mercredi 31 janvier 2024

L'ombre de la tronçonneuse...

Capture d'écran de la page Web du Droit

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Quand, en 2021, l'Université Laurentian/Laurentienne de Sudbury a passé 28 programmes de langue française à la tronçonneuse, j'ai écrit sur mon blogue: «Peu importe ce qu'on puisse penser des choix annoncés par la Laurentienne, une chose est absolument sûre: les francophones n'étaient pas ici maîtres de leur destinée. La gouvernance appartenait à d'autres. Encore une fois... Toujours...»

L'ombre de la «chainsaw» du Nord plane ces jours-ci sur le campus bilingue de la Côte-de-Sable, dans la capitale fédérale, alors que des coupes annoncées à l'Université d'Ottawa semblent menacer «la mission francophone» de l'institution. Devant les propos se voulant rassurants d'un recteur qui ne l'est jamais, quelques profs lancent déjà des cris d'alarme (voir lien en bas de page).

Quoiqu'il advienne, cette situation illustre parfaitement les motifs qui avaient poussé les organisations étudiantes franco-ontariennes à lancer une campagne en 2012 visant une gouvernance francophone de tous les programmes en français au palier universitaire ontarien, y compris ceux de l'Université d'Ottawa.

Cette campagne, détournée et torpillée par le gouvernement libéral de Mme Wynne en 2015, a accouché d'une mini-souris torontoise appelée «Université de l'Ontario français», pendant que la grande majorité des 22 000 étudiants universitaires franco-ontariens continuent de fréquenter des institutions bilingues où ils restent minoritaires.

On a vu ce que cela a donné à Sudbury. On verra bientôt comment l'Université d'Ottawa affrontera ses déboires financiers. Mais - et on le voit chez les profs qui s'inquiètent - les francophones vivent dans l'attente de décisions qui viendront d'ailleurs. Les Franco-Ontariens peuvent demander, supplier, menacer, exiger, protester, manifester... tout sauf prendre les décisions qui les concernent.

Les dirigeants de l'Université auront beau jeu de blâmer la bande à Ford, la diminution du nombre d'étudiants internationaux, un sous-financement chronique et je sais quoi d'autre, les programmes de langue française finiront dans la mire. Peut-être échapperont-ils cette fois à la guillotine, mais ce n'est qu'une question de temps. Sous-financer l'éducation franco-ontarienne (confisquer serait un terme plus juste) est un sport à la mode depuis au moins le Règlement 17 de 1912.

Dans son livre Identité, appartenances (2023), l'ancien vice-recteur aux Études Robert Major disait «reconnaître que la situation, ces toutes dernières années, a fort changé à l'Université d'Ottawa, et qu'on a de plus en plus de difficultés à reconnaître l'université francophone dont je viens de vous parler...» Il évoquait même l'utilité, voire la nécessité, de créer à l'Université d'Ottawa une structure quelconque - un collège? - qui chapeauterait l'ensemble des étudiants de langue française et dont ces derniers relèveraient.

Cela donne matière à réflexion au moment où les Franco-Ontariens s'apprêtent, une fois de plus, à subir les conséquences de décisions prises ailleurs, plutôt que de faire eux-mêmes des choix «par et pour» la collectivité francophone universitaire de l'Ontario.

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vendredi 26 janvier 2024

Pour qui nous prend-on?


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On se fait bombarder de publicités à tous les jours! Y'en a de tous les genres. Comiques, tristes, émouvantes, instructives, banales, et parfois, tout simplement niaiseuses. Je comprends que la perception de ce qui constitue une niaiserie peut varier d'un individu à l'autre, comme d'ailleurs les sens de l'humour. Mais y'a quand même des limites...

Vous avez sans doute vu la pub dont je veux parler. Elle est signée Desjardins, à mon grand désarroi. D'après ce que peux comprendre, c'est un message institutionnel qui souligne l'importance de bien protéger sa maison, un lieu où «vous pouvez être vous-même» et où vous méritez d'«être bien accompagné» (en cas de sinistre?), «de la soumission à la réclamation». Ce n'est pas très clair mais enfin...

Les 30 secondes télévisées s'ouvrent avec un homme assis sur son divan, boisson et bol de mais soufflé devant lui, se préparant à suivre un match de hockey. Jusque là, tout semble plus ou moins normal. Puis le type appelle un autre personnage qui n'est pas visible à l'écran: «Ça commence! Go, go, go, vient-en!» On s'attend à voir arriver un second humain, aussi amateur de hockey, mais non... voici un chien... déguisé en joueur de hockey...

Portant un casque protecteur bleu et un chandail blanc auquel sont attachés des mains tenant un bâton de hockey (position gardien de buts), le meilleur ami de l'homme saute sur le divan, apparemment pour regarder le match qui débute. Déjà là, y'a matière à s'interroger. Un gars qui tient, avec insistance, à regarder jouer son équipe de hockey avec un chien déguisé en joueur de hockey... Il est très clair à ce sujet : «Go, go, go, vient-en!»

