dimanche 7 juillet 2024

Un mois et demi après le vandalisme, toujours pas de plainte officielle...

L'oeuvre de vandales ignorants...

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Le 23 mai 2024, en pleine vue du campement pro-palestinien à l'Université d'Ottawa, des individus se disant défenseurs des droits des Palestiniens et des Autochtones d'ici (voir note * en bas de page) ont aspergé de peinture rouge la statue du bâtisseur le plus connu de l'université, le père oblat Joseph-Henri Tabaret. Cette statue érigée en 1889 est plantée devant la fenêtre du bureau du recteur Jacques Frémont, au 2e étage du pavillon qui porte aussi le nom Tabaret.

Nous voilà rendus au 7 juillet 2024, 45 jours plus tard, et personne n'a levé le petit doigt pour effacer les traces de cet acte de vandalisme. Le recteur Frémont, qui avait déjà fait preuve de pusillanimité lors des attaques contre la professeure Lieutenant-Duval en 2020, a tous les jours devant ses yeux la statue saccagée d'un fondateur de l'université dont il a la charge, et ne fait rien pour réparer cette indignité. Selon les rapports médiatiques, la police d'Ottawa n'enquête pas pour retrouver les auteurs du crime parce que l'Université n'a même pas porté plainte!

J'ai beau être sympathique aux protestations contre le génocide des Palestiniens de Gaza et avoir peu d'estime pour les idées défendues au 19e siècle par le père Tabaret, je ne comprends pas comment on puisse accepter la confiscation du parterre central de l'Université par un groupe d'étudiants (sont-ce tous des étudiants de l'U. d'Ottawa?) en partie voilés pour cacher leur identité, perçus comme intimidants par plusieurs, et tolérant dans leurs rangs certains auteurs du salissage de la statue. Des étudiants qui, d'autre part, présentent tous leurs textes et slogans en anglais seulement dans une institution où le français est censé avoir un statut d'égalité...

Non mais au nom de quel principe ces étudiants masqués, dans leur désir de défendre la juste cause du peuple palestinien (pas du Hamas), peuvent-ils s'arroger le droit d'accaparer une parcelle du territoire de l'UO et d'en exclure le reste de la population universitaire, d'assister en complices à des actes de vandalisme perpétrés contre leur alma mater, et d'exiger des représailles contre les seuls agresseurs israéliens alors que les dirigeants du Hamas se sont ouvertement associés au meurtre et au terrorisme? Au nom de quel principe ces futurs dirigeants de notre petite planète peuvent-ils juger de façon si hautaine et dogmatique un passé sans défense et les complexités du temps présent? L'enfer continue d'être pavé de bonnes intentions.

Le pire dans cette affaire, c'est qu'ils ont l'appui officiel et sans nuance de plus des 225 membres du corps professoral, de libraires et membres du personnel des universités d'Ottawa, Saint-Paul et Carleton (toutes situées dans la capitale fédérale). Ces derniers, en immense majorité anglophones, invoquant leur solidarité avec les dizaines de milliers de victimes des armées de Netanyahu, exercent ainsi des pressions, sans doute efficaces, sur l'administration universitaire et particulièrement sur le faiblot recteur Frémont qui doit suer en affrontant à la fois des étudiants, ds profs, des membres du personnel et les médias. Si le passé est garant de l'avenir (souhaitons que non), il restera terré dans son bureau, le regard figé sur la statue défigurée du père Tabaret.

À certains moments, le message des profs et alliés déborde vers un lyrisme plutôt tragique. À les entendre, on croirait presque qu'«iels» (ouais, iels, c.-à-d. les étudiants) suivent des cours dans leurs tentes et sous leurs pancartes devant la statue vandalisée. «Au campement, écrivent-ils, nous voyons des étudiant.e.s s'initier au changement social et à la protestation, s'intéresser à l'histoire des mouvements sociaux, créer de l'art, débattre de stratégies et mettre en place des structures de gouvernance pour assurer la sécurité et le soin des étudiant.e.s.» Un peu plus et ils feront de l'expérience du campement un cours crédité en vue de leur diplôme universitaire.

Enfin, aux plutôt rares professeurs francophones qui ont signé la lettre d'appui au campement pro-palestinien, j'espère que vous êtes fiers de voir vos noms côtoyer celui du professeur Amir Attaran, dont la francophobie quasi raciste est devenue légendaire... Ce campement, unilingue anglais, projette lui aussi l'image d'une université anglaise. Une image qui semble de plus en plus normale sur ce campus jadis à majorité francophone...

Quelques notes en terminant. Les jeunes campeurs, qui disent militer pour la libération de la Palestine et qui ont aussi qualifié de liberated zone (en anglais bien sûr) leur campement devant les grandes colonnes (vandalisées aussi) du pavillon Tabaret, se moquent de toute évidence de la libération des femmes de Gaza sous la férule du Hamas. Pas un mot, pas une déclaration, pas un communiqué sur le droit des femmes de s'affranchir du voile de l'infériorité, imposé par les obscurantistes islamistes.

À ce sujet, d'ailleurs, il est opportun de noter que Radio-Canada, dans un de ses élans multiculturels les plus inopportuns, a délégué une journaliste voilée pour la rédaction d'un article sur le campement pro-palestinien (voir note ** en bas de page). Il y a fort à parier qu'un journaliste portant kippa et l'étoile de David aurait été affecté ailleurs. Le simple fait que la société d'État accrédite dans ses pratiques d'emploi l'inégalité de la femme et le droit de porter des signes religieux en devoir entache sa crédibilité.

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* - voir https://www.instagram.com/insafuottawa/?hl=fr sur Instagram.

** - voir https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2073130/liste-investissement-campement-propalestinien-uottawa?depuisRecherche=true 


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