mardi 11 janvier 2022

Le congédiement d'Horacio Arruda...

          Capture d'écran du journal Le Soleil... une «lettre de démission»???

Aucun journaliste n'a demandé à François Legault la question qui s'imposait: avez-vous congédié Horacio Arruda et si oui, pourquoi? Parce que si je me fie aux propos du premier ministre et au contenu de la lettre de M. Arruda à M. Legault (qu'on qualifie de «lettre de démission» mais qui ne l'est pas!), il m'apparaît clair qu'on a tassé le directeur de la Santé publique sans cérémonie.

Aujourd'hui, à la conférence de presse du premier ministre, les éloges, compliments et remerciements que MM. Legault et son ministre de la Santé, Christian Dubé, ont adressés à Horacio Arruda sonnaient tout à fait faux! Ils ont eu beau jeu à lui lancer des fleurs et à laisser entendre qu'après 22 mois de pandémie, le directeur de la Santé publique était plus ou moins épuisé, et que c'est un peu pour cette raison qu'il tirait sa révérence. Christian Dubé a mis la cerise sur le gâteau en affirmant que la meilleure chose qui puisse arriver à M. Arruda était de prendre quelques semaines de vacances bien méritées...

Vera la fin de la période des questions, le premier ministre a levé un peu le voile qui cachait le véritable scénario du départ d'Horacio Arruda. Il a répondu à un journaliste qu'une discussion avait eu lieu (un échange auquel participait sans doute M. Arruda) sur les avantages et désavantages de changer de directeur de la santé publique après 22 mois de pandémie. Et qu'à la suite de cette discussion, on (qui?) avait conclu que les avantages l'emportaient. Il était donc clair pour M. Arruda que les dirigeants politiques voulaient le remplacer...

D'où la lettre du 10 janvier d'Horacio Arruda, qui n'a rien, mais absolument rien d'une lettre de démission, quoiqu'en disent notre cohorte de journalistes. Lisez bien attentivement (bit.ly/3zMWNKJ):

«Les propos récents tenus sur la crédibilité de nos avis et sur notre rigueur scientifique causent sans doute une certaine érosion de l’adhésion de la population. Dans un tel contexte, j’estime approprié de vous offrir la possibilité de me remplacer avant l’échéance du terme de mon mandat, du moins à titre de DNSP.

Ne voyez pas dans ce geste un abandon de ma part, mais plutôt l’offre d’une opportunité pour vous de réévaluer la situation, après plusieurs vagues et dans un contexte en constante évolution.

Si cela devait être votre décision, je continuerai, et ce, comme je l’ai toujours fait, à servir les concitoyens comme acteur de santé publique, mais serai disposé à le faire dans un rôle différent.»

Il est absolument clair que le directeur de la Santé publique n'abandonne pas son poste. Il offre au premier ministre, si celui-ci le juge approprié et opportun, la «possibilité» de le remplacer. De plus, M. Arruda indique sa volonté de continuer à servir comme acteur de santé publique, même si M. Legault le remercie de ses services. La décision était donc celle du premier ministre, et personne ne l'a interrogé au regard du contenu de la lettre de M. Arruda.

Et le directeur de la Santé publique n'a pas évoqué de départ immédiat, mais la possibilité de lui trouver un remplaçant «avant l'échéance du terme de mon mandat»... Moins de 24 heures après, François Legault avait nommé un successeur par interim... Il était pressé...

Il me semble que si Horacio Arruda avait vraiment démissionné, il aurait écrit quelque part dans sa lettre: «je démissionne.» Il ne l'a pas fait. Il a même rédigé trois paragraphes complets pour indiquer le plus nettement possible que la décision de l'écarter ou pas appartenait au premier ministre!

À la conférence de presse d'aujourd'hui, si j'avais pu poser la première question à M. Legault, je l'aurais confronté au texte de la lettre de M. Arruda et lui aurais demandé pourquoi il a décidé de le congédier.

Si d'autres faits, non connus de la presse, pouvaient accréditer la thèse d'une démission volontaire, M. Legault les auraient sans doute dévoilés ou affirmé leur existence. Mais les journalistes lui ont offert un laissez-passer gratuit, du moins à la conférence de presse... Reste à voir comment nos scribes traduiront ce qu'ils ont entendu dans leurs reportages...




1 commentaire:

  1. Après 22 mois, le premier ministre Legault, lui, n’est pas fatigué d’adopter des mesures liberticides.

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