J'ai appris cette semaine que pour l'année 2017-2018, je paierais à peu près 500$ de plus par année que les contribuables de la commission scolaire anglaise. La facture pour une maison évaluée en moyenne à 250 000$ à ma commission scolaire, la CS des Draveurs: 837,13$... À la Commission scolaire Western Québec? 342,35$...
Et l'écart s'accroît d'année en année à mesure que les francophones désertent en masse leur commission scolaire pour payer leurs taxes aux écoles anglaises et que nos cinq «dépités» libéraux à l'Assemblée nationale font preuve de leur inefficacité habituelle quand vient le temps de défendre la langue et la culture françaises...
Je m'attendais que l'annonce d'une baisse de 24% des taxes scolaires à Western Québec, doublée de hausses dans toutes les commissions scolaires de langue française (près de 10% à la mienne), sorte nos politiciens de leur mutisme légendaire et suscite une multitude de manchettes, de suivis et d'éditoriaux dans les médias locaux... Mais non, les bouches restent largement cousues...
Non, pas tout à fait... Le quotidien Le Droit a publié au cours des deux derniers jours une douzaine de lettres de lecteurs et lectrices suffisamment alarmés pour sentir un besoin impérieux de s'exprimer sur la place publique. Un tel nombre de lettres pour un seul sujet est plutôt inhabituel... Les citoyens, semble-t-il, sont les seuls à élever le ton devant ce qui doit être qualifié de scandale...
Regardez le tableau ci-dessous (nouveaux taux de taxe devant être facturés en juillet 2017):
Tableau Le Droit
Le problème m'apparaît simple, et la solution aussi, mais personne à l'Assemblée nationale ne semble vouloir mettre ses culottes... Même pas le Parti québécois, qui devrait voir dans cette situation une occasion incontournable de se porter à la défense des électeurs francophones de l'Outaouais et de l'ensemble des régions où une situation semblable risque de surgir...
Les citoyens francophones ou allophones avec des enfants au primaire ou au secondaire doivent payer leurs taxes à la commission scolaire française qu'ils fréquentent. Mais ceux et celles qui n'ont pas ou qui n'ont plus d'enfants à l'école primaire ou secondaire peuvent contribuer à une autre commission scolaire, fut-elle anglaise...
Et c'est là que s'enclenche le cercle vicieux. Quelques dollars de moins à payer à la CS anglaise et les citoyens francophones plus préoccupés par leur portefeuille que par leur culture (ils sont très, très, très nombreux) virent capot. Plus il y a de transfuges, plus l'écart est grand entre les comptes de taxes. La commission scolaire anglaise de l'Outaouais a gagné 20 000 contribuables francophones au cours des deux dernières années... et ceux et celles qui restent fidèles à leur CS française (par obligation ou par choix coûteux) se font égorger...
Nos députés, ainsi que le ministre de l'Éducation, ont parlé (sans agir) à quelques reprises d'uniformiser le taux de taxe pour l'ensemble de la région, ce qui ne règle absolument rien si les citoyens n'ayant pas d'enfant à l'école conservent le libre choix... Libre choix qu'ils n'ont pas, par ailleurs, quand vient le temps de choisir la langue d'enseignement pour leurs enfants aux écoles primaires et secondaires...
Si la Loi 101 oblige francophones et allophones à inscrire leurs enfants à l'école française, la Loi 101 devrait aussi imposer à tous les francophones et allophones (qui seraient obligés de s'inscrire à la CS française s'ils avaient des enfants) de payer leurs taxes aux commissions scolaires de langue française. Mais demander aux libéraux de renforcer la Loi 101 apparaît aujourd'hui aussi difficile qu'un des 12 travaux d'Hercule...
Je continue à payer mes taxes scolaires à la CS des Draveurs malgré un budget de retraite qui se porterait beaucoup mieux avec une réduction de 500$... Mais je suis outré devant l'inaction du gouvernement, de nos députés, des partis d'opposition y compris le PQ, et l'indifférence d'une masse de citoyens de l'Outaouais face aux conséquences de leur abandon des commissions scolaires de langue française...
Pas surprenant qu'on puisse nous imposer des cours de médecine en anglais sous la tutelle de McGill avec la complicité de nos députés et le silence d'une immense majorité de citoyens, qui ne savent pas ou qui s'en moquent...
Alerte, Québec, le front linguistique outaouais s'écroule...
J'ai l'impression d'être de nouveau franco-ontarien, et de devoir lutter contre un gouvernement ouvertement anglophile et anglicisant... Misère...
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