dimanche 27 juin 2021

L'univers dans une flaque d'eau...

                            L'univers dans une flaque d'eau...

Ici, à Gatineau, les sourires accueillent le retour des pluies après la sécheresse de mai où un maigre 13 mm de pluie (un record) a légué aux gazons la teinte jaunissante des canicules estivales.

Des gens sortent sur le perron pour entendre le crépitement des gouttes sur les maisons, dans la rue, l'occasionnel coup de tonnerre...

Au retour du soleil, l'ampleur des flaques d'eau témoigne de l'intensité des averses. Quand ça tombe dru, les «trous d'eau» débordent, se connectent de bord en bord de la chaussée et transforment l'asphalte en mares et ruisseaux qui alimentent l'égout pluvial.

Devant la fenêtre, du «haut» de mes 74 ans, je ne peux que sourire en voyant ces ondées, qui me rappellent les années d'enfance quand, à six, sept ou huit ans, ces flaques d'eau de pluie comptaient parmi nos terrains de jeux préférés.

À la première éclaircie, les enfants (et il y en avait beaucoup dans les années 1950) sortaient des maisons et se retrouvaient dans la rue, souvent avec de petits bateaux en plastique ou des radeaux fabriqués à l'aide de bâtons de popsicle ou de morceaux de bois. L'important, c'était que ça flotte...

Je ne sais trop ce qui nous attirait tant aux «trous d'eau» après les pluies. Ils éveillaient sans doute notre imaginaire. Nous étions marins d'eau douce, pilotant nos embarcations sur quelques centimètres d'eau devenus pour nous des lacs profonds et des rivières qui, au lieu de couler vers la mer, finissaient dans un vulgaire égout.

Je revois encore, dans ces mares d'eau, le reflet du soleil perçant les nuages, nos flottilles poussées par le vent et le courant, des amis dans leurs bottes d'eau suivant les radeaux et bateaux le long du trottoir, jusqu'à ce qu'ils s'immobilisent. Et on recommençait sans jamais s'ennuyer. Chaque périple était unique...

Combien de projets avons-nous imaginé en voyant nos rafiots prendre le large après une ondée? Combien de souvenirs et d'amitiés ont-ils été forgés autour des flaques d'eau dans ma rue? Combien de fois avons-nous mouillé nos vêtements en s'éclaboussant, au désespoir de nos mères? Combien de pays lointains ai-je visité, les yeux rivés sur mes bâtons de popsicle flottants?

Je regarde les magnifiques «trous d'eau» devant ma maison, en cette fin de juin 2021, et aucun enfant n'y joue. Il n'y a pas de bateaux, pas de radeaux, pas de rires, pas de cris... Nous voyons de moins en moins d'enfants, et ceux et celles qui restent ne jouent pas sans surveillance dans les flaques d'eau... Du moins pas dans mon quartier...

Les jeunes de six, sept ou huit ans se retrouvent trop souvent devant un écran, petit, moyen, grand, omniprésent. On voit parfois des groupes d'enfants rassemblés qui pitonnent sur leur téléphone ou leur tablette au lieu de se parler... ou de jouer dehors après la pluie. De quels souvenirs d'enfance leur mémoire sera-t-elle meublée, quand ils auront 74 ans?

L'autre jour, je me promenais et les enfants d'une garderie marchaient dans la rue, bien ficelés entre eux, avec leur gardienne. De petits enfants, deux ou trois ans au plus. Et ils sont passés près d'une flaque d'eau. C'était comme un aimant. Les plus proches n'ont pu résister. Il fallait mettre les pieds dedans, éclabousser. Il y a de l'espoir.

Si je pouvais être sûr de ne pas être vu, je serais tenté de m'acheter un petit bateau et de le larguer en pleine ondée sur ma rue ruisselante de pluie. Mais à force de me pencher pour le déposer et le cueillir, j'aurais trop mal au dos le lendemain. Finalement, c'est un sport pour enfants...


4 commentaires:

  1. J'ai 10 ans de plus que vous et je me souviens très bien de ces petits trous d'eau qui nous amusaient tant. Nos jeux ne coutaient pas chers dan l'temps!

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  2. Vas-y donc Pierre. Au diable le mal de dos. Va t'amuser dans une flaque d'eau. Je te "dare".

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  3. Avant-hier, on prédisait un orage pour aujourd'hui. Aujourd'hui, il n'y en a pas. Qui sait ce qu'il y aura après-demain? Mieux vaut l'espoir que le désespoir, à tout prendre.

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  4. C'était l'époque où nos parents faisaient des enfants et pendant laquelle l'argent avait moins de prégnance sur les familles.

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