lundi 15 août 2022

Les 100 meilleures? Minute...


Le 25 juin, dans le sillage de la St-Jean, le Journal de Montréal publiait une liste des «100 meilleures chansons de l'histoire du Québec» tel qu'établi par un jury de 16 personnes (voir bit.ly/3QpntbZ).

Évidemment, le consensus des uns ne correspond pas nécessairement aux préférences des autres. Les choix de chacun, chacune, se défendent. 

Cependant, au-delà du fait qu'au moins deux chansons primées n'étaient pas des compositions québécoises (L'aigle noir de Barbara, et Pour que tu m'aimes encore, de Jean-Jacques Goldman), et avouant ne pas être amateur des offrandes de Ginette Reno, Michel, Louvain, Mitsou, Jean Leloup et quelques autres),  je dois avouer que certaines sélections - et surtout certaines absences - m'ont surpris.

Si les juges avaient tenté de lister les chansons les plus populaires, les plus vendues, les plus primées, les plus mentionnées dans les médias, ou une combinaison de critères, j'aurais pu comprendre. Mais on les a présentées comme les «meilleures» chansons de l'histoire (dans le titre) ou les plus «belles» (dans le texte)!

Alors quand j'ai vu 1990, Ordinaire, Le répondeur et la Complainte du phoque en Alaska occuper quatre des dix premières positions, je me suis dit que mon opinion - peut-être partagée par d'autres, sait-on jamais - valait bien celle des juges. Alors voici, pour ma propre satisfaction et rien de plus, l'expression de mon désaccord...

Je propose ici dix chansons qui, à mon humble avis, avaient droit de cité dans les 100 «meilleures» ou «plus belles» chansons québécoises. J'aurais même inclus quelques-unes d'entre elles dans les 10 premières places du classement. J'espère que d'autres puiseront dans leur mémoire pour rappeler quelques chansons laissées de côté...

1. Le plus beau voyage, de Claude Gauthier (bit.ly/3Oyu6YC)

Un des «hymnes nationaux» du Québec, chanson d'espoir par excellence des années 1970, aujourd'hui le rappel d'un rendez-vous raté mais toujours vivant avec l'histoire. Selon moi, aucune des dix premières chansons du palmarès du Journal de Montréal ne la dépasse.

2. Les gens de mon pays, de Gilles Vigneault (bit.ly/3tNsy4J)

L'émergence de la nation québécois des années 1960 en chanson, la fin d'un long hiver... «Je vous entend passer comme glace en débâcle, je vous entends demain, parler de liberté.» La musique émerveille autant que les paroles. Écrite en 1965, elle a marqué son époque.

3. Les chemins d'été, de Steve Fiset (composition de Luc Plamondon et André Gagnon) (bit.ly/3OHyC71)

À ceux qui ne voient dans cette chanson qu'un tube superficiel parmi tant d'autres, je rappelle qu'il s'agit d'une composition de Luc Plamondon sur musique d'André Gagnon, et qu'elle capte en quelques minutes l'esprit de la fin des années 1960, oscillant entre les bolides filant à 100 milles à l'heure et les fleurs des hippies à San Francisco. Facilement dans les 30 meilleures.

4. Les chats sauvages, de Marjo (composition Marjo et Jean Millaire) (bit.ly/3ucvGXL)

Je me souviens que dans les années 1980, un chroniqueur du Droit,, revenu à la salle de rédaction, m'a avoué être tombé en amour avec Marjo en entendant Les chats sauvages. Certaines offrandes de nos artistes ont cet effet. C'est un des grands classiques, sinon le meilleur, des années 1980, au Québec.

5. L'homme de ma vie, de Diane Dufresne (composition François Cousineau et Luc Plamondon) (bit.ly/3Oyc3l4)

Cette chanson nous a fait connaître Diane Dufresne au milieu des années 1970. Immensément populaire, tout le monde connaissait les paroles et la fredonnait. «Qu'est-ce que tu fais dans la vie? J'fais mon possible.» En effet... Tous s'y sont reconnus...

