lundi 10 septembre 2018

Une demi-heure à l'«Ottawa Central Station»

Samedi (8 septembre), je suis allé chercher les deux fils de ma nièce Dominique à la station centrale d'autobus à Ottawa. Ils devaient arriver vers 11 h 15 mais avec les innombrables obstacles routiers à Montréal, leur autobus est arrivé avec 25 minutes de retard. Suffisamment de temps pour déambuler dans le terminus, observer les gens, écouter les conversations, lire les écrans de destinations et d'horaires, et même décortiquer les présentoirs de dépliants touristiques.

L'ancien panneau... (photo de Wikipédia)

J'avais remarqué, en arrivant, que le gros panneau extérieur sur lequel on pouvait lire «Station centrale» en français seulement, au grand dam de nombreux anglophones, s'était volatilisé... À la place un simple logo de Greyhound, le principal transporteur à la gare d'autobus de la capitale fédérale. À l'intérieur, nouvelle surprise. Les écrans destinés au public sont désormais unilingues anglais, et ce, dans une région où plus du tiers des résidents sont francophones et dans une gare qui dessert l'Outaouais et la région montréalaise...

Pour ceux et celles qui connaissent peu ma région, sachez qu'il n'existe pas de terminus central d'autobus à Gatineau. Les circuits, même ceux des transporteurs québécois Transcollines et Autobus Gatineau, qui couvrent le Pontiac et la vallée de la Gatineau, aboutissent au 265 de la rue Catherine, à Ottawa. Pareil pour les autobus Greyhound en provenance de Montréal. Alors cette gare, peu importe son emplacement, s'adresse quotidiennement à un public québécois et à de très nombreux Franco-Ontariens, pour lesquels elle semble avoir de moins en moins de respect.

Même sur le site Web français de l'ancienne «Station centrale», l'appellation officielle est devenue «Ottawa Central Station»...

Documentation unilingue anglaise de Sherbrooke et du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Mais le pire restait à venir. En feuilletant les circulaires touristiques, la plupart pour des destinations locales ou ontariennes, j'aperçois une brochure vantant les mérites de Sherbrooke, «heart of the townships»... Je l'inverse pour lire le côté français... mais il n'y en a pas. C'est tout en anglais. Alors je cherche un dépliant en français dans le présentoir. Il n'y en pas. Aucun. On annonce aux visiteurs qu'ils trouveront à Sherbrooke un «New England Charm with a French flair!»... Le «French flair» était absent du présentoir...

Qui prépare ces dépliants et décide qu'à tel endroit, seule la version anglaise (je suppose qu'il doit exister un dépliant en français...) sera offerte aux touristes potentiels? En bas, à gauche, on voit le logo du Canada. Il n'y a aucun logo du Québec ou de fleurdelisé... L'auteur du document semble être heartofthetownships.com, l'avatar anglais d'un site Web en français, destinationsherbrooke.com. Cependant, quand on accède à Destination Sherbrooke, c'est la page anglaise qui apparaît...

Je n'étais pas au bout de mes peines. Je trouve une belle brochure de plus de 200 pages intitulée «Saguenay-Lac-Saint-Jean». Cette fois, c'est un logo du Québec, avec fleurdelisé qui orne la page frontispice. Bon, me dis-je, en voilà un en français... mais non. C'est l'«Official Tourist Guide» qui invite les lecteurs à «discover the region»... Pas de pages en français, pas de guide de langue française dans le présentoir... Coudon...

Des organismes touristiques régionaux comme ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de Sherbrooke devraient être suffisamment informés pour connaître la clientèle des endroits où leur documentation est déposée. S'ils ne le savent pas, qu'on leur dise que le tiers des 1 250 000 habitants de la grande région québécoise-ontarienne de Gatineau et d'Ottawa sont de langue maternelle française, et que plus de la moitié de ce million et quart peut lire et parler français.

Dans cette région, les francophones des deux rives sont habitués à se faire taper dessus par la majorité anglaise dans la capitale. Mais c'est un brin pire de se croire oubliés par des compatriotes québécois de langue française. C'est ce que retiens de ma visite d'une demi-heure à l'Ottawa Central Station...






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