samedi 8 septembre 2018

Relever le défi d'identifier mes 20 albums préférés? Les voici !!!


Mon gendre Nicolas Gagnon m'a récemment mis au défi d'identifier mes 10 albums préférés. J'ai découvert que c'est loin d'être facile. On part avec 100 ou plus, puis on gosse pour descendre à 50, 40... En route, on s'aperçoit que des albums dont on aurait juré qu'ils se retrouveraient dans le «top 10» sont laissés de côté. Enfin, puisqu'il le fallait, j'en ai choisi 10 en français et 10 en anglais. Ils ne sont pas dans l'ordre de préférence. Mais 18 des 20 sont de l'époque du vinyle. Bonne lecture. On se découvre beaucoup soi-même quand on regarde l'ensemble des choix...


Bob Dylan écrit souvent en images. L'album «The Freewheelin' Bob Dylan» (1963) peint dans des textes percutants et des mélodies hantantes un monde au bord du gouffre, frais sorti de la crise des missiles cubains et traumatisé par la possibilité d'une guerre nucléaire. On y trouve des chefs-d'oeuvre comme «A hard rain's a-gonna fall» et «Masters of War». Je l'ai écouté au moins 100 fois... et s'il me reste assez d'années, je continuerai d'user mon vinyle à la corde... Voici donc le 1er de 10 choix en anglais.


Jean Ferrat reste pour moi un incontournable. Tous ses albums auraient pu figurer dans ma liste. Il était communiste, j'étais (je suis toujours) socialiste. Nous avions des atomes crochus. Je l'ai vu trois fois en spectacle, dont celui de 1968 à l'ancien Capitol de la rue Bank, à Ottawa. Cet album de 1965 (ils s'appellent tous Jean Ferrat) contient notamment la chanson Potemkine, qui me pogne aux tripes encore en 2018. «M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde où l'on n'est pas toujours du côté du plus fort»... Mon 1er de 10 albums en français.


En 1966 ou en 1967, au moment où j'étudiais en sciences sociales à l'Université d'Ottawa, j'allais à l'occasion au Café Le Hibou, rue Sussex, avec des amis. Ça sentait le «pot», bien sûr, mais on y servait aussi du café... et il y avait surtout de la musique. Un après-midi, pendant un de nos échanges animés, j'ai entendu une étrange chanson d'un groupe que je ne connaissais pas. Envoûté, je suis allé demander à qui de droit le nom de la pièce et on m'a dit: Venus in furs, de Velvet Underground. Vite, au Treble Clef, rue Rideau, pour l'ajouter à ma collection. Cet album, intitulé «Velvet Underground & Nico» et produit par Andy Warhol, est devenu un disque culte des années 1960 et un de mes préférés. Mon 2e de 10 albums en anglais.


En réalité, ce disque ne contient qu'une chanson «française». Enfin ça sonne français. Mais il n'y en a aucune en anglais. Le tout se déroule essentiellement en latin, parce qu'il s'agit d'une messe à l'ancienne (sauf pour la musique rock) à l'oratoire Saint-Joseph. Le capucin-célébrant à voix d'or, Yvon Hubert, y était accompagné du groupe québécois de l'heure, Offenbach. L'oratoire était bondé: 3000 personnes venues assister à une messe latine pour voir Offenbach en spectacle. Cet album est unique en son genre, du moins au Québec, et je ne peux m'empêcher de le sortir de sa pochette, de temps en temps, pour retrouver pendant quelques moments un mélange magique de l'ancien et du contemporain. Et d'entendre une messe, j'imagine. Mon 2e de 10 albums en «français»...


L'album éponyme «Janis Ian» (1966-67) aurait déjà été remarquable peu importe le point de vue, mais il devient unique quand on apprend que l'auteure-compositeure-interprète avait à peine 15 ans, qu'elle a composé toutes les chansons, et que les arrangements ont été largement improvisés en studio avec des musiciens ébahis par le talent d'une si jeune artiste. Sa chanson la plus connue de l'époque, Society's Child, a été créée en 1964. Elle n'avait alors que 13 ans... Un DJ de Louisiane a été battu pour avoir mis Society's Child en ondes, sans doute par un sympathisant du KKK... On écoute cet album une fois, puis deux, puis trois, puis... L'album a maintenant plus de 50 ans mais reste tout à fait pertinent en 2018. Mon 3e de 10 albums en anglais.


Je n'ai aucun souvenir de ce qui m'a poussé pour la première fois à écouter les chansons d'Anne Vanderlove, mais je ne l'ai jamais regretté. Peut-être parce que c'était déjà, dans cet album «Ballades en novembre» (1968), une chanteuse engagée. Elle l'est toujours en 2018, plaidant la cause des déshérités des bidonvilles d'Amérique du Sud et marrainant l'association Otages du monde. Cependant, au-delà de la qualité et de l'émotion des paroles et de sa musique, c'est la voix d'Anne Vanderlove qui la rend irrésistible. Née au Pays-Bas, ayant grandi en Bretagne, elle a été nommée Chevalier de l'ordre des arts et des lettres de France en 2013. Cet album, son premier, restera un trésor. Mon 3e de 10 albums en français.


