 2023, constitue une calamité sur le plan de l'information, mais représente également une perte humaine inestimable. Ces jours-ci, alors que notre ancienne presse écrite continue de vivre dans le déni, on ne parle ni de l'une ni de l'autre... ce qui ne diminue en rien leur réalité.

En décembre 1969, jeune blanc-bec à la salle de rédaction, j'avais assisté avec trop peu de sérieux à la cérémonie annuelle de voeux du temps des fêtes, offerts par le grand patron du journal. Le président de l'Association des employés du Droit avait déclaré au personnel réuni dans la rotonde, au sujet du directeur général: «Il est notre père, nous sommes ses enfants». Nous avions éclaté de rire...

Après quelques années comme reporter, j'avais compris que cette allusion à une «grande famille» du journal n'était pas totalement dénuée de fondement. Travailler au Droit ne se réduisait pas à un simple emploi. L'âme du Droit s'incarnait dans les humains qui l'habitent. Les journalistes, typographes, pressiers, représentants publicitaires, employés et administrateurs fabriquaient un journal, étaient associés à ses causes. D'intenses solidarités en découlaient.

Le quotidien papier livré aux abonnés était le fruit du travail concerté de plusieurs centaines de personnes de métiers différents. Et que dire de l'armée de camelots - adultes et enfants - qui ont déposé au fil des décennies Le Droit sur le perron, dans la boîte aux lettres, dans les boîtes rouges en campagne (image ci-haut) ou dans les kiosques? Imaginer leur nombre sur 110 ans n'est pas une mince tâche.

Dans le livre Entre deux livraisons, publié en 1963 à l'occasion du 50e anniversaire du journal, on pouvait lire: «Le département de la diffusion (compte) 12 employés de bureau, 12 inspecteurs, 578 porteurs, 284 dépositaires, 170 correspondants et 128 agents locaux d'abonnements». Cela donnait plus de 1000 employés ou contractuels associés à la seule distribution du quotidien. Il fallait en ajouter plus de 300 autres à la rédaction et à la production du quotidien...

Ces milliers de personnes provenaient de tous les coins de l'Outaouais, de l'Est ontarien - Hull, Gatineau, Ottawa, Maniwaki, Hawkesbury, Cornwall, Buckingham, etc. - et d'ailleurs au Québec et en Ontario. Ces milliers de personnes avaient aussi des familles et amis qui connaissaient leur association au journal et/ou le lisaient tous les jours. Ces milliers de personnes disposaient également de revenus provenant de leur participation à la production et à la distribution du Droit.

Ce 24 mars 2020, prétextant la pandémie pour hâter des décisions déjà prises, on a cessé d'imprimer le journal. Fini le papier. Les livreurs ont rangé leurs voitures. Des pressiers ont perdu leur emploi. La salle de rédaction et les services administratifs étaient déjà en mode «coupe» depuis des années. Les derniers vestiges de la «grande famille» d'autrefois se disloquaient. Ne restait que l'édition numérique quotidienne, elle-même supprimée le 18 avril 2023...

Au printemps 2020, près de mon petit chalet dans la municipalité de La Pêche, la petite boîte rouge au bord du chemin avait été mise aux poubelles. Comme je n'ai pas d'Internet, je pouvais jusqu'à l'an dernier me brancher sur le wi-fi de ma belle-soeur (voisine) pour télécharger l'édition numérique du jour. Cette année, c'est le vide. Même avec l'Internet au chalet, je devrais tant bien que mal patauger dans une page Web peu conviviale pour démêler les nouvelles du jour de celles d'hier et d'avant. J'ai pris toute la mesure de ce que nous avons perdu!

Le Droit, comme bien d'autres journaux du Québec et du Canada, subit un déclin qui remonte au moins aux années 1980, depuis son acquisition par de petits ou grands empires de presse. Chaque coupe - et il y en a eu plusieurs - et chaque perte d'emploi devaient, disait-on, assurer la survie et l'avenir du journal. On a tellement bien coupé qu'il ne reste plus d'entreprise, plus de journal. Rien qu'une page Web et un magazine papier du samedi qui disparaîtra lui aussi à la fin de 2023.

J'ai souvent l'impression d'être l'un des seuls à s'en plaindre sur la place publique. Peut-être faudra-t-il que je pige dans mes maigres économies pour publier à mes frais un avis de décès officiel, pour que le public de l'Outaouais et de l'Est ontarien prenne lui aussi la pleine mesure de ce qu'il a perdu en 2020 et en 2023.

