vendredi 13 août 2021

Élections à date fixe. Où est la presse?


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Le premier - le seul? - rôle du journaliste est de bien renseigner le public. Quand ce boulot est mal fait, la démocratie est en danger. Un public mal informé succombe à toutes les manipulations.

Alors dites-moi. Comment se fait-il que nos augustes membres de la presse parlent si peu de la loi électorale fédérale prévoyant des scrutins aux quatre ans?

J'entends le plus souvent des hauts cris de ceux qui estiment que l'élection est inutile, ou qu'elle ne devrait pas avoir lieu pendant une nouvelle vague de la pandémie.

Ces arguments ne tiennent pas la route. Une élection a lieu quand il le faut. Même en temps de guerre...

Un de nos scribes aura-t-il le courage de brandir un micro à la face du premier ministre et lui demander pourquoi il ne respecte pas la disposition de la Loi électorale sur les élections à date fixe?

En octobre 2019, l'électorat canadien a élu un gouvernement minoritaire. Justin Trudeau a reçu le mandat de gouverner dans un contexte où il doit constamment négocier des compromis avec les partis d'Opposition.

En demandant à la gouverneure générale (qu'il vient de nommer) de déclencher des élections précipitées, c'est ce mandat qu'il refuse.

Les libéraux n'ont pas perdu la confiance de la Chambre des communes. La fonction législative du Parlement canadien ne souffre d'aucune paralysie. Alors c'est quoi, le problème?

Quel motif un gouvernement peut-il invoquer pour violer les dispositions de la Loi électorale? Y a-t-il un seul journaliste qui va oser demander ça au premier ministre et à son équipe?

On a vaguement brandi comme excuse un certain obstructionnisme des Oppositions et une perception de dysfonctionnement du Parlement ces derniers temps. Vous avez vu ça? Quelqu'un? Pas moi!

L'adoption des élections à date fixe, à tous les quatre ans, avait justement pour but de mettre fin aux pratiques que Justin Trudeau se prépare à utiliser: choisir une date d'élections sans autre motif que des sondages favorables...

C'était déjà immoral avant les modifications de 2007 prévoyant des scrutins aux quatre ans. C'est maintenant illégitime, voire illégal. Une loi du Parlement devient un vulgaire chiffon de papier.

Cette question va au coeur du fonctionnement démocratique du pays. D'ici dimanche, alors que Justin Trudeau doit se rendre chez Mary Simon pour lui demander de dissoudre le Parlement, ce devrait être le premier point à l'ordre du jour, plutôt qu'une note au bas de la page...

La démarche des libéraux pour accaparer la totalité du pouvoir est à toutes fins utiles illégale. Tout au moins illégitime. La gouverneure générale, à qui les élus ont confié le pouvoir de décision, devra choisir: dire non à un premier ministre frustré de ne pas avoir sa majorité, ou lui permettre d'aller de l'avant et rendre ainsi totalement inopérante une loi du Parlement canadien.

La presse québécoise et canadienne ne peut demeurer silencieuse devant ce détournement des lois du pays. Nos journalistes ont deux jours pour sauver un petit morceau de leur âme. Après dimanche, ce sera un peu tard...

J'aimerais avoir 30 ans de moins et pouvoir retourner sur la ligne de front avec mes collègues journalistes...

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Voir aussi mon texte de blogue Trudeau a-t-il le droit de déclencher des élections? Non! bit.ly/3jrUk0z

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