Mais il y a pire. Le chien ne porte pas le bon chandail. Pour les matches à domicile, la couleur est différente et de toute évidence, ce n'est pas notre héros qui a habillé le chien. Il savait que la partie se jouait «à la maison» et ne se serait pas trompé. En tout cas, une chose est sûre: le chien ne s'est pas déguisé tout seul... Le gars crie alors à Julie (on devine qu'il s'agit de sa conjointe): «Julie c'est pas le bon gilet, y jouent à la maison à soir».

Là on sait deux choses: 1) notre bonhomme regarde le hockey avec un chien déguisé et 2) sa conjointe accepte de costumer le chien sur demande pour que son mari et Fido mangent du popcorn ensemble sur le divan devant la télé. Je ne connais aucune femme qui accepterait d'habiller un chien en joueur de hockey à chaque match télévisé et pire, qui obéirait docilement à son chum quand celui-ci lui demande de changer le gilet parce qu'elle s'est trompée...

Et le chien, de toute évidence, est habitué à cette mise en scène. Quand le bonhomme lui dit sur un ton qui n'invite pas la réplique «Va te changer! Enweye au vestiaire! Enweye!», le chien saute par terre et va automatiquement rejoindre Julie qui lui fera enfiler le bon uniforme... 

Nous sommes ici devant des gens sans doute inoffensifs, mais souffrant d'un sérieux déséquilibre mental. Et notre grand mouvement Desjardins utilise ce scénario rocambolesque pour louanger ses services en habitation. Le lien entre un chien déguisé en joueur de hockey et la protection d'un logement est absolument inexistant.

J'aimerais bien savoir qui, chez Desjardins, autorise de dépenser l'argent des membres de la coopérative pour concevoir de telles publicités... Ils ou elles doivent avoir une bien piètre opinion de leurs auditoires... 

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Lien à la vidéo de la pub - https://www.youtube.com/watch?v=N_KbewHQanA 


mercredi 24 janvier 2024

Petite note aux évêques du Québec...

Le Pontiac québécois (triangle rouge) toujours sous les griffes d'un diocèse anglais de l'Ontario

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Ainsi les évêques québécois souhaitent discuter publiquement du sort des églises (les bâtiments) du Québec (voir lien en bas de page). «Nous savons que les églises font partie du patrimoine des Québécois et qu'elles sont importantes», déclarait la semaine dernière au Devoir le secrétaire général de l'Assemblée des évêques du Québec, Mgr Pierre Murray.

Mais que diront-ils s'il s'agit de l'avenir de l'église paroissiale St-Pierre de Fort-Coulonge, ou celle de la paroisse Ste-Anne de l'Île-du-Grand-Calumet, ou même l'église St-Roch de Lac- Cayamant? Ils ne diront rien du tout. Ces communautés de la région du Pontiac et de la Haute-Gatineau apparaissent sur la carte de l'Ontario des diocèses catholiques du Canada!

Traînant les séquelles d'une lâcheté qui assombrira à jamais son histoire, l'Église catholique du Canada (et du Québec) a toujours abandonné à leur sort les francophones de la région du Pontiac, soumis depuis plus d'un siècle au régime anglicisant d'un des diocèses au passé parmi les plus francophobes de l'Ontario. Pour en saisir toute la portée, on n'a qu'à lire le livre Les sacrifiés de la bonne entente de Luc Bouvier (voir lien en bas de page).

Quand l'archidiocèse de Gatineau avait célébré son cinquantenaire en 2013, j'avais signé un éditorial dans Le Droit appelant une rectification de cette injustice historique. Il aurait suffi d'une simple demande de rapatriement des paroisses québécoises du Pontiac, signée par l'archevêque, pour que l'Assemblée des évêques du Québec et la Conférence des évêques catholiques du Canada entérinent le tout.

Mais Mgr Durocher n'a pas bougé. Et l'Assemblée des évêques, si prompte à se présenter comme porte-parole de l'Église catholique au Québec, a fermé l'oeil sur l'amputation d'une partie de l'Outaouais et du Bas-Témiscamingue. Pourquoi? Bonne question. Cela témoigne en partie de la dominance croissante des anglos au sein de l'Église catholique, mais peut-être surtout de la présence de froussards chez les dirigeants francophones, conscients que les Anglo-Catholiques du Pontiac ont toujours été plus près de l'Ontario que du Québec, et que les francophones du Pontiac, si souvent rabattus et en voie d'assimilation, n'ont plus l'énergie ou la volonté de combattre...

