samedi 20 mars 2021

«Et les humains sont de ma race»...

photo du Journal de Québec

Je n'aime pas simplifier les choses complexes. Ça devient en quelque sorte une caricature. Il reste que parfois, dans une bonne caricature, on peut capter l'essentiel d'une personne, d'un événement, d'un argument... 

Alors je me risque...

Pour les multiculturalistes du Canada anglais, nous (les Québécois francophones) sommes collectivement coupables de racisme. Pendant ce temps, au Canada anglais, cette culpabilité collective semble inexistante, puisque c'est la faute au système. Le racisme y est «systémique»...

Avez-vous déjà eu cette impression? Moi je l'ai jusque dans les tripes...

Et cela dure, dans sa forme actuelle, depuis plus de 30 ans. Vous souvenez-vous (ceux qui le peuvent) de l'échec de l'Accord du lac Meech en juin 1990? Des centaines de milliers de personnes dans les rues de Montréal pour le défilé de la St-Jean? De cet essor qui semblait irrésistible de la cause indépendantiste, vue comme une libération?

Quelques semaines plus tard, nous étions plongés dans la crise d'Oka. Un moment charnière. Je me souviens d'un interview de CBC avec un Anglo-Québécois. Un interview biaisé, cherchant à présenter les Mohawks comme victimes d'un racisme à la sauce québécoise. La question de la journaliste n'était pas très subtile. S'ils traitent ainsi les Autochtones, demanda-t-elle à l'anglophone, que feront-ils de vous (les anglophones) après l'indépendance?

Les dés étaient jetés. Ce serait désormais la grille d'analyse privilégiée chez nos ennemis politiques, dans une certaine presse anglo-canadienne et, plus tard, dans les médias sociaux sur Internet.

La déclaration de Jacques Parizeau, le soir du référendum de 1995, sur l'argent et les votes ethniques n'a fait qu'ajouter à la véhémence des propos qu'on tenait déjà à notre endroit depuis des années.

La saison de chasse était ouverte, et on pouvait diffuser sur toutes les tribunes publiques des propos haineux, sans fondement,  à notre endroit. Des propos tellement violents parfois qu'ils constituaient clairement des violations du Code criminel.

À condition de les diriger contre une nation vue dans son ensemble comme un peu séparatiste, nationaliste, avec un filon de racisme et de xénophobie, en tout cas réfractaire à la langue et à la culture dominante des Canadians, on n'avait plus à mâcher ses mots...

Le Canada a toléré et tolère encore à notre endroit un langage ordurier qui, s'il était dirigé vers des Autochtones, vers des gens de race noire, vers des gens de confession musulmane ou juive, mènerait les auteurs droit devant les tribunaux ou en prison.

Récemment, avec les morts tragiques de Joyce Echaquan et Mireille Ndjomouo, auxquelles s'ajoute l'incident malheureux de Jocelyne Ottawa, l'insistance sur une culpabilité collective de la nation québécoise s'est intensifiée.

À force de voir ce clou martelé et enfoncé depuis des décennies, nous en sommes au point où un grand nombre de Québécois francophones commencent à se sentir collectivement responsables de ces malheurs, même quand ils sont foncièrement antiracistes et solidaires des victimes.

Les propos délirants et haineux du professeur Amir Attaran, de l'Université d'Ottawa, ne sont que la plus récente manifestation d'un comportement accepté au Canada anglais. Peut-être ne suscite-t-il pas beaucoup d'approbation, mais le silence général du reste du pays porte en lui un consentement qui n'est pas à son honneur...

Bien sûr, on entend aussi, de temps à autre, parler d'incidents à caractère racial dans les provinces à majorité anglaise. Mais jamais cela n'entraîne-t-il une stigmatisation collective de la «post-nation» anglo-canadienne...

Les Anglo-Canadiens ont reconnu le «racisme systémique»... Ils sont donc innocents. S'ils commettent des actes racistes, ce n'est pas vraiment de leur faute. C'est le système, un complexe de lois et coutumes hérité de générations antérieures qui avaient en quelque sorte légalisé leurs crimes contre l'humanité. Et ces tares du passé restent imprégnées dans les gouvernements et institutions publiques d'aujourd'hui.

À condition de reconnaître l'existence de ce racisme systémique, on est presque blanchi de ses péchés. Le raciste devient quasiment la victime d'un système qui l'a corrompu. Il suffit alors d'un acte de contrition et d'une ferme résolution de ne plus recommencer pour être pardonné...

N'y a-t-il pas là un «deux poids, deux mesures» parfait en matière de racisme? La culpabilité individuelle et collective chez nous... La culpabilité du «système» chez eux... 


Quelle hypocrisie!

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«Et les humains sont de ma race.» Gilles Vigneault (Mon pays)

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3 commentaires:

  1. Les accusations de racisme envers nous ont remplacé les incendies de granges par la GRC.

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  2. Le Canada est responsable du sort des autochtones, autant au Québec qu'au Manitoba. Que fait-il pour résoudre le problème. Et Couillard qui va rencontrer les chefs amérindiens pour faire quoi ?
    La loi des indiens (Acte des Sauvages) de 1876 d’Ottawa, qui est une suite logique de la constitution canadienne (British North American Act) de 1867, n’est non seulement raciste, mais aussi sexiste !
    « La crise d'Oka, en 1990, constitue l'une des premières tentatives pan-canadiennes, fort médiatisée, de donner des francophones une image raciste... »
    La crise d’Oka a été créé pour bifurquer l’attention des Québécois suite au rejet de l’accord du Lac Meech !
    « La crise d'Oka aurait pu durer moins longtemps si le fédéral avait fait preuve de plus d'ouverture, affirme aujourd'hui l'ancien ministre des Affaires autochtones du Québec » John Ciaccia, ex-ministre libéral.
    Voir : « OKA: DERNIER ALIBI DU CANADA-ANGLAIS »
    Par Robin Philpot, 2000 , V.l.b. ISBN :
    9782890057555 (2890057550)

    https://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=1078722&def=Oka+:+dernier+alibi+du+Canada+anglais,PHILPOT,+ROBIN,9782895494201

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