jeudi 26 mai 2022

Nous enfoncer le mot «systémique» dans la gorge...


Amnistie internationale vient de relancer son offensive pour la reconnaissance du racisme dit «systémique» au Québec (voir bit.ly/3wOp8Ah). Croyez-moi. Il ne s'agit pas de combattre le racisme mais bien de nous enfoncer le mot «systémique» dans la gorge jusqu'à étouffement.

Amnistie internationale Canada mène ici un combat essentiellement politique contre le gouvernement du Québec et les francophones qui le soutiennent. À les entendre, on a parfois l'impression que le Québec français traite ses minorités dites «racisées» (mot très à la mode) à peu près comme les racistes blancs des États du sud des États-Unis traitaient les personnes de race noire jusqu'aux années 1960.

Personne ne nie qu'il existe du racisme ici. Comme ailleurs. Comme partout sur cette planète. Partout. Mais cela n'intéresse pas les apôtres d'Amnistie autant que d'accoler au mot racisme l'épithète «systémique». D'arracher des aveux de culpabilité à des États et des peuples, comme si cela ferait toute la différence.

Qu'on soit Québécois, Canadiens français, Acadien, de souche ou métissé, nous sommes une cible facile pour ces militants qui jugent sans fouiller à fond, du haut de leur supériorité morale. Notre petit peuple a été victime d'oppression et de racisme depuis le 18e siècle. Les boucliers qu'on lève n'ont jamais servi à attaquer ou à asservir mais à nous défendre contre plus puissants que nous.

Amnistie internationale nous met dans le même bateau que l'impérialisme anglo-saxon en Amérique. On devrait fournir à ces gens une bonne pilée de livres d'histoire et les obliger - ô horreur! - à les lire. Au lieu de s'attaquer au racisme jugé «systémique» en territoire québécois, ils s'empresseraient de monter une campagne contre les mauvais traitements, systémiques ceux-là, dont les minorités francophones au Canada anglais ont été et sont toujours victimes.

Mais pourquoi se priver d'attaquer une bête blessée, affaiblie par des centaines d'années de domination, salie par des campagnes de faussetés dans l'univers médiatique anglo-canadien? C'est bien plus facile. Peu importe les efforts qu'on puisse faire pour combattre les manifestations de racisme chez nous - et il y en a - ces bien-pensants n'effaceront aucun péché, ne reconnaîtront pas la valeur des efforts, tant que nous n'admettrons pas, à genoux, le caractère systémique de nos agissements. Genre Loi 21 sur la laïcité, Loi 96 pour défendre la langue française...

Je suis tenté de reprendre ici ce que j'avais écrit à Amnistie internationale en novembre 2020 quand l'organisation a lancé sa campagne insidieuse de mobilisation en faveur de ce qu'elle appelait un «Québec inclusif et antiraciste». J'écrivais alors:

«Je lutte pour les droits de la personne et contre le racisme sous toutes ses formes depuis plus de 50 ans et ce que vous écrivez sur le Québec est de la bouillie pour les chats.

«Le Québec francophone, ainsi que les francophones ailleurs au Canada, sont victimes de racisme culturel depuis près de 200 ans. Quand on nous ordonnait de parler anglais, on nous disait "Speak white"! Clairement une insulte raciale.

«Comme collectivité, nous avons été traités en inférieurs assez longtemps pour ne pas réserver ce sort aux autres. Dès que nous levons la tête pour défendre notre langue et notre culture menacées par le rouleau compresseur nord-américain, on nous traite de racistes et xénophobes.

«Si vous preniez le temps d’étudier l’histoire et la situation actuelle des Franco-Québécois et Franco-Canadiens (de toutes races), vous verriez peut-être ce que vous appelez le "racisme systémique" ailleurs que chez nous.

«Les jugements comme ceux que vous portez sur le Québec sont honteux, et indignes d’un organisme comme Amnistie internationale.»

Amnistie internationale se dit le grand défenseur des droits humains autour du monde. Mais pas des nôtres, semble-t-il. En vérité je vous le dis: nous ne méritons pas d'être humiliés par d'autres humiliés. Notre combat contre le racisme est le même. En vous acharnant ainsi sur le Québec, vous mettez en colère ce vieil antiraciste (j'ai 75 ans). Je ressens chez vous le même ton de supériorité que le Canada anglais emploie régulièrement pour nous rabaisser. Votre salade est indigeste. Allez la vendre ailleurs!


1 commentaire:

  1. Je suis bien d'accord avec vous. Je pense qu'il existe du racisme dans la population canadienne, jusqu'à un certain point, mais pas plus chez les francophones que chez les anglophones.

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