jeudi 7 décembre 2017

Le Parti Québécois à 19% dans un sondage, ça vous inquiète?

Le Parti Québécois à 19% dans un sondage, ça vous inquiète? Moi, si... Comme indépendantiste d'abord, comme Québécois surtout! Au-delà de l'idéal d'un pays à notre image, de plus en plus lointain, j'ai aussi le sentiment d'une identité nationale qui s'affaiblit à vue d'oeil, d'une cohésion de plus de deux siècles et demie qui s'effrite...

Depuis 1760, ce «nous» francophone - qu'on semble voir de plus en plus avec suspicion - a affronté tant bien que mal une répression britannique parfois brutale jusqu'à 1840; survécu au racisme anglo-canadien sous toutes ses formes depuis Lord Durham; résisté courageusement aux politiques pan-canadiennes d'assimilation de la francophonie depuis 1867...

En 2017, la nation est malmenée, amochée, mais existe toujours... Ces jours-ci, cependant, elle est menacée aussi de l'intérieur... par un gouvernement qui voudrait «bilinguiser» tous les jeunes Québécois dès l'école primaire, qui a renoncé à des pans entiers de la Loi 101 (affichage, langue de travail, etc.), qui continue d'échouer dans sa mission de francisation des nouveaux arrivants...

Dans son appel aux indépendantistes démobilisés, Jean-François Lisée propose aux Québécois d'appuyer le PQ en 2018 pour élire «un gouvernement national qui rende sa fierté à la nation québécoises»... Belles paroles mais comment espère-t-il «vendre» ce noble message à un peuple pour qui le mot «nation» est devenu un concept abstrait, vide de sens... et pour qui les signes de «fierté» ont été plutôt rares depuis la défaite référendaire de 1995?

Peut-être le Parti Québécois devrait-il, avant même de pouvoir espérer être élu en octobre 2018, se comporter dès maintenant comme un «gouvernement national» en devenir... comme leader de cette nation qu'il entend gouverner... comme porte-parole d'un peuple souverain, repoussant tous les jours les limites du cadre fédératif et oubliant pour de bon tout échéancier de référendum. Nous n'en aurons pas besoin, sauf pour confirmer un fait accompli. J'en suis sûr!

Il faut aussi repenser la stratégie de gouvernement. Entre octobre 2018 et le grand, grand, grand soir d'un éventuel référendum (enfin gagnant?), le Parti Québécois au pouvoir ne doit pas se dire «national» pour ensuite se comporter essentiellement en gouvernement «provincial», comme par le passé.... Ottawa a reconnu la souveraineté du Québec, et plus spécifiquement son droit à l'indépendance, quand Trudeau père a participé à la campagne référendaire de 1980. Participer, c'était déjà reconnaître officiellement la légitimité d'un OUI possible.

Le PQ doit se présenter tous les jours comme porte-étendard d'une nation souveraine, dans l'opposition et au pouvoir. Se tenir debout, ne jamais flancher pour des stratèges qui voudraient plier, dans l'espoir de répondre aux attentes perçues ou réelles d'une opinion publique fluctuante. Ne pas craindre les escarmouches en attendant l'ultime affrontement, qui pourrait bien ne jamais avoir lieu. Multiplier les petits objectifs, les modestes victoires, au lieu de miser sur le gros lot référendaire, si éloigné soit-il. L'édifice de l'indépendance se bâtira, une brique à la fois.

Juste ces dernières semaines, l'actualité nous a fourni des occasions de croiser le fer que nous avons trop peu relevées. La nomination de Mme Sheilah Martin à la Cour suprême par Justin Trudeau, par exemple. Le PQ aurait dû se saisir de l'affaire pour contester, au nom de la souveraineté du peuple québécois, le droit du fédéral de nommer seul les magistrats appelés à juger des lois québécoises et à servir d'arbitre dans les différends entre Ottawa et Québec.

Les dés judiciaires étant ainsi pipés, M. Lisée aurait pu annoncer qu'un gouvernement péquiste ne reconnaîtrait plus la légitimité de la Cour suprême quand elle empiète sur les droits souverains de l'Assemblée nationale du Québec. Et qu'Ottawa pourrait s'attendre à un orage de «nonobstant» jusqu'à la conclusion d'un règlement satisfaisant. Même les fédéralistes ne pourraient s'opposer à un tel objectif.

