lundi 26 août 2024

Les sottises qu'on écrit à notre sujet...

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Les journaux quotidiens québécois qui ont liquidé leurs éditions papier pour miser sur le tout-numérique ont fait preuve d'irresponsabilité. En plus de remettre leur sort entre les mains de médias sociaux qui ont, depuis quelques années, entrepris d'ériger les censures en systèmes, et de larguer un public, souvent plus âgé, acquis à la valeur ajoutée de l'imprimé, ces médias parfois plus que centenaires ont laissé tout l'espace kiosque de leur région à des concurrents d'ailleurs ou pire, comme à Gatineau, à une feuille de chou bilingue-bilingual bimensuelle de piètre qualité, offensante même!

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À mon supermarché IGA de l'est de Gatineau, il n'y a plus de quotidien régional de langue française dans les kiosques à journaux depuis que Le Droit a supprimé son édition papier en semaine, le 24 mars 2020. Une édition magazine hebdomadaire du Droit a survécu jusqu'au 30 décembre 2023. Ne reste aujourd'hui que le Bulletin de Gatineau, excroissance de la famille du Journal du Pontiac, qui n'a de français que le titre.

D'une page à l'autre, on alterne entre textes français et anglais. L'esprit éditorial évoque parfois celui des Anglo-Rhodésiens francophobes du Pontiac qui ont longtemps opprimé leurs voisins francophones et peinent encore aujourd'hui à accepter que la majorité québécoise veuille prendre les mesures qui s'imposent pour protéger la langue française, menacée de toutes parts. 

Vous voulez un exemple? Dans son numéro de mi-juillet, l'éditrice Lily Ryan consacre une page entière à un éditorial rédigé sous forme de lettre à sa «chère fille» (original en anglais, traduction française) alors que cette dernière se trouve en visite en Bosnie. Après avoir évoqué les «nettoyages ethniques» à cet endroit et les «horreurs» infligées aux Palestiniens, elle se demande quelle sera la prochaine «guerre ethnique» suscitée par la «haine des voisins»... et passe immédiatement à la situation des pauvres Anglo-Québécois.... Bien sûr, Bosnie, Palestine, Québec, le même mal sévit partout...

«Ici (en Outaouais, je suppose, ou au Québec en général), écrit l'éditrice, «dans notre quartier, dans ton école, dans ton milieu de travail et au sein du gouvernement, il existe une haine dont je ne t'ai pas protégée.» Rien de moins! Attendez, le pire reste à venir: «Alors que je suis Québécoise depuis un demi-siècle, je comprends pleinement comment la haine du voisin peut se transformer en intolérance systémique - et glisser trop facilement dans le "nettoyage ethnique" que nous voyons dans le monde entier.» !!!

Ohé, ce n'est pas fini. Loin de là. «Certains de tes enseignants ont dit qu'il y avait trop d'anglophones à Aylmer (secteur de Gatineau) et qu'ils ne vivraient jamais ici. Nous avons tous été maltraités par des gens à cause de la langue que nous parlons à la maison.» Un véritable délire! Vous en voulez plus? «Pendant 50 ans, on m'a imposé une honte que j'ai traînée tout en sachant qu'elle ne devrait pas être. J'ai entendu des discours enflammés répandant de véritables mensonges sur les Anglos, prononcés devant des foules ivres (drunken crowds dans le texte anglais).»

Mme Ryan connaît-elle l'histoire de ce coin de l'Outaouais, et du Pontiac en particulier, où les francophones sont ceux qui ont été persécutés jusqu'à la Révolution tranquille, ces mêmes francophones qui s'anglicisent aujourd'hui en grands nombres et où la moitié des anglophones restent à toutes fins utiles unilingues? Son ignorance de l'histoire du Québec éclate encore davantage quand elle aborde la Fête nationale des Patriotes: «Une image associée à la fête locale (sic) du mois de mai représente un vieil homme armé d'un long fusil pour célébrer le patriotisme anti-anglais»... Non mais...

