mercredi 29 avril 2020

Refuser de se faire piler dessus...

capture d'écran d'ONFR+


À l'extérieur du Québec, y compris au sein de l'administration fédérale soi-disant bilingue, le français institutionnel reste essentiellement une langue de traduction. C'est ainsi que les choses se passent depuis 1867, et sauf l'occasionnelle exception, c'est ainsi que les choses se passeront. En temps ordinaire, les retards de «versions françaises» sont monnaie courante. Il n'est donc pas difficile d'imaginer qu'en temps de crise, on puisse carrément se passer de la langue de Molière...

Les décisions de Santé Canada de permettre la vente de produits désinfectants et nettoyants avec des étiquetages unilingues anglais ont le mérite d'étaler au grand jour les illusions que nos gouvernants colportent au sujet du bilinguisme officiel. Derrière le vernis - de plus en plus terni - de l'égalité des deux «langues officielles» se profile la langue dominante, l'anglais, à laquelle on greffe à reculons le fruit des longues heures de travail de traducteurs et traductrices.

Pour bien saisir la portée du mythe de la dualité linguistique, il faut absolument lire les rapports annuels du Commissaire fédéral aux langues officielles. On y parle du français et de l'anglais comme si leur évolution était parallèle, et des minorités franco-canadiennes et anglo-québécoise comme s'il y avait là quelque symétrie. En matière de plaintes, on les compte par catégories (service au public, langue de travail, promotion de l'anglais ou du français) sans préciser que pour l'immense majorité d'entre elles (90% ou plus?) la langue française est la seule victime!

Puis arrive une pandémie qui vire tout sens dessus dessous, et qui oblige tout le monde à parer au plus pressé. Là on découvre que les besoins des francophones ne font pas partie des urgences. La ministre fédérale de la Santé est unilingue anglaise. Le gouvernement ontarien fait des points de presse quotidiens en anglais seulement. Des porte-paroles ministériels du Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue, sont unilingues anglais. Interprétations simultanées et sous-titres en bas d'écran sont les miettes consenties aux parlant français...

Avec les autorisations de mettre sur les tablettes des produits désinfectants et des produits d'entretien avec des descriptifs en anglais seulement, on a sans doute monté d'un cran l'intensité de l'injure. Ces produits peuvent s'avérer dangereux pour l'utilisateur et ne doivent pas être consommés quoiqu'en dise le président américain Donald Trump. Il y a là une question essentielle de sécurité physique, et que plus de 7 millions de consommateurs au Canada soient de langue maternelle française (y compris environ 4 millions d'unilingues français au Québec) semble le dernier des soucis dans ce pays anglo-dominant.

Les protestations énergiques d'organisations de francophones hors-Québec, de quelques politologues, auxquelles s'ajoutent un grain de poivre inhabituel du Commissariat aux langues officielles et même un modeste acte de contrition du premier ministre Justin Trudeau, n'ont eu aucun effet. Si encore le gouvernement québécois était intervenu avec force, appuyé des partis d'opposition, des pages éditoriales et des milieux associatifs du Québec, peut-être aurait-on ressenti quelques remous. Mais non, ce sera business as usual... du moins en matière linguistique.

On peut, même au coeur du combat contre la pandémie de COVID-19, refuser de se faire piler dessus par une majorité anglo-canadienne qui en a, malheureusement, l'habitude...

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Textes parus sur cette question:

- Santé Canada supprime l'obligation de bilinguisme sur les produits nettoyants bit.ly/35htW1R
- Prise de position de la Fédération des communautés francophones et acadiennes bit.ly/3bN0Cmh
- Justin Trudeau justifie l'étiquetage en anglais... bit.ly/2VLVnxN
- COVID-19: la langue française, victime collatérale... bit.ly/2KNeDV2
- L'unilinguisme de Santé Canada est dénoncé bit.ly/35gA9uO




3 commentaires:

  1. Trudeau « préfère » le bilinguisme… mais on est en crise !


    Ce n’est pas une question de santé ou encore moins de sécurité… Dr Tam, parlez-en à monsieur Trump !


    Santé Canada suspend l'obligation d'étiquetage bilingue des produits nettoyants
    Un manque de respect à couper le souffle, contre toutes les francophones du Canada


    « We are in Canada, everybody should speak english ». –gérante du restaurant McDonald's du Marché central, à Montréal, 2018 Elle a raison… réveillons-nous !

    Mon grand-père avait raison : les Trudeau sont menteurs de père en fils !


    Le Canada bilingue de Trudeau ????

    Le rêve de Trudeau père relève aujourd’hui d’un fantasme irréaliste : le Canada est de moins en moins bilingue ?

    Je dirais plutôt un génocide culturel prémédité !

    « Un gouvernement libéral fera de la promotion du français une priorité. » -Justin Trudeau

    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153550867058140&set=a.232916908139&type=1&theater

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    1. Liste des régions bilingues du Canada aux fins de la langue de travail… à l’ouest de l’Outaouais… comme du fromage gruyère ou encore, rare comme de la merde de pape !

      http://www.tbs-sct.gc.ca/psm-fpfm/ve/ol-lo/chap5_1-fra.asp

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  2. Je me rappellerai toujours lorsqu'en 1975 je suis allé à l'ambassade du Canada à Bruxelles en vue d'émigrer. Lorsqu'ils m'ont demandé pourquoi je désirais tant émigrer au Québec plutôt que dans d'autres provinces, je leur ai signifié que je voulais vivre dans une société francophone. La réponse de l'adjoint à l'ambassade m'a répondu:"Mais Monsieur même si vous préférez le Québec, vous devrez quand même parler anglais car le Canada est bilingue coast to coast!!!".C'était à l'époque la politique de Trudeau dans toutes les ambassades du Canada de faire croire à ce mensonge. Tel père, tel fils!

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