On n'entend, il me semble, que les tapes dans le dos et les applaudissements... Dur d'être «casseux de party» dans une telle ambiance... C'est même déplaisant... quoique nécessaire... Pourquoi nécessaire? Parce que les Franco-Ontariens devront bientôt se retrousser les manches pour poursuivre les combats en cours... et que mobiliser les «troupes» risque d'être bien difficile après avoir donné l'impression que la victoire était acquise... Alors voici un autre son de cloche... Il pourra peut-être servir, un jour...
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Les Franco-Ontariens ont encore encaissé une dégelée en 2017...
La belle, noble et juste revendication de gouvernance franco-ontarienne au palier universitaire a été réduite par le gouvernement Wynne à un projet de mini-campus torontois... une vingtaine de profs, quelques centaines d'étudiants... dans quelques années, peut-être... Et les usines d'assimilation bilingues d'Ottawa et Sudbury, immuables, restent bien en place...
La campagne pour assurer au français un statut officiel égal à celui de l'anglais dans la capitale d'un pays soi-disant bilingue a abouti à une reconnaissance législative du statu quo... «Un niveau minimal de bilinguisme» pour Ottawa, précise l'éditorialiste Pierre Jury, du Droit. Le maire Watson a gagné. Son «bilinguisme fonctionnel» a maintenant l'assentiment de Queen's Park...
On pourra toujours sourire un peu avec la création d'un ministère ontarien des Affaires francophones, mais il paraît dégriffé... sans budget additionnel, sans fonctions élargies, précise Sébastien Pierroz, de l'équipe de TFO.
Et que répondent les principaux dirigeants de l'Ontario français?
Ils disent «merci»... Les médias parlent même d'une année «exceptionnelle», «riche», «faste» pour les Franco-Ontariens, qui seraient «choyés»...
Seul le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), qui pilote depuis 2012 le dossier de l'université franco-ontarienne, s'est gardé une petite gêne en promettant de rester «vigilant» et de garder «un regard critique»...
Dans son communiqué officiel, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO), organisme parapluie de la collectivité franco-ontarienne, «remercie le gouvernement de l'Ontario pour son engagement envers la francophonie ontarienne» !
L'assimilation, pendant ce temps, continue de faire des ravages. La proportion d'Ontariens ayant le français comme langue d'usage (langue le plus souvent parlée à la maison) a chuté de 4,6% à 2,1% depuis 1971.
Remarquez... ce n'est guère mieux en Outaouais québécois où l'élite politique s'agenouille en remerciements quand le gouvernement Couillard impose aux étudiants et étudiantes francophones une faculté de médecine de McGill avec la totalité des cours en anglais...
Et que dire de l'ensemble du Québec, enthousiaste dans son appui majoritaire à l'anglais intensif dans les écoles primaires, tout en demeurant immobile et indifférent devant l'érosion du français comme langue de travail...
Si encore les grands médias de masse faisaient mieux leur boulot d'information, peut-être verrait-on un immense mouvement de solidarité comme à l'époque de S.O.S. Montfort, à Ottawa.
Mais la quasi-totalité des médias de langue française du Québec - et des médias de langue anglaise de l'Ontario - ne s'intéressent ni au sort des Franco-Ontariens, ni aux injustices passées et présentes qu'ils ont subies et continuent de subir.
J'ai toujours tenté, comme éditorialiste du Droit, puis comme blogueur, d'apporter mon soutien à la frange combattante de la francophonie ontarienne.
Je continue d'avoir la plus grande admiration pour ceux et celles qui, envers et contre tous, montent aux barricades en Ontario français. Ils sont nombreux. Ile ne sont pas assez nombreux.
La francophonie d'ici - québécoise, ontarienne, pan-canadienne - semble toucher un creux de vague... Souhaitons qu'il ne s'agisse que d'un creux de vague...
On dit que la nuit est toujours plus sombre avant l'aube...
Espérons-le, à l'aube de 2018.
dimanche 31 décembre 2017
vendredi 29 décembre 2017
«La Presse» papier est morte!
Ce samedi 30 décembre, la version imprimée du journal La Presse est morte. Pour moi, c'est La Presse tout court qui a rendu l'esprit.
Les thuriféraires du paradis numérique auront beau brandir les éditions du «plus grand quotidien français d'Amérique» sur des écrans de tablettes et de téléphones, l'âme n'y est plus.
Je suis sans doute un dinosaure pour la plupart de mes collègues journalistes. Je n'ai jamais abandonné mes disques vinyles sous le règne des cassettes et disques compacts. J'avais vu juste.
J'ai grandi comme scribe au journal Le Droit d'Ottawa, à l'époque des machines à écrire, des typographes et des pressiers. Les bruits, les odeurs, l'adrénaline. Jour et nuit.
Après chaque tombée, l'attente fiévreuse des premiers exemplaires du quotidien fraîchement imprimé, encore chaud, l'encre à peine sèche sur le papier. Un vrai journal...
On pouvait le toucher, le voir, le sentir, l'entendre même en le feuilletant. Nos signatures y étaient. Nos labeurs y étaient, là, dans ce journal de 30 ou 40 pages. Notre journal. Mon journal.
La technologie conjuguée à l'appât effréné du profit des empires médiatiques a tout changé. Les avancées technologiques étaient inévitables et souhaitables. Le changement du produit, moins...
