Il fallait bien que ça arrive un jour: un individu qui viole la Loi 21 et en subit les conséquences. Et ce tollé que la sanction soulève dans les milieux opposés à la Loi sur la laïcité, notamment au Canada anglais où un multiculturalisme sauce woke est devenu une véritable obsession.
Il fallait aussi que cela arrive dans une région comme l'Outaouais. C'aurait bien pu être Montréal, mais avouons-le, la proximité de la frontière ontarienne et du Parlement fédéral, situé à une dizaine de kilomètres seulement, fait du hameau d'Old Chelsea un terreau parfait pour la fabrication d'un martyr, anglophone par surcroit, de l'islam.
Sur les collines de la Gatineau, par une journée claire, avec une bonne brise du sud, on peut presque entendre Jagmeet Singh déchirer sa chemise sur la place publique sous la Tour de la paix, ou encore les réprimandes larmoyantes et condescendantes de Justin Trudeau, ou les hurlements des médias anglos d'Ottawa devant le sort réservé à cette pauvre enseignante à qui on refuse le droit de porter un hijab en classe.
Dans ces milieux la cause est déjà entendue. La Loi 21 sur la laïcité de l'État est raciste et xénophobe, un peu à l'image des Québécois de langue française. Pas question pour eux d'envisager ou d'entreprendre une discussion intelligente sur le noble combat mené partout sur la planète, depuis des siècles, contre les ingérences religieuses dans les activités d'un État que l'on veut au service de tous: neutre et laïc.
Dans ce pays de fous où des offensives sectaires ont balayé l'intérêt public et le bien commun de l'avant-scène, il est devenu presque impossible de tenir un débat rationnel sur des enjeux semblables. Vous pourriez prouver noir sur blanc que les mixtures de politique et de religion ont infligé horreur sur horreur à l'humanité depuis la préhistoire, qu'on doit tenir l'une et l'autre rigoureusement séparés pour le bien de tous, nos bleeding hearts ne verraient que cette pauvre femme musulmane privée de son emploi parce qu'elle veut l'exercer voilée.
La plupart des Anglo-Canadiens ne comprennent rien à la laïcité. Ils ont été exclusivement nourris aux droits individuels, qui priment sur tout. Live and let live. Une constitution qui reconnaît «la suprématie de Dieu» et une monarchie réservée aux seuls Anglicans leur conviennent parfaitement. L'idée même de valeurs et droits collectifs évoque toutes les méfiances. L'idée d'encastrer ces valeurs et droits collectifs dans les lois d'une «nation québécoise» évoque bien vite des images de policiers genre Gestapo dans les franges les plus militantes du Canada anglais.
Tant qu'on s'en tient aux vagues discussions de principe, on ne s'énerve pas trop. Même quand la laïcité de l'État devient loi, ce ne sont toujours que des mots, des principes juridiques qu'on se hâte de contester devant des tribunaux supérieurs qu'on estime sympathiques et où tous les juges sont nommés par le woke-en-chef, Justin Trudeau. Mais le jour où cette Loi 21 est invoquée pour retirer d'une classe de troisième année une enseignante qui fait exprès pour porter le hijab et qui a été embauchée en connaissance de cause par une commission scolaire anglaise hostile à la loi, c'est autre chose. Tout explose.
Surtout ici, dans la grande région d'Ottawa-Outaouais, où les anglos ont toujours été agressifs, souvent jusqu'au mépris, et où les francophones se terrent en grande majorité dès que les balles linguistiques se mettent à siffler autour de leurs têtes. Ce n'est pas par hasard si les libéraux, québécois et fédéraux, ont toujours ouvertement eu recours aux stratégies de la peur pour combattre toute velléité de nationalisme québécois sur la rive nord de la rivière des Outaouais. Ils estiment avoir affaire à une bande de peureux. Et ça marche...
En matière de langue, les fédéraux et alliés sont prudents depuis le charcutage judiciaire de la Loi 101. On a même un peu déifié ce qui en reste. Mais cette fois, il ne s'agit pas d'un dossier linguistique (ce l'est, mais pas officiellement). Sur le terrain de ce qu'on appelle effrontément la liberté religieuse, tous les coups sont permis. Le ton est donné par le député libéral québécois de Pontiac, André Fortin, sur sa page Facebook, où il évoque, larmes politiques aux yeux, sa fillette de 9 ans qui aime son enseignante (pas la même), «toujours souriante» et qui lui «donne le goût d'aller à l'école tous les jours»...
Au Parlement canadien (n'oubliez jamais que Québec est à des centaines de km de Gatineau alors que la Tour de la paix, à Ottawa, est à jet de pierre), le NPD de Jagmeet Singh et de Thomas Mulcair s'étouffe dans ses hauts-le-coeur pendant que Justin Trudeau tire à boulets rouges: «Personne au Canada ne devrait perdre son emploi à cause de ce qu'il porte ou de ses croyances religieuses.» (voir bit.ly/3rXrScz) Pour lui, c'est simple: en matière d'emploi, les croyances religieuses ne peuvent être limitées par les lois, surtout quand il s'agit des croyances religieuses d'une anglophone limitées par les lois d'une nation francophone... Il ne le dit pas aussi explicitement, mais on comprend le sens et la portée...
