J'aime les pissenlits.
À mesure que la neige fond et la verdure ressuscite aux abords de la maison, versant sud, je guette toujours la sortie de terre des feuilles de pissenlit, en attente de leur première floraison.
Une merveilleuse petite fleur jaune, pied-de-nez au blanc, blanc-sale, gris, gris-sale-noirâtre et autres teintes ennuyeuses de l'hiver, espoir du bleu des violettes et du mauve des lilas qui accompagneront les pissenlits pendant le réchauffement printanier dans ma cour.
On ne chantera jamais suffisamment les louanges du modeste pissenlit, qui ne mérite, mais pas du tout, sa réputation de «mauvaise herbe». Voici d'ailleurs ce qu'en dit le livre Plantes sauvages printanières, publié aux Éditions France-Amérique:
«Les jeunes feuilles en salade sont digestives, tonifiantes et purifient le sang. Infusées, ces mêmes feuilles donnent un thé contre la grippe. Le latex blanc s'applique contre les taches de rousseur. Le vin fait avec les fleurs est un apéritif, un tonique et un diurétique. La racine moulue peut remplacer le café. (...) C'est aussi un remède reconnu contre les problèmes de la peau, la constipation et la fièvre.»
De plus, pouvait-on lire dans un texte de Radio-Canada en 2019 (bit.ly/2SGYEPR), la plante est activement prisée par les insectes pollinisateurs. «C'est vraiment une ressource florale attirante, entre autres pour les abeilles», déclarait Valérie Fournier, professeure titulaire au Centre de recherche et d'innovation sur les végétaux de l'Université Laval.
Et pourtant, me voilà penché sur mon gazon depuis une semaine, arrachant tous les jours (ou presque) quelques centaines de pissenlits, de la fleur jusqu'au bout de l'interminable racine. J'en déjà empli cinq gros sacs de déchets de jardin, remis au compostage...
Je regarde la pelouse aujourd'hui, et il me semble qu'il en reste beaucoup, pas autant que ceux que j'ai brutalement cueillis, mais quand même... Encore un millier? Sans compter ceux qui perceront bientôt le sol pour combler les espaces laissés par les cousins disparus...
Pour le moment, le nombre de pissenlits arrachés dépasse celui des rejetons qui naissent quotidiennement. Mais c'est un combat qui ne finit jamais, si je me fie au biologiste Claude Lavoie, cité dans le texte de Radio-Canada. «La guerre aux pissenlits est inutile, dit-il, parce que leur éradication est pratiquement impossible.»
J'ai mal au dos, j'ai parfois des ampoules, mais je continue, question d'en faire le plus possible avant que les moustiques et autres insectes irritants commencent à se mettre de la partie. Pourquoi? Parce que même si j'aime les pissenlits, j'aimerais bien marcher sur une verdure qui a davantage l'apparence d'un gazon...
S'ils pouvaient limiter leur présence, disons un pissenlit à tous les mètres, je signerais immédiatement un armistice. Mais ils ne sont pas raisonnables et comme je refuse obstinément d'utiliser tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un pesticide sur mon terrain (je n'achète que des produits bio), il ne me reste guère d'options: avouer ma défaite, ou les déraciner un à un...
À l'approche de mes 75 ans, j'ai encore la force et la patience pour consacrer une heure par jour à alimenter le bac de compostage avec des tas de fleurs jaunes, de feuilles vertes et de racines brunes... Et cela ne semble pas déplaire aux merles qui viennent picosser dans l'herbe et le trèfle que je cultive, ou au lapin bien gras qui semble très heureux de ses repas dans ma cour...
Peut-être, dans quatre ou cinq ans, ne serai-je plus capable de manier l'arrache-pissenlits. Peut-être quitterons-nous le domicile familial, rendus à l'âge où les chez-soi ont quelques chambres de moins. Je souhaite aux pissenlits de ne pas tomber sur un nouveau propriétaire qui carbure aux contenants d'un litre de Killex, achetés au Canadian Tire ou dans un magasin de même genre... Ils regretteront toutes ces années où l'adversaire menait un combat loyal, un contre un, arme à la main au lieu d'employer des bombes chimiques...
Bon! L'averse vient de finir et le terrain n'est pas trop trempe. Dehors, allons reprendre la tâche qui ne termine jamais.
Peut-être, au printemps prochain, avant la floraison, finirai-je enfin par cueillir des feuilles de pissenlit pour les goûter en salade. Ça fait 40 ans que j'y pense...
Est-ce que je vous ai dit que j'aimais les pissenlits?
Bonjour M. Allard. J'aurais besoin de vos conseils et de votre soutien. J'ai créé un blog sur Blogger il y a deux mois, sous le nom de L'Archipel humain / The Human Archipelago. Je reçois des messages un peu curieux concernant les revenus générés par le blog et je ne comprends pas comment y répondre correctement. Par ailleurs, ce blog qui me permet d'exprimer mes opinions et de parler des sujets qui me passionnent se porte bien et se développe rapidement, du moins il me semble. J'ai eu 2 300 visites en deux mois, ce qui me paraît positif, mais je n'ai pas de base comparative. J'ai reçu une offre de collaboration avec un réseau de professeurs de français de France qui accueillent des visiteurs anglophones et leur offrent des cours de français. Je vais y répondre favorablement, parce que cela me semble quelque chose pouvant être qualifié de gagnant-gagnant, et je me demande s'il ne serait pas possible de faire quelque chose de semblable entre mon blog et le vôtre. Je ne sais pas trop comment, peut-être sous le format de références mutuelles? Que pensez-vous de tout cela? Vous paraissez vouloir éviter de me contacter et je trouve cela dommage. Il vaut mieux passer par-dessus les erreurs du passé et travailler sur ce qui peut être changé, l'avenir. Si jamais il vous arrive d'avoir envie de reprendre contact, mon cellulaire est le 819-208-3238. Merci. Charles Millar.
RépondreEffacerArracher des pissenlits avant même leurs apparitions était ma corvée favorite, tant je les détestaient.
RépondreEffacerOn apprend toujours sur le tard, que couper la tête du pissenlit fait aussi mourir les abeilles car ces indignes plantes sont leurs premières sources de nourriture le printemps.
***
M. Millar
J'ai ajouté votre blogue à ma liste de blogues.
Merci de me répondre, M. Allard (alias PYA, alias Le grand défenseur de l'Ontario français). Moi aussi, j'aime bien le jardinage. J'ai eu deux maisons dans ma vie et l'un de mes grands plaisirs étaient de récolter le fruit de mes efforts passés, ayant planté moult plantes à baie, un mini-champ d'asperges et bien d'autres choses, dont des amélanchiers et toutes sortes d'expérimentations du genre. Par ailleurs, j'ai tenté de m'abonner à votre blog, mais je ne vois pas comment. Mes connaissances de Blogger sont un peu limitées. Comment puis-je y remédier?
Effacer