Quelqu'un va-t-il dire à Mme Ryan que la rébellion des Patriotes était un vaste mouvement en faveur de la démocratie, que de nombreux anglophones y ont participé aux côté des Canadiens et qu'un mouvement similaire s'est produit en Ontario (Haut-Canada) au même moment? Et que le vrai drapeau des Patriotes est tout simplement un tricolore vert-blanc-rouge? Enfin, arrivant à sa conclusion, je vous propose la cerise sur le sundae: «Je pensais innocemment que notre propre tolérance à l'égard d'autrui pourrait nous aider à dissiper cette intolérance»... Moi aussi, Mme Ryan, ça fait 50 ans que je suis Québécois, mais avant, j'étais Franco-Ontarien et j'ai vu de très près la soi-disant tolérance des anglophones... 

Dans l'édition de mi-juillet du Journal du Pontiac Journal, le père de Mme Ryan, Fred (éditeur émérite) y va d'un jugement tellement (je n'ose pas de qualificatif) qu'il dépasse l'entendement: «It's the sound of English, I suppose, that drives franco-fanatics berserk, just its sound.» Faut-il vraiment répliquer à des énormités pareilles?

Reste que cette famille de journaux, Journal du Pontiac Journal, Bulletin d'Aylmer et Bulletin de Gatineau, se retrouve dans des kiosques laissés déserts par la disparition du quotidien Le Droit. Et qu'il va se trouver de nombreux francophones, de plus en plus mal informés et n'ayant jamais réussi à se défaire de leur complexe de colonisé, à lire ces sottises et se dire que nous sommes sans doute coupables des péchés dont Mme Ryan et son papa nous accablent...

J'espère que les partisans de la disparition de l'imprimé sont fiers du gâchis qu'ils ont laissé. 



samedi 24 août 2024

Un timbre commémorant Pierre Bourgault?

Pas sûr que Félix aurait aimé ça... Un visage sans nom au-dessus du mot Canada...

Après avoir permis l'embauche de facteurs unilingues anglais au Québec (permission retirée récemment après un tollé...), voilà que Postes Canada-Canada Postcide d'offrir davantage de services en anglais en sol québécois, et ce, particulièrement dans la région montréalaise. Ainsi, 24 bureaux de poste unilingues français de la métropole auront désormais un statut bilingue (1)...

Si le Québec avait son propre service postal, notre majorité francophone aurait sans doute pris des décisions différentes. Mais voilà... La Constitution de 1867 a décrété que seul Ottawa pouvait imprimer des timbres et assurer la livraison du courrier. Bien avant qu'il n'envahisse les champs de compétence provinciaux avec son pouvoir illimité de dépenser, bien avant qu'il piétine nos droits avec ses mesures de guerre, bien avant qu'il fomente le coup d'État constitutionnel en 1982 et nomme les juges chargés de nous l'imposer, le fédéral régnait en maître sur Canada Post.

L'Acte de l'Amérique du Nord britannique (AANB) de 1867 avait fait du français l'une des langues officielles du nouveau dominion, mais l'administration fédérale était essentiellement le reflet de la majorité anglaise du nouveau pays-colonie. Cela nous a valu, entre autres, des timbres unilingues anglais pendant les 60 premières années de la Confédération, le mot «Postes» s'ajoutant à Postage en 1927 lors de l'émission d'une série de timbres spéciaux à l'occasion du soixantenaire du Canada fédéré. Inutile d'ajouter que les visages prédominants sur les timbres-poste du Canada ont été, au fil des siècles, les reines et rois de la Grande-Bretagne... Les patrons de Canada Post n'auraient jamais songé à émettre un timbre commémoratif honorant le général De Gaulle après sa visite au Québec en 1967...

À travers le monde, des dizaines, voire des centaines de millions de personnes sur tous les continents collectionnent ou ont collectionné des timbres. Dans une de ses expositions virtuelles, le musée américain Smithsonian (2) explique que «les timbres fournissent une trace écrite de l'ascension et de la chute des empires, des pays, des dirigeants, des devises et des industries. Ils décrivent l'architecture, les coutumes, les croyances, les symboles, l'environnement et les traditions artistiques d'innombrables peuples.» L'album de timbres en ligne propose plus de 900 timbres-poste provenant de tous les pays du monde qui en ont émis, y compris de très nombreux pays qui n'existent plus.

Le Canada, tel que présenté par sa majorité anglaise, y est. Pas le Québec. Des personnages, des paysages et même des événements historiques québécois s'y trouvent à l'occasion, mais toujours avec la permission de la direction anglophone de Canada Post et comme des émanations du Canada. (3) Un peu comme nos athlètes de calibre mondial qui s'anglicisent dans des équipes pan-canadiennes pour ensuite se voir obligés de porter les couleurs de l'unifolié. On trouvera cependant dans les catalogues mondiaux des timbres de la Colombie-Britannique, de l'Île-du-Prince Édouard, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, émis avant leur entrée dans la fédération. Et surtout une multitude de timbres de Terre-Neuve, qui était un pays jusqu'à 1949. Mais pas du Québec...