L'album «Stand Up» du groupe britannique Jethro Tull est peut-être le disque en langue anglaise que j'ai écouté le plus souvent, depuis sa sortie en 1969. Si on me demandait pourquoi, je ne saurais trop quoi répondre. Surtout pour la voix et la flute d'Ian Anderson et la guitare électrique de Martin Barre? Probablement. Ce disque est presque une drogue. On devient accro. Dans mes palmarès, il trône très, très près du sommet. Mon 4e de 10 albums en anglais.


Les astres étaient alignés pour une vaste contestation étudiante en 1968. Après le printemps de Paris, ce fut l'automne du Québec avec ses manifestations, ses occupations de facultés et cégeps... et sa musique. Durant l'occupation des sciences sociales de l'U. d'Ottawa en octobre 1968, je me souviens des nuits passées à écouter Pauline Julien, Gilles Vigneault et Robert Charlebois en discutant de l'avenir de la planète. On a vu notamment l'Osstischo au cégep de Hull et vite mis le grappin sur le nouvel album «Robert Charlebois-Louise Forestier». En y entendant Lindberg, California, La marche du président et les autres, on ressentait un changement d'époque dans la musique d'ici. Rien ne serait jamais plus pareil. Mon 4e de 10 albums en français.


On a appelé les Traveling Wilburys «l'ultime super-groupe» de rock. On aurait pu tout aussi bien dire l'ultime «garage band». En effet, le groupe, spontanément formé en 1988 et composé de George Harrison, Bob Dylan, Roy Orbison, Tom Petty et Jeff Lynne, a enregistré sa toute première chanson, Handle with care, dans le garage de Dylan... Les cinq n'ont complété qu'un seul album, Traveling Wilburys, Vol. 1, Roy Orbison étant décédé quelques mois après la sortie du disque à l'automne 1988. Avec tant de talent, le résultat ne pouvait être qu'exceptionnel. Un des derniers vinyles que j'ai acheté avant mon entrée dans l'ère des CD. Mon 5e de 10 albums en anglais.


L'album Louise Forestier de 1973 (Les Montréalais) compte parmi ces disques qui font voyager dans le temps. Ils traînent avec eux des images, des arômes, des sensations qui nous font revivre l'époque de leur création, alors que la musique québécoise était en pleine ébullition. Quand j'entends ces chansons de Louise Forestier, j'ai de nouveau 27 ans... Toutes les pistes sont excellentes, mais pour moi, L'hirondelle et Pourquoi chanter? trônent au-dessus de la mêlée. Mon 5e de 10 albums de langue française.


Phil Ochs était un Texan atypique... pacifiste, syndicaliste, sudiste antiraciste, adversaire de la peine de mort, romantique même, à ses heures. C'était essentiellement un combattant, et ses chansons étaient son arme. À l'époque de l'album «I ain't marchin' any more» (1965), les États-Unis ne sont pas pleinement engagés dans la guerre du Vietnam, mais la lutte pour les droits des Noirs dans les États du Sud touche à son paroxysme. Ce disque merveilleux restera le reflet des combats de de la première moitié des années 1960. Mais quelques chansons nous amènent ailleurs, comme son interprétation magnifique du poème The Highwayman, d'Alfred Noyes. Mon 6e de 10 albums en anglais.


Ceux qui me connaissent savent que Les Cowboys fringants sont mon groupe culte. J'aime tous leurs albums, et à peu près toutes leurs chansons. En spectacle, ils sont tout à fait imbattables. Le coeur du Québec bat dans leur musique depuis 20 ans. Et pourtant, choisir mon album préféré s'est avéré une tâche facile. Pour moi, L'expédition (2008) nous fait entendre les Cowboys fringants au sommet de leurs multiples talents musicaux. Les chansons racontent des tranches de vie qui ne laisseront personne indifférent. Les mélodies, les paroles et l'instrumentation ne méritent que des superlatifs. J'oserais dire que c'est mon album préféré en français. Il occuperait la première position de mon palmarès. Mon 6e de 10 albums en français.


Je n'avais que 15 ans quand j'ai découvert mon attrait naturel pour le rhythm and blues des artistes afro-américains. Entre cette musique et le «vrai» blues, il n'y avait qu'un pas, vite franchi. Je vibrais aux accords des B.B. King, Muddy Waters (que j'ai vu en spectacle au café Le Hibou), et des autres. Pour moi, c'était de la musique noire et j'étais un peu sceptique quand on m'a pressé d'écouter le disque d'un groupe multi-racial de Chicago, The Paul Butterfield Blues Band. Trois de ses membres avaient accompagné Bob Dylan dans sa première prestation «électrique» controversée au festival folk de Newport. Mais quand j'ai entendu leur premier album (1965), je suis instantanément devenu un converti. La voix de Paul Butterfield et la guitare de Mike Bloomfield font de ce disque un des grands classiques. Mon 7e de 10 albums en anglais.


