mardi 22 février 2022

Le franglais, langue officielle? À Montréal, il y aurait levée de boucliers... Mais dans le Pontiac... bof!

Capture d'écran de la campagne de la MRC Pontiac

Imaginez un instant que la ville de Montréal crée une nouvelle marque territoriale dans le cadre d'une campagne publicitaire pour attirer des touristes, des résidants ou de nouvelles entreprises et qu'elle se donne comme slogan: «19 arrondissements, 1 big family»...

Ou qu'elle utilise, dans une publicité pour vanter la diversité des débouchés professionnels dans la métropole, quelque chose comme «Un emploi ou une profession to fulfill yourself»... ou encore «Business opportunities to seize ou à créer»...

Imaginez le débat à l'Assemblée nationale du Québec, qui avait unanimement voté, novembre 2017, en faveur d'une motion contre la formule d'accueil «bonjour hi!»... En y ajoutant toutes les constatations récentes sur le recul du français dans la métropole, l'adoption de slogans franglais provoquerait une levée de boucliers!

Mais voilà, ce n'est pas (encore) arrivé à Montréal... Le malheur a voulu que ce cela se produise dans une région plus éloignée, peu peuplée, aux confins de l'Outaouais, là où l'Ontario voisin exerce la plus forte influence et où les francophones sont malmenés - et s'anglicisent - depuis le 19e siècle.

Les rares Pontissois de langue française qui luttent toujours pour la protection et la promotion du français (souvenez-vous, nous sommes ici au Québec!) crient dans le désert. On les accuse de nuire à la sacro-sainte «bonne entente» avec les anglophones. (Traduction de «bonne entente»: l'anglophone parle anglais à un francophone, et le francophone répond à l'anglophone en anglais...). Ou pire, on leur cloue le bec en les accusant d'être des «séparatisses»...

Les nouveaux slogans identitaires «franglais» de la Municipalité régionale de comté (MRC) du Pontiac circulent depuis plus d'une semaine et à ma connaissance, n'ont été dénoncés par personne - du moins en public. Seul mon texte de blogue (voir Le Pontiac... One Big Family? à bit.ly/34FAefU] a fait quelques vaguelettes dans le calme plat habituel.

Mais j'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi la lutte contre le franglais et l'anglicisation semble avoir moins d'importance à l'extérieur de l'île de Montréal. Pourquoi les médias de langue française - y compris en Outaouais - n'ont même pas couvert la nouvelle... Pourquoi l'OQLF, qui a pourtant des antennes à Gatineau, dort au gaz... 

Que faut-il faire pour que le gouvernement Legault, le Parti québécois et Québec solidaire s'en mêlent? Ce qu'on voit dans la campagne identitaire de la MRC Pontiac, c'est pire que le «bonjour Hi!».... Si vous n'avez pas vu le Parti libéral du Québec jusque là dans ce paragraphe, c'est que le député du coin, André Fortin, a déjà encensé ce franglais...

Que faut-il faire pour que les plus solides défenseurs de la langue et de la culture françaises, et de l'identité québécoise, mettent leur grain de poivre dans cette affaire? Accordons-leur le bénéfice du doute. Aucun média n'en ayant parlé*, sans doute ne sont-ils pas au courant. Et je ne suis pas certain que mes textes de blogue, gazouillis et statuts Facebook circulent suffisamment pour les atteindre.

Cette campagne en franglais n'a soulevé aucun débat public jusqu'à maintenant. Est-on tellement habitué à voir le français massacré que même une litanie d"horreurs franglaise ne touche plus de corde sensible? Ou est-on imprégné de messages publicitaires franglais au point d'être désormais «right fiers» (comme on dirait en chiac) de ces identités bilingues, devenues les nôtres?

Ces publicités de la MRC Pontiac sont une claque en pleine face au Québec français. Si on nous gifle et qu'on ne s'en rend même plus compte, alors il est peut-être trop tard...

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* L'édition numérique du quotidien Le Droit a présenté une image franglaise dans le cadre d'un texte qui n'évoquait aucunement cet aspect de la campagne publicitaire de la MRC Pontiac.






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