vendredi 3 mars 2017

Université franco-ontarienne: le train est-il de nouveau sur les rails? Espérons.


Il y a quelques jours, on aurait pu croire que le projet d'université de langue française en Ontario agonisait sur une paillasse torontoise, en attente de l'extrême-onction... Le noble projet de gouvernance universitaire franco-ontarienne lancé par le RÉFO (Regroupement étudiant franco-ontarien) en 2012, enfourché par deux alliés de taille, la FESFO (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne) et l'AFO (Assemblée de la francophonie de l'Ontario), titubait à bout de souffle, loin de la ligne d'arrivée...

Ayant démarré à plein gaz avec un objectif clair, armé de solides consultations et d'un plan d'attaque bien adapté à la réalité ontarienne du 21e siècle, le train de l'université franco-ontarienne a déraillé, ou plutôt a été déraillé par des adversaires sournois, un gouvernement plus qu'hésitant, des médias trop souvent superficiels, une pénurie d'alliés (tant en Ontario qu'ailleurs dans la francophonie canadienne et québécoise) et une opinion publique largement indifférente.

De l'exigence initiale d'une gouvernance francophone sur l'ensemble de l'offre universitaire, partout en Ontario, on avait abouti à un projet de campus dans la région de Toronto, qui par surcroit en est au stade des comités et de la planification. On sait ce que cela veut dire en Ontario (et partout ailleurs)... Le gouvernement Wynne, sans doute bien «conseillé» par les universités bilingues anglo-dominantes, en était rendu à présenter ce campus comme l'ensemble de l'université franco-ontarienne. Pire, les médias n'ont rien (ou si peu) fait pour corriger cette impression fautive.

Remettre le train de l'université franco-ontarienne sur les rails sera une tâche monumentale, qui exigera un effort concerté de toutes les forces qui tiennent à compléter le trajet essentiel entrepris il y a quatre ans et demie. Or, cette semaine, rebondissant avec une énergie peu commune, les maîtres-d'oeuvre du projet d'université de langue français ont convoqué les médias à Ottawa pour clarifier les enjeux et dire poliment à Queen's Park que le gouvernement libéral, s'il a compris (ce qui n'est pas sûr) le message du RÉFO, de la FESFO et de l'AFO, ne l'a certainement pas écouté...


À lire les comptes rendus de la presse écrite et électronique du lendemain, rien n'indique qu'on y ait saisi toute l'importance du virage amorcé cette semaine. Le communiqué était clairement intitulé «#UniversitéFO: pour une gouvernance universitaire partout en Ontario». Les deux mots clés ici sont «gouvernance», qui va au coeur du projet d'université de langue française, et «partout», question de rappeler qu'un campus universitaire à Toronto est bienvenu mais qu'on ne peut oublier les autres régions, notamment le Nord et l'Est, ainsi que les monstres bilingues (Ottawa et Laurentienne).

Je laisse la parole à Geneviève Borris, coprésidente du RÉFO, qui a exprimé avec éloquence la portée d'un projet universitaire dont la justice et l'urgence devraient paraître évidentes à tous et toutes:

«Une université de langue française en milieu minoritaire gérée par et pour les francophones offre la possibilité d'assurer non seulement la survie de notre communauté mais son plein épanouissement et son rayonnement sur la scène provinciale, nationale et internationale.»

Ayant précisé que le «mandat d'enseignement» doit s'étendre à «l'ensemble de la province», elle ajoute que l'université «doit à la fois répondre au besoin criant d'accès dans le centre-sud-ouest tout en permettant de rassembler les forces vives du système universitaire actuel sous une nouvelle gouvernance, par et pour les francophones». C'est clair, non?

Abordant le comité de Dyane Adam et son conseil de planification, Mme Borris affirme: «Le gouvernement s'est arrêté au centre-sud-ouest et a écarté (notre) autre recommandation légitime, celle de mener des réformes au sein des universités actuelles pour assurer que les francophones contrôlent l'ensemble de leur système universitaire». Ce train roule donc vers Ottawa et Sudbury...

Au cas où tout cela n'aurait pas été compris, elle termine en demandant «d'imaginer un réel pouvoir de décision aux francophones», un pouvoir qui se construirait «à partir des 16 000 étudiants et centaines de programmes et professeurs qui oeuvrent déjà au sein de notre système».

Il m'apparaît que le train est de nouveau sur les rails. Il faudra maintenant le mettre en marche et le faire rouler «à fond de train» vers toutes ces institutions qui bloquent son passage...


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