À chaque «progrès» - les ordinateurs à l'atelier, puis à la salle des nouvelles, les télécopieurs, les modems, puis l'Internet - des emplois disparaissaient. Marge de profit oblige.
On a sabré dans la qualité, dans la quantité de l'information. On a réduit la taille des journaux. Adieu les grands formats jugés malcommodes. Tabloïd tous, ou presque... Adieu les textes à la une...
Quand les médias numériques ont entrepris de concurrencer la presse écrite, celle-ci était déjà chancelante face à un lectorat de plus en plus fasciné par les écrans.
Comme autrefois avec les cassettes et les CD... et les DVD...
Au lieu d'aller aux sources du problème, de susciter l'intérêt pour la lecture d'un journal papier, pour la lecture tout court, d'offrir un produit de qualité supérieure, de faire une promotion agressive des qualités de l'édition imprimée, les empires n'on scruté que les revenus...
La Presse, pour ne citer qu'elle, avait construit depuis 1884 un bassin de centaines de milliers de fidèles lecteurs et lectrices. Un public loyal, qui avait un sentiment d'appartenance au journal.
Pour celui ou celle qui le recevait tôt le matin sur son perron ou devant sa porte, La Presse était SON journal. Il lui appartenait. Il était sur sa table de cuisine, dans son salon. À son bureau.
Personne ne pouvait l'en priver en coupant le courant ou en bloquant l'accès à un site Internet. Il n'avait pas besoin de feuilleter 50 pages miniatures sur un écran miniature... Tout était là, devant lui ou elle, grand format, tous les cahiers, toutes les pubs, toutes les nouvelles et opinions.
Dans un journal qu'il pouvait lire, découper, conserver, recycler. On a tendance à sous-estimer l'importance de l'objet physique, bien plus réel que les images sur écran..
J'ai la conviction que les écrits imprimés resteront. Qu'ils resteront bien plus longtemps que les écrits des sites Web...
La Presse papier était destiné d'abord au public montréalais, puis aux francophones du Québec et d'ailleurs au pays. La planète entière pourrait lire La Presse numérique en butinant mais... qu'en sera-t-il après 10 ans, 20 ans ?
Chez moi, à Gatineau, j'attends tous les matins les livreurs du Droit et du Devoir, journaux que je dévore avec mon jus d'orange, ma rôtie au beurre d'arachides et banane... et un bon café bien sûr...
Les générations actuelles (la mienne ainsi que celles qui ont moins de 71 ans...) lisent moins, ou peu, même sur leurs écrans. Et la qualité du français de toutes ces générations laisse à désirer, avec un taux d'analphabétisme fonctionnel qui frise les 50%...
Voilà le coeur du problème. Amener les francophones nord-américains de l'avenir à aimer la lecture. Tous les matins. Tous les jours. On ne fait pas cela avec l'anglais intensif dans les écoles françaises...
J'ai confiance que bien outillés, face au choix entre un journal papier ou une édition numérique, les générations qui viennent estimeront tous les deux essentiels.
L'empire Power, et d'autres, ont trahi leurs artisans. Leur public. Ils n'ont que faire du droit du public à l'information.
Achetez, si vous le pouvez, l'édition imprimée du 30 décembre 2017 de La Presse. Elle marque la triste fin d'une belle et longue tradition.
En octobre 1971, jeune journaliste, j'ai manifesté à Montréal avec 10 000 personnes sous un orage de matraques pour sauver La Presse.
Avoir su...
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Lire aussi «La disparition de l'imprimé?» sur mon blogue d'avril 2014. Lien: http://pierreyallard.blogspot.ca/2014/04/la-disparition-de-limprime.html
* la date de ma naissance
Lire aussi «La disparition de l'imprimé?» sur mon blogue d'avril 2014. Lien: http://pierreyallard.blogspot.ca/2014/04/la-disparition-de-limprime.html
* la date de ma naissance
mardi 19 décembre 2017
Diriez-vous «Papineau rue» ou «rue Papineau»???
Dans sa chronique intitulée Le festival des colonisés (Journal de Montréal, vendredi 13 décembre 2017), Sophie Durocher avait dénoncé avec raison l'appellation anglicisée d'un nouveau festival de l'humour dans la métropole. Une véritable horreur, ce nom: le Grand Montréal Comédie Fest... Je ne reprendrai pas ici son argument. Lisez-le vous-même au lien suivant, je vous assure que ça vaut le détour: bit.ly/2yTvxJe.
Le problème, c'est que cette formulation anglaise de mots, d'expressions et de noms français ne s'arrête pas à quelques artistes ou sportifs en voie d'assimilation. Loin de là !!! Dans ma ville, Gatineau, située à la frontière de l'Ontario et de la capitale fédérale, et sans doute à Montréal et toutes les régions où l'anglais exerce une forte influence, ce phénomène fait partie du quotidien - tant pour la langue parlée que dans les appellations commerciales...
Depuis l'adoption de la Loi 101, l'Office québécois de la langue français a œuvré avec beaucoup d'efficacité dans ce domaine, s'assurant que l'immense majorité des nouvelles appellations respectent les règles de la langue française. Mais il reste beaucoup de contrevenants... à commencer par cet affreux Grand Montréal Comédie Fest...
