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Les journaux quotidiens québécois qui ont liquidé leurs éditions papier pour miser sur le tout-numérique ont fait preuve d'irresponsabilité. En plus de remettre leur sort entre les mains de médias sociaux qui ont, depuis quelques années, entrepris d'ériger les censures en systèmes, et de larguer un public, souvent plus âgé, acquis à la valeur ajoutée de l'imprimé, ces médias parfois plus que centenaires ont laissé tout l'espace kiosque de leur région à des concurrents d'ailleurs ou pire, comme à Gatineau, à une feuille de chou bilingue-bilingual bimensuelle de piètre qualité, offensante même!
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À mon supermarché IGA de l'est de Gatineau, il n'y a plus de quotidien régional de langue française dans les kiosques à journaux depuis que Le Droit a supprimé son édition papier en semaine, le 24 mars 2020. Une édition magazine hebdomadaire du Droit a survécu jusqu'au 30 décembre 2023. Ne reste aujourd'hui que le Bulletin de Gatineau, excroissance de la famille du Journal du Pontiac, qui n'a de français que le titre.
D'une page à l'autre, on alterne entre textes français et anglais. L'esprit éditorial évoque parfois celui des Anglo-Rhodésiens francophobes du Pontiac qui ont longtemps opprimé leurs voisins francophones et peinent encore aujourd'hui à accepter que la majorité québécoise veuille prendre les mesures qui s'imposent pour protéger la langue française, menacée de toutes parts.
Vous voulez un exemple? Dans son numéro de mi-juillet, l'éditrice Lily Ryan consacre une page entière à un éditorial rédigé sous forme de lettre à sa «chère fille» (original en anglais, traduction française) alors que cette dernière se trouve en visite en Bosnie. Après avoir évoqué les «nettoyages ethniques» à cet endroit et les «horreurs» infligées aux Palestiniens, elle se demande quelle sera la prochaine «guerre ethnique» suscitée par la «haine des voisins»... et passe immédiatement à la situation des pauvres Anglo-Québécois.... Bien sûr, Bosnie, Palestine, Québec, le même mal sévit partout...
«Ici (en Outaouais, je suppose, ou au Québec en général), écrit l'éditrice, «dans notre quartier, dans ton école, dans ton milieu de travail et au sein du gouvernement, il existe une haine dont je ne t'ai pas protégée.» Rien de moins! Attendez, le pire reste à venir: «Alors que je suis Québécoise depuis un demi-siècle, je comprends pleinement comment la haine du voisin peut se transformer en intolérance systémique - et glisser trop facilement dans le "nettoyage ethnique" que nous voyons dans le monde entier.» !!!
Ohé, ce n'est pas fini. Loin de là. «Certains de tes enseignants ont dit qu'il y avait trop d'anglophones à Aylmer (secteur de Gatineau) et qu'ils ne vivraient jamais ici. Nous avons tous été maltraités par des gens à cause de la langue que nous parlons à la maison.» Un véritable délire! Vous en voulez plus? «Pendant 50 ans, on m'a imposé une honte que j'ai traînée tout en sachant qu'elle ne devrait pas être. J'ai entendu des discours enflammés répandant de véritables mensonges sur les Anglos, prononcés devant des foules ivres (drunken crowds dans le texte anglais).»
Mme Ryan connaît-elle l'histoire de ce coin de l'Outaouais, et du Pontiac en particulier, où les francophones sont ceux qui ont été persécutés jusqu'à la Révolution tranquille, ces mêmes francophones qui s'anglicisent aujourd'hui en grands nombres et où la moitié des anglophones restent à toutes fins utiles unilingues? Son ignorance de l'histoire du Québec éclate encore davantage quand elle aborde la Fête nationale des Patriotes: «Une image associée à la fête locale (sic) du mois de mai représente un vieil homme armé d'un long fusil pour célébrer le patriotisme anti-anglais»... Non mais...
Quelqu'un va-t-il dire à Mme Ryan que la rébellion des Patriotes était un vaste mouvement en faveur de la démocratie, que de nombreux anglophones y ont participé aux côté des Canadiens et qu'un mouvement similaire s'est produit en Ontario (Haut-Canada) au même moment? Et que le vrai drapeau des Patriotes est tout simplement un tricolore vert-blanc-rouge? Enfin, arrivant à sa conclusion, je vous propose la cerise sur le sundae: «Je pensais innocemment que notre propre tolérance à l'égard d'autrui pourrait nous aider à dissiper cette intolérance»... Moi aussi, Mme Ryan, ça fait 50 ans que je suis Québécois, mais avant, j'étais Franco-Ontarien et j'ai vu de très près la soi-disant tolérance des anglophones...
Dans l'édition de mi-juillet du Journal du Pontiac Journal, le père de Mme Ryan, Fred (éditeur émérite) y va d'un jugement tellement (je n'ose pas de qualificatif) qu'il dépasse l'entendement: «It's the sound of English, I suppose, that drives franco-fanatics berserk, just its sound.» Faut-il vraiment répliquer à des énormités pareilles?
Reste que cette famille de journaux, Journal du Pontiac Journal, Bulletin d'Aylmer et Bulletin de Gatineau, se retrouve dans des kiosques laissés déserts par la disparition du quotidien Le Droit. Et qu'il va se trouver de nombreux francophones, de plus en plus mal informés et n'ayant jamais réussi à se défaire de leur complexe de colonisé, à lire ces sottises et se dire que nous sommes sans doute coupables des péchés dont Mme Ryan et son papa nous accablent...
J'espère que les partisans de la disparition de l'imprimé sont fiers du gâchis qu'ils ont laissé.
Les commentaires sont inutiles, à 85 ans je trouve très triste de voir certains de mes compatriotes être à ce point à plat-ventre !!! Des colonisés, rien de moins !!! L'indépendance au plus vite !!! Sinon, nous sommes foutus !!!
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