Timbre produit entre 1931 et 1937 à Terre-Neuve

Un Québec souverain pourrait ouvrir de nouvelles pages dans toutes les collections philatéliques de la planète, y compris au Smithsonian. Un tout premier timbre portant l'image du fleurdelisé ferait sensation. D'autres émissions, choisies cette fois par une majorité francophone, mettraient en valeur notre histoire, nos paysages, notre patrimoine, nos artistes et leurs oeuvres, et bien plus. Toutes ces choses qui façonnent notre identité nationale et que la majorité anglo-canadienne a eu trop souvent tendance à ignorer, rejeter ou mépriser. On me dira sans doute que le Canada a émis un timbre honorant Félix Leclerc (entre autres), mais il est humiliant d'avoir dû le demander et de s'être vus obligés d'obtenir la permission de dirigeants anglophones pour mettre le visage de notre barde national sur un timbre, au-dessus du mot Canada...

L'effet pédagogique de timbres émis par un Québec souverain serait immense. Imaginez des collectionneurs de l'Inde, de l'Australie, de l'Amérique latin ou de l'Europe recevant un nouveau timbre portant l'image de Pierre Bourgault, de René Lévesque, de Jacques Parizeau ou même Chevalier de Lorimier... Plusieurs effectueront sans délai quelque recherche pour en savoir davantage sur ces personnages et seront initiés à des chapitres de l'histoire du Québec que les dirigeants de Canada Post n'ont aucun intérêt à diffuser, étant trop occupés à autoriser l"embauche de facteurs et livreurs unilingues anglais au Québec ou à angliciser des dizaines de bureaux de poste jusque là unilingues français, le tout sous l'oeil bienveillant d'un Commissaire aux langues officielles plus soucieux du bien-être des Anglo-Québécois que de la protection du français.

À ceux et celles qui trouvent frivole mon incursion dans le fief postal de la fédération, clairement attribué à Ottawa par la Constitution de 1867, je dirais qu'il s'agit d'un exemple parfait de la situation dans laquelle la nation québécoise de langue française se retrouve à chaque fois qu'Ottawa exerce un de ses pouvoirs légitimes ou accapare un nouveau pouvoir de façon beaucoup moins légitime. Nous pouvons proposer, demander, quémander, supplier, argumenter, protester, nous mettre en colère... tout sauf DÉCIDER. La minorité ne décide JAMAIS.

Quoiqu'il en soit, j'aimerais bien un jour (pas trop lointain vu mes 78 ans) pouvoir coller un timbre québécois à l'effigie de Pierre Bourgault sur une lettre adressée au président ou à la présidente de Canada Post... J'en ferais un ego-portrait à publier sur ma page Facebook...

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(1) - https://www.journaldequebec.com/2024/08/19/postes-canada-offrira-davantage-de-services-en-anglais-au-quebec

(2) - https://postalmuseum.si.edu/exhibition/philat%C3%A9lie-internationale

(3) - https://www.journaldemontreal.com/2022/06/03/quelle-place-le-quebec-occupe-t-il-dans-le-choix-des-timbres-de-postes-canada


dimanche 11 août 2024

«Emmenez-moi au bout de la terre...»

L'aéroport des Îles, en arrière-plan l'avion bleu et blanc Saab du transporteur Pascan

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Le souvenir me fait frissonner... Des gens de l'Outaouais, de l'Estrie, des Laurentides, de Portneuf, de la Côte-Nord et d'ailleurs, à table pour le souper dans la salle à manger de l'auberge La Salicorne, aux Îles de la Madeleine, entonnant en choeur avec le chansonnier Philippe Poirier les paroles d'Aznavour: «Emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles»... 

Un regard à l'extérieur sur les milliers d'épilobes en fleur, sur les sapins et épinettes dressés devant le golfe Saint-Laurent aurait suffi pour me convaincre que nous étions arrivés au pays des merveilles et, cinq kilomètres plus loin où la route 199 s'arrête brusquement au port de Grande-Entrée, la mer devant, à gauche et à droite, que nous avions aussi atteint «le bout de la terre»...