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Un titre ironique dans le cahier spécial du 110e anniversaire du Droit, le 10 juin 2023

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Projet d'avis de décès

Le quotidien Le Droit (27 mars 1913 - 18 avril 2023)

Nous avons le regret d'annoncer le décès du quotidien Le Droit à l'âge de 110 ans, survenu après un très long déclin. Le journal s'est éteint après la parution de son ultime édition quotidienne, le 18 avril 2023. Il laisse dans le deuil des centaines de milliers de francophones en Outaouais, à Ottawa et dans l'Est ontarien. Aucune cérémonie ou commémoration n'est prévue, la nouvelle du décès n'ayant pas connu une grande diffusion. Seule une page Web portant le nom Le Droit lui survit, jusqu'à nouvel ordre, sous l'égide des Coops de l'information.

La grande famille des lecteurs et lectrices du Droit remerciera un jour les milliers d'artisans qui ont, depuis 1913, oeuvré au quotidien sous la noble devise «L'avenir est à ceux qui luttent», tissant des liens profonds avec les collectivités régionales, en Ontario et au Québec. Parmi ces artisans, mentionnons:

- plusieurs générations de journalistes (reporters, éditorialistes, chroniqueurs, pupitreurs, cadres d'information, etc.) qui ont assuré à la population sa tranche quotidienne d'histoire de l'humanité depuis 1913

- une multitude de typographes et pressiers, sans lesquels la production du journal aurait été impossible, ayant exercé jusqu'au 29 décembre 1989 des métiers pluri-centenaires dans un siècle turbulent qui a vu de nouvelles technologies modifier, puis supprimer leurs emplois

- les représentants publicitaires qui, grâce à leur expertise des milieux institutionnels et commerciaux de la région et du pays, amassaient la majorité des revenus dont le quotidien avait besoin pour sa survie

- les innombrables membres des services administratifs (direction générale, comptabilité, abonnements, etc.), qui assuraient, souvent dans l'ombre, une gestion essentielle de l'entreprise de presse

- les employés chargés de distribuer le journal, responsables jusqu'en mars 2020 du réseau de livraison à domicile du quotidien papier. Au fil des décennies, on y a recensé des milliers de camelots (surtout des enfants jusqu'à 1987, puis des adultes en voiture jusqu'à 2020)

- l'équipe réduite mais compétente et courageuse qui reste en place pour poursuivre la tradition d'excellence du journal et maintenir sa présence sur la page Web toujours existante du Droit.

Les témoignages de sympathie et de solidarité peuvent se traduire par une lettre ou un message à (on ne sait trop à qui) pour protester contre l'abandon du journal imprimé et de l'édition numérique quotidienne, et réclamer leur retour.


mardi 4 juillet 2023

Université de Sudbury: l'avenir est à ceux qui ne se laissent pas talocher!


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Que l'Ontario ait refusé de financer le projet d'université de langue française à Sudbury constitue à tout le moins un scandale. La députée néo-démocrate France Gélinas y voit avec beaucoup d'à-propos un «coup de poignard». Mais c'est bien pire que ça. Cette décision est carrément d'ordre génocidaire, et ce, à tous points de vue!

Cela doit être proclamé sur la place publique. Partout... y compris au Québec où les dirigeants anglo-québécois sont en guerre contre un gouvernement qui verse tous les ans environ 400 millions $ en subventions à McGill, la plus grande des trois universités anglaises de la province. Il faut que l'on sache que la bande à Doug Ford refuse même les miettes de la table aux Franco-Ontariens qui n'ont aucune université de langue française digne de ce nom.

Mais revenons aux motifs de refuser 10 millions $ par année (des pinottes!) pour assurer la création d'une université «par et pour» les francophones dans la région de Sudbury. Dans ce petit torchon de lettre que le ministère ontarien des Collèges et Universités n'a même pas eu la décence de mettre en ligne, on déclare sans gêne que le projet d'université de langue française «ne correspond pas à la demande actuelle et aux tendances relatives aux inscriptions».

Plus injurieux que ça, tu étouffes! Comment peut-on parler de demande quand il n'y a pas d'offre? À part le mini campus qu'on a pompeusement appelé Université de l'Ontario français à Toronto et la petite Université de Hearst, les Franco-Ontariens sont obligés de suivre leurs cours universitaires en français dans des machines à assimilation «bilingues» nommées Université d'Ottawa et Laurentian University. Comment peut-on évaluer la «demande actuelle» pour une véritable université dans le Nord ontarien dans un décor semblable?