Vous n'avez qu'à vous promener dans mon patelin, Gatineau, et noter les noms de concessionnaires d'automobiles -- Gatineau Honda, Dupont & Dupont Ford, Hull Hyundai, Argus Mazda, Aylmer Kia, Lachapelle Buick GMC, Mont-Bleu Ford, Hull Nissan et bien d'autres... Heureusement, on voit à l'occasion des Toyota Gatineau, Mercedes-Benz Gatineau et Volkswagen de l'Outaouais... mais ils restent plutôt rares...
S'appeler Gatineau Honda, pour ne prendre que cet exemple, c'est comme dire «Papineau rue» au lieu de «Rue Papineau». En français, on devrait donc écrire «Honda Gatineau». Bizarre, ce pays du Québec, où les clients et clientes de ces concessionnaires exigent la perfection de leur voiture, ainsi que la qualité du service obtenu, tout en acceptant une grosse faute de français dans leurs bannières commerciales...
Pensez-y la prochaine fois que vous entrerez dans un supermarché «metro», que vous prononcerez naturellement métro (avec l'accent aigu), comme tout le monde, mais qui n'a aucun accent dans sa bannière... C'est le mot anglais «metro»... On n'a même pas l'excuse de lettres majuscules qui se passent parfois d'accents... Le nom «metro» est écrit seulement en minuscules...
Sur l'autre rive de l'Outaouais, les Franco-Ontariens ont mené une lutte épique pendant plusieurs années pour qu'on écrive «Orléans» et non «Orleans» sur les affiches et bannières... Ils ont obtenu certains succès et restent vigilants. Tous ces efforts pour un accent aigu, parce que sans cet accent, le nom n'est plus français...
Et si tout cela vous donne une indigestion linguistique à Gatineau, n'allez pas espérer mieux de Ga-Ga Patate, Lou Patate ou Bob Patate, ou encore Jean-Guy Traiteur (dont le nom officiel semble pourtant être Traiteur Chez Jean-Guy), où un menu savoureux (j'en témoigne!) se conjugue à une bannière française plus que douteuse. Vous vous y rendrez peut-être dans un véhicule de Bob Taxi (qui offre sans doute un excellent service). L'anglais y est en double dans ce dernier cas, les gens d'ici ayant la malencontreuse habitude de changer les «Robert» en «Bob»...
Étrange tout de même que des francophones accordent la plus haute importance à la qualité de tous les produits et services dont ils font l'acquisition, mais se contentent d'une langue appauvrie et remplie d'anglicismes pour communiquer leurs exigences de qualité aux personnes, aux commerces et aux organisations qui les offrent...
Et à Québec, on a un gouvernement qui met l'accent sur l'apprentissage de l'anglais dans les écoles de langue française... Misère...
Le problème, c'est que cette formulation anglaise de mots, d'expressions et de noms français ne s'arrête pas à quelques artistes ou sportifs en voie d'assimilation. Loin de là !!! Dans ma ville, Gatineau, située à la frontière de l'Ontario et de la capitale fédérale, et sans doute à Montréal et toutes les régions où l'anglais exerce une forte influence, ce phénomène fait partie du quotidien - tant pour la langue parlée que dans les appellations commerciales...
Depuis l'adoption de la Loi 101, l'Office québécois de la langue français a œuvré avec beaucoup d'efficacité dans ce domaine, s'assurant que l'immense majorité des nouvelles appellations respectent les règles de la langue française. Mais il reste beaucoup de contrevenants... à commencer par cet affreux Grand Montréal Comédie Fest...
Vous n'avez qu'à vous promener dans mon patelin, Gatineau, et noter les noms de concessionnaires d'automobiles -- Gatineau Honda, Dupont & Dupont Ford, Hull Hyundai, Argus Mazda, Aylmer Kia, Lachapelle Buick GMC, Mont-Bleu Ford, Hull Nissan et bien d'autres... Heureusement, on voit à l'occasion des Toyota Gatineau, Mercedes-Benz Gatineau et Volkswagen de l'Outaouais... mais ils restent plutôt rares...
Un exemple parmi bien d'autres...
S'appeler Gatineau Honda, pour ne prendre que cet exemple, c'est comme dire «Papineau rue» au lieu de «Rue Papineau». En français, on devrait donc écrire «Honda Gatineau». Bizarre, ce pays du Québec, où les clients et clientes de ces concessionnaires exigent la perfection de leur voiture, ainsi que la qualité du service obtenu, tout en acceptant une grosse faute de français dans leurs bannières commerciales...
Pensez-y la prochaine fois que vous entrerez dans un supermarché «metro», que vous prononcerez naturellement métro (avec l'accent aigu), comme tout le monde, mais qui n'a aucun accent dans sa bannière... C'est le mot anglais «metro»... On n'a même pas l'excuse de lettres majuscules qui se passent parfois d'accents... Le nom «metro» est écrit seulement en minuscules...
Sur l'autre rive de l'Outaouais, les Franco-Ontariens ont mené une lutte épique pendant plusieurs années pour qu'on écrive «Orléans» et non «Orleans» sur les affiches et bannières... Ils ont obtenu certains succès et restent vigilants. Tous ces efforts pour un accent aigu, parce que sans cet accent, le nom n'est plus français...
