Le PDG d'Air Canada a causé tout un flafla récemment en affirmant ce qu'à peu près tout le monde savait... qu'on peut vivre à Montréal sans jamais connaître le français... Le message était clair: l'anglais est essentiel dans la métropole... le français, un peu moins...
Mais cette érosion du français ne se limite pas aux postes de direction de grands sociétés ayant pignon sur rue au Québec. Elle se manifeste jusque dans les plus petits recoins de ma salle de bain... Un bien grand saut, direz-vous, mais l'autre jour en prenant ma douche je me suis aperçu que la partie française du nom bilingue de mon gel nettoyant avait été rayée...
Auparavant, sur ce produit Dove Men+Care, je pouvais lire Deep Clean et son équivalent français, Propreté intense... Maintenant il ne reste que Deep Clean... Notez la différence sur le photo ci-dessus... Et à l'endos du contenant, la liste d'ingrédients figure aussi uniquement en anglais (à l'exception du mot «eau» entre parenthèses)...
J'ai effectué une recherche sommaire sur Internet sur ce produit bien connu, importé au Canada par la société Unilever de Toronto. Je n'ai absolument rien trouvé, aucun commentaire ou dénonciation de cet abandon du français dans le nom du gel de douche... Faut croire, comme le disait Michael Rousseau, que le français n'est pas vraiment essentiel... qu'on peut amputer des mots ici et là, même dans des marques de commerce, sans que personne ne s'en aperçoive...
Intrigué par cette anglicisation du nom de mon gel nettoyant, j'ai jeté un rapide coup d'oeil aux autres produits de toilette et j'en ai trouvé un second dont un mot français avait été effacé...
Mon désodorisant Right Guard sport qui avait jusque là une face en français avec le mot «Frais» en lettres majuscules, et un côté anglais avec le mot «Fresh»... Le nouveau produit, distribué par la société Henkel de Mississauga (Ontario), a abandonné la façade française et le produit s'appelle maintenant Right Guard Sport auquel on a ajouté le seul mot «Fresh»...
Encore une fois, une recherche Internet n'a rien donné... Et pourtant, ces décisions sans doute anodines pour plusieurs ont dû être prises par des humains quelque part dans la région de Toronto. On a certainement dû en parler à des réunions, quelqu'un en avait fait la recommandation (sûrement pas un francophone, mais sait-on jamais?), des patrons ont dû apposer leur sceau d'approbation sur cette décision d'éliminer le français dans le nom de leur produit... Ce n'est pas le fruit du hasard...
Coudonc, suis-le le seul à me poser ces questions, ou même à remarquer des détails semblables? Suis-je le seul à m'en inquiéter? Défendre le français sur les grandes bannières commerciales avec des Lois 101 ou semblables, c'est essentiel... Mais les petits contenants qu'on utilise tous les jours sont aussi des lieux où notre langue doit assurer sa présence...
Enfin... Regardez autour de vous... Ce ne sont peut-être pas les seuls exemples... La constatation que le français n'est pas essentiel, même à Montréal, se répand déjà ailleurs devant notre indifférence et, surtout, notre inaction...
Comme le disait si bien John George Lambton Durham, allons-y doucement..... un peu à la fois et on va les assimiler !!! Triste misère !!!
RépondreEffacerVotre remarque, M. Allard, est très pertinente. Les deux référendums perdus ont eu l'effet pervers de convaincre les Anglo-Canadiens qu'ils n'ont plus rien à craine des francophones, ceux-ci s'étant écrasés à deux reprises. Quinze ans d'indifférence libérale et trois ans de semi-indifférence caquiste plus tard, il ne faut pas se surprendre des conséquences, grandes (nouvelle g.g. non francophone, etc.) et petites (ce que vous avez remarqué). Nous ne sommes plus que 23 % de la population canadienne et les anglophones croient que nous sommes condamnés à disparaître éventuellement. Les immigrants de Toronto, en nous considérant et nous traitant comme des racistes anti-noirs, anti-musulmans, anti-Anglais, anti-immigrants, ne font que dire tout haut ce que les Anglo-Canadiens pensent tout bas mais sans oser dire en public. Nous avons besoin de plus de pouvoirs politiques, soit complètement (indépendance), soit partiellement (autonomie réelle, par exemple sous le forme république autonome du Québec dans le cadre d'une république canadienne), afin d'assurer la pérennité de notre culture, de notre langue et de notre identité. Il y a trois partis indépendantistes: le PQ (agonisant), le BQ (sur la scène fédérale) et QS. Une éventuelle victoire de ce dernier aboutirait à un retour de la question nationale à l'avant-scène et, possiblement, un troisième référendum.
RépondreEffacerhttps://thehumanarchipelago.blogspot.com/2021/11/retour-de-la-question-nationale-lavant.html
RépondreEffacer