mardi 21 mars 2017

Défendre et promouvoir le français... un combat noble en Ontario... un combat suspect au Québec...



Ces jours-ci, de nombreux Franco-Ontariens soulignent avec fierté le 20e anniversaire du début du combat pour sauver le seul centre hospitalier de langue française d'Ottawa, l'hôpital Montfort. La lutte de quatre ans a mobilisé toutes les forces vives de l'Ontario français, et valu aux défenseurs de Montfort des appuis de partout au pays, y compris d'une panoplie de personnalités politiques, même souverainistes.

Pourquoi cette quasi-unanimité au sein de la francophonie canadienne et québécoise? Parce que tous, toutes convenaient que défendre et promouvoir la langue et la culture française en Ontario, surtout en situation de menace directe contre l'une de ses grandes institutions, fut-elle hospitalière, constituait une cause juste et importante. Et aujourd'hui, les bannières, les manifestations, des spectacles à grand déploiement viennent rappeler l'intervention salutaire des milliers de «sauveurs» de Montfort.

Depuis quatre ans, des organisations étudiantes ontaroises, le RÉFO (Regroupement étudiant franco-ontarien) et la FESFO (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne), flanquées de l'association parapluie de l'Ontario français (L'Assemblée de la francophonie de l'Ontario), revendiquent la création d'une véritable université de langue française à vocation pan-ontarienne. Ils ont, comme d'autres, constaté que les francophones s'assimilent dans des établissements anglais ou bilingues... et réclament une université «par» et «pour» les francophones.

Quoique leur combat risque d'être autrement plus long que celui de Montfort, il est vu - du moins au regard du principe défendu - comme une cause juste et importante. Ils ont rallié à leur projet une foule d'appuis dans la collectivité, et même une sympathie ouverte du gouvernement ontarien. S'ils jouent bien leurs cartes, peut-être célébrera-t-on l'anniversaire de leur lutte avec défilés et spectacles dans une vingtaine ou une trentaine d'années...

Pardonnez cette longue introduction franco-ontarienne, mais c'est du Québec que je veux parler. J'ai passé les 30 premières années de ma vie en Ontario et c'est là que j'ai appris à militer pour les droits de ma langue et de ma culture, le plus souvent contre des majorités anglophones indifférentes ou hostiles. Quand j'ai traversé la rivière des Outaouais en 1975, je me suis dit que je n'aurais plus à combattre pour ma langue... que j'utiliserais ma langue pour combattre... pour promouvoir les enjeux sociaux et nationaux qui me tenaient à coeur.

Or, voilà que 40 ans plus tard, dans une situation où, pour toutes sortes de raisons, l'élan de la Loi 101 a été freiné, voire arrêté, et où les recensements montrent un recul inquiétant du français partout au pays, même dans certaines régions du Québec comme la région montréalaise et l'Outaouais, les vieux combats linguistiques de ma jeunesse réapparaissent, mais cette fois sur la rive nord de la rivière des Outaouais et dans la métropole du Québec.

On aurait pu espérer qu'ici, au Québec, le combat soit plus facile, fort que nous sommes d'une majorité d'environ 80% et d'un gouvernement qui, en principe, nous appartient et nous ressemble. Mais ce n'est pas le cas. Loin de là. Alors que, cette semaine, tout le gratin franco-ontarien est réuni pour honorer et applaudir les vainqueurs de la bataille de Montfort, les défenseurs de la langue et de la culture française en Outaouais et ailleurs au Québec sont trop souvent vus avec suspicion, et taxés d'intolérance, de xénophobie, ou pire... même au sein de «notre» gouvernement.

Ici, au Québec, le gouvernement Couillard, «notre» gouvernement, veut que tous les jeunes Québécois francophones apprennent l'anglais... Des pans entiers de la Loi 101 restent empoussiérés sur les tablettes ou tombent devant des juges nommés par le premier ministre fédéral... Quant aux institutions universitaires, les partisans franco-ontariens du «par» et «pour» seraient scandalisés d'apprendre que Québec veut imposer à l'Outaouais francophone une faculté de médecine où tous les cours magistraux sont donnés en anglais, dans une université de langue anglaise, McGill.

Ce qui paraîtrait impensable aux jeunes Franco-Ontariens doit être avalé ici avec gratitude, dit un premier ministre qui ajoute qu'on doit se considérer chanceux... c'est McGill. Oui bwâna... Je veux qu'on m'explique pourquoi une demande légitime de cours en français, offerts dans une institution de langue française pour des francophones, constitue ici une demande déraisonnable alors que cela va de soi dans l'univers franco-ontarien...

Le malheur, c'est qu'on a un gouvernement tellement inféodé à l'électorat non-francophone qui assure sa réélection qu'il n'hésite plus à trahir son propre peuple, sa propre culture, sa propre langue. De l'anglais intensif au français langue de travail, des bannières commerciales à la langue d'enseignement universitaire, nous avons été largués en haut lieu.

Le noble combat pour assurer en Amérique du Nord un coin de pays où la langue et la culture françaises peuvent s'épanouir, un combat qui dure depuis des siècles, porte maintenant dans les milieux officiels des teintes d'intolérance. de xénophobie, parfois de racisme, quand ce n'est pas le mot pour faire peur, «séparatisme»... Il n'y a pas pire crime que corrompre ce qui était et ce qui reste noble...

J'ai toujours cru que la défense et la promotion de la langue et de la culture françaises étaient une cause qui pouvait unir tous les parlant français, qu'ils soient Québécois, Acadiens, Canadiens français, qu'ils soient indépendantistes, fédéralistes, nationalistes, sans distinction. À voir ce qui se passe présentement au Québec, il semble que je me sois trompé. Défendre notre langue chez nous est devenu suspect en haut lieu, et même dans plusieurs de nos médias... Misère...



5 commentaires:

  1. Et que dire, pour nous aider de ce côté de l'Atlantique, des déclarations d'un des candidats à la présidence de la France, Emmanuel Macron qui crache sur la langue et la culture française. Un cataclysme dans le monde s'il fallait qu'il soit élu. Je n'ose même pas y penser.

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  2. C’est la SSJB-M, présidée par Guy Bouthillier, qui assuma les frais de location du grand aréna d’Ottawa lors de l’historique assemblée pour l’Hôpital Montfort. La SSJB aussi à fait don d’une somme substantielle et récurrente à la Fondation de l’Hôpital, présidée par Mme Francine Lalonde.

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  3. Dommage que Franco-Amèrique soit paru. Sinon, il y aurait beaucoup de citations à retenir dans ce billet.

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    1. J'ai acheté le volume cette semaine. Lecture passionnante. J'espère le terminer au cours de la semaine prochaine. De l'excellent travail! Félicitations!

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