mercredi 1 février 2017

Ça va caqueter et bourdonner à Gatineau...


C'était sans doute trop tentant... On s'en donnait à coeur joie sur les ondes de Radio-Canada, et sans doute ailleurs, cette semaine, après que la ville de Gatineau (près de 300 000 habitants) eut adopté une politique autorisant la présence de poules pondeuses et d'abeilles dans les quartiers résidentiels...

Évidemment, il fallait qu'un animateur annonce que Gatineau venait de «pondre» une politique sur les poules. Et, d'ajouter un collègue, le service des communications a certainement pris soin d'éviter les «coquilles» dans son communiqué de presse... Ils auraient pu ajouter que les abeilles avaient «piqué» l'intérêt des élus... Enfin...

Mais à lire le texte* paru dans Le Droit ce matin (1er février 2017), on peut facilement imaginer toutes les situations cocasses que ce projet entraînera au cours des prochaines semaines et des prochains mois... La ville de Gatineau annonce, pour le moment, la disponibilité de 50 «licences» de poules pondeuses et 15 pour des ruches d'abeilles... On ne risque pas vraiment d'entendre caqueter ou bourdonner un peu partout...

Qui donc aura le droit d'élever des poules et/ou des abeilles? Gatineau a décidé de procéder par «appel de candidatures»... Les citoyens et/ou organismes intéressés devront présenter un projet. Être reporter (ah le bon vieux temps...), je donnerais ma chemise pour être présent aux analyses de projets et aux interviews des candidats et candidates... Essayez d'imaginer sans sourire toutes les questions (et que dire des réponses) qui permettront d'établir le «profil» de nos apprentis tenanciers de poulaillers et apiculteurs urbains... À bien y penser, il faudrait présenter tout ça à la télé, en direct...

Question pratique... La ville embauchera-t-elle des fonctionnaires spéciaux, qualifiés en fabrication d'oeufs et de miel, pour réaliser les analyses et entrevues de centaines (milliers?) de candidats et candidates? Dans le texte du Droit, on précise que «des visites seront faites tout au long de l'année afin de s'assurer du respect de la réglementation»... Doit-on conclure qu'il y aura là création d'emplois, et peut-être l'achat de véhicules? De beaux camions bleus et blancs avec le logo de la ville, avec l'inscription «Service d'inspection des poules et des abeilles de Gatineau»... Oui, oui...

Une question: les décisions du comité d'autorisation des licences de poules pondeuses et de ruches d'abeilles pourront-elles être contestées? Ce serait merveilleux. Des dizaines de candidats infructueux devant un tribunal en train d'essayer de démontrer que leur projet de poulailler a été mal compris par les fonctionnaires, ou que le milieu résidentiel dans lequel ils vivent est plus convivial pour les poules et les abeilles... Les avocats et avocates seront ravis... Nouvelles jurisprudences en vue...

L'article du Droit, du moins sa version Web, permet de voir un encadré qui porte un titre tout à fait approprié: «Encadrement pour les poules»... En vérité en vérité je vous le dis, elles seront mieux traitées que certains résidents et résidentes de foyers pour personnes âgées... Il faudra:

* assurer aux poules un espace à l'ombre en période chaude...
* l'abri devra être propre et les excréments retirés quotidiennement...
* les poules devront être traitées de façon adéquate...

Personne ne pourra avoir plus de trois poules. «Les coqs, pour des raisons évidentes, ne seront pas permis», ajoute le journaliste Mathieu Bélanger, qui a dû se retenir pour ne pas en rajouter...

Les magasins de matériaux et les experts en aménagement de poulaillers et/ou ruches seront par ailleurs en forte demande. Il y aura donc un apport économique, en plus de la production alimentaire. Hmmm... Je me demande comment je réagirais si mon voisin arrière modifiait son abri extérieur pour y loger des poules... ou pire, des abeilles menaçantes... Autres jurisprudences en vue... Contestations judiciaires de voisins mécontents du caquetage et du bourdonnement...

L'«encadrement» pour les poules prévoit enfin qu'elles «ne pourront être abattues ailleurs que dans un abattoir licencié»... Nouveau commerce: «Abattoir des poules de Gatineau» (licencié), préférablement pas dans mon quartier...

De fait, la ville de Gatineau, sans doute consciente qu'elle divisera la population entre pro-poulaillers-ruches et anti-poulaillers-ruches, a déjà prévu une campagne d'information, qu'elle a sans doute budgétisé dans ma hausse annuelle d'impôt foncier et taxes municipales...

Je me demande pourquoi personne n'a pensé d'inscrire cette nouvelle aventure au registre des activités du 150e anniversaire de la Confédération... Ça va durer toute l'année... télédiffusion des demandes de permis... installation de poulaillers et ruches dans les quartiers... dégustation d'oeufs et de miel gatinois... documentaire sur les inspecteurs de poulaillers et ruches urbains... Incroyable!

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* Texte du quotidien Le Droit bit.ly/2kqEjeF


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