Et si tout cela vous donne une indigestion linguistique à Gatineau, n'allez pas espérer mieux de Ga-Ga Patate, Lou Patate ou Bob Patate, ou encore Jean-Guy Traiteur (dont le nom officiel semble pourtant être Traiteur Chez Jean-Guy), où un menu savoureux (j'en témoigne!) se conjugue à une bannière française plus que douteuse. Vous vous y rendrez peut-être dans un véhicule de Bob Taxi (qui offre sans doute un excellent service). L'anglais y est en double dans ce dernier cas, les gens d'ici ayant la malencontreuse habitude de changer les «Robert» en «Bob»...
Étrange tout de même que des francophones accordent la plus haute importance à la qualité de tous les produits et services dont ils font l'acquisition, mais se contentent d'une langue appauvrie et remplie d'anglicismes pour communiquer leurs exigences de qualité aux personnes, aux commerces et aux organisations qui les offrent...
Et à Québec, on a un gouvernement qui met l'accent sur l'apprentissage de l'anglais dans les écoles de langue française... Misère...
dimanche 17 décembre 2017
Le roumain, ancêtre du latin???
Vlad III l'empaleur, alias Draculea...
Dans l'atelier-bureau de «Tailleur Vasile», à l'étage d'un vieil édifice commercial du boulevard Saint-René, à Gatineau, on ne peut manquer d'apercevoir au mur une horloge en bois ayant la forme d'une carte géographique de la Roumanie, sur laquelle on voit, en plus des heures et des minutes, une image du très célèbre «Dracula» ou plutôt, du personnage roumain qui l'a inspiré...
Sous l'horloge, Vasile le tailleur a accroché une image du château transsylvanien de Vlad III dit l'empaleur, aussi appelé Draculea (signifiant fils de dragon). C'est le nom que le romancier Bram Stoker allait légèrement modifier et immortaliser en 1897 dans son roman Dracula. Son père, Vlad II, s'appelait Dracul (le dragon en français, mais aussi le diable).
Le prince Vlad III n'était pas vampire, mais il était violent, ainsi qu'en atteste la légende voulant qu'il ait fréquemment fait empaler ses ennemis, et notamment des milliers de Turcs ottomans qu'il combattait au 15e siècle...
Légende ou vérité? Je n'en sais rien mais j'ai une certitude. Mon sympathique tailleur est né en Roumanie, et ne se gêne pas pour parler fièrement de son pays d'origine. Vasile (j'ignore son nom de famille et il ne l'annonce pas) exerce méticuleusement son métier depuis plus de 50 ans.
Fuyant l'ancien régime roumain totalitaire, de type soviétique, il est devenu réfugié politique durant les années 1960 mais a toujours conservé un attachement profond à sa terre natale (il a même emporté de cette terre avec lui en Amérique).
Causeur infatigable et divertissant, il notait récemment que ses enfants et petits-enfants établis au Québec parlaient toujours le roumain, en plus du français bien sûr... Cela m'avait amené à souligner que le français et le roumain étant toutes deux langues latines, la nôtre était sans doute plus facile à maîtriser pour les siens...
Mais là Vasile ne marche plus! Pas sur la parenté entre nos langues, mais sur le «fait» que le roumain soit une langue latine... Non, non, non, me dit-il, c'est le latin qui est une langue roumaine...
Ainsi, l'ancêtre ultime du français, de l'italien, de l'espagnol et du portugais serait, au-delà de la souche latine, l'ancien roumain... Et le voilà qui ouvre sur-le-champ sa tablette pour me faire entendre l'interview d'un ancien secrétaire de Jean-Paul II, confirmant ses dires...
Aussitôt revenu à la maison, j'ai vérifié l'information sur Internet et découvert que ce point de vue est en effet partagé par un certain nombre d'historiens, d'archéologues et de linguistes... La Roumanie, selon eux, aurait abrité la plus ancienne civilisation d'Europe, il y a quelque 8500 ans. Ces chercheurs soutiennent donc aujourd'hui que le latin commun de l'ancien empire romain, il y a 2000 ans, est issu du vieux roumain... Eh ben...
Cré Vasile... il a toujours une bonne histoire à conter...
lundi 11 décembre 2017
Le guichet de Ripon, c'est aussi le nôtre...
Le siège social de la méga-caisse jadis populaire de Gatineau...
Quand un peuple se croit «né pour un p'tit pain» trop longtemps, ce qui a certainement été notre lot, il arrive ce qui nous arrive... On met parfois à la poubelle tout ce qui nous rappelle «p'tit» pour enfin voir grand, très grand... très, très très grand même... Moi, j'appelle ça le syndrome du gigantisme mais d'autres, plus savants, pourraient certainement mieux le définir...
Quelques exemples? Nous avions jadis des centaines de petites municipalités, pépinières de démocratie, dans toutes les régions du Québec. Dans mon coin, l'Outaouais, et ailleurs, on les a fusionnées puis refusionnées... jusqu'à la création de monstres sans âme où la population issue d'une foule de collectivités est dispersée sur un bien trop vaste territoire...
Je vous offre en exemple Gatineau, ma ville gonflée, d'une superficie de 343 kilomètres carrés. Son territoire abritait jadis les municipalités de Hull, Gatineau, Pointe-Gatineau, Touraine, Aylmer, Buckingham, Masson, Templeton, Templeton-Est, Templeton-Ouest, Templeton-Est (partie est), Angers, Lucerne, Deschênes, Buckingham (sud-est), et j'en passe sûrement...
