Après la sortie anti-québécoise de l'ambassadeur du Canada aux Nations Unies, Bob Rae, le premier ministre Legault serait pleinement justifié de demander l'admission du Québec à l'ONU comme État national fédéré.
Au-delà du fait qu'il existe des précédents (la Biélorrussie et l'Ukraine avaient un siège aux Nations Unies en dépit de leur statut d'États fédérés au sein de l'ex-URSS), le procès international de Bob Rae contre la Loi 21 soulève une question de justice fondamentale.
Dans tout forum public, l'accusé a le droit inaliénable de se défendre, de répliquer, de faire valoir son point de vue.
Le Québec peut répondre à ses détracteurs sur la plupart des plate-formes politiques et judiciaires même si les dés sont souvent pipés, notamment devant les tribunaux fédéraux du Canada.
Mais quand l'État national des Québécois ou ses politiques sont attaqués par un diplomate siégeant à New York au concert des nations, le Québec n'a pas de chaise ou de tribune.
L'intervention de Bob Rae, incarnation même de l'âme du Canada anglais, démontre à quel point la nation québécoise est sans défense parmi les joueurs «officiels» de l'ONU.
Si le chef d'un autre État, disons l'Australie, ou la Suède, enfin peu importe, avait dénoncé la version québécoise de la laïcité comme violation majeure des droits de la personne, une seule voix - celle du Canada - aurait eu le mandat de monter à la tribune pour se porter à sa défense.
Or, compte tenu de la position de M. Rae, qui correspond en tous points à celle du gouvernement Trudeau, on sait que le Canada n'aurait pas défendu à l'ONU le droit du Québec d'implanter au sein de l'État les valeurs laïques auxquelles bien d'autres pays ont déjà souscrit.
Mais la situation actuelle est bien pire. C'est le représentant du Canada aux Nations Unies qui fustige le Québec, sur la place planétaire, en affirmant que sa loi sur la laïcité est discriminatoire et contraire à la Déclaration universelle des droits de l'homme!
Comment le Québec peut-il faire valoir son point de vue? Personne, au Québec, ne peut monter à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU, comme M. Rae, pour expliquer que sa loi s'inscrit dans un noble combat de plusieurs siècles pour assurer un État laïque et démocratique, libre des ingérences d'intégristes religieux.
C'est l'impasse totale. Le Canada, s'il le veut, peut utiliser son siège aux Nations Unies pour nous diffamer devant plus de 200 pays et le Québec, nation fédérée, est privée de la seule tribune où son gouvernement pourrait lutter à armes égales.
Le Québec devra, comme d'habitude, se contenter de conférences de presse et de protestations médiatiques. C'est ça la différence entre un pays souverain et une simple minorité nationale soumise, dans un cadre fédéral, à une majorité qui lui est ouvertement hostile et qui a le droit de prendre toutes les décisions.
On sait que la CAQ ne fera pas l'indépendance. Mais le gouvernement Legault a le devoir de relever avec honneur ce gant lancé à sa figure par les propos méprisants de Bob Rae.
Or, le Québec pourrait - sans modifier la constitution - s'adresser à l'ONU et demander d'y accéder comme nation fédérée, en invoquant les précédents de l'ex-URSS.
Le gouvernement Legault pourrait tout au moins demander de pouvoir s'adresser à l'assemblée générale de l'ONU pour y défendre la réputation et l'honneur de la nation québécoise, attaquée injustement par le représentant officiel du pays dont le Québec fait partie.
Le silence ne fait plus partie des options, à moins que le gouvernement québécois n'ait déjà lancé la serviette...
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RépondreEffacerCe que je trouve regrettable, c'est que tout ce brouhaha provient de quelques dispositions, pas si nombreuses, d'une loi qui, dans l'ensemble, ne pose pas de problèmes. Je suis d'accord avec 97 % de la loi 21. Les seules choses qui clochent, me semble-t-il, ce sont les parties qui privent des gens de droits à cause de leurs convictions religieuses. Personnellement, je trouve absurde qu'une femme voilée ne puisse enseigner, par peur de prosélytisme potentiel. Cette peur me semble exagérée et ne devrait pas, idéalement, justifier de priver des gens de droits à cause de leurs convictions religieuses. Sommes-nous devenus si craintifs, si anti-religieux? Pourquoi vouloir légiférer sur l'expression d'une foi? Allons-nous démolir toutes les églises pour effacer à jamais la foi de nos ancêtres? Faudrait-il interdire les mosquées pour ne pas qu'elles deviennent, potentiellement, des nids de prosélytisme religieux? Je suis pour la laïcité, mais pas contre les religions comme telles. Il n'y a peut-être que 3 % des dispositions de la loi qui sont problématiques et elles sont assez faciles à modifier.
RépondreEffacerBob Rae était l'un des commentateurs à la CBC le soir du référendum de 1995. Je me souviens nettement l'avoir entendu dire : «Only alcohol can excuse Parizeau's comments about the ethnic votes».
RépondreEffacerSa déclaration à l'ONU n'a rien d'étonnant.
Ce n'est pas tellement par crainte de prosélytisme, monsieur. Un État laïque ne doit pas être représenté par des employé(e)s affichant leurs croyances religieuses. Simple logique, il me semble. La loi 21 ne prive personne de ses droits. Elle n'affecte pas la liberté de conscience ni la liberté de pratiquer sa religion. Préférer son voile à sa carrière, dénote un fondamentalisme contraire à nos valeurs. Nous avons sorti les cornettes et les soutanes de nos écoles, ce n'est certe pas pour les remplacer par l'affichage d'une autre religion.
RépondreEffacerParfaitement d'accord !!!
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