Alors si on veut un grand débat public sur l'avenir des églises paroissiales et autres bâtiments religieux du Québec, l'Assemblée des évêques du Québec ne suffit pas. À sa grande honte, elle devra aussi accepter la présence de l'Assemblée des évêques de l'Ontario, qui a juridiction sur un morceau appréciable du territoire de l'Ouest québécois. Ou peut-être, dans un ultime sursaut de dignité, les diocèses québécois se décideront-ils enfin à arracher de la carte ontarienne des évêques catholiques du Canada cette région québécoise trop souvent martyrisée ...

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Lien à l'article du Devoir - https://www.ledevoir.com/societe/805522/eveques-quebec-prets-discuter-avenir-eglises

Lien aux Sacrifiés de la bonne entente - https://lettresdufront1.blogspot.com/2022/11/les-sacrifies-de-la-bonne-entente.html


lundi 22 janvier 2024

Un centre-ville de Gatineau... Où ça?

L'ancien vrai centre-ville de Hull, angle Principale et Hôtel-de-Ville, avant d'êtrêe dévasté par les édifices fédéraux.

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Ce matin, le site web du Droit, sous la plume de l'excellent Mathieu Bélanger, a publié un texte intitulé Les Gatinois font une «dure évaluation» de leur centre-ville, révèle un sondage. Voir le lien à ce texte en bas de page. À chaud, j'ai pondu le commentaire ci-dessous.

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Il y en a qui doivent être surpris d'apprendre qu'à peine 55% de la population de Gatineau sait où se trouve le «centre-ville» officiel de la métropole de l'Outaouais. Moi pas! De fait, si la firme Léger m'avait posé la question, j'aurais répondu que Gatineau n'a pas véritablement de centre-ville. Qu'au fond Gatineau, en dépit de 20 années d'existence juridique, ne forme même pas une entité cohérente sur le plan social. 

Quelques gratte-ciels et des tours d'habitation près des ponts adjacents au secteur central d'Ottawa ne font guère un centre-ville, quoiqu'en disent les élus de Gatineau. Le coeur de ce qui fut jadis un vrai petit centre-ville, celui de Hull (jusqu'à l'invasion des édifices fédéraux à la fin des années 1960 et les fusions se terminant en 2002), ne bat plus depuis longtemps. Tout ce qui faisait son attrait et son charme a été livré en pâture au fédéral et à des promoteurs immobiliers voraces.

L'ancienne rue Principale et les environs, avec ses commerces de détail, ses restos, ses hôtels, ses édifices patrimoniaux, ne survit que dans la mémoire des historiens. Les maisons allumettes historiques sont constamment sous la menace des démolisseurs, l'ancien hôtel de ville, l'ancien palais de justice et la vieille église Notre-Dame ont été la proie des flammes, des rues entières ont été rasées, les anciennes communautés dispersées. Il n'y a même plus de supermarché... Comment diable peut-on y voir un «centre-ville»? Parce qu'il reste une grappe de bons restos sur deux petites rues piétonnières?

L'ancienne ville d'Aylmer avait autrefois un centre-ville le long de sa rue Principale, jusqu'à la maison Symmes qui remonte à la première moitié du 19e siècle. Il en reste quelques braises. Plus à l'est, ce qu'on appelait jadis Gatineau (ou Gatineau Mills) pouvait proposer à ses citoyens et aux visiteurs un charmant quartier central ayant comme pivot la rue Notre-Dame, puis le boulevard Maloney. Il n'y a rien de charmant aujourd'hui. Le coeur de la ville papetière de Buckingham, sur les rives de la Lièvre, aujourd'hui fusionnée à Gatineau, a survécu jusqu'aux dernières décennies. Puis ce fut la vague des fermetures, un peu partout.

Les fantômes d'Aylmer, Hull, Gatineau et Buckingham rôdent toujours là où ils ont vécu aux 19e et 20e siècles. Le monstre territorial que l'on nomme aujourd'hui Gatineau n'a pas d'âme, n'a pas d'identité digne de ce nom. Selon le point de vue, ce qu'on voudrait bien nommer centre-ville, en gros l'île de Hull et sa périphérie, n'est qu'un débordement du centre d'Ottawa sur la rive outaouaise, ou vu du Québec, un entonnoir où les routes, les voitures, les autobus et bientôt les tramways filent vers le seul authentique centre-ville de la région, celui de la capitale fédérale, en territoire ontarien.

Awignahan!

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Lien du texte de Mathieu Bélanger: https://www.ledroit.com/actualites/actualites-locales/gatineau/2024/01/22/les-gatinois-font-une-dure-evaluation-de-leur-centre-ville-revele-un-sondage-Q77B7NYX5JG47EYLXSAJHD63JQ/



samedi 20 janvier 2024

Identité, appartenances. À lire!