Cela n'a rien du hasard que ces fusions municipales à répétition aient été amorcées dans le sillage de la révolution tranquille... En éducation, au milieu des années 1960, nos premières expériences en gigantisme avaient fait apparaître des méga-polyvalentes au secondaire. La Cité des jeunes, à Hull, comptait plus de 4000 élèves. Une monstruosité qu'on a dû éventuellement scinder en trois polyvalentes plus modestes...
Le secteur de la santé a connu une évolution similaire, dont nous subissons aujourd'hui les conséquences funestes... sur une très grande échelle. Dans le territoire qui constitue Gatineau aujourd'hui, nous avions quatre CLSC qui fonctionnaient fort bien. Un bon jour, Québec les a regroupés en une seule direction, oubliant que le «L» dans CLSC signifie «local»...
Puis, plus récemment, l'ogre Barrette a fusionné toutes les installations de santé (hôpitaux, CLSC, CHSLD, etc.) dans de grandes directions régionales sur lesquelles il exerce un contrôle centralisé, parfois personnel... En matière de gigantisme, notre ministre de la Santé mérite la palme d'or...
La même maladie a infecté l'ensemble de la société, y compris notre réseau coopératif de caisses populaires Desjardins, qui compte plus de 5 millions de membres et qui a été érigé depuis un siècle grâce aux efforts de simples citoyens, qui ont créé de petites caisses locales dans presque toutes les communautés du Québec.
Qu'a-t-on fait de ces institutions de proximité? On les a fusionnées et refusionnées. Les caisses pop de villages, ou de quartier, sont maintenant chose du passé, avalées par un voir-très-grand qui a tué non seulement le concept de membre (un sociétaire d'une caisse est un membre, pas un client...) mais l'ensemble du fonctionnement démocratique coopératif...
Comme dans nos villes, comme dans notre réseau de santé, les décisions qui étaient prises localement au sein de Desjardins sont maintenant hors de portée du simple membre... Elles émanent d'obscurs couloirs de méga-caisses, elles-mêmes devant obéir aux directives et politiques du siège social du «mouvement» Desjardins... Cela lui permet de fonctionner davantage comme une banque, en soumettant beaucoup trop d'opérations au critère de la rentabilité...
Et me voilà dans le vif du sujet... La Caisse Desjardins de la Petite-Nation (on n'ose même plus les appeler «populaires») a décidé de fermer le seul guichet automatique du village de Ripon (population d'environ 1500) sous prétexte qu'il occasionne une perte d'environ 35 000 $ par année. La Caisse oblige ainsi les résidents membres à se déplacer jusqu'à Saint-André-Avellin pour obtenir des services de leur coopérative...
Le problème ici, au-delà d'une justification douteuse (la Caisse ayant suffisamment d'excédents pour encaisser une telle perte), c'est la façon dont la décision a été prise et la façon d'agir envers les membres, ces personnes qui devraient être, après tout, les ultimes patrons de la Caisse. Les dirigeants de cette coopérative se comportent exactement comme ceux d'une banque privée, prenant des «décisions d'affaires», traitant leurs sociétaires comme de simples clients à qui l'on doit enseigner les rudiments de l'économie financière néo-libérale du 21e siècle...
La Caisse de la Petite-Nation affirme remettre tous les ans environ 650 000 $ en ristournes, dons et commandites... A-t-on seulement songé à consulter les membres sur l'opportunité d'investir une partie de ces excédents en services de proximité pour les villages et régions qui n'ont plus accès à un comptoir ou à un guichet de leur caisse pop? A-t-on cherché à impliquer les membres dans la recherche d'une solution, au lieu d'appliquer sans appel les implacables lois du profit?
Une pétition circule depuis peu pour que Ripon conserve son guichet automatique Desjardins. Les enjeux dépassent le seul territoire du village. C'est également la lutte de tous les Québécois et Québécoises contre l'excès du gigantisme, le combat universel pour le rétablissement ou la protection des démocraties locales, une action collective pour démontrer que les citoyens engagés d'une localité, d'un quartier peuvent toujours exercer une réelle influence sur le cours des choses...
Allez les Riponnais! Votre petit guichet, c'est aussi, de bien des façons, le nôtre... parce qu'il y a un peu de nous tous derrière cette belle bannière Desjardins...
jeudi 7 décembre 2017
Le Parti Québécois à 19% dans un sondage, ça vous inquiète?
Le Parti Québécois à 19% dans un sondage, ça vous inquiète? Moi, si... Comme indépendantiste d'abord, comme Québécois surtout! Au-delà de l'idéal d'un pays à notre image, de plus en plus lointain, j'ai aussi le sentiment d'une identité nationale qui s'affaiblit à vue d'oeil, d'une cohésion de plus de deux siècles et demie qui s'effrite...
Depuis 1760, ce «nous» francophone - qu'on semble voir de plus en plus avec suspicion - a affronté tant bien que mal une répression britannique parfois brutale jusqu'à 1840; survécu au racisme anglo-canadien sous toutes ses formes depuis Lord Durham; résisté courageusement aux politiques pan-canadiennes d'assimilation de la francophonie depuis 1867...
En 2017, la nation est malmenée, amochée, mais existe toujours... Ces jours-ci, cependant, elle est menacée aussi de l'intérieur... par un gouvernement qui voudrait «bilinguiser» tous les jeunes Québécois dès l'école primaire, qui a renoncé à des pans entiers de la Loi 101 (affichage, langue de travail, etc.), qui continue d'échouer dans sa mission de francisation des nouveaux arrivants...
