mercredi 5 septembre 2018

Des jeunes pragmatiques, ouverts sur le monde? Vraiment?

S'éparpiller à gauche et à droite, ou foncer droit devant?

La semaine dernière, évoquant le plus récent sondage Léger, un reporter de TVA Nouvelles affirmait que la majorité des jeunes électeurs québécois s’étaient éloignés des projets nationalistes et souverainistes parce qu’ils étaient «pragmatiques, ouverts sur le monde»… comme si cela relevait de l’évidence. Il disait en quelque sorte à l’auditoire : «rien qu’à ouère on oué ben»…

Or, non seulement cela n’est-il pas évident, c’est faux… et indigne d’un bon journaliste. Pire, je crains que le public à l’écoute n'ait avalé cette couleuvre sans même sourciller…

Commençons d’abord avec cette soi-disant «ouverture sur le monde», expression qu’on oppose souvent à celle de «repli identitaire» (que je déteste, parce que fausse également). Je suis indépendantiste depuis plus de 50 ans, et j’ai toujours vu la souveraineté politique comme le meilleur moyen de «s’ouvrir sur le monde», de prendre place au concert des nations au lieu de limiter nos horizons à celui de minorité bonasse au sein d’une fédération où la nation anglophone est majoritaire et nous dicte ses quatre volontés.

À ceux et celles qui estiment possible de faire preuve d’ouverture planétaire sans s’inscrire dans un projet global de société, je dirais qu’ils se fourvoient. Qu’ils en soient conscients ou pas, les attitudes de ces jeunes soi-disant «pragmatiques» sont aussi conditionnées par leur entourage, leur famille, le quartier, la région, la nation, le pays, par la collectivité tout entière dont ils sont issus et dont ils portent en eux le passé autant que le présent.

La rupture apparente de cette continuité collective au sein de nos 18 à 35 ans ne constitue que la plus récente tentative de dérailler une nation qui lutte pour sa survie et son émancipation depuis 250 ans. Les causes sont multiples… technologies débridées, consumérisme abrutissant, multiculturalisme à l’excès, politiques d’anglicisation, francophobie pernicieuse et j’en passe… Il en résulte cet individualisme de désengagement social, le triomphe du «je» sur le «nous» qui aboutit à un véritable repli sur soi…  pas une «ouverture sur le monde».

L'absence - ou la faiblesse - de valeurs et d'idéaux collectifs au nom d'un multicuclturalisme tous azimuts fera de nous (francophones québécois) des cibles faciles. Ce «je-me-moi» de plus en plus massif des jeunes ne sabotera pas seulement l'avenir de notre nation... il mettra en péril l'avenir de la planète tout entière... 

En tout cas il n'y a dans ce phénomène rien de «pragmatique» (défini comme suit dans le Petit Robert: «qui est adapté à l’action sur le réel, qui est susceptible d’applications pratiques»). Le pragmatisme s’inscrit dans l’action… et non dans l’inaction.

Ainsi un projet réaliste d’affirmation nationale sera jugé pragmatique, encore plus s’il se réalise. Le rejet d’un tel projet en faveur d’une option contraire peut aussi s’avérer pragmatique. Mais le chacun pour soi ne l’est jamais… On se retire du jeu et on laisse l’adversaire compter. Pire, on l’aide…

Alors vous, journalistes qui lancez des vérités perçues comme évidentes, faites et refaites vos devoirs...




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