Depuis mon premier (et seul) voyage aux Îles de la Madeleine en 2002, cet archipel isolé et ses habitants exercent sur moi une attraction quasi mythique. Je craignais de ne jamais revenir. C'est à la fois la plus acadienne et la plus québécoise des régions de notre merveilleux demi-pays. Venus comme touristes en quête d'inconnu, envoûtés par l'accueil et le paysage, on s'y retrouve entre nous, on redécouvre les nôtres sur ces îles et les dunes qui les ficellent.

En cet après-midi du 25 juillet 2024, à bord du petit avion Saab à hélices du transporteur Pascan, les Îles de la Madeleine se profilent à l'horizon, languette de terre perdue dans ce golfe immense, bien plus exiguë que ma ville, Gatineau, avec 25 fois moins d'habitants.  La piste d'atterrissage, qui débute à quelques mètres de la mer, s'étend sur plus de la moitié de la largeur de l'île de Havre-aux-Maisons (prononcer Hâve-aux Maisons, on expliquera plus tard). Du haut des airs, on pourrait se demander pourquoi un si petit territoire attire tant de visiteurs, la plupart à la découverte, d'autres en pèlerinage.

Une fois au sol, bien sûr, la perspective change. Entassés à cinq avec nos bagages dans un Honda CRV de location, le GPS du cellulaire annonce un parcours de 40 minutes avant d'arriver à notre destination, l'auberge La Salicorne, au village de Grande-Entrée. Après avoir quitté le chemin de l'Aéroport, c'est la 199 à perte de vue roulant sur l'étroite Dune du Nord entre Havre-aux-Maisons et Grosse-Île en passant par Pointe-aux-Loups, dune grugée sans répit par une mer envahissante. Une vingtaine de km de verdure et de sable, où les adeptes du kite surf vont garer leurs véhicules avant de profiter du vent sur la lagune...

La route 199, traversant le village de Pointe-aux-Loups

Aux environs de la mine de sel Windsor toujours active, la route 199, arrivée à sa pointe nord, prend un virage vers l'est près du village anglophone de Grosse-Île (environ 500 habitants) puis plonge au sud sur l'île de la Grande-Entrée vers le village qui porte le même nom, désigné en 1994 capitale québécoise du homard. Après ce périple émaillé de maisons jaunes, rouges, mauves, bleues, une petite église blanche (elles sont toutes blanches) au bord de la mer marque notre arrivée aux bâtiments verts de La Salicorne, presque en face, sur une colline de l'autre côté de la 199.

Clairement nous ne sommes pas ici dans l'achalandage touristique du chef-lieu, Cap-aux-Meules, ou de la Grave à Havre-Aubert. Mais la crainte de se retrouver pour une semaine à un endroit hors des circuits les plus fréquentés, ne connaissant de la qualité de l'établissement que ce que nous avons pu glaner sur Internet,  ne durera qu'un moment. Les premières impressions sont les plus souvent justes et les nôtres nous font croire au gros lot. Avec l'accueil du personnel, le confort des chambres, la vue panoramique, le charmant bistro, la qualité du menu et un attrayant programme d'activités, les sourires seront de mise.

Notez la photo et bio de Frank Boudreau entre les deux lits

Notre chambre, la 28 à l'étage, confirme nos espoirs. Fenêtres au nord et à l'est pour une splendide vue. Deux lits en bois fabriqués par un ébéniste madelinot. Un bain sur pied, salle de bain avec douche, espace de rangement, table et chaises, tout y est! J'oubliais: la chambre 28 s'appelle aussi «Frank à Jean» en l'honneur de Frank Boudreau, un pionnier du coopératisme aux Îles, mort en 1994 à l'âge vénérable de 101 ans. Sa photo trône sur le mur, entre les deux lits, avec une courte biographie rédigée par son petit-fils Marcel Boudreau. Chaque chambre est ainsi baptisée. Celle de ma fille et de mon gendre, de l'autre côté du couloir, s'appelle «Augustin à Samuel»...

