lundi 2 janvier 2017

1867-2017. Je me souviens.


La veille du Jour de l'An, attablé avec des amis au restaurant L'arôme, devant le Lac Leamy, tout près des centres-villes de Gatineau et d'Ottawa, je voyais et entendais - au-delà des fenêtres panoramiques, à travers les bourrasques de neige - les feux d'artifice marquant le début des célébrations officielles du 150e anniversaire de la Confédération (1867-2017) sur la Colline parlementaire…

Pendant que le maire d'Ottawa-la-pas-bilingue, Jim Watson, annonçait sur fond de musique hip-hop (canadienne?) que le cent-cinquantième se fêterait avec des événements tels le Red Bull Crashed Ice (ne me demandez pas ce que c'est…) et que des milliers de personnes bravaient la tempête pour assister à la pétarade à 20 h17 au Parlement et applaudir «l'expérience formidable» de la Confédération (expression du G-G),  je mijotais l'avalanche de propagande qui va s'abattre sur nous d'ici le 1er janvier 2018…

«Comment bêler si le troupeau veut rire?», se demandait Louise Forestier dans sa mythique offrande Pourquoi chanter? des années 1970. Au fond, tout le monde aime un bon, gros party, et rien n'irrite ceux et celles qui s'y amusent comme un énergumène qui vient leur demander s'ils savent vraiment pourquoi ils font la fête… Malheureusement, ou heureusement (c'est selon…), voilà une tâche ingrate qui s'impose à qui la vérité historique compte plus que les oraisons de nos lunettes roses…

Il y a 150 ans, en 1867, «commençait toute une aventure», déclarait durant la soirée du 31 décembre le gouverneur général David Johnston. Eh bien voilà ! S'il faut souligner cette 150e année de la fédération, ou plutôt la commémorer, il faut savoir de quelle «aventure» on parle. Jamais notre «Je me souviens» n'aura eu plus d'importance… tant au Québec-foyer-national-mère-patrie que chez les Acadiens et Canadiens français des provinces anglophones et francophobes…

On découvrira vite que 1867 n'était pas le commencement d'une aventure mais un nouveau chapitre dans une histoire qui remontait au début des années 1600. Que le conquérant britannique en place depuis 1760 nous avait assujetti et quand, au 19e siècle, les revendications démocratiques ont érodé les anciens pouvoirs monarchiques, les dés étaient toujours pipés en faveur de la minorité anglaise (devenue majorité après 1851), même au Québec alors appelé Bas-Canada puis Canada-Est…

Après la rébellion des Patriotes en 1837-38, la Grande-Bretagne imposa l'union du Bas-Canada et du Haut-Canada (Ontario), assurant une domination anglaise au Parlement uni même si la population francophone était majoritaire, et obligeant les Québécois à assumer des dettes de l'ancienne législature du Haut-Canada… On décréta aussi l'unilinguisme anglais, en 1840…

Quand le gouvernement représentatif fut acquis après 1848 et que les recensements de 1851 et 1861 établirent que les anglophones étaient devenus majoritaires au Canada, le temps était venu de passer à une démocratie plus évoluée… la représentation selon la population… Il a bien fallu concéder aux francophones une province (le Québec) dans la nouvelle fédération, à compter de 1867, mais comme par hasard, c'est la seule où l'on impose le bilinguisme… Pas question de traiter la réserve francophone comme les autres majorités anglaises (en Ontario, au N.-B. et en N.-É., aucune disposition de l'AANB ne protégeait la langue française).

C'était ça, M. Johnston, le début de votre «aventure». Un pays où l'anglais est assuré partout, même au Québec, et où le français n'a un statut officiel qu'au Québec et au Parlement fédéral… Dans les cinq années suivant la Confédération, les troupes canado-orangistes attaqueraient les Métis au futur Manitoba (en 1869) et le Nouveau-Brunswick abolirait les écoles acadiennes (1871). Voilà comment s'amorceraient les nouveaux volets de notre vielle «aventure»…

Et la prochaine fois que vous chanterez l'Ô Canada en français, M. Johnston, si cela vous arrive, vous songerez au véritable sens des paroles… Cet hymne a été composé en 1880 pour une fête de la Saint-Jean Baptiste, à une époque où les Canadiens, c'étaient nous, les francophones. Les autres, c'étaient les Anglais… La «terre de nos aïeux», en 1880, c'est le bassin du Saint-Laurent, c'est le coeur du Québec, pas Halifax, Toronto ou Saskatoon…