La nomination de Raymond Théberge au poste de Commissaire fédéral aux langues officielles peut paraître étrangère aux dossiers nationaux du Québec mais elle ne l'est pas. L'ouverture apparente de M. Théberge au multiculturalisme, notamment en matière de nominations des juges de la Cour suprême, ouvre tout grand le débat (permanent) sur le statut de la langue française au sein de l'appareil fédéral. Et tant que les Québécois feront partie de cette fédération, toute atteinte aux droits linguistiques des francophones, que cela se passe à Vancouver ou à Montréal, nous concerne.

Le Parti Québécois devrait toujours monter au front pour affirmer la volonté du peuple québécois de défendre sans compromis la langue française, notre ciment national, même à l'extérieur de nos frontières. Quoiqu'il advienne, indépendant ou pas, le Québec doit rester le phare francophone en Amérique du Nord. À ce titre, le PQ aurait dû, depuis longtemps, intervenir dans le débat sur la création d'une université de langue française en Ontario, si ce n'est que pour dénoncer l'iniquité de la situation, alors que les Anglo-Québécois ont déjà trois université grassement financées...

Tout récemment, le recensement de 2016 a mis en lumière le recul du français comme langue de travail, même au Québec, et les médias ont fait des manchettes avec l'échec de la francisation des immigrants (qui est aussi l'échec du français langue du travail). Le PQ aurait dû saisir l'occasion pour insister sur l'urgence d'appliquer les dispositions de la Loi 101 aux petites entreprises (de 25 à 49 employés) et, tant qu'à y être, à reprendre des débats préoccupants en éducation (anglais intensif au primaire, extension de la Loi 101 au collégial).

Avant de «bilinguiser» tous nos jeunes, il me semble qu'on doive d'abord leur enseigner à maîtriser le français... Pour ceux et celles qui en douteraient, écoutez le niveau de langage dans la rue, en autobus, dans les interviews aux bulletins de nouvelles ou pire, dans les interventions médiatiques de nos joueurs de hockey (et autres sportifs), qui portent les cicatrices d'une anglicisation massive du sport pan-canadien. Si ce n'était que pour revaloriser la langue française, le Québec aurait avantage à mettre immédiatement sur pied des équipes sportives nationales où le français est la langue de communication.

Toutes ces choses m'apparaissent évidentes. Apparemment elles ne le sont pas, à entendre nos chefs politiques...  Enfin, ne voient-ils pas le précipice droit devant?



1 commentaire:

  1. Monsieur Pierre Allard,

    Oui, ça m’inquiète grandement. Le problème ici est que ça inquiète trop peu de québécois et de québécoises. Trop peu ont conscience que le Québec est le seul territoire qui peut assurer la survie du français en Amérique du Nord. De plus, nous ne pouvons plus compter sur l’appui de la France avec son président actuel multiculturel Émmanuel Macron

    Ce qui me tracasse le plus, c’est que depuis 40 ans, de trop nombreux mercenaires québécois francophones s’évertuent minutieusement à diminuer le poids démographique des francophones au Québec au moyen de toutes sortes d’astuces comme l’immigration beaucoup trop massive de gens qui, pour la grande majorité, ne s’intègre pas à nous..

    En même temps, Machiavel John James Charest, président du Conseil des Gouverneurs de L’Idée Fédérale avec Louis Audet de Cogeco et ex-premier ministre du Québec qui nommait les juges et les haut-fonctionnaires des organismes publics et parapublics, et ce durant plusieurs années, ayant le culot d’ajouter des cours d’anglais au primaire pour assimiler nos enfants. Et le peuple dort au gaz.

    Il y en a même qui siègent au sein du Groupe Bilderberg ET de la Commission Trilatérale comme : Monique F. Leroux ex-présidente du Mouvement Desjardins, Raymond Chrétien frère de Jean, André Desmarais dont la conjointe France Chrétien est fille de Jean, Jean Charest et Émmanuel Macron. Tiens ! Tiens !

    L’Idée Fédérale composée entre autres de : André Pratte, Roméo A. Dallaire, Patrice Ryan le fils de Claude, Marcel Dutil, Frank McKenna, Lawrence Cannon et Éric Montpetit de l’Université de Montréal, en plus de Jean Charest et Louis Audet cités précédemment.

    En résumé, tous les pions sont en place pour la plus importante partie d’échec que le Québec aura à jouer. OUI, je suis très inquiet, même TERRIBLEMENT INQUIET.

    Gilles Sauvageau
    L'Assomption

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