Le Resto Madelinot de l'auberge sera notre seconde découverte. Notre forfait inclut le petit déjeuner et le repas table d'hôte quatre services du soir. Après une excellente salade aux épinards et petits fruits suivie de la crème du jour (je ne me souviens pas laquelle), on nous offre le choix entre un sauté de boeuf et brocolis sur vermicelles, un poke bowl avec homard, ou avec tofu. Nous étions cinq à table et les trois plats ont été goûtés. Sans oublier une bonne carte des vins, une variété de bières madeliniennes et des desserts sucrés à souhait. Les avis sont unanimes. Nous ne raterons pas un seul souper ici!

La vue devant l'auberge La Salicorne. On voit l'école et l'église de l'autre côté de la 199.

Un peu d'air frais après le repas sous un jour déclinant (il fait chaud ces temps-ci aux Îles) pour faire le plein de la mer, apercevoir la petite église Sacré-Coeur et son cimetière, des maisons de pêcheurs et le long ruban de la 199, et nous sommes prêts pour la première nuitée d'un séjour qui, de toute évidence, sera bien trop court... 

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Salut Frank Boudreau, notre «Frank à Jean»

dimanche 4 août 2024

Jean-Paul Perreault. Vivement l'Ordre de Gatineau et l'Ordre national du Québec!

Jean-Paul Perreault


Attablé à un restaurant de Gatineau le jeudi 10 novembre 2022, le président d'Impératif français*, Jean-Paul Perreault, a demandé poliment d'être servi en français. L'employée unilingue anglaise est allée chercher le propriétaire qui, devant une trentaine de clients silencieux, a promptement mis M. Perreault à la porte!

J'ai repensé à cet incident, et à l'absence de réaction des clients, tellement typique en Outaouais urbain, quand M. Perreault a annoncé récemment son départ de la présidence d'Impératif français après avoir passé près de 40 ans à défendre la langue française au Québec et à organiser les fêtes de la Saint-Jean dans la région de Gatineau.

La nouvelle a été annoncée à Radio-Canada, sur le site Web de l'ex-quotidien Le Droit, sur les ondes de la radio et dans les médias sociaux. Le silence qui a suivi cette communication était assourdissant. Au-delà de quelques dizaines de commentaires élogieux sur Facebook, les médias régionaux et nationaux n'ont sollicité aucune réaction en Outaouais ou ailleurs au Québec. Et aucune n'a surgi du milieu...

Jean-Paul Perreault a été de tous les combats, est monté sur toutes les barricades quand le français était malmené. Il a trop souvent crié dans le désert, subissant les railleries de chroniqueurs, d'éditorialistes et de politiciens - municipaux, québécois et fédéraux. Comme ces clients qui ont assisté tête baissée à son expulsion du resto en 2022 (et qui ont accepté de commander en anglais!), la faune politique et médiatique de Gatineau a choisi encore une fois de s'aplaventrir...

Au cours des quatre décennies de combats, M. Perreault a reçu la médaille du Richelieu international. Le Conseil supérieur de la langue française lui a décerné l'Ordre des francophones d'Amérique. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal l'a nommé Patriote de l'année. L'Assemblée parlementaire de la francophonie lui a remis le grade de chevalier de l'Ordre de la pléiade. Mais il est curieusement absent des listes de récipiendaires de l'Ordre de Gatineau et de l'Ordre national du Québec...

Son absence à l'Ordre de Gatineau est particulièrement odieuse quand on considère que la Ville a inscrit comme membre honoraire de l'Ordre William Johnson, un adversaire acharné du Québec français et ex-président du lobby anglophone Alliance Québec. On retrouve aussi dans la liste de membres le Dr Gilles Brousseau, celui-là même qui avait affirmé, en 2014 et en 2016, que la francisation de la faculté satellite de médecine de McGill à Gatineau n'était pas une priorité et que les diplômés de l'Outaouais avaient avantage à connaître l'anglais.

De la part d'un conseil municipal qui hésite toujours à lever même le plus petit doigt pour la défense du français sur son territoire, ce n'est guère surprenant. Mais ça demeure scandaleux et s'il leur reste un gramme de dignité, la nomination de Jean-Paul Perreault comme «grand citoyen» de Gatineau doit être inscrite pour la remise de 2025.

Quant à l'Ordre national du Québec, un examen des 1128 récipiendaires québécois nous oblige à s'interroger sur la perception de l'Outaouais par l'État québécois. Avec 4,7% de la population du Québec, l'Outaouais devrait compter au moins une quarantaine de membres (chevaliers, officiers ou grands officiers). Or, on n'en dénombre que quatre!!! Avec quatre fois moins d'habitants, des régions comme la Côte-Nord et la Gaspésie en comptent 7 et 8, respectivement. La Mauricie et le Saguenay-Lac-Saint-Jean, avec 130 000 habitants de moins, en comptent 17 et 15...

