lundi 7 octobre 2019

David contre Goliath. L'indifférence médiatique.


Le 26 septembre, la Cour suprême du Canada s'est déplacée (la première fois de son histoire) à Winnipeg pour entendre une affaire qui pourrait remettre en cause l'avenir des écoles françaises hors-Québec. Six provinces et un territoire à majorités anglophones veulent obtenir le droit d'invoquer des motifs économiques pour sous-financer le réseau scolaire de leur minorité canadienne-française ou acadienne.

Si la Cour suprême confirme le jugement de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique et leur accorde ce droit, tant l'esprit que la lettre de l'article 23 de la Constitution canadienne sur les droits scolaires des minorités se retrouveront sabotés... Et les médias québécois n'en ont pas soufflé mot!!! Oserais-je ajouter... comme d'habitude???

Imaginez un moment le scénario contraire. Je sais que cela paraît absurde, mais essayez tout de même. Si jamais le Québec décidait - oh horreur! - d'invoquer des motifs budgétaires pour imposer à sa minorité anglo-québécoise des institutions scolaires inférieures à celles de la majorité francophone, et que la Cour suprême se déplaçait à Montréal pour entendre une contestation judiciaire des anglos, la frénésie médiatique serait assourdissante!

Les hôtels du centre-ville feraient des affaires d'or avec les hordes de journalistes et photographes venus de partout au Canada et d'ailleurs dans le monde... sans oublier la présence garantie de ces «observateurs» obsédés par le soi-disant «racisme» qu'ils croient incrusté chez les francophones du Québec... Les jérémiades de la minorité anglophone feraient la une des journaux et la manchette des bulletins télé d'un océan à l'autre!

Deux poids, deux mesures...

Parmi les médias de langue française, seuls Radio-Canada, ONFR+ (télévision franco-ontarienne) et le réseau Francopresse (francophonie hors Québec) ont fait grand cas de cette cause fondamentale dont l'enjeu, pour les francophones minoritaires, est d'avoir le droit constitutionnel de gérer bien sûr leurs écoles, mais aussi d'avoir les ressources financières requises pour que ces écoles soient d'une qualité équivalente à celles de la majorité anglophone.

Je n'ai rien vu sur les audiences de la Cour suprême dans Le Devoir, La Presse, ni dans les six quotidiens du Groupe Capitales Médias (y compris Le Droit!), ni dans les télés et radios privées. Avec les frasques de Doug Ford en Ontario, fin 2018, le Québec avait brièvement redécouvert la situation dans laquelle se trouvent ceux et celles qui persistent à vouloir vivre en français ailleurs au pays. Il semble qu'on soit vite retombé dans l'indifférence générale, du moins dans les médias.

On rétorquera qu'une campagne électorale fédérale est en cours et que les effectifs journalistiques sont dirigés en priorité vers cette couverture. Mais justement, l'affaire devant la Cour suprême devrait être un enjeu électoral pour tous les politiciens et politiciennes puisque l'article 23 de la Constitution est menacé, et par là les ressources éducatives des francophones en situation minoritaire. Où sont-ils, tous ces braves fédéraux toujours prêts à voler au secours des Anglo-Québécois pour des balivernes? Les Canadiens français et les Acadiens ne méritent-ils pas autant leur attention?

Présentement, devant le plus haut tribunal du pays, un petit groupe de Franco-Colombiens affronte son gouvernement et une coalition de six provinces et un territoire (en plus de la C.-B., l'Alberta, la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince Édouard, Terre-Neuve et les Territoires du Nord-Ouest). David contre Goliath.

L'Ontario de Doug Ford ne fait pas partie de cette meute mais partage très certainement ses objectifs, ayant objecté son déficit pour refuser aux Franco-Ontariens leur projet d'université. Remarquez, les libéraux de Mme Wynne avaient agi de la sorte eux-mêmes en 2015 dans le même dossier. Quant au Nouveau-Brunswick, officiellement bilingue, ne comptez pas sur son secours avec un francophobe comme Blaine Higgs au poste de premier ministre...

«Les Acadiens et les Franco-Canadiens devraient avoir les mêmes droits que les Anglo-Québécois, écrivait récemment Gilles Duceppe, ancien chef du Bloc québécois. Comme Québécois, nous devons (...) en tout temps rester solidaires.»

Comment «rester solidaires» quand nos médias ne font pas leur boulot?

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* à lire aussi: mon texte du 14 juin 2015 sur des arguments similaires, invoqués par le gouvernement libéral de l'Ontario, pour retarder la création d'une université de langue française... bit.ly/31QSITY


2 commentaires:

  1. Merci Pierre pour mon petit-fils
    Zachary Delisle à Vancouver !
    Gérard Delisle, Ottawa

    #cherZachary #frCB
    csf.bc.ca

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