jeudi 11 février 2021

Pourquoi le projet d'université franco-ontarienne a déraillé...


Les déboires du futur campus universitaire de langue française à Toronto (la soi-disant Université de l'Ontario français) ont fait couler beaucoup d'encre. À peine une vingtaine de finissants du secondaire franco-ontarien ayant fait une demande d'admission pour l'ouverture officielle du campus en septembre 2021, le projet d'université est la cible de nombreuses critiques.

Parmi les médias quotidiens qui auraient pu s'intéresser aux questions de la francophonie ontarienne (principalement Radio-Canada et Le Droit), aucun n'a suivi le dossier de la gestion universitaire francophone de façon complète. Les trous de mémoire sont nombreux au sein des équipes de journalistes.

Aussi ne faut-il pas se surprendre que personne n'ait remarqué une information essentielle publiée ce 9 février dans une lettre ouverte (voir bit.ly/3tN6g1i) des trois promoteurs de l'université franco-ontarienne, le Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO), l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario (AFO) et la Fédération de la jeunesse-franco-ontarienne (FESFO).

J'ai chez moi à peu près tout ce que j'ai pu conserver dans les médias depuis 2012 sur ce plus récent mouvement en faveur d'une gestion franco-ontarienne de tous les programmes universitaires de langue française (existants et futurs).

Le projet de loi créant «l'Université de l'Ontario français», présenté en novembre 2017 par le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, avait réduit les demandes initiales de 2012-2014 à un maigre mini-campus à Toronto... Comme d'habitude, Toronto consentait des miettes aux Franco-Ontariens et pourtant, en dépit de quelques bémols, le REFO, l'AFO et la FESFO ont consenti un appui conditionnel au projet de Queen's Park.

Les partenaires (REFO-AFO-FESFO) ont rappelé dans un communiqué du 20 novembre 2017 que les Franco-Ontariens demandaient depuis plus de 40 ans «la réappropriation de l'ensemble des programmes universitaires de la province», mais que le campus torontois était «un pas dans la bonne direction». Il devenait évident que la bataille était perdue et pourtant, il manquait une pièce au casse-tête.

Il aurait été logique de protester plus fortement et de retenir un appui officiel au campus de Toronto pour garder ouverte la possibilité de négocier un jour l'obtention d'un réseau universitaire complet «par et pour» les francophones (comme celui des Anglo-Québécois). Au lieu d'être obligés de défendre en 2021 au petit campus en difficulté, ils pourraient aujourd'hui rappeler leurs réserves du début...

Après avoir pris connaissance de la lettre ouverte de février 2021, je crois avoir enfin les morceaux manquants du casse-tête de 2017. C'était le petit campus à Toronto ou rien! C'est tout ce qui restait des revendications originales parce que le REFO, l'AFO et la FESFO avaient appris «que les universités bilingues (Ottawa, Laurentienne) n'accepteraient jamais le rapatriement unilatéral des programmes en français vers une entité légale gérée par et pour les francophones».

L'immense majorité des étudiants franco-ontariens inscrits à des programmes universitaires en français fréquentent l'une de ces deux institutions (l'Université d'Ottawa surtout). On sait désormais que ces universités voulaient torpiller le projet d'université franco-ontarienne et qu'elles avaient fait savoir au gouvernement libéral (qui était d'accord avec elles de toute façon) qu'elles ne consentiraient jamais à céder à une entité francophone le contrôle de leurs programmes universitaires en français.

Le projet initial était à toutes fins utiles mort et enterré, à moins d'une mobilisation massive au sein de la collectivité franco-ontarienne, ce qui apparaissait impossible en 2017. Et les Franco-Ontariens ont fini par hériter d'un micro-campus qui ne semble pas intéresser grand monde, et qui par surcroit est implanté dans une région massivement anglophone où les taux d'assimilation des francophones sont faramineux...

On sait maintenant que les universités bilingues ont joué un rôle clé dans le sabotage du projet et que la conséquence, c'est que les étudiants franco-ontariens continueront, pour la quasi totalité, de fréquenter des institutions universités bilingues anglo-dominantes où ils seront toujours minoritaires... Essayez de vendre une salade semblable aux Anglo-Québécois et vous verrez vite une montée aux barricades...


1 commentaire:

  1. Mais ce serait à cause des Québécois , qui n’appuie pas les franco-hors-Québec?

    C’est vrai que les Québécois ne veulent plus rien savoir du bilinguisme CANADIAN assimilateur!

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