Dans son appel aux indépendantistes démobilisés, Jean-François Lisée propose aux Québécois d'appuyer le PQ en 2018 pour élire «un gouvernement national qui rende sa fierté à la nation québécoises»... Belles paroles mais comment espère-t-il «vendre» ce noble message à un peuple pour qui le mot «nation» est devenu un concept abstrait, vide de sens... et pour qui les signes de «fierté» ont été plutôt rares depuis la défaite référendaire de 1995?
Peut-être le Parti Québécois devrait-il, avant même de pouvoir espérer être élu en octobre 2018, se comporter dès maintenant comme un «gouvernement national» en devenir... comme leader de cette nation qu'il entend gouverner... comme porte-parole d'un peuple souverain, repoussant tous les jours les limites du cadre fédératif et oubliant pour de bon tout échéancier de référendum. Nous n'en aurons pas besoin, sauf pour confirmer un fait accompli. J'en suis sûr!
Il faut aussi repenser la stratégie de gouvernement. Entre octobre 2018 et le grand, grand, grand soir d'un éventuel référendum (enfin gagnant?), le Parti Québécois au pouvoir ne doit pas se dire «national» pour ensuite se comporter essentiellement en gouvernement «provincial», comme par le passé.... Ottawa a reconnu la souveraineté du Québec, et plus spécifiquement son droit à l'indépendance, quand Trudeau père a participé à la campagne référendaire de 1980. Participer, c'était déjà reconnaître officiellement la légitimité d'un OUI possible.
Le PQ doit se présenter tous les jours comme porte-étendard d'une nation souveraine, dans l'opposition et au pouvoir. Se tenir debout, ne jamais flancher pour des stratèges qui voudraient plier, dans l'espoir de répondre aux attentes perçues ou réelles d'une opinion publique fluctuante. Ne pas craindre les escarmouches en attendant l'ultime affrontement, qui pourrait bien ne jamais avoir lieu. Multiplier les petits objectifs, les modestes victoires, au lieu de miser sur le gros lot référendaire, si éloigné soit-il. L'édifice de l'indépendance se bâtira, une brique à la fois.
Juste ces dernières semaines, l'actualité nous a fourni des occasions de croiser le fer que nous avons trop peu relevées. La nomination de Mme Sheilah Martin à la Cour suprême par Justin Trudeau, par exemple. Le PQ aurait dû se saisir de l'affaire pour contester, au nom de la souveraineté du peuple québécois, le droit du fédéral de nommer seul les magistrats appelés à juger des lois québécoises et à servir d'arbitre dans les différends entre Ottawa et Québec.
Les dés judiciaires étant ainsi pipés, M. Lisée aurait pu annoncer qu'un gouvernement péquiste ne reconnaîtrait plus la légitimité de la Cour suprême quand elle empiète sur les droits souverains de l'Assemblée nationale du Québec. Et qu'Ottawa pourrait s'attendre à un orage de «nonobstant» jusqu'à la conclusion d'un règlement satisfaisant. Même les fédéralistes ne pourraient s'opposer à un tel objectif.
La nomination de Raymond Théberge au poste de Commissaire fédéral aux langues officielles peut paraître étrangère aux dossiers nationaux du Québec mais elle ne l'est pas. L'ouverture apparente de M. Théberge au multiculturalisme, notamment en matière de nominations des juges de la Cour suprême, ouvre tout grand le débat (permanent) sur le statut de la langue française au sein de l'appareil fédéral. Et tant que les Québécois feront partie de cette fédération, toute atteinte aux droits linguistiques des francophones, que cela se passe à Vancouver ou à Montréal, nous concerne.
Le Parti Québécois devrait toujours monter au front pour affirmer la volonté du peuple québécois de défendre sans compromis la langue française, notre ciment national, même à l'extérieur de nos frontières. Quoiqu'il advienne, indépendant ou pas, le Québec doit rester le phare francophone en Amérique du Nord. À ce titre, le PQ aurait dû, depuis longtemps, intervenir dans le débat sur la création d'une université de langue française en Ontario, si ce n'est que pour dénoncer l'iniquité de la situation, alors que les Anglo-Québécois ont déjà trois université grassement financées...
Tout récemment, le recensement de 2016 a mis en lumière le recul du français comme langue de travail, même au Québec, et les médias ont fait des manchettes avec l'échec de la francisation des immigrants (qui est aussi l'échec du français langue du travail). Le PQ aurait dû saisir l'occasion pour insister sur l'urgence d'appliquer les dispositions de la Loi 101 aux petites entreprises (de 25 à 49 employés) et, tant qu'à y être, à reprendre des débats préoccupants en éducation (anglais intensif au primaire, extension de la Loi 101 au collégial).
Avant de «bilinguiser» tous nos jeunes, il me semble qu'on doive d'abord leur enseigner à maîtriser le français... Pour ceux et celles qui en douteraient, écoutez le niveau de langage dans la rue, en autobus, dans les interviews aux bulletins de nouvelles ou pire, dans les interventions médiatiques de nos joueurs de hockey (et autres sportifs), qui portent les cicatrices d'une anglicisation massive du sport pan-canadien. Si ce n'était que pour revaloriser la langue française, le Québec aurait avantage à mettre immédiatement sur pied des équipes sportives nationales où le français est la langue de communication.
