mercredi 11 novembre 2020

Élections américaines... Un abus de pouvoir des médias?


La une du New York Times du samedi 7 novembre 2020...

Je visionnais en début de semaine le quotidien parisien Libération et tout à coup ça m'a frappé en lisant la manchette, portant évidemment sur l'élection américains. On pouvait y lire: «Joe Biden a été élu samedi président des États-Unis.» En quoi cette affirmation, qui ressemble sans doute à celle de milliers de quotidiens autour du monde, doit-elle surprendre? C'est qu'elle est fausse.

Rassurez-vous, je ne regrette pas le congédiement de Donald Trump, qui mérite de passer le reste de ses jours derrière les barreaux. Non, mais pensez-y. Revenons au scrutin. D'abord, Joe Biden n'a pas été élu le samedi 7 novembre, mais bien le mardi 3 novembre 2020 par les électeurs américains. Un scrutin fort contesté, qui a donné des sueurs froides à tout humain avec une conscience et dont les résultats n'ont pas été entièrement compilés une semaine plus tard.

Alors d'où vient au juste ce verdict capital, annoncé en fin d'avant-midi, samedi, celui qui a déclenché des annonces médiatiques partout sur la planète, valu à M. Biden des messages de félicitations de chefs d'État sur tous les continents et suscité un branle-bas de combat au sein des Services secrets, qui accordent désormais à Joe Biden la protection conforme à son statut de «président élu»?

Cette décision électorale ne vient pas d'une quelconque agence fédérale des élections présidentielles. Ça n'existe pas aux États-Unis où les scrutins fédéraux sont organisés par les États, ces derniers étant aussi responsables de la compilation des votes. Or le décompte était loin d'être terminé, samedi, et même si l'on sait fort bien que Donald Trump sera évincé de la Maison Blanche, les écarts restent minces dans certains États. Les annonces officielles des commissions électorales étatiques restent à venir.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont les grands réseaux de télévision, CNN en tête, et les agences de presse qui ont rendu officielle la victoire du candidat démocrate, après avoir calculé que l'avance de M. Biden dans la Pennsylvanie (20 grands électeurs) était devenue insurmontable et qu'avec cet État en poche, l'ancien vice-président de Barack Obama avait dépassé le cap magique des 270 grands électeurs. 

Comment expliquer que l'annonce de la défaite de M. Trump puisse être faite par des experts groupés dans les entrailles de CNN, CBS, MSNBC ou Associated Press, et non par les autorités publiques responsables du vote? Les médias n'ont aucun statut juridique qui leur permette d'intervenir avec tant d'autorité dans le processus décisionnel et pourtant, l'annonce de la victoire de Jos Biden sur les grands réseaux a été acceptée comme parole d'Évangile...

Je veux bien que le New York Times, le Washington Post et les bonzes des réseaux de télé aient parfaitement le droit de faire des projections, mais ce ne sont que des projections. Sauf aux États-Unis, semble-t-il. Il a suffi hier que CNN et autres réseaux écrivent «Biden Wins» pour déclencher les célébrations officielles, mobiliser les corps diplomatiques, autoriser les changements d'appellation à «président élu», et précipiter les premiers breffages de transition ainsi que l'arrivée en force des Services secrets...

Dans un de ses très rares gazouillis un peu sensés, Donald Trump s'est demandé, le 8 novembre, depuis quand les grands médias avaient le droit de déterminer les gagnants d'une élection... Le président sortant a mis le doigt sur un bobo réel. Les résultats «officiels» dans chaque État peuvent être annoncés aussi tardivement que le 11 décembre et pourtant, on s'attend que le processus de transition commence le plus rapidement possible, dans les jours suivant le scrutin. Alors les médias se chargent de colmater la brèche...

Entre le 3 novembre et décembre, sur quelle autorité Joe Biden peut-il s'appuyer pour réclamer la mise en oeuvre légale de la procédure de transition? Bonjour M. Trump, je suis le président élu parce que CNN l'a décrété? Le désaxé de la Maison Blanche lui claquera la porte au nez, sachant que le verdict des grands réseaux de télévision et des agences de presse n'a aucune valeur juridique. Après le 11 décembre, il devra se plier aux résultats, devenus officiels.

Je sais que changer les lois aux États-Unis ressemble souvent à une mission impossible, mais ne serait-il pas temps que l'administration fédérale organise elle-même les scrutins fédéraux, qu'on abolisse le vétuste collège électoral et que la présidence de la république soit accordée à celui ou celle des candidats qui obtient le plus de votes à la grandeur du pays? Avec un tel système, Donald Trump aurait déjà fait ses valises.





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