6. Mon pays, de Claude Léveillé (bit.ly/2yzaSj2)

Écrite deux ans avant Gens de mon pays par Claude Léveillé, mais on dirait presque à une époque ancienne. Accents sur l'immensité du territoire, sur son rude climat, sur l'endurance et le silence de ses habitants. Beaucoup d'émotion en musique.

7. Pourquoi chanter? de Louise Forestier (composition de Luc Granger et Jacques Perron) (bit.ly/3JXj4dV)

Cette chanson phare a marqué les années 1970, comme l'album qui l'abrite. Un cri d'alarme, d'anxiété face aux terreurs (menace de guerres, de pollution, d'échec collectif). «Je veux chanter pour ce temps qui nous reste.» Louise Forrestier à son meilleur.

8. L'amour s'en va, des Sultans (composition de Bruce Huard et Denis Forcier) (bit.ly/3QZEdXM)

Un des rares grands succès bien québécois des années 1960 qui s'inscrit dans la vieille tradition du rock nord-américain. Chanson simple, sur le temps et les amours qui passent, sur le changement et la tristesse. Mais ce n'est pas une traduction d'un grand succès américain. Des paroles qui coulent sur fond musical impeccable.

9. Sur mon épaule, des Cowboys fringants (composition de Jean-François Pauzé) (bit.ly/3R3puvd)

Un peu comme Toune d'automne en 2002, la chanson Sur mon épaule (2019) fait l'unanimité au sein du public. Un hymne émouvant à la puissance de l'amour que tout le monde chante plus fort que les Cowboys à leurs spectacles. La musique décuple la force des paroles. «Ensemble on n'a peur de rien.» Pas dans les 100 meilleures? Je ne comprends pas.

10. Ma blonde est en chômage (ou La blonde d'un chômeur), de Marie Savard (composition de Marie Savard et Claude Roy) (bit.ly/2ySXk1U à 8 minutes 40 secondes de l'enregistrement)

Cette chanson peu connue de Marie Savard fait partie du disque Québékiss sorti en 1971 dans le sillage de la crise d'octobre. La mise en paroles et musique «d'une blessure partagée, d'un viol collectif». L'entendre une fois, c'est vouloir l'écouter de nouveau, et de nouveau. Elle a peu été jouée à la radio, le disque ayant été censuré. 

...et quelques-unes pour la chance...

11. Lieu d'espoir, de Jim Corcoran et Bertrad Gosselin (composition de Bertrand Gosselin).

12. Bozo-les-culottes, de Raymond Lévesque

13. Les ailes d'un ange, de Robert Charlebois

14. Câline de blues, d'Offenbach

15. Toune d'automne, des Cowboys fringants

J'aurais ajouté, très haut dans la liste, Le temps de m'y faire (bit.ly/3PELsCZ) de Nanette Workman, mais la chanson a été composée et endisquée en France. Même principe que pour L'aigle noir et Pour que tu m'aimes encore... Sauf que je préfère l'offrande de Nanette...


Voilà même si j'en ai sûrement oubliées!


1 commentaire:

  1. J'aime particulièrement vos choix «Le plus beau voyage» et «Pourquoi chanter». Peut-être n'aurais-je pas suggéré «L'amour s'en va» et «Lieu d'espoir» mais je suis quand même heureux que vous les mentionniez, car ces deux chansons me rappellent d'excellents souvenirs.

    Si j'avais eu à choisir une chanson de Paul Piché, j'aurais opté pour «La vie» qui n'a pas connu le succès qu'elle méritait. Je trouve inégal le texte de «L'escalier».

    Je suis surpris que tout le monde ait omis «Évangéline», cette immense chanson d'abord interprétée par Isabelle Pierre. D'accord, l'auteur Michel Conte était Français, mais il vivait chez nous quand il l'a écrite. (Et puis justement, c'est le 15 août aujourd'hui !)

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