vendredi 29 mai 2020

Qui paiera, après la pandémie?

photo du Journal de Montréal

Justin Trudeau a récemment proposé d'accorder à tous / toutes un minimum de 10 jours annuels de congé de maladie rémunérés. Passons sur le fait qu'il empiète (de nouveau) sur une compétence provinciale, et oublions un moment que son projet (ou est-ce celui du NPD...) va sans doute dans le sens d'une plus grande justice sociale. La question épineuse, et on n'a pas tardé à la poser, est la suivante: qui va payer pour ça?

En temps de crise - et la pandémie actuelle en est tout une - on mobilise sans trop compter. Avec raison. Mais les gouvernements manquent de transparence en matière de finances. Ottawa envisage désormais un déficit de 260 milliards de dollars cette année. L'Ontario plus de 40 milliards. Le Québec se dirige vers un trou de 15 milliards. Et des municipalités aux coffres dégarnis crient à l'aide, espérant elles aussi un afflux de fonds provinciaux (et fédéraux). Ce qu'on ne dit pas, c'est que peu importe qui dépense, l'argent provient d'une seule source: les citoyens.

Les déficits de nos gouvernements, ce sont des dettes qu'il faudra tôt ou tard rembourser. Et où l'État prendra-t-il ces centaines de milliards de dollars? Poser la question c'est y répondre. Qu'il s'agisse d'impôts ou de taxes de tous genres, seuls les citoyens passent à la caisse. Et les impôts des entreprises, direz-vous? Où les Wal-Mart, General Motors, Canadian Tire, et autres détaillants prennent-ils leurs revenus? Dans quelles poches puisent les compagnies d'assurances et les banques? Toujours les mêmes, en bout de ligne...

Je n'ai aucune compétence en économie, mais je sais que l'argent ne pousse pas dans les arbres dans nos sociétés de consommation. Des hommes et des femmes travaillent pendant toute leur vie pour créer des produits ou offrir des services en retour d'une rémunération avec laquelle ils doivent payer leur logement, leurs aliments, leurs sorties et bien plus, y compris la dette publique, sans oublier d'économiser des sous en vue de leur retraite. Même ceux ou celles qui ont la chance de gagner un gros lot de Lotto Max doivent savoir que leur cagnotte a été amassée grâce à l'achat de millions de billets par des gens comme eux...

Quand la pandémie sera terminée, si jamais elle prend fin, chaque citoyen du Québec et du Canada, homme, femme et enfants, se sera endetté de dizaines de milliers de dollars en additionnant les déficits accumulés par les gouvernements dont ils sont l'ultime source de revenus. Pensez-vous vraiment que les banques, les assureurs, les grands empires financiers vont puiser dans leurs privilèges pour aider le monde ordinaire? Ils vont être en tête de file pour quêter des fonds publics qui sortiront de nos poches, et s'ils ne les ont pas, ils trouveront le moyen de nous les soutirer...

Comme la plupart de mes concitoyens, je n'ai aucune hésitation à autoriser les dépenses nécessaires pour combattre la pandémie, et assumer les conséquences financières. Mais j'exige qu'on me dise clairement la grosseur du trou économique qu'on creuse et ce que ça risque de me coûter. Et je ne veux surtout pas, à la fin, voir l'ensemble des citoyens régler la note pendant de gros capitalistes sans coeur partent avec des bonis de millions et de milliards qu'on nous aura volés.

À moins qu'on m'assure qu'un jour, les États puissent effacer leurs dettes avec une baguette magique, je sais que les prix, les impôts et les taxes vont augmenter de façon substantielle, et que je devrai ajuster mes modestes revenus de retraite en conséquence. Mais personne n'en parle... Arrêtons de présenter nos gouvernements comme des structures extérieures, déconnectées... Quand Ottawa, Québec ou Gatineau dépensent, je dépense. Mon épouse dépense. Mes enfants et leurs enfants dépensent. Nous dépensons tous, toutes.

Comme je ne suis pas économiste ou fiscaliste, peut-être suis-je dans le champ gauche... Chers collègues des médias, éclairez-moi...


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