mercredi 19 juillet 2017

Le prix de l'indépendance... Qu'en est-il du prix de la dépendance?


Y'a des choses qu'on flaire... C'est dans l'air... comme l'humidité avant l'orage... le calme avant la tempête... l'anxiété avant la défaite... la rumeur avant la débandade... l'ambiance du début de la fin...

Quelqu'un, je ne me souviens pas qui, avait répondu à ceux qui s'interrogeaient sur le prix de l'indépendance du Québec, que ce n'était rien comparé au prix à payer pour le déclin et l'éventuelle désintégration de la nation québécoise...

Je me suis dit qu'il y avait du vrai là-dedans, sans trop pouvoir m'imaginer quelle forme prendrait notre agonie comme peuple. Après la révolution des années 60, la prise du pouvoir par le PQ à partir de 1976 et le quasi-succès du référendum de 1995, on voyait encore la lumière au bout du tunnel... On espérait toujours vaincre...

Mais aujourd'hui... Pour reprendre les paroles des Cowboys fringants, «quand j'regarde en avant y'a comme un flou dans le temps»... Cette merveilleuse chanson (La tête haute) est tout indiquée pour cette réflexion, évoquant le sort d'un jeune de 19 ans, au début de sa vie, apprenant qu'il lui reste à peine quelques mois à vivre... que son aventure tire prématurément à sa fin...

En sommes-nous là comme peuple? Probablement pas... Il nous reste suffisamment de forces vives pour faire du Québec un pays, mais l'espoir s'effrite... Les troupes vieillissent... Les guerriers sont fatigués... Notre petit village encerclé résiste de moins en moins à l'anglo-domination... avec les conséquences qu'on est en droit d'appréhender.

La menace de briser le Canada (tout au moins de le modifier radicalement) nous avait valu un gros «love-in» à Montréal... Restez, we love you... Mes les foules ont disparu... ainsi que les fleurdelisés... C'est la bisbille dans le camp (?) souverainiste... Et au sein des forces anti-souverainistes, on est en mode attaque, flairant la bête blessée...

À chaque incident linguistique ou identitaire, un flot de colère haineuse nous engloutit, tant de l'intérieur du Québec qu'en provenance du Rest of Canada. On nous fait passer pour racistes, xénophobes, intolérants... et plusieurs d'entre nous avons commencé à le croire... Le ton monte et le mépris s'accentue... comme l'humidité avant l'orage...

L'esprit de la Loi 101 s'affaisse à vue d'oeil avec le gouvernement Couillard, qui couve les anglos en plus de soutenir des mesures propres à affaiblir le français et l'identité nationale (anglais intensif, bannières commerciales en anglais, langue de travail, francisation fragilisée des immigrants, cours de médecine en anglais pour francophones, etc.)...

Je vis au front, face à la rivière des Outaouais et Ottawa, la capitale de la fédération... Je vois tous les jours l'arrogance d'anglophones exigeant (avec succès) de se faire servir en anglais au Québec, et la timidité, pour ne pas dire la peur, de francophones tentant (souvent sans succès) d'obtenir un respect réciproque à Ottawa... «Un muffin, s'il vous plaît»? «Sorry, I don't (won't) speak French»...

Je vois le centre-ville de Gatineau s'angliciser avec la complicité de promoteurs immobiliers et d'une majorité du conseil municipal... Je vois des affiches commerciales bilingues (parfois anglaises) en violation flagrante de la Loi 101... Je vois les menus bilingues au Tim Horton's de Gatineau, et les menus unilingues anglais des Tim à Orléans, sur l'autre rive de l'Outaouais...

J'entends tous les jours des francophones gatinois parler un français truffé de fautes et d'anglicismes. Et pire... J'attendais mon café l y a quelques jours et quatre vieux (enfin des gens de mon âge) étaient assis près de moi, échangeant en anglais. L'un d'eux s'est levé et est revenu avec des reproches: il ne savait pas quelle poubelle utiliser parce qu'il n'y avait qu'une affiche en français (déchets)... Quand le type est allé aux toilettes, les trois autres ont repris la conversation... en français... J'ai eu honte!

À Ottawa, les factures d'eau et d'égout étaient bilingues... On vient d'apprendre qu'elles seront désormais unilingues anglaises ou unilingues françaises... Bien sûr, c'est la version anglaise qui sera expédiée par défaut. Il faudra spécifiquement demander une facture française pour l'obtenir... Pendant ce temps, la campagne pour donner un statut d'égalité officielle au français à Ottawa s'embourbe dans l'indifférence générale...

D'ici quelques jours, les données linguistiques du recensement 2106 seront rendues publiques... Si la tendance cinquantenaire se maintient, la proportion de francophones continuera de décliner et tombera bientôt sous la barre des 20%... Au Québec même, le français s'effrite et le bilinguisme (étape vers l'anglicisation) fait des bonds...

Quand il sera devenu évident que nous ne représentons plus une menace pour l'unité du pays, que notre volonté de vivre en français est suffisamment affaiblie, que notre capacité de résistance est assez dégradée, la répression s'abattra avec férocité. On achèvera sans hésitation ce petit peuple qui a donné tant de fil à retordre à la minorité/majorité anglo-canadienne depuis des centaines d'années. C'est dans l'air... comme le calme avant la tempête...

Évidemment, je me trompe peut-être, vivant sur les rives de l'Outaouais et ayant grandi comme Franco-Ontarien à Ottawa... Mais à moins d'une nouvelle prise de conscience et d'un ultime sursaut de combativité, ce que je souhaite ardemment, on ferait mieux de construire des tranchées en attendant l'offensive qui viendra... bientôt...

On connaîtra alors le véritable prix de la «dépendance»...



3 commentaires:

  1. Si le PQ veut accéder au pouvoir en 2018, il doit avoir le courage d’offrir à la majorité francophone des réparations historiques pour casser l’effet anglicisant durable du financement injuste dans les domaines de l’éducation et de la santé. S’il ne le fait pas, il ne convaincra pas les Québécois qu’il veut réaliser l’indépendance en 2022.

    Marc Labelle
    Citoyen de Gatineau
    Également ex-Canadien français d’Ottawa

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    1. Encore une réalité. Espérons que les gens se réveillent et votent très majoritairement pour un Québec LIBRE, sinon c'est la fin, la disparition.

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  2. Nous rendrons en 2018 pour le grand rendez-vous!

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