Après deux semaines de démarches largement infructueuses, y compris deux passages à l'urgence de l'hôpital de Hull, je n'ai toujours aucune certitude quant à la cause des hématomes douloureux qui colorent de violet mon bras gauche et le haut de ma poitrine, sous l'épaule gauche.
L'orthopédiste écarte pour de bon la thèse d'une déchirure musculaire près de mon ancienne blessure subie à l'automne 2019, et soutient la thèse de l'urgentologue, à savoir qu'il s'agit de veine(s) éclatée(s), possiblement à cause des anticoagulants prescrits par mon cardiologue.
Seul un médecin que j'ai vu à une clinique sans rendez-vous, à la mi-août, a jugé bon de commander un scan de l'épaule et du bras mais l'hôpital de Buckingham m'a fait savoir que la procédure n'est pas jugée urgente, et que je devrai attendre au moins deux ou trois mois...
Voilà où j'en suis à ce dernier lundi d'août 2021...
Jour 16 - mardi 31 août 2021
Mon cardiologue a demandé de me voir en urgence pour examiner les hématomes et me renseigner sur les résultats de mes prises de sang de la semaine précédente. De ce côté, les nouvelles sont bonnes: les reins fonctionnent bien et l'hémoglobine est normale. L'anticoagulant ne s'accumule donc pas dans mon système et la lointaine possibilité d'une leucémie est à peu près écartée.
Comme je n'ai pas subi de choc physique avant l'apparition des bleus, il réfute entièrement l'opinion des médecins précédents, affirmant qu'il ne peut s'agir de vaisseaux sanguins éclatés et que le problème se situe plutôt au niveau de l'épaule, où une déchirure quelconque doit s'être produite, provoquant un saignement à la poitrine et dans le bras. Il faudrait, pour éclaircir la chose, un scan que l'orthopédiste et l'urgentologue n'ont pas prescrits.
J'ai vu quatre médecins au cours des dernières semaines: deux en faveur de veine(s) éclatée(s), deux favorisant une déchirure à l'épaule. Tous sont cependant d'accord sur un point: je n'ai pas à m'inquiéter. Pour accélérer la guérison, le cardiologue a autorisé une réduction de moitié de la dose quotidienne d'anticoagulant...
Jour 17 - septembre arrive!
Par un 1er septembre frisquet, me voilà planté sur le trottoir à 7 heures du matin devant la Clinique coopérative de la Basse-Lièvre, une heure et quart avant l'ouverture, dans l'espoir d'obtenir un des rendez-vous disponibles, ce mercredi. Heureusement, je suis deuxième dans une file qui s'allonge de plus en plus à mesure qu'approche le moment de déverrouiller les portes.
8 h 15. Le préposé à l'entrée me remet un numéro et m'indique de passer à la salle d'attente à l'étage. On commencera à appeler les numéros à 8 h 45, et c'est à ce moment qu'on saura l'heure de notre rendez-vous avec le seul médecin disponible. La salle d'attente est bien pleine. Enfin, numéro 59! C'est le mien. Le médecin, le même qui m'a examiné deux semaines plus tôt, me verra à 9 h 30. Inutile de retourner à la maison...
Je lui explique que l'hôpital de Buckingham m'a informé que je devrais attendre au moins deux ou trois mois pour le scan de l'épaule, commandé par lui. On me parle de cotes de priorité que je ne saisis pas très bien. Il m'explique que les médecins suivent certaines lignes directrices pour établir le degré de priorité d'une intervention et que la mienne ne mérite qu'un «C». S'il biffait le C pour écrire B, l'hôpital y verrait une erreur et le ramènerait à C...
Le truc, c'est donc de trouver un endroit où la liste d'attente est la moins longue... À Gatineau? Pas question. Hawkesbury? C'est en Ontario. Finalement, on s'entend que mes meilleurs espoirs d'un scan «rapide» sont à l'hôpital de Maniwaki, en Haute-Gatineau, à plus de 100 km... N'oubliez pas: nous sommes ici dans la quatrième ville du Québec...
Avance rapide à Jour 26 - un jeudi de septembre 2021
J'attends toujours l'appel de l'hôpital de Maniwaki...
La réduction de ma dose d'anticoagulant a eu l'effet escompté. L'hématome se résorbe très lentement, comme la douleur...
Je commence à croire que je ne saurai jamais ce qui a causé ces méga hématomes...
La seule consolation: j'ai appris des tas de choses sur le fonctionnement de notre système de santé.
Qu'un personnel dévoué y travaille dans une camisole de force bureaucratique.
Que les «patients» avec un problème urgent qui ne met pas leur vie en cause doivent être très, très... patients... Que leur problème urgent n'est pas vraiment urgent pour le «système»...
Que Gatineau, 4e ville du Québec, est abandonnée depuis tellement longtemps par Québec qu'on peut y fermer en toute quiétude la plus importante salle d'urgence hospitalière...
Que les gens acceptent sans trop rechigner un système parfois abracadabrant par crainte d'importuner ceux et celles qui auront à les soigner, et de perdre ainsi un accès déjà limité au réseau de santé...
Qu'on a beau suivre toutes les procédures, faire toutes les démarches, expliquer tout ce qu'il est possible d'expliquer, supplier même à l'occasion, certains murs bureaucratiques sont infranchissables.
Je ne saurai peut-être jamais ce qui est arrivé à mon épaule.
Je n'aurai pas mon scan (scintigraphie en français), du moins dans un avenir prévisible.
Et il ne faut surtout pas essayer de savoir pourquoi... Les responsables sont trop occupés pour vous parler...
Alors j'attends...
............
Je me demande si un joueur du Canadien de Montréal, dans la même situation, en pleine saison de hockey, serait obligé de s'inscrire sur une liste d'attente à Sherbrooke, disons, pour un scan qui pourrait avoir lieu quelques mois plus tard...
C'est un système à 17 vitesses, une par région administrative, en commençant par 1 pour Montréal et en descendant vers le moins urgent et le moins important, jusqu'aux bas-fonds, quelque part vers l'orifice anal de la province, que je soupçonne être, dans l'esprit de bien des gens, ma ville natale...
RépondreEffacer