dimanche 9 décembre 2018

«Du côté de»... Trop, c'est trop...


La prolifération abusive de l'expression «du côté de» illustre bien l'appauvrissement de la langue française au Québec. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à écouter la chaîne Météomédia pendant une heure ou deux... et d'autres chaînes sans doute...

Monsieur ou Madame Météo ne vous dira pas qu'il neige «à» Québec ou «dans la région de Québec». Non, il va neiger «du côté de» Québec. Les vents souffleront à 80 km/h «du côté de» la Gaspésie... On a battu un record de froid «du côté de» Montréal... La tempête frappera d'abord «du côté de» l'Abitibi... Non, mais ça suffit!!! Qu'on me lance un ou deux «du côté de» à l'heure, cela peut aller mais son emploi est systématique et, à la limite, erroné.

Quelques exemples d'une utilisation correcte?

Je vis maintenant à Gatineau mais j'ai grandi à Ottawa. La rivière des Outaouais sépare les deux rives. Sur l'un des cinq ponts, je pourrais dire que je demeure du côté de Gatineau et que ma mère, toujours franco-ontarienne, demeure du côté d'Ottawa. Mais si je suis chez ma fille à Longueuil et que je reviens chez moi, je ne m'en vais pas «du côté de» Gatineau, mais bien «à» Gatineau.

Si je roule vers Donnacona en provenance de Montréal et qu'un passager me demande où cette localité se situe, je pourrais répondre «du côté de» Québec dans le sens d'«aux alentours» ou «dans la direction» ou «pas loin de» de la Vieille Capitale. Si mon interlocuteur veut savoir ma destination, cependant, je lui dis qu'on va «à» Québec et non «du côté de» Québec...

Si je bâtis une maison sur l'île d'Orléans et que je tiens à une vue panoramique du fleuve, je placerai le solarium ou la terrasse «du côté du» fleuve... À Puerto Vallarta, je réserverai une chambre «du côté de» la plage et de la mer, et non «du côté de» la jungle et de la montagne...

Lors des deux débats référendaires de 1980 et 1995, j'aurais pu affirmer que je connaissais des gens «du côté du» OUI et «du côté du» NON. En lisant sur la guerre civile américaine, j'aurais pu m'interroger sur les motivations de ceux qui combattaient «du côté du» Nord et «du côté du» Sud... À un match de hockey, je peux être «du côté du» Canadien ou «du côté des» Sénateurs... Ces emplois me semblent acceptables.

Peut-être cela ne vous dérange-t-il pas mais le 57e «du côté de» dans la même heure à Météomédia a le même effet sur moi qu'un «bon matin» à la place d'un «bonjour»...

Et c'est sans compter le champion des pléonasmes, qui appartient aussi à notre chaîne météo. À toutes les 10 minutes on entend «voici vos prévisions locales pour votre région»... «Voici vos prévisions locales» n'est pas assez précis? Ou encore «voici les prévisions pour votre région»?

Ils devraient peut-être jeter (nous devrions tous jeter) un coup d'oeil «du côté du» dictionnaire...



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