Ayant lu et digéré un peu croche l'article du Droit intitulé La santé déclinante de l'Ontario français vue par un résident québécois (3 décembre 2023)*, portant sur l'essai Identité, appartenances, un parcours franco-ontarien de Robert Major, j'ai résolu d'acheter le livre et de l'éplucher. Après lecture, je me suis réconcilié un tout petit peu avec le texte du journaliste du Droit. J'avoue que le sujet était complexe. Avoir eu l'âge et l'expérience du jeune scribe, j'aurais peut-être pondu un article similaire.

Les tribulations identitaires des Franco-Ontariens (et des ex-Franco-Ontariens devenus Québécois) sont toujours riches d'enseignements. Promenant sa lampe dans les labyrinthes d'une collectivité dispersée aux quatre coins de l'Ontario, Robert Major nous transporte de son patelin natal (New Liskeard) à la capitale fédérale, puis en Outaouais québécois où il a élu résidence en 1972, le tout coiffé d'une insistance incontournable sur ses 45 ans d'association - d'étudiant à vice-recteur - avec l'Université d'Ottawa.

J'ai sursauté en constatant à quel point mon propre parcours ressemblait à celui de Robert Major. Nous sommes tous deux nés en Ontario, en 1946, dans une municipalité très fortement anglophone (quoique mon quartier d'Ottawa était alors francophone). Nous avons été camelots d'un quotidien anglais pendant trois ans (lui le North Bay Nugget, moi l'Ottawa Journal). À la tombée de la nuit, nous écoutions tous deux la station WKBW de Buffalo à l'adolescence pour entendre du rock'n roll. Notre séjour à l'école secondaire a été passablement anglicisant. Nous avons retrouvé notre langue et notre culture à l'Université d'Ottawa dans les années 1960. Nous sommes déménagés en Outaouais dans les années 1970 pour que nos enfants puissent grandir dans un milieu francophone. Nous avons eu la chance de travailler en français à Ottawa; lui comme prof et cadre supérieur à l'Université d'Ottawa, moi comme journaliste au quotidien Le Droit. Et nous sommes tous deux devenus indépendantistes...

Comme chez bien des Franco-Ontariens de souche arrivés à la quatrième saison de leur vie, un besoin pressant de consigner l'expérience vécue se fait sentir. Pour sa propre satisfaction. Pour la postérité. «Pour que la mémoire soit sauvegardée.» Voilà peut-être pourquoi Robert Major s'est décidé à «raconter quelques aspects de l'histoire ordinaire (...) d'un Franco-Ontarien d'une certaine époque, dont le parcours dégage certaines réalités et sociologiques». Un parcours qui «n'est sans doute pas représentatif» d'un Ontario français «multiple, disparate», mais qui n'a rien de marginal, qui va droit au coeur de la réalité ontaroise.

Il reconnaît que son expérience de l'Ontario français a été «tout à fait fausse, du moins artificielle, sans commune mesure avec le quotidien de mes compatriotes», la grande majorité de ces derniers baignant du matin au soir (sauf peut-être à la maison) dans des milieux anglo-dominants. Les parents de Robert Major militaient «pour la cause française» mais à l'extérieur du foyer, tout se passait en anglais à New Liskeard. «Je ne me souviens d'aucune fête de la Saint-Jean-Baptiste, d'aucun défilé de la Fête-Dieu (...), d'aucune manifestation publique francophone de quelque ordre que ce soit à New Liskeard. Ce sont les anglophones qui animaient la rue.»

Son passage au département des Lettres françaises de l'Université d'Ottawa, milieu unilingue s'il en fut, puis son séjour aux Études supérieures et à l'administration centrale, à peu près francophones, sans oublier son déménagement au Québec, l'ont transformé. Quant il retourne à sa ville natale, «je constate, écrit-il, que mes amis qui sont restés dans la région, sans pousser au-delà du secondaire, ont pour la plupart été doucement anglicisés. Mariage exogame, travail, milieu social, activités sociales et culturelles, tout concourt à assurer un passage sans heurts dans le giron de la majorité.» Aujourd'hui, on pourrait tenir les mêmes propos dans la région d'Ottawa, et bientôt, dans l'Est ontarien. «Chaque année, conclut-il, l'Ontario français rétrécit comme une peau de chagrin.»

Quant à définir ce qu'est un Franco-Ontarien, son identité (ses identités?), le débat se poursuit et Robert Major ne tranche pas. Faut-il avoir été né en Ontario? Y avoir pris racine? Être francophone dans ses comportements, dans ses convictions? L'ancien vice-recteur de l'Université d'Ottawa en a discuté avec des confrères retraités, tous ayant contribué à l'éducation universitaire franco-ontarienne, et les échanges n'ont «pas permis d'y voir plus clair». Chez les vieux militants ex-franco-ontariens, la tête, le coeur et les tripes sont en constante chamaille à ce sujet. À chacun son dû sans doute. J'écrivais en 2013, après une lecture de Jules Tessier**, ce qui suit: «J'ai la certitude que peu importe les changements de cap et les convictions qui nous mènent ailleurs, au Québec dans mon cas, "quand on est Franco-Ontarien une fois, on est Franco-Ontarien pour tout l'temps, comme un Noir est noir, pour la vie..."»

