Les porte-parole d'organismes de la francophonie hors-Québec ont raison de se plaindre du «Montréal-centrisme» de la télévision de Radio-Canada, et de demander qu'on passe au peigne fin les politiques et les pratiques de la société d'État. Au regard de sa mission de protéger et promouvoir la qualité de la langue française, et aussi d'être - dans la mesure du possible - un reflet de son auditoire, tant à Montréal que dans les autres régions du Québec et ailleurs au pays, Radio-Canada peut faire mieux.
Cependant, par leurs blâmes au diffuseur public et les demandes d'une meilleure représentation des minorités acadiennes et canadiennes-françaises sur les ondes de Radio-Canada, des organismes comme la FCFA (Fédération des communautés francophones et acadienne) et l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO) invitent aussi les directions radio-canadiennes et le CRTC à examiner de plus près le véritable auditoire de langue française à l'extérieur du Québec.
Si Radio-Canada doit mieux représenter les Franco-Canadiens en situation minoritaire, il lui faudra aussi mieux les connaître. Et cela pourrait fort bien, à court terme tout au moins, avoir un effet contraire à celui souhaité par la FCFA, l'AFO et autres regroupements de la francophonie minoritaire canadienne. En effet, si on se donne la peine d'examiner à la loupe le comportement linguistique des minorités francophones, on découvrira vite qu'une majorité des francophones hors-Québec regardent la télé «uniquement ou surtout» en anglais. Que Radio-Canada améliore son offre ne changera pas grand-chose. Ils continueront de consommer les bulletins de nouvelles et les émissions de CTV, CBC, Global et des chaînes américaines.
Statistique Canada a réalisé aux environs de 2010 une série de portraits des minorités de langue officielle au Canada - les francophones dans les provinces à majorité anglaise et les Anglo-Québécois (soi-disant symétrie oblige...). Les résultats sont ahurissants et on peut comprendre qu'on en parle peu dans les milieux franco-canadiens, qui ont toujours eu une certaine difficulté à composer avec la vraie réalité. Et à Ottawa, les ténors des langues officielles tairont aussi ces données de Statistique Canada, qui tendent à saper les fondements du bilinguisme fédéral.
Les Franco-Ontariens forment, on le sait, la plus importante minorité franco-canadienne. Combien sont-ils? C'est là que ça se corse. La FCFA et l'AFO gonflent les chiffres à leur avantage. Mais pour les fins de la discussion, prenons les données officielles de Statistique Canada pour le recensement de 2016. En vertu du critère de la langue maternelle, ils sont environ 500 000. Mais seuls un peu plus de 300 000 parlent surtout le français à la maison. Ce ne serait pas déformer la réalité de croire que Radio-Canada puise la quasi-totalité de son auditoire franco-ontarien dans ce bassin de 300 et quelque milles personnes.
Mais revenons à l'étude de 2010 de Statistique Canada, qui a préparé pour chacune des minorités un tableau détaillé de «la langue de consommation» des médias. On y apprend qu'en Ontario, quelque 63% des francophones regardent la télévision (toutes chaînes confondues) «uniquement ou surtout»... en anglais! À peine 13% d'entre eux «consomment» la télé uniquement ou surtout en français. Les 20 et quelque % qui restent alternent entre les émissions françaises et anglaises. Comment Radio-Canada fera-t-elle pour mieux représenter un public qui, dans une proportion des deux tiers, lui échappe?
Dans la très francophone péninsule acadienne, Statistique Canada a découvert que 45% des francophones regardent la télé «uniquement ou surtout» en français. C'est de loin le meilleur résultat hors-Québec. Mais ailleurs au Nouveau-Brunswick, même dans la région du sud-est, plus de 60% des Acadiens se tournent «uniquement ou surtout» vers les ondes anglaises de la télé. Si on examine les résultats ailleurs qu'en Ontario et au Nouveau-Brunswick, c'est bien pire. En Alberta, au Manitoba, en Nouvelle-Écosse, et ailleurs, entre 75% et 85% des Franco-Canadiens regardent la télé «uniquement ou surtout en anglais».
En passant, Statistique Canada révèle que les Anglo-Québécois se branchent sur les chaînes anglaises de télévision dans une proportion de 82%... À peine 3% d'entre eux «consomment» uniquement ou surtout la télé de langue française... Voilà!
J'espère que les organisations de la francophonie hors-Québec continuent de presser Radio-Canada de diversifier son contenu. Cet exercice forcera peut-être aussi la société d'État, le gouvernement canadien (le gouvernement québécois?) et les représentants des minorités franco-canadiennes à poser enfin un diagnostic réaliste sur l'auditoire visé, et de reconnaitre enfin que l'ennemi à abattre n'est pas la bureaucratie radio-canadienne de Montréal mais l'assimilation qui pousse à l'agonie de nombreuses collectivités francophones hors-Québec, qui menace de plus en plus les bastions franco-ontariens et acadiens restants, et même des régions du Québec (Montréal, l'Outaouais).
À partir de là, tout sera sur la table...
• Les résultats de Trudeau! Les données sont sans équivoque : le train de l'assimilation a quitté la gare et même des provinces avec une solide base francophone comme l'Ontario et le Nouveau-Brunswick sont sur la voie de l'ethnocide de leur minorité de langue française. L'assimilation des francophones est en constante augmentation au Canada.
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J'espère que Radio-Canada puisse faire un autre talk-show ou son émission Tout le monde en parle puisse invité une célébrité hors Québec. Exemple, je suis très à l'aise d'être invité à Radio-Canada à propos de mes romans pour enfants très populaire et un très grand succès au Canada. Aussi d'où je viens, mon engagement en politique et mon spectre de l'autisme. On l'espère que Radio-Canada invite des célébrités hors Québec comme moi.
RépondreEffacerC'est signé par l'auteur Marc-Antoine Gagnier, Le J.K. Rowling du Canada.