mardi 17 octobre 2023

Des trous dans la mémoire médiatique...

Une partie de ma chemise d coupures de presse sur le français à la faculté de médecine de McGill à Gatineau (2014 à 2022)

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Dans mon bureau à la maison, je conserve depuis longtemps des dossiers sur des questions que je juge importantes ou qui me tiennent à coeur. Ils sont constitués principalement de coupures de presse (surtout du Droit et du Devoir) et de textes d'autres médias, imprimés à partir de l'Internet depuis la fin des années 1990. Pourquoi je parle de ça? Parce que les journalistes de l'avenir n'auront plus la possibilité de se documenter comme nous, les plus vieux, avons pu le faire... et que cela risque d'avoir des conséquences dramatiques pour la qualité de l'information médiatique.

Permettez-moi un exemple que je juge pertinent. En 2014, on avait appris que l'université McGill projetait d'ouvrir une faculté de médecine satellite à l'hôpital de Gatineau mais que les cours en classe seraient tous donnés en anglais! Cette révélation a déclenché une série de débats qui ont duré jusqu'à la fin du mandat libéral en 2018 et qui se sont poursuivis au cours des deux premières années du mandat de la CAQ. C'était un enjeu important pour de multiples raisons, dont celle touchant au droit des Québécois francophones d'étudier dans leur langue!

Dans ma chemise intitulée McGill médecine Gatineau, j'ai accumulé pendant sept ou huit ans (à compter de mars 2014) près de 60 coupures de presse et quelques dizaines de textes imprimés de sites Web médiatiques. On peut, en quelques heures, tout feuilleter et y revivre l'entièreté du débat qui permit éventuellement aux étudiants gatinois de pouvoir suivre leurs cours magistraux en français. Ce que j'ai là est devenu précieux. Personne ne pourrait refaire l'exercice à partir des moteurs de recherche Internet, et si un nouveau conflit du genre devait se produire, l'absence de journaux imprimés se ferait lourdement sentir pour quiconque voudrait monter un dossier. Les cartouches d'encre des imprimantes se videraient rapidement...

J'ai tenté ces jours-ci de retrouver sur Internet les nombreux textes du Droit que j'ai conservés, en commençant par ceux du début, remontant à la fin de l'hiver 2014. Dans certains cas, ce fut impossible. Dans d'autres, j'ai dû avoir recours aux journaux archivés par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) parce qu'à un certain moment, quand Le Droit a changé de mains en 2015 puis en 2019, des milliers de liens à des textes de nouvelles ont été supprimés. Les recherches ont été plus fructueuses pour les nouvelles publiées au cours des cinq dernières années. J'en ai conclu que si je n'avais pas accumulé ces coupures et feuilles imprimées, il serait extrêmement ardu, quasi impossible même, de le constituer en 2023. Et ce sera pire à l'avenir avec la disparition accélérée de la presse imprimée et de l'anarchie qui règne de plus en plus dans les médias numériques.

Le résultat est évident pour ceux et celles qui voudraient brosser un tableau des huit dernières années et mettre à jour l'état de l'enseignement de la médecine dans l'Outaouais. Le portrait serait incomplet. Il y aurait des trous dans la mémoire collective et médiatique d'une histoire qui n'est sans doute pas terminée mais dont nous avons peu entendu parler au cours des deux ou trois dernières années. Et ce qui s'avère vrai pour ce dossier le serait tout autant pour des centaines d'autres situations ayant évolué sur des périodes plus ou moins prolongées.

Les conséquences? Pensons-y un peu...


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