Voilà ce qui arrive quand on se perd en chemin...
En 2012, le projet d'université franco-ontarienne lancé par le RÉFO (Regroupement étudiant franco-ontarien) visait à assurer une gouvernance francophone de l'ensemble des programmes universitaires ontariens de langue française.
Tous savaient qu'il faudrait créer de nouveaux campus dans les régions où l'offre était déficiente, mais pour réussir, la future université devait nécessairement prendre sous son parapluie les programmes français existants dans les grandes universités et collèges bilingues (Université d'Ottawa, Université Laurentienne, Collège Glendon).
L'immense majorité des étudiant(e)s inscrits à des programmes de langue française fréquentent ces établissements. À elle seule, l'Université d'Ottawa en accueille 13 000!
La situation de l'université ottavienne est tellement dominante au sein de la francophonie ontarienne que l'ancien recteur Allan Rock, adversaire acharné du projet du RÉFO et de ses partenaires, écrivait en 2014 dans les pages du quotidien Le Droit:
«Les francophones de l'Ontario ont droit à une université qui sert leurs intérêts et qui leur permet de poursuivre une formation post secondaire de qualité exceptionnelle en français. Et cette université existe déjà: elle s'appelle l'Université d'Ottawa.»
Cette affirmation effrontée, vu que les francophones ne forment que 30% de la population étudiante à l'Université d'Ottawa, que les cours ne sont pas tous offerts en français et que le milieu universitaire est massivement anglo-dominant, est passée comme du beurre dans la poêle...
Et l'année suivante, les libéraux ontariens, alors au pouvoir et aiguillonnés par la ministre franco-ontarienne Madeleine Meilleur, alliée des universités bilingues, ont détourné le projet initial pour le réduire à un micro-campus dans la région de Toronto...
En dépit de faibles protestations du RÉFO, de la FESFO (élèves du secondaire franco-ontarien) et de l'AFO (Assemblée de la francophonie de l'Ontario), qui ont rappelé l'objectif d'une gouvernance globale des programmes universitaires de langue française, l'affaire était classée.
L'élan initial était brisé. Le gouvernement de Katherine Wynne avait décidé que le réseau éducatif de langue française - par et pour les Franco-Ontariens - s'arrêterait au collégial. Les étudiant(e)s universitaires de l'Ontario français resteraient confinés dans des institutions bilingues où ils seraient minoritaires en attendant un jour d'être complètement marginalisés.
Et c'est ainsi qu'on a fini par lancer ce que l'on a pompeusement appelé l'Université de l'Ontario français, un campus de quelques centaines d'étudiants dans la Ville-Reine, vaste métropole où il n'existe aucune communauté franco-ontarienne et où les taux d'assimilation sont mirobolants.
Les gouvernements libéral et conservateur ontariens se sont fait du capital politique avec ce projet comme s'il s'agissait d'une grande avancée pour les Franco-Ontariens. Et les organismes de la francophonie ontarienne, largement démobilisés dans ce dossier, chantent également les louanges de l'UOF pendant que la masse étudiante franco-ontarienne à l'universitaire fréquente un milieu anglicisant sur lequel les Franco-Ontariens n'ont aucun droit de gouvernance.
Et voilà qu'on arrive au lancement officiel de l'institution torontoise. Et combien y a-t-il d'inscriptions pour l'année scolaire 2021-2022 à l'Université de l'Ontario français? En dépit d'une «campagne marathon» de recrutement auprès des écoles secondaires franco-ontariennes, à peine 19 élèves francophones de l'Ontario ont transmis une demande d'admission. Et pour 17 d'entre eux, l'UOF n'est pas le premier choix. Ils pourraient se désister...
Matière à réflexion pour tous ceux et celles qui n'ont pas botté le derrière de l'ancien recteur Allan Rock quand il affirmait que l'Université d'Ottawa était «l'université des Franco-Ontariens», et pour ceux et celles qui se se sont contentés d'un bien petit pain en matière de gouvernance universitaire.
Est-il trop tard pour chauffer les braises d'un projet qui méritait pleinement de se réaliser, qui aurait enfin permis aux Franco-Ontariens de soutenir un peu mieux la comparaison avec les Anglo-Québécois, forts de trois universités bien à eux?
Si j'étais toujours Franco-Ontarien, je serais en colère. Comme Québécois, je suis surtout triste...
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Voir aussi le texte de Rudy Chabannes d'ONFR+, «L'UOF rate sa cible d'admission, le recteur demande de la patience», 21 janvier 2021. bit.ly/3o0c3MM
RépondreEffacerIl y a très longtemps, aux débuts de la télévision, j’écoutais Trudeau avec mon grand-père, qui était un libéral tricoté serré, lorsqu’il me fait remarquer : « Il ne dit pas la même chose en français et en anglais… il doit être un menteur !!!! ». Cette sagesse m’a toujours guidé !
Cette Québécoise d’origine doit être prise de la même maladie fédéraliste!!!!
L’ex-Minister Madeleine Meilleur des Francophone Affairs en Ontario se contredit!!!
http://pierreyallard.blogspot.ca/2015/04/francophonie-sonner-lalarme-gatineau-et.html
Dans The Ottawa Citizen du Monday, January 07, 2008, elle dit :
« Ontario francophones threatened, Meilleur says »
« Les francophones d’Ontario sont en péril, dit la ministre !!! »
http://www.canada.com/ottawacitizen/news/story.html?id=5f4d16bc-7e0d-4434-8651-9d76e9739969
Dans l'édition 2005 des Profils statistiques sur les francophones en Ontario, du 27 septembre 2005, elle conclut :
« Soyez assurés, je suis très optimiste. J'ai la ferme conviction, plus que jamais, que l'avenir appartient aux francophones de l'Ontario. »
http://www.ofa.gov.on.ca/francais/stats.html
Je suis un Franco-Ontarien natif de Welland, dans le sud-est de l’Ontario. Dès l’âge de 13 ans, en 1963, j’ai été la cible de racisme anti-francophone, entre autre lors d’un échange de plusieurs lettres avec une dame anglophone opposée aux politiques de bilinguisme du gouvernement fédéral.
RépondreEffacerJeune fonctionnaire au Secrétariat d’État du Canada (Hamilton & Timmins — 1973+), j’ai été paneliste lors d’un forum organisé à St. Catharines par le Niagara Peninsula Bilingualism Backlash Committee. Lors du forum, j’ai été traumatisé par les propos de la renommée Laura Sabia. Elle a dit aux 1,000 personnes dans la salle que je n’étais qu’un propagandiste au service du gouvernement du Canada « shoving French down people’s throat » ET « He should go back to Québec where he comes from ». Pourtant je suis né en sol ontarien, à 15 minutes de St. Catharines !
J’ai célébré mon 71e anniversaire le 23 janvier dernier. Je suis tanné et écoeuré par le racisme anti-francophone et anti-québécois de plusieurs Canadiens !
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Laura Sabia — Notes biographiques
https://en.wikipedia.org/wiki/Laura_Sabia