La réflexion identitaire de M. Major constitue la trame de l'essai et n'est interrompue que par une intrusion plus malheureuse qu'heureuse, quoique opportune, dans le débat sur le projet d'université franco-ontarienne et la création de la microscopique Université de l'Ontario français (UOF) à Toronto. Comme le journaliste qui l'a interviewé, comme l'ensemble des médias de langue française d'ailleurs, Robert Major ne semble pas avoir suivi suffisamment ce dossier depuis 2012. La confusion entre le projet d'université franco-ontarienne, qui porte essentiellement sur la gouvernance de tous les programmes de langue française, et la création d'un mini-campus à Toronto (pompeusement appelé Université de l'Ontario français), est maintenant généralisée.

Déjà, le 12 mars 2013, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario mettait les médias en garde à ce sujet. «Il convient, précisait l'AFO dans une lettre ouverte au Droit, de ne pas confondre les besoins d'accessibilité des études post-secondaires en français dans les régions du Centre-Sud-Ouest de la province (c.-à-d. Toronto, etc.) et le projet de création d'une université franco-ontarienne. Ce sont deux dossiers distincts qu'il est important de bien comprendre.» Quand le gouvernement Wynne, avec la complicité des universités bilingues, a torpillé le projet original d'une gouvernance à dimension provinciale pour cibler un projet malavisé de campus universitaire marginal à Toronto, les porte-parole des organismes étudiants (RÉFO et FESFO) ont dénoncé en décembre 2016*** cette manoeuvre qui avait pour effet «d'évacuer la possibilité d'atteindre une véritable gouvernance universitaire par et pour les francophones sur l'ensemble du territoire ontarien».

La critique virulente de Robert Major envers l'UOF est bien fondée et j'en partage l'essentiel. Là où il fait erreur, selon moi, c'est de croire que ce micro-campus universitaire torontois constituait le projet d'université franco-ontarienne relancé vers 2012 par les mouvements étudiants avec l'appui de l'AFO. Il est vrai que l'Université d'Ottawa, qui accueille la vaste majorité des étudiants universitaires inscrits à des programmes en français en Ontario, a toujours été perçue comme l'université des Franco-Ontariens. Les appels à une gouvernance francophone à l'universitaire ont toujours inclus l'Université d'Ottawa, soit pour la franciser (comme à la fin des années 1960), soit pour y imposer une structure de gouvernance franco-ontarienne autre que la bonne volonté des recteurs et vice-recteurs francophones qui se sont succédés au fil des décennies et qui, un jour, n'y seront plus. Il n'a jamais été question de diriger des masses d'étudiants francophones de l'Est et du Nord ontariens vers la région torontoise où les forces d'assimilation sont irréversibles. Ottawa et Sudbury ont toujours été au coeur des projets de gouvernance.

On peut comprendre que Robert Major se porte à la défense d'une institution qui lui a permis de travailler en français et qui a pour vocation, entre autres, de protéger et promouvoir la francophonie en Ontario. Mais avec seulement 30% d'étudiants de langue française (dont certains inscrits dans des programmes anglais), le visage du campus est maintenant anglo-dominant. Quand j'ai assisté à un colloque sur le bilinguisme canadien en 2016 à l'édifice des sciences sociales de l'Université, j'ai dû beaucoup insister pour me faire servir un café en français à son Starbucks... M. Major lui-même l'avoue en fin de volume: «Je dois reconnaître que la situation, ces toutes dernières années, a fort changé à l'Université d'Ottawa, et qu'on a de plus en plus de difficultés à reconnaître l'université francophone dont je viens de vous parler...» Il ouvre même la porte à la création d'un «collège» de langue française à l'intérieur de l'Université, sur le modèle employé par l'Université de Toronto, collège qui regrouperait sous son aile l'ensemble des étudiants francophones de l'université. L'autorité qu'il exercerait m'apparaît moins claire mais tout de même, voilà une ouverture à une gouvernance franco-ontarienne.

Quoiqu'il en soit, le livre autobiographique Identités, appartenance occupera une place de choix dans ma bibliothèque franco-ontarienne. Cet effort de reconstituer le parcours d'une vie, surtout quand on manie la plume comme Robert Major, ajoute de précieux repères pour les grands débats identitaires du présent, et constitue un terreau fertile pour nos historiens de l'avenir. 