Toutes ces choses m'apparaissent évidentes. Apparemment elles ne le sont pas, à entendre nos chefs politiques... Enfin, ne voient-ils pas le précipice droit devant?
Depuis 1760, ce «nous» francophone - qu'on semble voir de plus en plus avec suspicion - a affronté tant bien que mal une répression britannique parfois brutale jusqu'à 1840; survécu au racisme anglo-canadien sous toutes ses formes depuis Lord Durham; résisté courageusement aux politiques pan-canadiennes d'assimilation de la francophonie depuis 1867...
En 2017, la nation est malmenée, amochée, mais existe toujours... Ces jours-ci, cependant, elle est menacée aussi de l'intérieur... par un gouvernement qui voudrait «bilinguiser» tous les jeunes Québécois dès l'école primaire, qui a renoncé à des pans entiers de la Loi 101 (affichage, langue de travail, etc.), qui continue d'échouer dans sa mission de francisation des nouveaux arrivants...
Dans son appel aux indépendantistes démobilisés, Jean-François Lisée propose aux Québécois d'appuyer le PQ en 2018 pour élire «un gouvernement national qui rende sa fierté à la nation québécoises»... Belles paroles mais comment espère-t-il «vendre» ce noble message à un peuple pour qui le mot «nation» est devenu un concept abstrait, vide de sens... et pour qui les signes de «fierté» ont été plutôt rares depuis la défaite référendaire de 1995?
Peut-être le Parti Québécois devrait-il, avant même de pouvoir espérer être élu en octobre 2018, se comporter dès maintenant comme un «gouvernement national» en devenir... comme leader de cette nation qu'il entend gouverner... comme porte-parole d'un peuple souverain, repoussant tous les jours les limites du cadre fédératif et oubliant pour de bon tout échéancier de référendum. Nous n'en aurons pas besoin, sauf pour confirmer un fait accompli. J'en suis sûr!
Il faut aussi repenser la stratégie de gouvernement. Entre octobre 2018 et le grand, grand, grand soir d'un éventuel référendum (enfin gagnant?), le Parti Québécois au pouvoir ne doit pas se dire «national» pour ensuite se comporter essentiellement en gouvernement «provincial», comme par le passé.... Ottawa a reconnu la souveraineté du Québec, et plus spécifiquement son droit à l'indépendance, quand Trudeau père a participé à la campagne référendaire de 1980. Participer, c'était déjà reconnaître officiellement la légitimité d'un OUI possible.
Le PQ doit se présenter tous les jours comme porte-étendard d'une nation souveraine, dans l'opposition et au pouvoir. Se tenir debout, ne jamais flancher pour des stratèges qui voudraient plier, dans l'espoir de répondre aux attentes perçues ou réelles d'une opinion publique fluctuante. Ne pas craindre les escarmouches en attendant l'ultime affrontement, qui pourrait bien ne jamais avoir lieu. Multiplier les petits objectifs, les modestes victoires, au lieu de miser sur le gros lot référendaire, si éloigné soit-il. L'édifice de l'indépendance se bâtira, une brique à la fois.
Juste ces dernières semaines, l'actualité nous a fourni des occasions de croiser le fer que nous avons trop peu relevées. La nomination de Mme Sheilah Martin à la Cour suprême par Justin Trudeau, par exemple. Le PQ aurait dû se saisir de l'affaire pour contester, au nom de la souveraineté du peuple québécois, le droit du fédéral de nommer seul les magistrats appelés à juger des lois québécoises et à servir d'arbitre dans les différends entre Ottawa et Québec.
Les dés judiciaires étant ainsi pipés, M. Lisée aurait pu annoncer qu'un gouvernement péquiste ne reconnaîtrait plus la légitimité de la Cour suprême quand elle empiète sur les droits souverains de l'Assemblée nationale du Québec. Et qu'Ottawa pourrait s'attendre à un orage de «nonobstant» jusqu'à la conclusion d'un règlement satisfaisant. Même les fédéralistes ne pourraient s'opposer à un tel objectif.
La nomination de Raymond Théberge au poste de Commissaire fédéral aux langues officielles peut paraître étrangère aux dossiers nationaux du Québec mais elle ne l'est pas. L'ouverture apparente de M. Théberge au multiculturalisme, notamment en matière de nominations des juges de la Cour suprême, ouvre tout grand le débat (permanent) sur le statut de la langue française au sein de l'appareil fédéral. Et tant que les Québécois feront partie de cette fédération, toute atteinte aux droits linguistiques des francophones, que cela se passe à Vancouver ou à Montréal, nous concerne.
Le Parti Québécois devrait toujours monter au front pour affirmer la volonté du peuple québécois de défendre sans compromis la langue française, notre ciment national, même à l'extérieur de nos frontières. Quoiqu'il advienne, indépendant ou pas, le Québec doit rester le phare francophone en Amérique du Nord. À ce titre, le PQ aurait dû, depuis longtemps, intervenir dans le débat sur la création d'une université de langue française en Ontario, si ce n'est que pour dénoncer l'iniquité de la situation, alors que les Anglo-Québécois ont déjà trois université grassement financées...