Quant aux «tendances relatives aux inscriptions», j'imagine qu'on évoque les inscriptions, sans doute stagnantes, aux programmes universitaires existants en français. La majorité des élèves issus des écoles secondaires et collèges de langue française, déjà sérieusement anglicisés, sont portés à poursuivre leurs études supérieures en anglais, et ceux et celles qui voudraient s'inscrire à des programmes français doivent le faire dans des milieux bilingues anglicisants. Les portes du haut savoir en français sont fermées à clef en Ontario! Oser porter un jugement sur les tendances d'inscription relève de l'indécence. On saura qui veut fréquenter une véritable université franco-ontarienne le jour où une telle université verra le jour. À Sudbury? Pourquoi pas?

Décodés, les propos du ministère des Collèges et Universités disent que les Franco-Ontariens ne veulent pas d'une Université de Sudbury française, qu'ils sont bien heureux de fréquenter les institutions bilingues (ou celles de langue anglaise). Que cette jeunesse jadis francophone agonise et qu'on ne dépensera pas inutilement quelques millions pour faire semblant. Que l'assimilation a fait son oeuvre. Que les nouvelles générations sonneront le glas de l'Ontario français. Que le projet d'université de langue française laisse la clientèle potentielle largement indifférente. Si ce n'est pas un «coup de poignard», c'est certainement une claque en pleine face ou une botte au derrière.

Il y a 10 ans, quand le Regroupement étudiant franco-ontariens (RÉFO) atteignait son zénith, une provocation semblable en provenance de Toronto aurait peut-être suscité une levée de boucliers, des manifestations, une mobilisation. Le projet de regrouper tous les programmes de langue française sous une université par et pour les francophones aurait pu faire trembler les colonnes du temple. Mais la trahison des libéraux en 2015, ayant réduit ce grand espoir d'université provinciale à quelques centaines de nouvelles places à Toronto, a sapé l'énergie du mouvement. Le RÉFO est sombré dans une relative inactivité et ne semble même pas avoir réagi à cette plus récente gifle du gouvernement ontarien. Que faut-il en conclure?

Quant aux dirigeants de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO), de l'Université de Sudbury ou de la Coalition pour une université de langue française, les réactions varient entre l'étonnement, la stupéfaction, la déception, l'incompréhension, mais rien qui ne ressemblerait à la colère ou une déclaration de guerre au gouvernement qui vient de leur administrer une solide taloche. Jamais cause n'aura-t-elle été si facile à défendre sur les tribunes médiatiques, d'un bout à l'autre du pays. Au Québec en particulier, où les institutions post secondaires de langue anglaise ont toujours été surfinancées et choyées. Il serait temps de se souvenir que l'avenir est à ceux qui luttent. Le racisme anglo-ontarien historique à l'endroit des francophones suinte dans ce refus et le combat est la seule issue.

La lettre du ministère tourne le fer dans la plaie en ajoutant que le projet d'université de langue française à Sudbury «ne correspond pas (...) à la capacité actuelle des établissements post secondaires existants. à offrir une programmation en langue française dans le Grand Sudbury et aux quatre coins de l'Ontario». Bien sûr la capacité n'est pas là. Les francophones ne contrôlent aucune grande université en Ontario. L'Université dOttawa et la Laurentian sont des universités à majorité anglaise. L'absence de l'équivalent d'une Université de Moncton en Ontario français comporte de lourdes conséquences. Pourquoi n'y en a-t-il pas? Voilà une bonne question. Une chose est sûre: à l'universitaire, les centaines de millions de dollars qui seraient passées entre les mains d'administrations franco-ontariennes, Toronto les a gardées ou les a investies dans des milieux d'assimilation. Ces millions? milliards? ont été volés pendant plus d'un siècle et aujourd'hui, l'Ontario a le culot de refuser 10 millions $ par année aux francophones de Sudbury. 

On me demandera sûrement de quoi je me mêle, étant Québécois et indépendantiste par surcroit. J'ai passé les 29 premières années de ma vie en Ontario et j'ai lutté pour la francisation totale de l'Université d'Ottawa à la fin des années 60 au sein de mouvements franco-ontariens. Comme journaliste, j'ai couvert les rébellions d'étudiants franco-ontariens au début des années 1970, et comme éditorialiste au Droit, j'ai soutenu le projet du RÉFO dès le début, jusqu'à ce qu'on me retire le droit d'écrire dans les pages de mon quotidien. Une partie de mes tripes s'accroche à ce projet qui, malheureusement, montre de sérieux signes de fatigue.

D'ici peu, quelqu'un, quelque part, devra monter aux barricades en tenant bien haut le drapeau vert et blanc, pour que Toronto le voie. Pour que tout le pays le voie.