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* En attendant de lire l'essai, texte sur mon blogue «Lettres du front», 4 décembre 2023 - https://lettresdufront1.blogspot.com/2023/12/en-attendant-de-lire-son-essai.html

* Jules Tessier, une lecture douloureuse, nécessaire, texte sur mon blogue «Pierre Allard, le blogue», 10 avril 2013 - https://pierreyallard.blogspot.com/2013/04/jules-tessier-une-lecture-douloureuse.html

*** Université franco-ontarienne... Médias mal informés..., texte sur mon blogue «Lettres du front», 1er décembre 2023 - https://lettresdufront1.blogspot.com/2023/12/universite-franco-ontarienne-medias-mal.html


dimanche 14 janvier 2024

Il était une fois... janvier 1973


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De temps en temps, jeter un coup d'oeil sur les nouvelles publiées un demi-siècle plus tôt peut s'avérer instructif... Parfois, ce qu'on lit peut paraître d'une époque révolue, mais pour ce qui est de la dynamique constitutionnelle et linguistique du Canada, peu de choses ont changé. Il suffit de feuilleter l'édition du 15 janvier 1973 du quotidien Le Droit pour s'en convaincre. Cinquante-et-un ans, presque jour pour jour.

* la première manchette du jour - Le président des États-Unis Richard Nixon ordonne ce lundi 15 janvier l'arrêt de tous les bombardements contre le Nord-Vietnam, à la veille de la conclusion d'un accord de paix à Paris et du retrait (en mars) des dernières troupes américaines. Les jeunes de ce début de 21e siècle ne soupçonnent pas à quel point l'opposition à la guerre du Vietnam a pu mobiliser toute une génération à partir du milieu des années 1960.

* la seconde manchette du jour - Également à la une, on annonce que «Trudeau (Pierre Elliot bien sûr) s'attaque au "séparatisme caché" anglophone». Invité à commenter les déclarations de plus en plus fréquentes au Canada anglais contre ce qui leur apparaît comme un French Power à Ottawa, M. Trudeau avait affirmé à l'émission Politique Atout de Radio-Canada: «Les séparatistes québécois énoncent franchement leurs buts; ils disent: on veut que les Anglais cessent de nous gouverner. Dans l'autre cas, ce n'est pas aussi clair que ça.»

* au bas de la une, la réplique à Trudeau - Parlant au nom des Conservateurs, le député Claude Wagner déclare que Trudeau cherche à détourner l'attention des «vrais problèmes», de nature économique. Si le gouvernement Trudeau ne réussit pas à résoudre les problèmes économiques des Québécois, dit-il, «le Parti québécois grandira et prendra sans doute plus de sièges à la prochaine élection provinciale».

* en page 3 du journal, un grand reportage sur les nouveaux locaux du YM-YWCA d'Ottawa, où tout, comme d'habitude, se passera en anglais... Voici la conclusion du texte: «Mais comme dit Mary Ahearn, directrice des relations extérieures du YM-YWCA d'Ottawa, "on peut toujours espérer qu'il y ait quelques personnes bilingues qui voudront bien traduire les instructions..."» Ça ou rien, c'est pas mal pareil...

* en manchette internationale - Les États-Unis devraient normaliser leurs relations avec Cuba, selon le sénateur Edward Kennedy qui souligne l'anachronisme de la politique américaine envers Cuba alors que les États-Unies poursuivent une politique de détente et de négociation avec l'Union soviétique et la Chine communiste. Cinquante années plus tard, l'affaire n'est toujours pas réglée...

* en manchette Outaouais - «Même avec 200 lits (de plus), l'Outaouais serait malade». Les pénuries en soins de santé défraient les manchettes depuis plus de 60 ans dans la région de Hull-Gatineau. Le gouvernement Bourassa venait s'annoncer un autre projet. «Même avec la construction d'une nouvelle aile de 200 lits à l'hôpital Sacré-Coeur (aujourd'hui l'hôpital de Hull), l'Outaouais serait toujours aussi malade», déclare le président du bureau médical de l'hôpital. En 2023, on brandit la construction d'un nouvel hôpital qui prendra au moins une dizaine d'années (sinon plus) à réaliser... Plus ça change...

* toujours dans l'Outaouais - Le Parti québécois, aux prises avec la peur viscérale d'une région sous la tutelle économique du fédéral, annonce des mesures pour assurer aux 10 000 fonctionnaires fédéraux québécois la sécurité d'emploi advenant l'indépendance du Québec. Inutile de dire que de telles promesses n'ont jamais nui à l'efficacité des campagnes de peur libérales... qui se sont poursuivies pour un autre demi-siècle.

* une critique décapante du spectacle de René Simard au Centre national des arts. La conclusion: «Laura Secord a même eu droit à un bon dix minutes de publicité gratuite. La rengaine des p'tits poudings ne manquait pas de faire surface au cours du spectacle. Mais voilà la grande question. Les p'tits poudings sont-ils meilleurs que le p'tit Simard?»

* publicité de Poulet frit Kentucky - 1 seau de poulet, 1 familiale de frites, 16 onces de salade de chou, 8 onces de sauce, un pain à la grecque pour la modique somme de 4,25$... Un bon prix même pour l'époque... Le prix régulier était de 6,05$. «Colonel Sanders et ses aides le font "bon à s'en lécher les doigts".»

