mercredi 13 mars 2019

Le PQ à l'agonie? C'est «évident»? Non?

caricature de Garnotte dans Le Devoir

Les citations suivantes ont été tirées d'éditions récentes du Devoir et du Journal de Montréal. En grattant davantage, en multipliant les médias, on pourrait en dénicher des centaines, voire des milliers de semblables.

«Il ne sert à rien de vouloir désespérément sauver le tronc ou les branches d'un arbre (le Parti Québécois) en train de dépérir. L'important, c'est d'en sauver les racines.» (Catherine Fournier, députée ex-péquiste de Marie-Victorin)

«La vie du PQ n'intéresse plus que les péquistes, et encore, ils sont de moins en moins nombreux. Le PQ semble appartenir à une époque révolue de notre vie politique.» (Mathieu Bock-Côté)

«Pour un jeune de vingt ans, le PQ, c'est non seulement un parti de perdants, mais c'est le parti de ses parents et de ses grands-parents. La marque de commerce est usée.» (Joseph Facal)

«Le discours permanent sur notre mort prochaine est un puissant poison qui nous coupe les ailes.» (Jean-François Lisée)

En politique, comme en journalisme d'ailleurs, et même peut-être surtout en journalisme, l'évidence a trop souvent été le pire ennemi du vrai.

Le Parti Québécois est à l'agonie? Moribond? Dépassé? Fini? Mais bien sûr, répondra-t-on sur toutes les tribunes. C'est évident, non?

Mais est-ce bien si évident? Ne devrions-nous pas nous retrousser les manches, collectivement, et prendre le temps de fouiller, de décortiquer, de vérifier ce qu'il en est réellement?

Pire, ces évidences s'accompagnent souvent de termes et expressions galvaudés au point d'avoir perdu toute précision. Gauche, droite, extrême-gauche multiculturelle, extrême-droite identitaire, ces mots-clics et d'autres ont été étirés dans tous les sens. Qui les comprend vraiment?

Il me semble que le temps soit davantage aux questions et aux investigations qu'aux réponses préfabriquées dans un capharnaüm de soi-disant évidences...

Retourner aux sources du Parti Québécois, fin années 1960, ne serait pas un mauvais point de départ. Les PQ s'est bâti sur trois piliers: l'indépendance du Québec, la défense de la langue française et une social-démocratie à l'image de la fusion du Mouvement Souveraineté-Association, du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) et du Ralliement national (RN).

Qu'en est-il aujourd'hui?

L'effritement graduel de la cohésion nationale a sapé chez plusieurs le désir d'indépendance.
L'anglicisation de la société québécoise menace, ici même, l'hégémonie de la langue française.
Des factions se sont retirées de l'alliance indépendantiste pour mener seules leur barque.

Affirmer que le PQ est responsable de ses déboires, c'est trop facile. Le Parti Québécois est le fidèle reflet de la nation dont il porte le projet de souveraineté depuis un demi-siècle.

La nation québécoise et/ou canadienne-française, ce «nous» francophone tissé et métissé depuis quatre siècles, titube sous les assauts d'un individualisme anglo-américain, multiculturel à l'excès.

La langue et la culture françaises d'ici, bijoux forgés sur les rives du Saint-Laurent, notre apport original à la richesse du patrimoine culturel mondial, se créolisent dans l'indifférence.

Des divergences idéologiques, exacerbées par un capitalisme débridé, par des débats identitaires, par les effets d'une technologie envahissante, ont brûlé les ponts des anciennes alliances.

Ainsi va la nation, ainsi va le vaisseau amiral. Si la conscience nationale continue de se disloquer, si l'on persiste à manquer du respect le plus élémentaire pour la langue française, si les Lévesque-Bourgault-Grégoire des années 1960 n'ont plus d'émules au 21e siècle, le Parti Québécois se retrouvera effectivement dans un cul-de-sac.

Ce cul-de-sac sera aussi celui de la nation québécoise tout entière, qui se décomposera.

Ajoutez cela à toutes les autres évidences !


















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