mardi 24 novembre 2020

Le dernier esclandre du recteur...

Le recteur de l'Université d'Ottawa, Jacques Frémont, vient de prouver une fois de plus qu'il ne mérite pas de diriger une grande institution universitaire. Sa déclaration du 23 novembre annonçant la création d'un «Comité d'action antiracisme et inclusion» en témoigne. Les motifs invoqués pour la création d'un tel comité, ainsi que ses analyses et conclusions, en témoignent. 

Les événements ayant mené à cette plus récente intervention du recteur découlent clairement de l'emploi en classe, à des fins pédagogiques, de l'injure raciale «nigger» (oui, c'était le mot anglais, et non le mot «nègre» comme persistent à le croire nombre de journalistes de langue française). Le recteur Frémont y voit là l'«incident» déclencheur du brouhaha des semaines suivantes.

Voilà sa première fausseté! Elle est énorme puis qu'elle ébranle les fondements mêmes de son argumentaire. La professeure Lieutenant-Duval n'avait fait que son boulot. Les hostilités ont été déclenchées par le ou les étudiants qui se sont dits agressés par l'emploi du «n-word» (ce qu'on dit en anglais américain). L'incident premier, il est là, pas dans l'enseignement de la professeure.

Le second volet de l'«incident», c'est la suspension sans procès de la professeure. Un geste sauvage accréditant les «sensibilités» étudiantes et condamnant du même coup la liberté d'expression si essentielle à toute université. Cette décision a servi de tremplin aux actions intempestives et irréfléchies des étudiants, déchaînés dans les médias sociaux où une pétition réclamant des sanctions robustes contre Mme Lieutenant-Duval a vite rallié plus de 10 000 signatures.

Le conflit, pour les tenants des nouvelles rectitudes politiques, largement anglophones, portait sur le racisme (alors qu'il n'y avait eu aucun incident raciste!). Les intervenants francophones, dont un groupe de professeurs et un contingent d'intellectuels et personnalités médiatiques, mettaient l'accent - avec raison - sur le caractère fondamental de la liberté d'expression universitaire.

Pendant ce temps le recteur, non content semble-t-il d'avoir donné son aval à la suspension de Mme Lieutenant-Duval et, par le fait même, son approbation aux grenouillages étudiants, a jeté de l'huile sur le feu en réduisant au silence toute personne de race blanche qui aurait voulu mettre son grain de sel (ou de poivre) dans le débat... Seules les personnes noires ou «racisées», lança-t-il, avaient «la légitimité pour décider ce qui constitue une micro-agression»...

Et nous voilà aujourd'hui rendus à la création d'un «Comité d'action antiracisme et inclusion». Personne ne peut s'objecter à cela. Toute personne sensible combattra le racisme et l'exclusion. Le problème, c'est la raison pour laquelle le recteur en arrive à la nécessité de mettre sur pied ce comité aux airs de Robespierre.  La décision est fondée sur «l'incident» Lieutenant-Duval et ses séquelles. Mais c'est affreux!

En agissant ainsi, le recteur vient de condamner la professeure à la guillotine d'une coterie triée sur le volet pour arriver aux mêmes conclusions que les accusateurs de Mme Lieutenant-Duval.

S'il avait eu un seul gramme de bon sens, il aurait reconnu que l'enseignante avait tout simplement enseigné, que la critique fait partie des études supérieures, et que les débats doivent être vus comme étant dans la normalité des choses à l'université. Un recteur avec une colonne vertébrale aurait expliqué cela aux étudiants crinqués et dressé les barricades pour protéger l'enseignement des excès de la rectitude politique.

Mais non. M. Frémont accrédite la thèse voulant que l'emploi d'une vieille injure raciale à des fins purement pédagogiques constitue un «incident» (???) et justifie la création d'un comité «d'action» sur le racisme et l'inclusion à l'Université d'Ottawa. Existe-t-il du racisme à mon ancienne alma mater? Sans doute. A-t-on besoin d'un tel comité? Peut-être bien. Mais fonder sa création sur un «incident» qui n'a rien, mais absolument rien de raciste dépasse l'entendement.

À cette aberration s'ajoutent des erreurs et des dissimulations dans la déclaration du 23 novembre du recteur Frémont. Il évoque l'emploi du «mot en n» dans le texte français, alors que la prof enseignait en anglais. Elle n'a pas dit «nègre»... Il attaque «des membres de notre communauté (ayant) tiré des conclusions basées sur des informations (sic) incomplètes», mais ne les nomme pas. Fait-il allusion aux 34 profs qui se sont portés à la défense de Mme Lieutenant-Duval?

Il dit avoir demandé à certaines personnes et certains petits groupes de «tenter de restaurer le civisme dans leurs interactions avec autrui». Encore une fois, qui vise-t-il? Les défenseurs de la professeure et de la liberté d'expression ont fait preuve de bien plus de civisme que les intégristes de la rectitude politique, mais les canons du recteur semblent résolument tournés vers les véritables victimes dans cette affaire - la professeure Lieutenant-Duval et ses défenseurs...

Si j'étais l'un de ces derniers, je m'inquiéterais. Le nouveau comité a pour mandat d'«éliminer les obstacles aux efforts de l'Université à l'égard de la diversité et de l'inclusion». Mme Lieutenant-Duval, les 34 profs qui l'appuient et toute personne dans le camp de la liberté d'expression font peut-être partie des «obstacles» à «éliminer»...

Préparez-vous. La guillotine va sortir sur la place publique.

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voir texte intégral du communiqué du recteur dans la section médias du site Web de l'Université d'Ottawa

2 commentaires:

  1. Le premier cas de vrai racisme sur lequel ledit comité devrait se pencher est celui des étudiants ayant traité de f* f* les professeurs qui ont appuyé la liberté d’expression de leur collègue. Quelles seront les mesures punitives adoptées par le comité contre ces étudiants racistes ?

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  2. Pour avoir été dans son cours... j'avoue que vous êtes loin d'avoir tort. Mme Lieutenant-Duval n'a fait que preuve d'un irréprochable professionnalisme. Et pour avoir autant étudié qu'enseigné dans cette institution, je ne suis pas qu'estomaqué, mais encore traumatisé par la haine véhiculée durant cette «anecdote», à un tel point que j'ai choisi de quitter le cours. Heureusement que je ne suis pas dans un programme, ayant voulu suivre ce cours à titre personnel. Mais pour les étudiants, je leur souhaite autant une bonne continuation qu'une valeur juste de leur diplôme, c'est à dire à la hauteur leurs efforts et non à celle de la valeur de l'institution dont l'administration se comporte avec lâcheté.

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