lundi 12 juin 2017
150 ans de «joie de vivre»? Vraiment?
Dans le quotidien Le Droit de la semaine dernière, la ville de Gatineau (http://www.gatineau2017.ca/fr/) avait inséré un bel encart papier glacé intitulé «2017 Gatineau - Célébrons 150 ans de joie de vivre!».
Comme ce cahier spécial avait pour but de fêter le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, il faut nécessairement comprendre que cette «joie de vivre» doit être intimement liée au cent-cinquantenaire de la fédération... Les coprésidents du Comité du 150e de Gatineau le disent très clairement: «Ensemble, célébrons nos 150 ans de joie de vivre au Canada.»
La persécution des minorités canadiennes-françaises et acadiennes, la pendaison de Riel, les invasions du Québec par l'armée canadienne pour mater la révolte contre la conscription de 1918 et emprisonner 500 innocents en octobre 1970, la nuit des longs couteaux de 1981, les manoeuvres contre l'Accord de Meech et les multiples illégalités contre le mouvement indépendantiste, tout cela doit-il témoigner de notre «joie de vivre» dans ce régime?
Dans toutes les activités gatinoises liées à cette «fête», rien - absolument rien - n'a pour but de commémorer les luttes des francophones pour faire valoir leurs droits - tant celles des Franco-Ontariens à quelques pas, dans la Basse-Ville d'Ottawa, qui se battaient sur conserver leurs écoles françaises, que le calvaire des voisins pontissois francophones soumis au fouet des évêques anglophones du diocèse ontarien de Pembroke. De fait, on nous invite béatement à participer à une série d'activités qu'on aurait pu présenter à peu près n'importe quand, 150e ou pas...
Allez m'expliquer ce que le Festibière se Gatineau 2017 a à voir avec l'histoire de la Confédération... ou le Festival interculturel de Gatineau... ou un pique-nique sur le pont Interprovincial le 2 juillet... ou les Merveilles de sables, qui reviennent chaque année... ou le Festival d'humour de Gatineau... ou la production américaine Grease... ou les Grands feux du Casino (même si on annonce une édition spéciale 150...)... ou encore le Festival des montgolfières de Gatineau, un événement annuel depuis la fin des années 1980...
Les seules activités à caractère historique annoncées, sous le titre «Un patrimoine à découvrir», incluent la Journée internationale des archives (une présentation du gouvernement fédéral), et des visites historiques dans le Vieux Hull qui, quoique fort intéressantes et louables, n'ont vraiment aucun rapport avec l'évolution de la Confédération canadienne depuis 1867...
Et pourtant, on aurait certainement pu identifier des événements et des personnes qui ont marqué les 150 années du Canada tel qu'on le connaît... Les péripéties de Louis Riel à Hull et Pointe-Gatineau alors qu'il tentait de siéger aux Communes, traqué par des détectives orangistes... Les expropriations d'il y a près de 50 ans pour installer des tours fédérales sur d'anciens quartiers ouvriers de Hull... Les manigances (ratées) pour inclure Hull-Gatineau-Aylmer dans un district fédéral séparé du Québec et de l'Ontario... Les faits saillants de la carrière de nos députés fédéraux depuis 1967...
J'écrivais dans un texte de blogue de l'an dernier (http://pierreyallard.blogspot.ca/2016/05/gatineau-2017-feter-150-ans-en-oubliant.html): «À voir ce qui se passe jusqu'à maintenant, on risque d'avoir droit à des festivités, mais bien peu de commémoration» du siècle et demi de la Confédération canadienne. On m'avait alors répondu que le volet commémoratif aurait de l'importance, et que je serais en mesure de mieux juger de l'affaire quand tous les projets seraient annoncés en 2017...
Eh bien voilà... Sortez vos petits unifoliés rouge et blanc et agitez les en chantant votre «joie de vivre» dans ce beau et grand bilingue pays où la justice linguistique a toujours régné et continue de régner (quoiqu'en disent les Commissaires aux langues officielles...). Ne lisez pas de livre d'histoire du Canada ou du Québec. Ne vous renseignez pas. Encore mieux, ne pensez pas. Et surtout ne chiâlez pas... On ne voudrait pas être les «casseux» d'un si beau party...
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Bonjour,
RépondreEffacerQuand je vois NOTRE premier sinistre du Québec avec son roquet, Jean-Marc Fournier, demander au gouvernement fédéral d'intervenir au Québec pour SOUTENIR les minorités ANGLOPHONES, je suis carrément estomaqué, sidéré, abasourdi.
Il va falloir qu'une VRAIE opposition s'organise et ce, TRÈS RAPIDEMENT, pour nous débarrasser de ces Lord Durham et George Brown de merde. Vingt-six ans après le dépôt du rapport Bélanger-Campeau, commandé par Robert Bourassa qui n'était pas, à moins que ma mémoire ne me fasse défaut, un chaud partisan de la souveraineté du Québec. Nous ne sommes pas plus avancés, bien au contraire. Il y a des jours où je désespère d'en voir la conclusion.