mercredi 31 janvier 2024

L'ombre de la tronçonneuse...

Capture d'écran de la page Web du Droit

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Quand, en 2021, l'Université Laurentian/Laurentienne de Sudbury a passé 28 programmes de langue française à la tronçonneuse, j'ai écrit sur mon blogue: «Peu importe ce qu'on puisse penser des choix annoncés par la Laurentienne, une chose est absolument sûre: les francophones n'étaient pas ici maîtres de leur destinée. La gouvernance appartenait à d'autres. Encore une fois... Toujours...»

L'ombre de la «chainsaw» du Nord plane ces jours-ci sur le campus bilingue de la Côte-de-Sable, dans la capitale fédérale, alors que des coupes annoncées à l'Université d'Ottawa semblent menacer «la mission francophone» de l'institution. Devant les propos se voulant rassurants d'un recteur qui ne l'est jamais, quelques profs lancent déjà des cris d'alarme (voir lien en bas de page).

Quoiqu'il advienne, cette situation illustre parfaitement les motifs qui avaient poussé les organisations étudiantes franco-ontariennes à lancer une campagne en 2012 visant une gouvernance francophone de tous les programmes en français au palier universitaire ontarien, y compris ceux de l'Université d'Ottawa.

Cette campagne, détournée et torpillée par le gouvernement libéral de Mme Wynne en 2015, a accouché d'une mini-souris torontoise appelée «Université de l'Ontario français», pendant que la grande majorité des 22 000 étudiants universitaires franco-ontariens continuent de fréquenter des institutions bilingues où ils restent minoritaires.

On a vu ce que cela a donné à Sudbury. On verra bientôt comment l'Université d'Ottawa affrontera ses déboires financiers. Mais - et on le voit chez les profs qui s'inquiètent - les francophones vivent dans l'attente de décisions qui viendront d'ailleurs. Les Franco-Ontariens peuvent demander, supplier, menacer, exiger, protester, manifester... tout sauf prendre les décisions qui les concernent.

Les dirigeants de l'Université auront beau jeu de blâmer la bande à Ford, la diminution du nombre d'étudiants internationaux, un sous-financement chronique et je sais quoi d'autre, les programmes de langue française finiront dans la mire. Peut-être échapperont-ils cette fois à la guillotine, mais ce n'est qu'une question de temps. Sous-financer l'éducation franco-ontarienne (confisquer serait un terme plus juste) est un sport à la mode depuis au moins le Règlement 17 de 1912.

Dans son livre Identité, appartenances (2023), l'ancien vice-recteur aux Études Robert Major disait «reconnaître que la situation, ces toutes dernières années, a fort changé à l'Université d'Ottawa, et qu'on a de plus en plus de difficultés à reconnaître l'université francophone dont je viens de vous parler...» Il évoquait même l'utilité, voire la nécessité, de créer à l'Université d'Ottawa une structure quelconque - un collège? - qui chapeauterait l'ensemble des étudiants de langue française et dont ces derniers relèveraient.

Cela donne matière à réflexion au moment où les Franco-Ontariens s'apprêtent, une fois de plus, à subir les conséquences de décisions prises ailleurs, plutôt que de faire eux-mêmes des choix «par et pour» la collectivité francophone universitaire de l'Ontario.

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