lundi 17 juillet 2017
Taxes scolaires en Outaouais: voter rouge les yeux fermés, les poches vides...
J'aurais dû me méfier quand le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a promis qu'il mettrait fin au scandale des taxes scolaires au plus tard en mai 2017, avant l'envoi des comptes de taxes 2017-2018 aux citoyens de l'Outaouais. Si les anglos avaient été les victimes, il aurait sans doute brûlé tous les feux rouges pour arriver à temps. Mais comme il s'agissait du troupeau francophone qui réélira les libéraux les yeux fermés et, même, les poches vides...
Pourtant, j'espérais, cette fois, que Philippe Couillard et ses ministres ne laisseraient pas les contribuables de l'Outaouais inscrits aux commissions scolaires de langue française se faire voler des millions de dollars en toute légalité. Même pour ce gouvernement si frileux quand vient le temps de protéger les francophones et la langue française, c'aurait dû être un peu gros.
À l'époque où les salles de rédaction avaient un personnel suffisant pour faire leur boulot, plusieurs journalistes auraient enclenché des suivis, des analyses et des commentaires, sondé l'opinion, harcelé les élus responsables, demandé des comptes aux commissions scolaires et au gouvernement. Le tollé médiatique aurait été tel, avec un scandale pareil, qu'une solution aurait été trouvée... Ailleurs qu'en Outaouais, les députés locaux complices auraient écopé manifestations, protestations et, ultimement, une défaite électorale.
Mais rien ne s'est passé... autre qu'une quantité inhabituellement élevée de lettres à la page d'opinion du quotidien Le Droit. Ça m'a tout l'air que la négligence et l'inaction - quand elle sont oeuvre de libéraux - restent ici impunies... J'ai reçu en fin de semaine un compte de taxes scolaires de plus de 1000 $, alors qu'un contribuable payant à la commission scolaire anglaise (avec une maison équivalente) n'aurait eu à débourser qu'environ 400 $. C'est une injustice flagrante. Tous le reconnaissent. Mais mon député ne m'a pas défendu. Ni ses collègues. Ni le gouvernement... Ils ont renié la majorité francophone!
Je glanais les lettres dans les pages d'opinion, ainsi que les nombreuses réactions aux affichages Facebook et Twitter, et fut fort déçu par le nombre important d'intervenants mal informés qui semblent voir automatiquement dans ces énormes écarts de taxes une manifestation de la supériorité administrative des commissions scolaires anglaises. Un véritable réflexe de colonisé. Même s'il s'avérait, après enquête, que la gestion des anglophones soit plus rigoureuse, tant soit peu, la différence entre les comptes de taxes serait relativement minime...
Tout le monde sait où réside le coeur du problème. C'est, pour les francophones et allophones qui n'ont pas d'enfant à l'école primaire ou secondaire, le libre choix de payer leurs taxes scolaires à la commission scolaire anglaise (bit.ly/2va8f1n). Les défections de francophones vers la commission scolaire anglaise Western Québec ont commencé alors que l'écart n'était que 22 $. Depuis ce temps, quelque 20 000 francophones ont viré capot. Voilà ce qui explique les méga-écarts entre les taux de taxes des commissions scolaires francophones et anglophone. Rien d'autre!
Pourquoi ne trouve-t-on pas de solution? On a parlé de réduire l'écart ou encore d'imposer un taux de taxe scolaire uniformisé. Cela ne réglerait rien du tout si les déserteurs ne reviennent pas aux commissions scolaires de langue française. S'ils restent avec la commission scolaire anglaise en dépit d'une facture uniformisée - disons de 650 $ par année - le secteur de langue française va se retrouver devant de gigantesques déficits pendant que Western Québec roulera sur l'or...
Non, la seule voie susceptible de régulariser la situation serait d'accorder le paiement des taxes scolaires aux principes établis par la Loi 101. Les parents francophones et allophones avec des enfants aux écoles françaises n'ont pas le choix: ils doivent payer leurs taxes aux commissions scolaires de langue française. Cette obligation doit s'étendre aux citoyens francophones et allophones qui, s'ils avaient des enfants d'âge scolaire, seraient obligés de les inscrire à l'école française. S'il reste alors un écart substantiel, on pourra s'aventurer sur le terrain de la gestion...
Les libéraux oseraient-ils faire ça à leurs fidèles électeurs anglophones? J'en doute. Plusieurs semblent croire qu'une défection en masse vers le secteur anglais forcera le ministre de l'Éducation à mettre ses culottes... Rien n'est moins sûr avec ce parti qui a volé au secours des anglophones pour annuler l'effet de la Loi 101 dans les municipalités «bilingues», en 2013, et qui impose aux étudiants francophones de l'Outaouais une faculté de médecine d'une université anglaise où tous les cours magistraux seront donnés en anglais... Philippe Couillard veut d'ailleurs que tous les élèves francophones du Québec apprennent l'anglais...
Le mot de la fin pour les partis d'opposition: le Parti québécois, la Coalition Avenir Québec et Québec solidaire. Dans ce dossier, ils n'ont guère été reluisants. Parfois je me demande, tenant compte que l'Outaouais est pavé en rouge, s'ils conservent toujours quelque intérêt pour cette région où le front linguistique francophone s'érode à vue d'oeil. Bientôt il s'écroulera... Entre les «ti-pitous» de l'équipe Couillard et trop de lavettes dans l'opposition, on n'est pas sortis du bois...
Enfin, si vous croyez que ce texte a été rédigé «dans un soubresaut de colère et d'impuissance» (merci Cowboys fringants...), vous avez totalement raison. Je suis victime d'un vol et je me sens trahi par ceux et celles qui auraient dû me défendre !!! Je m'en souviendrai.
Allô... allô... y'a quelqu'un à l'écoute ailleurs qu'en Outaouais???
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