* une nouvelle tour d'appartements à Hull, le Versailles, avec piscine intérieur chauffée, annonce ses prix de location: de 130$ par mois pour une garçonnière à 180$ par mois pour un appartement avec deux chambres à coucher. On peut aussi acheter une maison de 3 chambres à coucher pour moins de 18 000 $...

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Lien au site du Droit à la BANQ - https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4144153

NB - Si vous essayez de faire comme moi en 2073 ou en 2074, vous échouerez. Le quotidien n'existe plus...

jeudi 11 janvier 2024

Réponse au tout dernier éditorial d'une édition papier de mon ancien quotidien, Le Droit


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Quelques jours plus tôt, elle avait déjà déclaré en ondes à Radio-Canada qu'un journal papier était un produit «éphémère», qui sert à allumer des feux de cheminée ou garnir des litières de chat...

Dans l'ultime édition papier hebdomadaire de l'ex-journal Le Droit, le 30 décembre 2023, la rédactrice en chef Marie-Claude Lortie traite d'imbéciles (c'est quoi le meilleur antonyme d'intelligent?), de peureux, d'obscurantistes et d'aveugles ceux et celles qui défendent l'information imprimée... Bref si nous avançons des arguments pour remettre en question le tout-numérique, nous sommes des idiots!

On me répondra qu'elle n'a rien de dit de tel - du moins pas en toutes lettres - mais je mets au défi quiconque se donne la peine de lire ses propos de conclure autrement. Parfois, «rien qu'à ouère on oué ben», aurait clamé mon tout premier directeur de l'information au Droit, Christian Verdon, à la fin des années 1960.

Tiens, je vous invite à lire vous-mêmes la première partie de son sermon à nous, incultes (pour le reste de l'éditorial, voir le lien en bas de page):

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Commençons par le début. Le génie de Stephen Hawking ne lui a pas conféré la perfection. Et malgré toute l'estime que j'ai pour lui, cette définition de l'intelligence, je la crois erronée. L'intelligence, n'est-ce pas plutôt la capacité de comprendre, et j'ajouterais de réfléchir, de porter des jugements et d'agir en conséquence? 

L'humain provoque les changements bien plus qu'il ne les subit. Le plus souvent, l'humanité a dû «s'adapter» aux changements qu'elle a causés et dont elle a subi les contrecoups. L'agriculture. L'urbanisation. L'industrialisation. L'extinction d'innombrables espèces animales. Les modifications climatiques. Les guerres et la prolifération de la violence. Les révolutions technologiques y compris l'Internet. 

Que l'adaptation des humains au changement (encore ici «s'adapter» peut compter des éléments d'adoption, d'ajustement, de résistance et même d'opposition)... que cette adaptation, dis-je, nécessite une certaine intelligence ne soulève aucun doute, mais cette capacité d'adaptation n'existe-t-elle pas dans l'ensemble des êtres vivants, des plus minuscules virus aux plus imposants mammifères?

Non, l'intelligence, c'est bien plus que la capacité de s'adapter, et en réduire ainsi la définition nous enferme dans des culs-de-sac. Surtout si l'on confond adapter et adopter. Ainsi, selon la logique de la rédactrice en chef, s'appuyant sur une définition restrictive de l'intelligence, «on ne peut qu'applaudir» cette pensée de Hawking, qui devient ainsi le socle sur lequel elle tonne contre ces pauvres «inintelligents» opposés aux voitures, aux avions et à l'électricité. Ou s'interrogeant sur le tout-numérique obligatoire pour les médias d'information.

L'ultime éditorial du journal Le Droit affirme que le passage du papier au tout-numérique est «poussé par la même énergie» que celle qui a propulsé les grandes avancées technologiques du 20e siècle. En troquant la calèche pour une auto, le bateau pour l'avion, la chandelle pour une ampoule, un objet physique en remplace un autre. Et si celui-ci tombe en panne, on peut dépoussiérer celui-là. En passant de l'imprimé au tout-numérique, l'objet physique disparaît. Ne reste que le virtuel, réalité sans garantie sur laquelle l'usager exerce très peu de contrôle. Un trait sur des siècles de nouvelles imprimées pour sauter sans filet de sécurité dans l'univers immatériel du Web.

«Votre café du matin sera le même, votre journal aussi», propose en gros caractères le titre mensonger de l'éditorial du 30 décembre. Je ne sais pas pour le café, mais l'absence du papier constitue déjà une différence plus que majeure entre le passé et l'avenir. Le 24 mars 2020, Le Droit a mis fin à son édition quotidienne papier, ne conservant qu'un magazine hebdomadaire qui vient de rendre l'âme. L'édition numérique quotidienne (genre La Presse+) a été supprimée le 18 avril 2023. À compter du Jour de l'An 2024 ne subsiste qu'un énorme babillard Web d'information mis à jour en temps réel, avec le condensé électronique quotidien (principalement des nouvelles régionales) du forfait d'abonnement le plus cher. Non seulement le journal n'est-il plus le même, il n'existe plus! Un babillard Web n'a jamais été et ne sera jamais un journal.

