dimanche 17 décembre 2023

Récemment à ma caisse jadis pop...


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Je me suis rendu récemment à ma caisse jadis populaire pour acheter des pesos mexicains. J'en avais besoin assez rapidement mais cela ne m'inquiétait pas trop. L'hiver dernier, me semblait-il, la caisse en avait toujours en réserve, sur place, comme les euros et les dollars US. Or, à ma grande surprise, on m'a informé qu'il faudrait les commander et attendre jusqu'à deux semaines avant de les obtenir...

Avec un départ en moins de deux semaines, je demande à la caissière si je peux placer la commande et l'annuler advenant qu'un jour ou deux avant le départ, on ne m'ait rien livré. Oui, bien sûr, répond-elle, mais on ne vous remettra pas tout l'argent que vous avez déboursé pour réserver vos pesos. Genre tu achètes à 5$, je te le rachète à 4$... Bon, dis-je, pas intéressé, je tenterai ma chance ailleurs...

Mais j'ose la question qui tue: pourquoi Desjardins n'a-t-il plus de pesos en stock? On me répond que c'est la faute du fournisseur de pesos qui, depuis quelques mois, impose un délai pouvant aller jusqu'à deux semaines avant de livrer. Desjardins, avec ses cinq millions de membres et tous ces milliards de $ ne peut-il pas trouver un fournisseur plus efficace? Hé, ce sont des pesos mexicains, pas des forints de Hongrie ou des tenges du Kazakhstan...

De toute évidence, je n'ai pas à importuner une caissière avec ce genre de question... Je me rends au kiosque d'information de ma caisse jadis populaire, et reprends ma démarche. Elle me répète sans hésitation, presque mot pour mot, ce que je viens d'entendre. J'en conclus que d'autres se sont informés avant moi et que la justification officielle à offrir aux clients (oups... aux membres) est la suivante: c'est la faute du fournisseur, et c'est comme ça. Rien à ajouter.

Déformation journalistique sans doute, ce genre de réponse me pousse à m'informer davantage. Je demande à la responsable du kiosque d'information de me diriger vers une personne en situation d'autorité, à l'une ou l'un de ses supérieurs, parce que je trouve sa réponse insatisfaisante et qu'à titre de membre de la coopérative depuis plus de 65 ans, j'ai le droit d'en savoir un peu plus. La préposée est disposée à appeler sa patronne, mais elle m'assure que cette dernière me dira exactement la même chose qu'elle.

Alors, ajoutai-je, donnez-moi les coordonnées d'un responsable à Montréal ou à Lévis, où ce genre de décision (choix de fournisseur de devises étrangères) est sans doute pris. Espérant être cette fois sur une bonne piste, je suis vite déçu. Oui, dit-elle, il y a bien à la Fédération Desjardins un service qui s'occupe de l'achat de devises étrangères mais les membres n'y ont pas accès. Seuls les employés de Desjardins ont le numéro de téléphone de ce service et ils n'ont pas le droit de le divulguer à un membre de la caisse. Ainsi, seuls les employés ont accès au seul service qui pourrait me renseigner...

Mon problème, ici, n'est pas le délai de deux semaines ou la capacité de Desjardins de changer de fournisseur. C'est plutôt l'opacité du monstre bancaire qu'est devenu Desjardins, cette quasi impossibilité de franchir les premières lignes de défense (le labyrinthe blindé de répondeurs si on téléphone, les courriels-billet-de-6/49 ou les caissiers et préposés si on fait un détour par la caisse) pour se rendre aux véritables détenteurs de l'information qu'on cherche. Je suis le premier à reconnaître qu'il est injuste et la plupart du temps inutile de se plaindre à un caissier d'une décision qui a été prise ailleurs par d'autres... Mais à qui doit-on s'adresser si les échelons supérieurs de Desjardins fonctionnent dans des bunkers inaccessibles?

Une dernière observation... Devant moi, dans la salle d'attente, un vieux couple attendait, livret de caisse en main. Ayant déjà mené un combat infructueux pour sauver le livret à la fin du printemps 2023 et éveillé les grands médias à une disparition annoncée que Desjardins avait diffusée très discrètement, je me doutais de ce qui attendait ces membres âgés (enfin, plus âgés que moi) en arrivant au guichet. Je pouvais les voir présenter le livret vert à la caissière, sans pouvoir entendre le dialogue, et le reprendre avec un regard qui me semblait être un mélange de déception et d'interrogation. 

L'homme a dit quelque chose comme: ç'a l'air que nos livrets, ça ne marche plus... Comment on va faire? Et la femme de répondre: ils disent qu'on va avoir des papiers par la poste... Et ils sont repartis bredouille... deux autres petits membres qui ont contribué à bâtir cette immense coopérative et qui se butent aujourd'hui à ses murs bétonnés. 

En terminant, je suis passé de la caisse au centre commercial Les Promenades Gatineau, tout près, où j'ai trouvé un petit bureau de change de devises occupant un espace moins grand que celui du kiosque d'information à ma grande caisse jadis populaire. Là, on a des pesos mexicains tout le temps, tous les jours... Sûrement pas le même fournisseur qu'à Desjardins...


3 commentaires:

  1. Souvenez-vous de Monique Leroux, ex-présidente, qui venait du milieu bancaire !!! Elle a donné un coup de barre au mouvement Desjardins qui est devenu une banque, sans en porter le nom !!!

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  2. Depuis ce temps, j'ai changé pour la BMO, oui je sais que c'est une VRAIE banque, mais au moins je suis traité comme un vrai client !!! Pour les épargnes et les placements (CPG), je fais affaires avec Tangerine en ligne, affilié à la Banque Scotia !!! Il n'y a pas de frais et ils donnent un taux meilleur que les banques quelles qu'elles soient et la Caisse « jadis » Populaire !!!

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  3. Les problèmes que vous soulevez sont fondés, M. Allard. Par contre, la solution consistant à recourir à une entreprise du secteur privé, surtout si elle est basée à Toronto (et appartient à des intérêts anglophones) me semble mal avisée. Certes, il est vrai que le le mouvement Desjardins s'est éloigné de l'idéal coopératif, mais il reste que chaque caisse appartient à ses membres, pas à des actionnaires vivant à Miami, Londres, Thunder Bay ou Chicago. Avec la Caisse de dépôt (une émanation du gouvernement québécois) et la Banque nationale (une entreprise privée), le mouvement Desjardins (un groupe coopératif ayant besoin de se ressourcer) fait partie intégrante de la triade financière que nous avons la chance de contrôler et qui soutient depuis longtemps le développement économique du Québec. Ne tournons pas le dos à ce qui nous aide à sortir de l'asservissement économique.

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