jeudi 20 février 2020

Langue française... Pour une résistance informée...

image Francopresse

Jamais la langue et la culture françaises n'auront-elles été menacées à ce point en Amérique du Nord... Même dans le château-fort québécois, le parler transmis par les ancêtres de France s'effrite devant la poussée de l'anglo-américain... Les interventions de l'État, de la Loi 101 aux programmes de francisation des immigrants, n'ont pas enrayé la tendance... Et les cris d'alarme des uns semblent avoir peu d'effet sur l'indifférence des autres, beaucoup plus nombreux...

La solution, si solution il y a, nous échappe pour le moment... Peut-être posons-nous mal la question. Au lieu de s'interroger sur les moyens à prendre pour assurer la pérennité d'un Québec français et des avant-postes acadiens et canadiens-français ailleurs au pays, pourquoi ne pas réfléchir aux facteurs qui déterminent l'acquisition, l'utilisation et la transmission d'une langue?

Je n'ai pas d'expertise particulière en la matière, autre que d'avoir vécu mes 73 ans dans un milieu - Ottawa d'abord, puis Gatineau - où les collectivités francophones et anglophones sont en contact quotidien, et où un interminable combat d'usure continue de miner la vitalité de la langue française.

Mon expérience dans la région «bilingue» de la capitale fédérale, ontarienne et québécoise, m'a permis de déceler quatre motifs principaux d'apprentissage et de conservation du français:

1. Pour s'intégrer et communiquer avec le milieu environnant. Si la famille parle français, si le quartier est francophone, si on fréquente une école française, la langue normale, commune, sera le français. J'ai grandi dans un quartier franco-ontarien à Ottawa. Il n'y en a plus aujourd'hui...

2. Parce qu'on en a constamment besoin, dans les commerces, dans les établissements publics, à l'ouvrage, dans la société. Un motif presque inexistant dans la ville d'Ottawa, davantage présent dans certains quartiers de Gatineau, sur la rive québécoise.

3. Parce qu'on est obligé. Des enfants inscrits à l'immersion française par leurs parents, une affectation ponctuelle dans un milieu où le français est essentiel, une exigence pour une promotion dans la fonction publique fédérale (phénomène répandu à Ottawa), allophones québécois obligés de fréquenter l'école primaire et secondaire française, etc.

4. Parce qu'on veut. Des milliers de personnes apprennent le français par choix, pour élargir leurs horizons culturels.

À ces motifs correspondent aussi leurs contraires... pourquoi on n'apprendra pas le français, pourquoi on le perdra graduellement ou pourquoi on ne le transmettra pas à la génération suivante:

1. Parce qu'on a surtout besoin de l'anglais, imposé dans les commerces, dans les établissements publics, à l'ouvrage, dans la société. L'unilinguisme anglais est omniprésent à Ottawa, occasionnel à Gatineau. L'anglais comme langue de travail s'impose même, souvent, à Gatineau.

2. Parce qu'on n'a pas besoin du français, la communication pouvant se faire en anglais (même si elle est disponible en français) dans les commerces, dans les établissements publics, à l'ouvrage, dans la société. P. ex. le phénomène des «For an English message, press nine»...

3. Pour s'intégrer au milieu environnant, dans une famille exogame, dans un quartier anglophone, dans un milieu scolaire anglo-dominant. Deux tiers des jeunes Franco-Ontariens vivront avec un(e) conjoint(e) anglophone. Tous les quartier urbains francophones ont disparu. Et 13 000 francophones sont inscrits à l'Université d'Ottawa, bilingue mais où plus de deux tiers du campus est anglophone...

4. Parce qu'on choisit, ou qu'on préfère consommer en priorité des produits culturels anglo-américains (médias, cinémas, journaux, livres, etc.). L'étude de Statistique Canada de 2010 sur les Franco-Ontariens est probante à ce sujet. J'ai la conviction qu'une étude similaire à Gatineau (à dans la région montréalaise) révélerait des données inquiétantes.

Voilà. Vous avez maintenant une grille qui vous permet d'évaluer la vitalité de la langue et la culture française dans votre localité. Que vous soyez à Sudbury, St-Boniface, Moncton, Montréal ou Saguenay, vous serez en mesure de poser un diagnostic assez précis... et capables de distinguer entre la réalité et la propagande des «lunettes roses» et des «lunettes sombres»...

En cas de doute, consultez les données des recensements fédéraux... Comparez les chiffres de la langue maternelle à ceux de la langue d'usage (la langue la plus souvent parlée à la maison)... Les résultats seront éclairants...

Quand j'utilise ma propre grille de motifs pour analyser Gatineau et Ottawa, j'arrive vite à la conclusion que la langue et la culture françaises subissent un assaut quotidien qu'elles ne réussissent pas à contrer. À Ottawa, c'est catastrophique. À Gatineau, où la Loi 101 est constamment violée, ce le sera bientôt...

Comme le chantait Zachary Richard aux Acadiens: «Réveille! Réveille!»
https://www.youtube.com/watch?v=3_AescSs6GA






Aucun commentaire:

Publier un commentaire