Le Commissaire fédéral aux langues officielles, Raymond Théberge, vient de rendre public son rapport annuel, qui souligne cette année le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles. Le document est rédigé dans le jargon bureaucratique habituel, garantissant l'impossibilité de comprendre les véritables enjeux pour quiconque ne suit pas de près l'évolution des droits linguistiques au Canada...
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Allons-y d'une série d'exemples tirés des textes du Devoir et du site franco-ontarien ONFR+... Les médias, malheureusement, reproduisent fidèlement d'année en année ce «jargon» au lieu de rendre plus compréhensibles aux lecteurs les observations du Commissaire aux langues officielles...
D'abord Le DevoirI (article de Catherine Lévesque, de la Presse canadienne):
«Le Commissaire aux langues officielles du Canada a enregistré 1361 plaintes recevables pour l'année 2019-2020. Il s'agit d'un bond de 25%». Il aurait fallu demander à M. Théberge quelle proportion de ces plaintes provenaient de francophones du Québec et des autres provinces. 80%? 90%?
«Plus de la moitié des plaintes sont en lien avec les communications avec le public et la prestation de services, alors que près du tiers concernent les exigences linguistiques des postes. Il y a eu 172 plaintes au sujet de la langue de travail.» Je serais curieux de savoir combien d'anglophones se sont plaints de communications ou de services unilingues français, ou encore d'un excès de français au travail... Poser la question c'est y répondre?
«Selon le rapport, il y a eu une "augmentation considérable" du nombre de plaintes en lien avec les langues officielles dans les débats et travaux du Parlement»... Quoi? Trop de français au Parlement, peut-être? Vous avez des doutes? Moi itou... Telle qu'écrite, cette phrase dissimule la réalité anglo-dominante au Parlement...
Le Commissaire a reçu des plaintes dans le cadre des élections fédérales. «Plus de 80% de la part des électeurs portaient sur le manque de services dans la langue officielle de leur choix.» Elle est bien bonne. On laisse ainsi entendre qu'il y existe quelque part des anglophones ayant reçu des services unilingues français... alors que le bon sens dicte que ces plaintes proviennent en quasi-totalité de francophones qui ont eu de la difficulté à voter dans leur langue...
Le paragraphe suivant livre un indice important sur la provenance des plaintes... «La majorité des plaignants (70%) en lien avec les élections fédérales provenaient de l'Ontario»... L'hypothèse d'anglos soumis à l'unilinguisme français vient de s'évaporer...
«Les langues officielles ont aussi été malmenées dans le cadre de la crise sanitaire suis secoue le pays.» «Certaines institutions, écrit le Commissaire, ont eu du mal à offrir leurs services en anglais et en français.» Pourquoi décrire le problème ainsi quand tout le monde sait que seule la langue française est malmenée au Canada? On se moque de nous.
Et maintenant ONFR+ (article de l'excellent Benjamin Vachet):
«Le Commissaire constate que les problèmes demeurent en matière d'application de la Loi sur les langues officielles, rendant souvent les services dans la la langue officielle de son choix.» «Les institutions fédérales ne respectent pas la Loi sur les langues officielles.» Vivement laissez-nous savoir quelle institution fédérale brille par son unilinguisme français et pratique la discrimination contre l'anglais...
«Nous avons reçu beaucoup de plaintes visant l'Agence des services frontaliers du Canada, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, le Système national d'alertes au public.» Pensez-vous vraiment que ces plaintes proviennent d'anglophones de la Saskatchewan ou de Terre-Neuve, incapables de se faire servir en anglais?
«La région de la capitale nationale (Ottawa, pas Québec...) regroupe près de la moitié des plaintes, comme c'est le cas depuis près de dix ans.» Je vis dans cette région depuis 74 ans et je sais, comme tous les francophones, quelle langue domine et laquelle est dominée... L'unilinguisme anglais est encore trop souvent la règle...
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Un souhait... que les journalistes obligent le Commissaire aux langues officielles, d'année en année, à mettre en avant-plan une ventilation linguistique de ses données (qui s'impose) et à reconnaître qu'il (elle) passe le plus gros de son temps - 90%? - à défendre la langue française et que cette soi-disant symétrie des deux langues officielles est de la pure fiction...
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