Je crains qu'on ne trouve pas grand-monde dans mon coin de pays pour lui dire qu'il se trompe. Pourtant, dans des tas de situations, l'exercice d'un emploi est assujetti à des codes vestimentaires et les lois, même canadiennes, ont depuis toujours limité les excès de la liberté religieuse. Mais ici, le premier ministre Trudeau va plus loin, en affirmant que l'enseignante du West Québec School Board a perdu son poste à cause de ses «croyances religieuses», ce qui est clairement faux. Dans sa vie privée, elle peut pratiquer sa religion en toute liberté, dans le respect des lois bien sûr. Mais l'enseignement dans une école publique et laïque n'a rien à voir avec la vie privée.
La Loi 21 demande aux enseignants, entre autres, ne ne pas afficher de signes religieux dans l'exercice de leurs fonctions. Dans ce cas, Mme Fatemeh Anvari, comme toute autre enseignante, devait choisir entre le respect de la loi et l'obéissance aux coutumes religieuses. Elle a fait son choix et placé sa religion au-dessus de nos lois. Pour certains, le religion compte plus que les exigences d'un emploi. Libre à eux, mais la conséquence, c'est qu'ils doivent renoncer à cet emploi s'ils tiennent à arborer leurs signes religieux. Mme Anvari ne cache d'ailleurs pas son militantisme, et dit avoir hâte de parler de diversité et d'inclusion avec les enfants (voir bit.ly/3GzvN3t)... De quoi pensez-vous qu'on parlera?
Dans notre royaume du «oui, mais...», le cas de Mme Anvari nous garroche la réalité de la laïcité en pleine face. On ne peut plus dire «oui» à la laïcité en principe, mais «non» dès qu'elle touche à l'emploi d'une enseignante anglophone à l'école primaire. C'est l'hypocrisie de la position adoptée dans cette affaire par les libéraux et Québec solidaire. Nos écoles et institutions publiques seront laïques ou elles ne le seront pas. Il n'y a pas de compromis possible ici, surtout que l'intégrisme religieux infériorise généralement les femmes. Le gouvernement Legault et le Parti québécois doivent tenir bon car ils ne peuvent espérer mobiliser des appuis très énergiques dans les fiefs anglo-dominants du grand Gatineau et du Pontiac. Ils ne peuvent même plus compter sur le soutien du seul quotidien numérique de la région, Le Droit, atteint de la même tiédeur que certaines élites outaouaises (voir bit.ly/3scdYUr)...
Et ça ne fait que commencer...
Misère...
Pour toutes les églises, elles ont une mission beaucoup plus importante que de sauver la langue et la culture… mais bien de sauver des âmes ! La langue et la culture ne sont que des instruments de contrôle et de domination pour eux !
RépondreEffacerLe role de l’Église catholique pour les Orangistes!!!
Je vous rappelle le rôles des évêques catholiques , surtout irlandais, dans toutes les régions du Canada. Ex. les Acadiens sous le contrôle d’Halifax, la Trahison des Métis à Bâtoche, le rôle du clergé lors des excommunions des patriotes, sans parler de l'évêque FALLON de London, ON qui a appuyé les Orangistes pour implanter le règlement 17, qui interdisait l’enseignement en français en Ontario.
http://www.imperatif-francais.org/?s=Les+Sacrifi%C3%A9s+de+la+bonne+entente+
Je vous suggère « Les Sacrifiés de la bonne entente » qui raconte l'histoire des francophones du Pontiac Québécois, où l'anglicisation a fait des ravages, grâce aux services de leurs évêques anglais de Pembroke en Ontario.
Mgr William Joseph Smith, évêque de Pembroke de 1945 à 1971. On lui doit ces honteuses paroles sur des enfants francophones: "I don't even consider them as catholics", pour le choix d'un curé: "I don't know yet, but there'll be no damned Frenchmen there" ce qui donne le ton pour le reste.
http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2002/les-sacrifies-de-la-bonne-entente.html
LE 2 FÉVRIER 1899, NAISSANCE DE JEANNE LAJOIE LA «PUCELLE DE PEMBROKE». Elle fut l'une des personnalités marquantes des revendications scolaires des Franco Ontariens. Elle est engagée en 1923 pour enseigner le français à la St. John School de Pembroke (Ontario), ville à forte concentration francophone. Selon les dispositions du Règlement 17, la lecture, le français pouvait être enseigné de la première à la quatrième année, mais pas plus d’une heure par jour. La directrice lui fit immédiatement savoir qu’il était « insensé » d’enseigner deux langues à des enfants. Le conseil scolaire décida en octobre 1923 de congédier Mlle Lajoie. La décision ne fut pas bien reçue des francophones de Pembroke. Plusieurs centaines de personnes décidèrent de fonder une école « libre », non assujettie aux autorités gouvernementales ; l’enseignement y serait confié à Mlle Lajoie. Le 6 novembre, l’école Jeanne-d’Arc ouvrit ses portes. Mlle Lajoie était devenue un symbole de la résistance. Elle faisait des discours pour rallier des appuis à l’école et collectait des fonds à Montréal pendant ses vacances d’été. Même décédée, elle servit de thème pour des chars allégoriques dans le défilé de la Saint-Jean-Baptiste, et des pèlerinages avaient lieu sur sa tombe dans les années 1940. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, certaines écoles de langue française en Ontario furent nommées en son honneur, sa lutte fut l’objet d’au moins trois pièces de théâtre et ses actions furent citées en exemples par ceux qui se préoccupaient de la survie du français en Ontario.
RépondreEffacerhttps://www.facebook.com/890168617690898/posts/4972775716096814/