Tout récemment, le recensement de 2016 a mis en lumière le recul du français comme langue de travail, même au Québec, et les médias ont fait des manchettes avec l'échec de la francisation des immigrants (qui est aussi l'échec du français langue du travail). Le PQ aurait dû saisir l'occasion pour insister sur l'urgence d'appliquer les dispositions de la Loi 101 aux petites entreprises (de 25 à 49 employés) et, tant qu'à y être, à reprendre des débats préoccupants en éducation (anglais intensif au primaire, extension de la Loi 101 au collégial).
Avant de «bilinguiser» tous nos jeunes, il me semble qu'on doive d'abord leur enseigner à maîtriser le français... Pour ceux et celles qui en douteraient, écoutez le niveau de langage dans la rue, en autobus, dans les interviews aux bulletins de nouvelles ou pire, dans les interventions médiatiques de nos joueurs de hockey (et autres sportifs), qui portent les cicatrices d'une anglicisation massive du sport pan-canadien. Si ce n'était que pour revaloriser la langue française, le Québec aurait avantage à mettre immédiatement sur pied des équipes sportives nationales où le français est la langue de communication.
Toutes ces choses m'apparaissent évidentes. Apparemment elles ne le sont pas, à entendre nos chefs politiques... Enfin, ne voient-ils pas le précipice droit devant?
samedi 2 décembre 2017
Ne plus reconnaître l'autorité de la Cour suprême quand elle empiète sur les droits du Québec...
Mme Sheila Martin - photo Radio-Canada
En règle générale, nos fédéralistes québécois se préoccupent bien plus de combattre les «séparatistes» que de promouvoir le fédéralisme...
S'ils étaient véritablement fédéralistes, ils auraient protesté avec la dernière énergie contre le processus de nomination de Mme Sheila Martin au banc de la Cour suprême du Canada. De fait, ils élèveraient la voix à chaque nomination d'un ou d'une juge au plus haut tribunal du pays...
Pourquoi? Parce que dans une fédération, les deux ordres de gouvernement sont censés demeurer juridiquement égaux, chacun indépendant de l'autre dans ses domaines de compétence.
On sait que le Canada n'a jamais fonctionné ainsi, mais tant que cette «édifice» de onze gouvernements (je ne compte pas les territoires) se réclamera du fédéralisme, il me semble qu'il doive au moins en respecter les principes de base.
L'enjeu, ici, c'est le droit du premier ministre fédéral de nommer les juges de la Cour suprême... On aura beau invoquer de beaux mécanismes de consultation, la décision finale appartient à Justin Trudeau. Comme à Stephen Harper avant lui... Comme autrefois à Jean Chrétien, Brian Mulroney, Trudeau père et les autres...
Si la Cour suprême se contentait de juger les lois de compétence fédérale, le problème serait confiné aux limites du pouvoir qu'un pays accepte de confier au chef du gouvernement central.
Mais, et voila le hic, les neuf juges de la rue Wellington, à Ottawa, sont aussi appelés à se prononcer sur la validité des lois du Québec (celles des provinces à majorité anglaise itou) et même, dans certains grands litiges, à arbitrer sans appel les différends ou affrontements fédéral-provinciaux...
Peut-on concevoir, en cas de désaccord entre le Canada et les États-Unis dans le cadre de l'ALÉNA ou de tout autre traité, que le Canada accepte toujours d'être jugé par un ou plusieurs arbitres nommés exclusivement par les Américains? Poser la question, c'est y répondre...
Alors pourquoi le gouvernement québécois reste-t-il planté là, penaud, bras croisés, pendant qu'un tribunal nommé par le seul premier ministre fédéral se permet de charcuter la Loi 101, de tenter de dicter unilatéralement les conditions d'accès du Québec à la souveraineté, ou encore d'affirmer la suprématie d'une charte fédérale que le Canada anglais a agressivement imposée aux Québécois?
Les fédéralistes devraient être les premiers à protester, à déclarer haut et fort que cette façon de faire viole l'esprit et la lettre du fédéralisme, à exiger que les lois québécoises soient jugées par des tribunaux du Québec, et surtout, à réclamer que tout différend législatif, politique ou judiciaire entre Ottawa et Québec soit jugé par un arbitre acceptable aux deux parties.
Sur le plan judiciaire, le régime actuel donne à Ottawa - que dise-je, au seul premier ministre fédéral - des droits nettement supérieurs à ceux du Québec et des autres provinces. Les dés sont pipés. Un fédéraliste qui accepte une telle situation n'est pas digne de se dire fédéraliste...
Être chef du Parti québécois, je promettrais - en cas de gouvernement péquiste bien sûr - de ne plus reconnaître l'autorité de la Cour suprême du Canada quand celle-ci empiète sur les droits législatifs du Québec... tant qu'Ottawa et Québec ne s'entendront pas sur une formule d'arbitrage qui reconnaisse l'égalité et la souveraineté de chaque ordre de gouvernement dans ses compétences.
En passant, c'est un engagement que pourraient aussi prendre les libéraux, les caquistes et les solidaires... Il peut y avoir là-dedans matière à unanimité (au moins chez les francophones)...
Et si Ottawa refuse de négocier, comme on peut s'y attendre, vu ses agissements passés et présents, alors le mot clé devient NONOBSTANT... à répétition, à répétition...
Si les fédéralistes réussissent ce tour de force, le fédéralisme canadien en sortira gagnant. Si les indépendantistes entreprennent ce combat et le gagnent, ce pourrait être un premier pas vers d'autres combats et d'autres victoires... Jusqu'où?
Enfin, commençons par le commencement...
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