mardi 29 août 2023

Le pneu...

Huit jours en mer - Destination Basse-Côte-Nord - 1er jour


L'auberge-gîte et petit déjeuner La belle époque, à Saint-Jean-Port-Joli

En 2020, la pandémie de COVID-19 avait coulé notre projet initial de croisière sur le bateau ravitailleur Bella Desgagnés. L’initiation à la Basse-Côte-Nord, un coin du Québec inaccessible par voie routière, devrait attendre. Une fois sevrés de deux années de masques et de vaccins, nous avons mis le cap sur 2023!

Jusqu’à l’avant-veille de l'embarquement, prévu le lundi 19 juin au quai de Rimouski, tout allait bien. Billets, bagages, appareil photo, cartes de crédit aiguisées, Gravol en quantité, tout était fin prêt. Plus rien ne pouvait entraver le départ... Mais en cette fin de samedi après-midi, roulant sur la 417 à Ottawa, le voyant lumineux «vérifier pression des pneus» s'est allumé dans la voiture qui devait nous transporter de Gatineau jusqu'à Saint-Jean-Port-Joli le lendemain...

Légère pointe d'inquiétude, parce que cela s'était déjà produit maintes fois auparavant, sans conséquence. Par contre, l'expérience nous a appris au fil des ans que les véritables problèmes de voiture surgissent le plus souvent du vendredi soir au dimanche, quand les garages sont fermés. Arrivé à destination, à 50 km de chez moi, un simple coup d'oeil me dit que le pneu avant gauche s'essouffle. Inquiétude en hausse.

Nos enfants technologiques à la rescousse! Mon gendre puise dans son coffre un manomètre-compresseur d'air-gonfleur de pneus numérique. Vraiment je devrai m'acheter un appareil semblable. Lecture rapide et le verdict tombe dru: 22 livres d'air alors que les trois autres pneus sont à 35. La question évidente: pourquoi? Fuite d'air? Clou dans le pneu? On regonfle, et en revenant à la maison, on appelle CAA-Québec à la rescousse...

Vingt-deux heures 30, dans mon entrée, à Gatineau, trois paires d'yeux (dont ceux du technicien de la CAA) sont rivées sur le pneu qui semble avoir maintenu une pression normale depuis la frousse du début de soirée... Ayant conservé pour notre voyage le précieux manomètre-compresseur-gonfleur, je dors quand même d'un sommeil haché en espérant que le lendemain matin, «LE» pneu n'ait pas l'allure d'une crêpe...

À 8 heures, dimanche, quatre pneus toujours à 35 livres... Ouf! En route vers la banlieue est d'Ottawa où Ginette et moi devons cueillir sa soeur Louise et une amie, Denise. Avec le coffre rempli à craquer de valises et quatre personnes dans le char, «LE» pneu (il est neuf, soit dit en passant) sera mis à dure épreuve sur la vieille 17, la 417 et la 40 jusqu'à la montée Lavigne, à Hudson, ou le manomètre déterminera si mon MacPoulet/frites au McDo finira ou pas en indigestion.

Quatre paires d'yeux sur «Le» pneu, cette fois. Tout paraît tiguidou et le petit écran du manomètre confirme: 35! Le ventre et le réservoir pleins, cap sur Saint-Jean-Port-Joli dans notre vieille Mazda 6 en prenant bien soin d'emprunter l'autoroute 30 et de régler le péage de 3,50 $ pour éviter les voies toujours encombrées de l'île de Montréal. Puis ce sera l'interminable 20 et ses innombrables sorties vers des villages et des villes comme Drummondville et Victoriaville dont je ne doute pas qu'elles existent, mais que je n'ai jamais vues en filant à 110 sur l'autoroute Jean-Lesage.

Passé Lévis et le bref coup d'oeil sur le pont de Québec, nous changeons de pays. Littéralement. Le panneau annonçant Berthier-sur-Mer le confirme. Aux terres, ruisseaux et rivières du Sud québécois succèdent les eaux salées et les marées. La mer commence ici alors que les rives du fleuve s'éloignent et que «les cris maritimes» évoqués par Vigneault remplacent peu à peu les bruits discordants de nos villes.  La lassitude fait place à l'anticipation à 24 heures de découvrir si on a ou pas le pied marin. Du moins ceux d'entre nous (c.-à-d. moi) qui n'ont jamais navigué ailleurs que sur des lacs et rivières...

Assez roulé sur «LE» pneu pour ce dimanche. Une nuit paisible nous attend au gîte et petit déjeuner La belle époque de Saint-Jean-Port-Joli, municipalité issue de l'ancienne Seigneurie de Port-Joly dont les origines remontent à 1677, et dont le dernier seigneur fut Philippe Aubert de Gaspé, auteur du roman Les anciens Canadiens publié en 1863. Une belle église construite autour de 1780 domine l'avenue principale de cette jolie petite ville où nous ont rejoints ce soir une cousine de Ginette et son conjoint, Danielle et René, de Laval, eux aussi en route pour la croisière du Bella Desgagnés. Nous sommes désormais six. Demain nous serons dix.

En ce 18 juin 2023, le dépaysement s'accentue. Les lilas, fanés depuis trois semaines à Gatineau, sont toujours en fleur ici, aux abords du fleuve et du resto Porto Bellissimo (ça signifie sûrement port joli) où l'odeur de la cuisson des mets italiens et pâtisseries (excellents par ailleurs) imprégnera nos vêtements jusqu'à ce qu'on les vaporise au Febreeze le lendemain...

Finalement, tout va bien. Mais il s'en est fallu de «pneu»...

(à suivre)

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