Pour ceux et celles qui ont vécu la crise d'octobre 1970, ou qui s'y intéressent, l'album Québékiss constitue un document musical incontournable. C'est un disque de combat, principalement l'oeuvre de Marie Savard, sorti en 1971, quelques mois après l'emprisonnement arbitraire de 500 innocents sous l'emprise de la Loi sur les mesures de guerre. L'album a immédiatement été interdit à la radio, et ce n'est que ans plus tard que les radios communautaires commenceront à le diffuser. Dans l'histoire musicale du Québec, ça restera un disque important... et bon. Vraiment bon! Avis à ceux et celles qui croient que les mesures de guerre en temps de paix étaient justifiées en 1970: vous n'aimerez peut-être pas cette collections de chansons et de textes. Mon 7e de 10 albums en français.


J'ai l'impression d'avoir acheté l'album A Question of Balance (1970), du groupe britannique Moody Blues, principalement à cause de l'image psychédélique sur la pochette du disque. Mais il suffit de l'écouter une fois pour oublier (pas complètement) la pochette, et apprécier à sa juste mesure cette magnifique collection de chansons qui s'insèrent dans la vaste transition d'adieux à la musique rock des années 1960. À noter, il n'y a aucune pause entre les pistes sur ce disque. Mon 8e de 10 albums en anglais.


Il y a quelques années, j'avais lu (ou vu) un reportage sur l'auteur-compositeur-interprète Alexandre Belliard, qui s'acharne à mettre en musique de petites tranches de l'histoire de notre peuple... cette histoire qu'on oublie de plus en plus. En 2014, il a rassemblé une imposante brochette d'artistes (Paul Piché, Vincent Vallières, Richard Séguin, etc.) pour créer l'album Légendes d'un peuple - Le collectif. À mon avis, ce disque méritait plus que tout autre un Félix (qu'il n'a pas eu) en 2015. On y chante les exploits de Champlain, Marie Rollet, Louis-Joseph Papineau, Gaston Miron, Félix Leclerc, Louis Riel, entre autres. La musique est magnifique, les paroles instructives. J'ai vu le spectacle deux fois, y compris la première à Montréal en février 2015. Mon 8e de 10 albums en français.


Après le gouffre du disco dans la deuxième moitié des années 1970, le vrai rock a commencé à retrouver sa juste place dans les palmarès et sur les ondes. Je crois que cette remontée atteint son apogée en 1984 avec la sortie de l'album Reckless du chanteur canadien Bryan Adams. Tous ne seront pas d'accord mais pour moi, Reckless reste le meilleur album rock de tous les temps. N'y cherchez pas de causes ou de poésie. Run to You, Kids Wanna Rock, Somebody, Summer of '69, c'est l'affirmation pure du rock. Un mix parfait de voix éraillée et de guitares électriques. Un disque qu'on écoute au volume max, préférablement dans sa version vinyle. Mon 9e de 10 albums en anglais.


J'ai vu les soeurs McGarrigle (Kate et Anna) en spectacle pour la première fois à la Maison du Citoyen, à Gatineau, un an ou deux avant la mort de Kate en 2010. Mais j'avais usé à la corde depuis près de 30 ans leur album «Entre la jeunesse et la sagesse», sorti en 1980. C'était en soi une véritable révolution que des artistes anglophones se mettent à endisquer en français. Et les racines québécoises ne faisaient pas de doute quand leurs harmonies originales chantaient la rue Saint-Catherine, le boulevard Lajeunesse, ou encore Ste-Anne-de-la-Pérade ou Notre-Dame-de-Stanbridge... Ce disque conserve une place de choix dans ma collection de vinyles... et sur mon iPod. Mon 9e de 10 albums en français.


Sur le plan musical, les années 1980 m'ont épaté presque autant que les années 50 et 60. Pas seulement à cause de la prolifération des vidéos. Il y avait un son «années 80» qu'on reconnaît encore aujourd'hui. Et dans cet assemblage éclectique de groupes rock, «The Hooters» compte parmi les excellents. Que «One Way Home» (1987) n'ait pas figuré dans les 50 meilleurs albums des années 80 de Rolling Stone est incompréhensible. On y retrouve le rock du terroir américain à son meilleur. Il faut l'écouter. Mon 10e de 10 albums en anglais.


La voix de Pauline Julien était unique. Quand elle chantait Raymond Lévesque, Boris Vian, Gilles Vigneault, Georges Dor, Claude Léveillée ou Clémence Desrochers, elle en faisait presque ses propres chansons. Son engagement politique a souvent coloré ses offrandes musicales, notamment dans l'album «Suite québécoise», sorti en 1967 en pleine ébullition nationaliste au Québec. Elle y propose Bozo-les-culottes et La grenouille de Raymond Lévesque, Les gens de mon pays de Vigneault et Les ancêtres de Georges Dor, entre autres. On l'a arbitrairement emprisonnée durant la crise d'octobre 1970. Dans ce disque, elle est à son meilleur. Mon 10e de 10 albums en français.





Aucun commentaire:

Publier un commentaire