Je veux bien croire que notre proximité de l'Ontario et de la capitale fédérale a un effet pervers sur le sentiment d'appartenance au Québec mais tout de même... Quoiqu'il en soit, à ces messieurs dames de l'Ordre québécois je dis que si Jean-Paul Perreault n'est pas invité sous très peu à joindre les rangs de l'Ordre national du Québec (au moins comme officier, sinon grand officier), il y a quelque chose de pourri dans notre royaume. Peu de gens méritent plus que lui d'être reconnus pour «leurs réalisations, leurs valeurs et leurs idéaux».

Ceux et celles en haut lieu qui désirent connaître davantage la carrière exemplaire de Jean-Paul Perreault devraient se donner la peine de lire la biographie publiée en 2019 par Impératif français sous la plume de Paul Morrissette**. Un livre préfacé par Claude Dubois, Raoul Duguay et l'ancien ministre Benoît Pelletier (lui-même officier de l'Ordre national du Québec).

Bravo Jean-Paul! Tu as tout donné. Il est temps de recevoir un peu.

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Lien au site Internet d'Impératif français - https://imperatif-francais.org/?fbclid=IwY2xjawEcbPhleHRuA2FlbQIxMAABHURU4yiy_NpG9RYXA9REbdkNrFfXxyDTDZZ_A2fwRTiGX7pQOFRGS_dmnQ_aem_wSL9VfLCReE2_TWQWaNlrA

Lien au livre de Paul Morrissette - https://imperatif-francais.org/articles-imperatif-francais/articles-2019/vient-de-paraitre-jean-paul-perreault-contre-la-colonisation-des-cerveaux/

samedi 3 août 2024

Revoir la mythique 199 aux Îles...

Cette photo n'est pas de Grande-Entrée mais je l'aime bien. Prise plutôt à l'île d'Entrée...


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Grande-Entrée, Îles-de-La-Madeleine

 

Le 26 juillet 2024... Mon premier matin aux Îles depuis juillet 2002...


Écouter «Le plus beau voyage» de Claude Gauthier, assis au bistro de l’auberge La Salicorne en regardant la mer sans fin devant Grande-Entrée, aux Îles-de-La-Madeleine, ça n’a pas de prix…


Jaser une quinzaine de minutes avec un pêcheur acadien d’une excellente saison de homard qui aurait été encore meilleure si on n’avait pas réduit de 77 cents la livre le prix payé pour leur récolte, ça change du quotidien gatinois…


Avoir pris la veille le petit avion Saab de la compagnie Pascan à l'aérogare de taille humaine à Saint-Hubert, ça change de la cohue, des foules et des files à l’aéroport si mal nommé de Dorval…


Avoir passé quelques heures dans un avion à hélice où l’agente de bord jase et blague avec tous le monde en français et où les rares annonces en anglais sont à peu près incompréhensibles, ça fait un petit velours…


Voir l’avion descendre vers les Îles, minuscules à l’œil, et s’approcher de la mer, la frôler presque, jusqu’à ce que la terre ferme surgisse à la toute dernière seconde, ça donne quelques palpitations…


Rouler sur la mythique 199 à partir de Havre-aux-Maisons, à travers les dunes en direction de Grande-Entrée au bout de l’hameçon nord-est des Îles, la mer à gauche, la mer à droite, ça recharge l’âme…


Découvrir, au-delà des chambres acadiennes, des menus madelinots, du personnel souriant et d'un programme complet d’activités, que l'auberge La Salicorne est un organisme à but non lucratif dévoué à la promotion de son coin des Îles, ça réchauffe le cœur…


Amorcer une semaine à redécouvrir l'archipel que je n’ai pas revu depuis 2002 avec mon épouse Ginette, ma fille Véronique, mon gendre Nicolas et mon petit-fils Cédric, ça recrinque un vieux cœur amoché…


L'expédition commence... Allons-y… Droit devant...


À suivre...


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La chanson qu'il faut entendre en revenant aux Iles de la Madeleine... «J'reviens d'en ville» par le groupe Akadie 2000...

https://youtu.be/1LD2aO6OBW8?si=E6eriAm2GGE884Y_