On passera pour le bras qui «sait porter la croix». Vous savez que ça parle des catholiques canadiens-français. «Ton histoire est une épopée». L'histoire de qui? La nôtre. C'est 1880… c'est Champlain, Maisonneuve, Frontenac, Montcalm, Papineau… Pas John A. Macdonald… Pas Wolfe, pas le Vieux brûlot… Et «protégera nos foyers et nos droits», ça évoque «notre» lutte constante contre une domination anglophone aux visées assimilatrices…

Ce n'est pas un chant de fête, c'est un hymne de combat…

J'y reviendrai tout au long de l'année… Il nous faudra faire ce que trop de petits politiciens avides de subventions du 150e n'ont pas fait… Parler beaucoup du véritable sens de cet anniversaire…

Ce sera mieux qu'agiter un petit unifolié, bière en main, au Red Bull Crashed Ice






10 commentaires:

  1. Bonjour,

    Un excellent texte pour ceux qui veulent se souvenir. Cette année, je fête l'arrivée de mon ancêtre Claude Sauvageau, il y a 352 ans, originaire de Marcé-sur-Esves en Touraine, France.

    Gilles Sauvageau
    L'Assomption,
    Québec

    RépondreEffacer
  2. L'Autre 150e

    https://www.facebook.com/autre150e/videos/1186273001439809/

    Dix oppressions au Canada, dont certains sont reconnus comme génocides, en deux siècles d’histoire commune !!!

    Quitte à vous surprendre, Chuck Guitté, le porte-parole fédéral, exprimait la vérité et la perception d’Ottawa, lorsqu’il parlait des commandites, lors de la commission Gomery en 2004: « Nous étions en guerre! ».

    Jean Pelletier, chef de cabinet de Jean Chrétien et probablement chef d'orchestre du scandale des commandites, avait également déclaré peu de temps avant son décès que "quand tu es à la guerre, tu ne demandes pas qui paie les munitions".

    Quand René Lévesque prit le pouvoir le 15 novembre 1976, Roméo LeBlanc était ministre de Trudeau (1972 à 1984) et il avait dit que face aux séparatistes que le Conseil des ministres du Canada devenait un ''war room''.

    Ottawa et les anglais Orangistes ont toujours été en guerre contre la nation Québécoise !

    1. En 1970, la crise (sic) d’octobre, Trudeau envoie l'armée au Québec pour terroriser la population ;
    2. En 1940, la crise de la conscription, Camillien Houde, maire de Montréal, est interné dans un camp de concentration en Ontario ;
    3. En 1917, la crise de la conscription, 1er avril 1918 à Québec où l’armée canadienne a ouvert le feu sur ses propres citoyens et tuée quatre personnes dans la foule et fait plus de 70 blessés ;
    4. En 1900-1920, lors de l’élimination des droits des francophones en Ontario, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, etc.…
    5. Entre 1870 et 1930, l’exil de millions de Québécois aux États-Unis (13 millions en 1980);
    6. En 1885, massacre des Métis francophones et la pendaison de leur chef Louis Riel;
    7. En 1837-38, oppression et exécution des Patriotes;
    8. En 1759-1800, lors de l’occupation militaire;
    9. En 1759, avant et lors de la prise de Québec, Wolf à fait éliminer plus de 30% de la population du Québec (incluant les Autochtones), en plus des viols et des pillages ;
    10. En 1755-1763, génocide et déportation des Acadiens.

    RépondreEffacer
  3. Je suis profondément touchée par un si beau texte qui nous rappelle l'importance de se Souvenir.
    Je vous en félicite et cela me donne le goût de poser un geste symbolique, à tous les jours, afin de protester
    contre ce 150e qui se présente comme une véritable imposture faite à notre peuple du Québec.

    RépondreEffacer
  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Pour corriger une faute de frappe. Voir ci-dessous.

      Effacer
  5. Oui il faudra se souvenir et dénoncer, pour ceux et celles qui ont la mémoire courte. Pour ceux et celles qui n'oseront pas. Pour ceux et celles qui ignorent leur histoire et qui se laissent enfirouaper par des Jolie Mélanie.

    RépondreEffacer
  6. Oui, haut et fort, il faudra la répéter cette histoire qui est la nôtre. Auscultée, elle l'est même dans ces mots baveux: est-ce que Gatineau serait intéressée. elle, a devenir bilingue? C'est MacDonald tout craché.

    RépondreEffacer
  7. Je ne fêterai pas l'anniversaire d'un pays qui n'est pas le mien.

    RépondreEffacer
  8. Cela doit être publier dans les journaux aussi.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. la majorité des journaux n`oseront pas publier ces vérités

      Effacer