dimanche 18 décembre 2022

Ont-ils fait tout cela pour rien?

Photo Archives nationales du Québec, famille de l'Île d'Orléans, 1950

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Imaginez-vous adulte (entre 40 et 50 ans) en 1922... Un retour vers le passé... Un petit siècle...

Dans la famille fondée par vos parents, vous avez toutes les chances d'avoir sept ou huit frères et soeurs. Disons huit, pour les fins de mon calcul. À l'époque, votre fratrie aurait donné naissance à (je donne un chiffre arbitraire) à au moins cinq ou six enfants par couple, et ces derniers auraient eu des familles moins nombreuses. Disons trois enfants par famille. Savez-vous ce que cela donne comme total? Vos parents, dans leur vieil âge, auraient eu pas moins de 180 descendants!

Avance rapide à 2022...

Supposons que vous frisez la mi-quarantaine. Vous avez deux frères et soeurs. En supposant qu'ils aient fondé une famille, ils auraient sans doute eu en moyenne (comme vous) deux enfants par couple. Et au rythme actuel des choses, il n'y aura guère eu plus de 12 enfants dans la génération suivante. Ainsi quand vos parents seront octogénaires, le nombre de leurs descendants oscillera autour de 25...

Si vous mijotez ça pendant quelques heures, vous comprendrez parfaitement pourquoi il y a tant de vieux au Québec et pourquoi il y a une pénurie de plus en plus aigüe de main-d'oeuvre. Pas besoin de savants cours d'économie pour savoir que ceux et celles qui s'en viennent sont moins nombreux que ceux et celles qui s'en vont...

Alors comment on règle ça? Avec plus de naissances, comme les générations qui nous ont précédés? Non... Nous vivons désormais dans une société où créer la vie a moins d'importance que le bien-être socio-économique. On mobilisera davantage pour le droit à l'avortement et l'aide médicale à mourir que pour une politique de natalité.

Alors que fait-on quand on compte la relève et qu'il manque des milliers de naissances dont notre société aurait eu besoin mais qu'elle a découragées? On va chercher des immigrants qui ne connaissent pas nos us et coutumes, notre langue même, puis on se plaint qu'ils ne s'intègrent pas.

Mais s'intégrer à quoi? Autrefois, notre population en croissance continue aurait eu moins de difficulté à assimiler ces gens venus d'ailleurs. Maintenant la stagnation démographique (s'ajoutant à la subordination politique) nous met en constant péril, surtout dans les centres urbains où l'immigration se concentre.

Nous ne sommes même pas foutus de nous affirmer pleinement comme nation, de prendre les mesures nécessaires pour protéger notre identité collective et assurer la pérennité de notre langue et de notre culture. Un bon jour, nous serons minoritaires sur notre propre territoire...

Non, il ne s'agit pas de revenir au message de la revanche des berceaux que martelaient les curés en chaire. Mais peut-on au moins reconnaître que n'eut été de ces taux de natalité fort élevés, nous ne serions pas ici aujourd'hui pour discuter de nos options. Et que ces grandes familles d'autrefois avaient pour but, entre autres, d'assurer l'avenir de notre peuple sur ce continent? Qu'elles étaient la preuve indéniable d'une volonté collective d'exister?

Libre à vous de rire et de me traiter de vieux rétrograde quand je parle de faire plus d'enfants mais au rythme actuel du déficit de naissances nous commettons un suicide collectif. Avec une entière souveraineté politique, libérés des entraves imposées par Ottawa, nous pourrions mieux gérer cette situation. Pour le moment, à cet égard, l'horizon reste bien bouché.

Entre-temps, les chiffres sont implacables. D'ici quelques générations, nos descendants (de souche et métissés) ne seront même plus assez nombreux pour élire un parti indépendantiste.

Nos ancêtres auront défriché, labouré, bûché, bâti, prié et fait beaucoup, beaucoup d'enfants pour offrir à la nation québécoise d'aujourd'hui une fenêtre historique sur cette planète. Auront-ils fait tout cela pour rien? Allons-nous les remercier en laissant filer l'héritage?


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