La rédactrice en chef du Droit semble croire que depuis l'arrivée de l'Internet, la question de la survie des journaux imprimés ne s'est jamais vraiment posée. La seule question, «on le sait, était quand disparaîtraient-ils?» Si c'est bien le cas, on se demande bien pourquoi elle écrit, plus loin dans son texte: «La décision de passer au numérique n'a pas été prise à la légère. Les pour et les contre ont été analysés de tous les angles, les raisons de garder le papier ont toute été considérées et testées.» Si tous s'entendaient sur la disparition éventuelle des journaux papier, pourquoi en sommes-nous toujours, en 2023, à «peser le pour et le contre» et «tester sous tous les angles»?

Quand l'empire Power-Gesca a annoncé la dématérialisation de La Presse en 2014, et la disparition de ses six journaux régionaux (dont Le Droit), le débat sur l'imprimé - qui existait bel et bien - a abouti à l'acquisition des quotidiens régionaux par Martin Cauchon, qui avait promis de conserver les éditions papier. En mars 2020, quelques semaines avant la suppression de l'imprimé en semaine, la direction du Droit invitait toujours les «nostalgiques» du journal imprimé à se réabonner dans un contexte de simple «diminution» de l'empreinte papier. Nous mentait-on? On ne s'en souvient pas?

Pire, à lire l'éditorial du Droit, on en vient à se demander pourquoi quelqu'un voudrait se procurer un journal papier, objet «extrêmement éphémère» (bon pour allumer les feux de cheminée et garnir les litières de chat, disait-elle à Radio-Canada). Une part appréciable de son lectorat serait sans doute en désaccord. Pour s'en convaincre, la rédactrice en chef n'a qu'à lire le texte de son chroniqueur Patrick Duquette (dans la même édition), qui commence ainsi son texte: «Il m'arrive souvent de me faire aborder par de fidèles lecteurs du Droit. Ces jours-ci, ils finissent toujours par me dire la même chose: Monsieur Duquette, on va s'ennuyer de la version papier.» (voir lien en bas de page). Ils ne disent pas: bon débarras!

Le jour de la parution de l'édition papier du 30 décembre 2023, l'artiste Alexandre Deschênes publiait ce statut sur sa page Facebook: «J'ai besoin d'une copie (papier bien sûr) du dernier Droit... ça part trop vite. Pis mes illustrations sont dedans... Au secours!». Pourtant, ses illustrations se retrouvent aussi sur la page Web du Droit. Pourquoi tenait-il tellement à les tenir dans ses mains plutôt que de les voir sur écran? Combien d'autres lecteurs conservent des éditions, des pages du journal, ou encore plus, des coupures de presse qui les intéressent ou qui les concernent? Les écrits restent, ne risquent plus de changer une fois imprimés. Et la plupart des journaux, loin de s'empiler devant un foyer ou une litière, aboutissent dans des bacs de recyclage où ils finiront par connaître une seconde vie.

Parmi les sujets que l'éditorial n'aborde pas, et on comprend pourquoi, il y a ceux de l'efficacité de la lecture d'un texte imprimé (comparée à la lecture sur écran) et le pari dangereux de tout miser sur des plates-formes à risque (p. ex. la suppression des textes de nos journaux sur Facebook, et la menace brandie un moment par Google de faire de même). Mais pourquoi le ferait-on quand on gambade allègrement dans une quasi-unanimité fictive vers un précipice dont on ne mesure toujours pas vraiment la profondeur et les écueils? Je ne prétends pas avoir raison. Je n'en ai pas la certitude. J'affirme tout simplement qu'il y a matière à débat devant des changements que l'intelligence nous dicte de mieux comprendre, au-delà de l'immédiat, avant de «s'adapter». Et que cet exercice de réflexion doit se faire dans nos médias d'information, qui l'occultent le plus souvent, y préférant des campagnes de marketing en faveur du tout-numérique. Résister au changement peut, parfois, devenir une condition de survie.

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Lien à l'éditorial du 30 décembre 2023 - https://www.ledroit.com/opinions/editorial/2023/12/30/votre-cafe-du-matin-sera-le-meme-votre-journal-aussi-3KW4MQRE6FBLLPHMBPB7CYUH4Y/

Lien à la chronique de Patrick Duquette - https://www.ledroit.com/chroniques/patrick-duquette/2023/12/30/je-ne-mennuierai-pas-du-papier-AY424XTSI5E5BOFDGC2UVT4GJU/