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Mon cousin Claude Longpré est décédé le lundi 18 avril à Ottawa des suites d'un cancer du poumon qu'il combattait depuis quelques années. Nos rencontres s'étaient faites rares depuis des dizaines d'années, mais le lien spécial qui nous unissait depuis l'enfance a, je crois, tenu bon jusqu'à la fin.
Nous sommes nés en 1946 à quelques mois l'un de l'autre, lui en avril, moi en juillet. Sa mère était la soeur de mon père. Et son papa était le frère de ma grand-mère maternelle, Eva Longpré. Nos dix premières années, nous les avons passées dans la même grande maison. De fait quatre familles vivaient sous ce toit pendant les années 1950. Tous étaient oncles, tantes, cousins, cousines...
Je revois notre marmaille dans la rue devant la maison familiale (au 153-155 Hinchey) ou dans l'immense cour arrière en terre battue, ou ailleurs dans le quartier, en train de s'amuser à toutes sortes de jeux. Parfois (souvent, de fait), nous nous aventurions au bord des eaux turbulentes de la rivière des Outaouais ou explorions les broussailles du vaste pré que nous appelions alors le «porc» et que les Anglais nommaient Tunney's Pasture.
Nous étions tous, toutes proches, mais Claude l'était davantage. Pour moi, c'était presque un frère. Seuls du même âge, nous sommes entrés à la maternelle ensemble, en 1951. Quelques jours avant la rentrée scolaire, Claude s'était fracturé un bras et avait dû attendre quelques semaines avant de pouvoir intégrer l'école St-Conrad. Je ne voulais pas y aller sans lui. Chaque matin, ma mère marchait avec moi le kilomètre et demi jusqu'à la maternelle, et chaque matin, je m'échappais de la classe et revenais à la maison...
Claude et moi avons fréquenté les mêmes écoles primaires, dans la même classe, jusqu'en 8e année. C'est en 1959 que nos sentiers se sont éloignés quand nos parents ont quitté l'ancienne maison familiale pour habiter des coins différents de la capitale. La tribu ne se revoyait qu'aux fêtes et aux grandes occasions, et encore moins souvent après la mort de mes grands-parents Allard au milieu des années 1960. Puis la vie adulte nous a happés. Claude et moi avons joué aux quilles ensemble à la fin des années 1980 mais pour l'essentiel, chacun, chacune des membres de la famille élargie avait désormais son propre conjoint, ses enfants, ses intérêts. La plupart des cousins et cousines étaient devenus des souvenirs d'enfance.
Un bon jour, sans trop qu'on s'en aperçoive, on atteint l'âge où les funérailles deviennent la principale occasion de rencontres familiales. Ceux de la génération de nos parents d'abord, puis, petit à petit, de la nôtre... Avec l'arrivée du nouveau millénaire et la disparition du premier cousin, Jacques Pouliotte, à peine âgé de 50 ans, le besoin de revoir ceux et celles que nous avons tant côtoyés dans notre jeunesse se fait sentir. Assez curieusement, c'est l'irruption de Facebook qui m'a permis de retrouver une partie de la famille élargie, perdue de vue depuis longtemps. En prime, Guy Pouliotte, un de la bande originale du 153 Hinchey, avait élu domicile à quelques portes de chez moi et de mon frère Robert (mon frère et moi sommes voisins depuis 1980), à Gatineau.
Entre les pages Facebook et se revoir en personne, il n'y a qu'un pas. Et parmi ceux que nous avons retrouvés en personne durant la dernière décennie, il y avait Claude Longpré et ses cinq frères dont l'un, Serge, est décédé en 2016 à 63 ans. La reprise s'est faite sans heurts, comme si nos voies ne s'étaient jamais écartées. La connexion était refaite. Juste à temps, parce que Claude a reçu en 2019 son diagnostic de chancer du poumon inopérable. Je l'ai revu pour la dernière fois en août, l'an dernier, avec trois de ses frères (Michel, Gilles et Daniel). Affaibli, mais comme toujours, de bonne humeur. Souriant. Riant.
Atteint de la COVID en février, il a réussi à franchir son 76e anniversaire de naissance, le 10 avril 2022. Il a été hospitalisé d'urgence le samedi 16, et est décédé le lundi suivant, en soirée. Dans quelques jours, le décès de Claude rassemblera sans doute une nouvelle fois la progéniture des enfants de Joseph et Alexina Allard - des Longpré, Pouliotte, Allard, Desrochers et Champagne - et les rares survivants de la génération précédente (dont ma mère de 97 ans). Mon cousin Michel Longpré et moi sommes désormais les plus vieux de notre génération. Cela donne à réfléchir...
Salut Claude, Jamais je n'oublierai qu'enfants, nous avons été - pour un temps trop court - plus que cousins. Presque frères.
Mes plus sincères condoléances à ceux et celles dont Claude a été le plus proche durant sa vie - ses enfants et petits-enfants et leur famille, ainsi que ses frères et leurs proches. Il vous manquera, j'en suis sûr.
Il me manquera aussi.
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